L'ubiquité fabuleuse !
«
Carnet vénitien » est une déambulation époustouflante, belle à couper le souffle tant sa magie est intrinsèque. Ce classique né est de loin le plus profond des guides de voyage pour visiter Venise. Écrit en 1956 par une Vénitienne,
Liliana Magrini, depuis la France, il rassemble l'épars des souvenirs et les intériorités glorieuses et pavloviennes.
Son récit est une opportunité, une lagune d'attache. Ici, vous avez le palpitant de Venise, l'idiosyncrasie de cette ville-île, les habitus en noir et blanc, la cité lagunaire en diapason. Ce texte doté d'une écriture intuitive incite au miracle d'une visite inoubliable.
« Mais la nuit, c'est plus sérieux. Dans la rue : son propre pas, si net parmi d'autres, qui de temps en temps, le suivent, le croisent. Il était peut-être accompagné, puis on le retrouve, seul ; comme incertain d'abord, et presque entravé. »
«
Carnet vénitien » macrocosme vivifiant dont chaque image est une renaissance.
« Avant de disparaître, le soleil est parvenu à envelopper l'occident d'un reflet mauve : mais, tout autour, au-dessus d'une eau prise dans une fixité verdâtre, la ville se ramassait de plus en plus dans son gris uni, travaillé de minces traits blancs…. Ce soir, à travers une brume où les maisons sont aussi bleues que le ciel, perce la blancheur aiguë des pierres. »
Rien n'est oublié. Ce texte encense Venise dans ces années où le temps avait une prise sur l'homme et son antre de vie. Scènes au ralenti, le Grand Canal mythique, Venise élève son souffle et s'offre à la trame pensive, nostalgique.
« Vers le soir, enfin baignée d'une ombre bleutée, Venise connaît une heure de repos, qui lui refait une trame douce et unie, dont on ne perçoit que la solidité apaisée ; ce qui s'inscrit dans le ciel encore clair en pointes fines, non plus d'une patiente précision artisanale, mais aiguës de pureté. »
Écrire en français, elle la Vénitienne, renforce l'authenticité. le crucial d'une mise en abîme riche de sentiments loyaux et d'une connaissance extrême d'aucuns en sont capables. On ressent la mélancolie, l'amour pour Venise qui est une ode. Lagune essentialiste où pas une ombre n'échappe à
Liliana Magrini est une photographie qui prend vie.
« Venise existe par les êtres qui la peuplent. »
Sociologique, culturel, mémoriel, philosophique, intellectuel, littéraire, «
Carnet vénitien » est une balade confirmée.
Publié par les majeures Éditions
Serge Safran éditeur.