Le dessein des Méditations suivantes est d’abattre l’orgueil de l’esprit, et de le disposer à l’humilité et à la pénitence. L’homme est si peu de chose, qu’il suffit de le connaître pour le mépriser ; et il est si déréglé et si corrompu, qu’on se sent obligé de le haïr lorsqu’on ne le considère qu’en lui-même, je veux dire sans rapport à Jésus-Christ, qui a rétabli toutes choses. On ne fait donc que le représenter dans les Considérations suivantes comme créature, comme fils d’un père pécheur, et comme pécheur lui-même ; et on croit que cela suffira pour nous donner les sentiments que nous devons avoir de nous-mêmes. Si les hommes, après avoir senti vivement leurs misères et reconnu sérieusement leurs obligations, demeuraient toujours insensibles aux plaisirs, incapables de vanité, et fort pénétrés des vérités essentielles, ces Méditations ne seraient propres que pour ceux qui commencent leur conversion. Mais on croit pouvoir dire qu’elles seront utiles à tous ceux qui voudront bien s’en servir, non tant parce qu’elles leur apprendront ce qu’ils ne savaient pas, que parce qu’elles les feront penser à des choses auxquelles ils ne pensent jamais assez.