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Michel Draguet (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080710291
410 pages
Flammarion (01/11/1998)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Eparse, la critique mallarméenne ne découle pas d'une esthétique préétablie. Elle concourt toutefois à en jeter les fondements en ouvrant des perspectives qui semblent étrangères les unes aux autres : l'objet décoratif, la mode, le livre, la peinture, la musique et la danse ont, au même titre, sollicité la réflexion du poète. Celle-ci s'est nouée à l'écart des cénacles artistiques de son temps. Mallarmé a tissé des liens d'amitié partagée avec des peintres (Manet, ... >Voir plus
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Toute chose sacrée et qui veut demeurer sacrée s'enveloppe de mystère. Les religions se retranchent à l'abri d'arcanes dévoilés au seul prédestiné : l'art a les siens. […] J'ai souvent demandé pourquoi ce caractère nécessaire a été refusé à un seul art, au plus grand. Celui-là est sans mystère contre les curiosités hypocrites, sans terreur contre les impiétés, ou sous le sourire et la grimace de l'ignorance et de l'ennemi.
Je parle de la poésie.

L'ART POUR TOUS.
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NOTES SUR LE THÉÂTRE


Loin de tout et du temps où se cherchent dans le trouble nos cités, la Nature, en automne, prépare son théâtre, sublime et pur, attendant pour éclairer, dans la solitude, les significatifs prestiges, que l’unique œil lucide qui en puisse pénétrer le sens (ainsi qu’il est notoire que c’est le destin de l’homme), un Poëte, soit rappelé à des plaisirs et à des travaux médiocres.

Me voici, renfermant l’amertume d’une rêverie interrompue, de retour et prêt à noter, en vue de moi-même et de quelques-uns aussi, nos impressions issues de banals Soirs que le plus seul des isolés ne peut, comme il vêt l’habit séant à tous, omettre de considérer : pour l’entretien d’un malaise et, connaissant, en raison de certaines lois non satisfaites, que ce n’est plus ou pas encore l’heure de choses, même sociales, extraordinaires.

. . . . . . . . . .

[1] Et cependant, enfant servé de gloire,
Tu sens courir par la nuit dérisoire,
Sur ton front pâle aussi blanc que du lait,
Le vent qui fait voler ta plume noire
Et te caresse, Hamlet, ô jeune Hamlet !


L’adolescent évanoui de nous aux commencements de la vie et qui hantera les esprits hauts et pensifs par le deuil qu’il se plaît à porter, je le reconnais, qui se débat sous le mal d’apparaître ; or c’est parce qu’Hamlet extériorise, sur des planches, ce personnage unique d’une tragédie intime et occulte, que son nom même affiché exerce sur moi, sur toi qui le lis, une fascination parente de l’angoisse.

Aussi je sais gré aux hasards qui, contemplateur dérangé de la vision imaginative du théâtre de nuées et de la vérité pour en revenir à quelques scène humaine, me présentent, comme thème initial de causerie, la pièce que je crois celle par excellence ; tandis qu’il y avait lieu d’offusquer aisément des regards trop vite déshabitués de l’horizon pourpre, violet, rose et toujours or.

Le commerce de ces cieux où je m’identifiai cesse, mais sans qu’une incarnation brutale contemporaine occupe, sur leur paravent de gloire, ma place tôt renoncée : ce ne sont plus les splendeurs d’un holocauste d’année élargi à tous les temps pour que ne s’en juxtapose à personne le sacre vain, mais voici le seigneur latent qui ne peut devenir, juvénile ombre de tous, ainsi tenant du mythe. Son solitaire drame ! et qui, parfois, tant ce promeneur d’un labyrinthe de trouble et de griefs en prolonge les circuits avec le suspens d’un acte inachevé, semble le spectacle même pourquoi existent la rampe ainsi que l’espace doré quasi moral qu’elle défend, car il n’est point d’autre sujet, sachez bien ! que celui-là, l’antagonisme de rêves chez l’homme avec les fatalités à son existence départies par le malheur.

Toute la curiosité, il est vrai, dans le cas d’aujourd’hui, porte sur l’interprétation, mais la juger, impossible ! sans la confronter au concept.

M. Mounet-Sully me dicte cette tâche.

À lui seul, par divination, maîtrise incomparable des moyens et aussi une foi de lettré en la toujours certaine et mystérieuse beauté du rôle, il a su conjurer je ne sais quel maléfice comme insinué dans l’air de cette imposante représentation. Non, je ne blâme rien à la plantation du magnifique site ni au port somptueux de costumes, encore que selon la manie érudite d’à-présent, cela date, trop à coup sûr ; et que le choix exact de l’époque Renaissance spirituellement embrumée d’un rien de fourrures septentrionales, ôte du recul légendaire primitif, changeant par exemple les personnages en contemporains du dramaturge : Hamlet, lui, évite ce tort, dans sa traditionnelle presque nudité sombre, un peu à la Goya. L’œuvre de Shakespeare est si bien façonnée selon le seul théâtre de notre esprit, prototype du reste, qu’elle s’accommode de la mise en scène dernière de ce temps, ou s’en passe, avec indifférence. Autre chose me déconcerte, que de tels menus détails infiniment malaisés à régler et discutables : un mode d’intelligence particulier au lieu parisien même où s’installe Elseneur et, comme dirait la langue philosophique, l’erreur du Théâtre Français. Ce fléau est impersonnel et la troupe d’élite acclamée a, dans la circonstance, multiplié son minutieux zèle : jouer Shakespeare, ils le veulent bien, et ils veulent le bien jouer, certes. À cette chose le talent le plus sûr ne suffit pas, mais le cède devant certaines habitudes invétérées de comprendre. Voici Horatio, ce n’est pas même lui que je vise, avec quelque chose de classique et d’après Molière dans l’allure : mais Laertes (ici j’étreins mon sujet) joue au premier plan et pour son compte comme si voyages, double deuil pitoyable, étaient d’intérêt spécial. Les plus belles qualités (il les a), qu’importe dans une histoire éteignant tout ce qui n’est un imaginaire héros, à demi mêlé à de l’abstraction ; et c’est trouer de sa réalité, ainsi qu’une vaporeuse toile, l’ambiance que dégage l’emblématique Hamlet. Comparses, il le faut ! car dans l’idéale peinture de la scène tout se meut selon une réciprocité symbolique des types entre eux ou relativement à une figure seule. Got, magistral, infuse l’intensité de sa verve franche à Polonius en tant qu’une sénile sottise empressée d’intendant de quelque jovial conte ; je le goûte, mais oublieux alors d’un ministre tout autre qui égayait mon souvenir, figure comme découpée dans l’usure d’une tapisserie pareille à celle où il lui faut rentrer pour mourir : falot, inconsistant bouffon d’âge de qui le cadavre léger n’implique, laissé à mi-cours de la pièce, pas d’autre importance que n’en donne l’exclamation brève et hagarde « un Rat ! » Tout ce qui pivote autour d’un type exceptionnel comme Hamlet, n’est que lui, Hamlet : et le fatidique prince qui périra au premier pas fait dans la virilité, repousse, mélancoliquement, d’une pointe vaine d’épée, hors de la route interdite à sa marche, le tas de loquace vacuit gisant là que plus tard il risquerait de devenir à son tour, s’il vieillissait. Mademoiselle Reichemberg qui est Ophélie, vierge enfance objectivée du lamentable héritier royal, se montre d’accord avec l’esprit de conservatoires modernes : elle a surtout du naturel, comme l’entendent les ingénues, préférant que s’abandonner à des ballades une prétention d’introduire là, avec ses dons, tout le quotidien acquis d’une des savantes d’entre nos comédiennes ; aussi éclate souvent chez elle, non sans grâce, telle intonation parfaite autre part, dans les pièces du jour, là où l’on vit de la vie. Alors je surprends en ma mémoire, autres que les lettres qui groupent ce mot Shakespeare, voleter de récents noms qu’il est sacrilège même de taire, car on les devine.

Quel est le pouvoir du Songe !

Le je ne sais quel effacement subtil et fané et d’imagerie de jadis, qui manque un peu à des maîtres-artistes aimant à représenter un fait net, clair, battant neuf, comme il en arrive ! lui Hamlet, étranger à tous lieux où il survient, le leur impose à ces vivants trop en relief, par l’inquiétant ou funèbre envahissement de sa présence : l’acteur, sur qui se taille un peu exclusivement à souhait la version française, remet tout en place seul par l’exorcisme d’un geste annulant l’influence pernicieuse de la Maison ; en même temps qu’il ramène l’atmosphère du génie shakespearien, avec un tact dominateur et du fait de s’être miré naïvement dans le séculaire texte. Son charme tout d’élégance désolée accorde comme une cadence à chaque douleureux sursaut : avec la nostalgie d’une intime sagesse inoubliée malgré les aberrations que cause l’orage battant la plume délicieuse de sa toque, voilà le caractère peut-être et l’invention du jeu de M. Mounet-Sully qui tire d’un instinct parfois indéchiffrable à lui-même des éclairs de scoliaste. Ainsi pour la première fois, m’apparait rendue au théâtre, la dualité morbide qui fait le cas d’Hamlet, oui, fou en dehors et sous la flagellation contradictoire du devoir mais s’il fixe en dedans les yeux sur une image de soi qu’il y garde intacte autant qu’une Ophélie jamais noyée, elle ! prêt toujours à se ressaisir. Joyau inaltérable enfoui sous le désastre !

Mime, penseur, le tragédien interprète Hamlet en souverain plastique et mental de l’art et surtout comme Hamlet existe par l’hérédité en les esprits de la fin de ce siècle : il convenait, une fois, après l’angoissante veille romantique, comme de voir aboutir jusqu’à nous résumé le beau démon, au maintien demain peut-être incompris, c’est fait. Avec solennité, un acteur lègue élucidée, quelque peu composite mais très d’ensemble, comme authentiquée du sceau d’une époque suprême et neutre, à un avenir qui probablement ne s’en souciera pas mais ne pourra du moins l’altérer, une ressemblance immortelle.

L’événement mondain déjà de l’hiver…

Mieux que par l’énonce d’un titre, il m’aurait plu de marquer la reprise opportune encore de la Tour de Nesle et l’installation des Deux Pigeons : mais je ne juge pas hors de propos, à moins que quelque représentation grosse d’un fait parisien tout à coup n’échoie, d’y revenir dans un mois, rencontrant ainsi l’occasion de joindre à des remarques sur le Ballet une étude suggérée par la part que tient la Musique dans le Mélodrame ; ce sont les deux thèmes connexes qui, seuls, importent maintenant, au poëte.

Pour ne pas rester sur des promesses !

Un luxe ne le cédant aux galas me semble en la traîtresse saison toute d’appels dehors, la mise à part, sous la première lampe, d’une soirée chez soi, pour lire. La suggestive et vraiment rare plaquette qui s’ouvre dans mes mains, n’est autre, au demeurant, qu’un livret de pantomime Pierrot Assassin de sa Femme[2] composé et rédigé par M. Paul Margueritte. Monomime plutôt, dirai-je avec l’auteur, devant le tacite soliloque que tout du long à soi-même tient et du visage et des gestes le fantôme blanc comme une page pas encore écrite. Un toubillon de pensées délicates et neuves émane, que je voudrais saisir avec sûreté, et dire.
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NOTES SUR LE THÉÂTRE


Les flammes de l’été, hélas et d’autres ! civilisation qui veut des théâtres, tu ne sais, à défaut d’un art y officiant, les construire[12], si bien que comme l’effroyable langue du silence gardé le feu se darde et s’exagère puis change en une cendre tragique la badauderie des villes, tout (à cette heure de clôture) communique la désuétude de la scène. Nos prochains fastes publics ou un fastidieux anniversaire s’il n’exulte par quelque démonstration comme de modernes Jeux ! ainsi que toujours se produiront sans allusion à un embrasement idéal que les couleurs patriotiques aux étages claquetant dans la brise d’insignifiance.

L’occasion de rien dire ne surgit, et je n’allègue, pour la vacuité de cette étude dernière non plus que de toutes, plaintes discrètes ! l’année nulle : mais plutôt le défaut préalable de coup d’œil apporté à l’entreprise de sa besogne par le littérateur oublieux qu’entre lui et l’époque existe une incompatibilité. — Allez-vous au théâtre ? — Non, presque jamais — à mon interrogation cette réponse, par quiconque, de race, singulier, artiste choie sa chimère hors des vulgarités ou se suffit femme ou homme du monde, avec l’instinctif bouquet de son âme à nu dans un intérieur. — Au reste, moi, non plus ! — aurais-je pu intervenir si la plupart du temps mon désintéressement ici ne le criait à travers les lignes jusqu’au blanc final.

Alors pourquoi…

Pourquoi ! autrement qu’à l’instigation du pas réductible démon de la Perversité que je promulgue ainsi « faire ce qu’il n’y a lieu de faire, sans avantage exprès à tirer, que la gêne vis-à-vis de choses, à quoi l’on est par nature étranger, de feindre y porter un jugement ; alors que le joint dans l’appréciation échappe et qu’empêche une pudeur l’exposition à faux jour de suprêmes et intempestifs principes. » Risquer, dans des efforts vers une gratuite médiocrité, de ne jamais qu’y faillir, rien n’obligeant du reste à cette contradiction que le charme peut-être inconnu en littérature d’éteindre strictement une à une toute vue qui éclaterait avec pureté, ainsi que de raturer jusqu’à de certains mots dont la seule hantise continue chez moi la survivance d’un cœur, et que c’est en conséquence une vilenie de servir mal à propos. Le sot bavarde sans rien dire, mais ainsi pécher à l’exclusion d’un goût notoire pour la prolixité et précisément afin de ne pas exprimer quelque-chose, représente un cas spécial, qui aura été le mien : il vaut que je m’exhibe (avant de cesser) en l’exception de ce ridicule, comme un pitre monologuiste des cafés-concerts où des feuillages nous servent une halte entre le Théâtre et la Nature, ces deux termes distincts et superbes de l’antinomie proposée une à Critique.

J’aurais aimé, avec l’injonction de circonstances, mieux que finir oisivement, ici noter quelques traits fondamentaux.

Le ballet ne donna que peu : c’est le genre imaginatif. Quand s’isole pour le regard un signe de l’éparse beauté générale, fleur, onde, nuée et bijou etc, si chez nous le moyen exclusif de le savoir consiste à en juxtaposer l’aspect à notre nudité intime afin qu’elle le sente analogue et se l’adapte selon quelque confusion exquise d’elle avec cette forme envolée, rien qu’au travers du rite là énoncé de l’Idée est-ce que ne paraît pas la danseuse à demi l’élément en cause, à demi humanité apte à s’y confondre, dans la flottaison de rêverie ? Voilà l’opération poétique par excellence d’où le théâtre. Immédiatement le ballet résulte allégorique : il enlacera autant qu’animera, pour en marquer chaque rytthme, toutes corrélations ou Musique d’abord latentes entre ses attitudes et maint caractère, tellement que la représentation figurative des accessoires terrestres par la Danse contient une expérience relative à leur degré esthétique. Temple initial ouvert sur les vrais temps, un sacre s’y effectue en tant que la preuve de nos trésors, ainsi. À déduire le point philosophique auquel est située l’impersonnalité de la danseuse, entre sa féminine apparence et quelque chose mimé, pour cet hymen ! elle le pique d’une sûre pointe, le pose acquis ; puis déroule notre conviction en le chiffre de pirouettes prolongé vers un autre motif, attendu que tout, dans l’évolution par où elle illustre le sens de nos extases et triomphes entonnés à l’orchestre, est, comme le veut l’art même, au théâtre, fictif ou momentané.

Seul principe ! et ainsi que resplendit le lustre c’est à dire, lui-même, l’exhibition prête au regard, sous toutes les facettes, de quoi que ce soit ou vérité adamantine, une œuvre dramatique montre la succession des extériorités de l’acte sans qu’aucun moment garde de réalité et qu’il se passe en fin de compte rien.

Le vieux Mélodrame qui, conjointement à la Danse et sous la régie aussi du poëte, occupe la scène, s’honore de satisfaire à cette loi. Apitoyés, le perpétuel suspens d’une larme qui ne peut jamais toute se former ni choir (encore le lustre) scintille en mille regards, or un ambigu sourire déride ta lèvre par la perception de moqueries aux chanterelles ou dans la flûte refusant leur complicité à quelque douleur emphatique de la partition et y perçant des fissures de jour et d’espoir : spirituel avertissement et fil jamais rompu même si malignement il cesse, tu n’omets d’attendre ou de le suivre, au long du labyrinthe de l’angoisse que complique l’art non pour vraiment t’acabler comme si ce n’était point assez de ton sort ! spectateur assistant à une Fête, mais te replonger de quelque part dans le peuple que tu sois au saint de la Passion de l’Homme et t’en libérer selon quelque source mélodique de l’âme. Pareil emploi de la Musique qui la tient prépondérante comme magicienne, attendu qu’elle emmêle et rompt ou conduit notre divination, bref dispose de l’intérêt, la façonne seul au théâtre : il instruirait les compositeurs prodigues au hasard et sans l’exacte intuition de leur magnifique don de sonorité. Nulle inspiration ne perdra à étudier l’humble et profonde sagacité qui règle en vertu d’un besoin populaire les rapports de l’orchestre et des planches dans ce genre génial et français. Les axiômes s’y lisent, inscrits par personne ; un avant tous les autres ! que chaque situation insoluble comme elle le resterait en supposant que le drame fût autre chose que semblant ou piège à notre irréflexion, refoule, dissimule, et toujours contient le rire sacré qui la dénouera. Ce jeu perpétué les Pixéricourt et les Bouchardy de cacher dans le geste d’apparat dévolu au tragédien le doigté subtil d’un jongleur, c’est toute la science. La funèbre draperie de leur imagination ne s’obscurcit jamais au point d’ignorer que l’énigme derrière ce rideau n’existe sinon grâce à une hypothèse tournante peu à peu résolue ici et là par notre lucidité : mieux que le gaz ou l’électricité la gradue l’accompagnement instrumental, dispensateur du Mystère.

À part la curiosité issue de l’intrusion du livre et, puiqu’après tout il s’agit de littérature et de vie maintenant repliées aux feuillets, un désir en ceux-ci de se déverser à la rampe, ainsi que vient de le faire le Roman, je ne sais. Il ne convient pas même de dénoncer par un verbiage le fonctionnement du redoutable Fléau omnipotent… l’ère a déchaîné, légitimement vu qu’en la foule ou l’amplification majestueuse de chacun gît abscons le rêve ! chez une multitude la conscience de sa judicature ou de cette intelligence suprême, sans préparer de circonstances neuves ou le milieu mental identifiant la scène et la salle. Toujours est-il qu’avant la célébration des poëmes étouffés dans l’œuf de quelque future coupole manquant (si cette date s’accommodera de l’état actuel ou ne doit poindre qu’en raison de notre oblitération, doute) il a fallu formidablement au devant de l’infatuation contemporaine, ériger entre le gouffre de leur vaine faim et les générations un simulacre approprié au besoin immédiat, ou l’art officiel qu’on peut aussi appeler vulgaire ; indiscutable prêt à contenir par le voile basaltique du banal la poussée de cohue contentée pour peu qu’elle aperçoive une imagerie brute de sa divinité. Machine crue provisoire pour l’affermissement de quoi, à mon sens institution plutôt vacante et durable me convainquant par son opportunité ! l’appel a été fait à tous les cultes artificiels et poncifs ; elle fonctionne en tant que les salons annuels de Peinture et de Sculpture, quand chôme l’engrenage théâtral. Tordant à la fois comme au rebut chez le créateur le jet délicat et vierge et une jumelle clairvoyance directe du simple, qui peut-être avaient à s’accorder encore. Héroïques donc artistes de ces jours plutôt que peindre une solitude de cloître à la torche de votre immortalité ou sacrifier devant l’idole de vous-mêmes, mettez la main à ce monument, indicateur non moins énorme que les blocs d’abstention laissés par quelques âges qui jadis ne purent que charger le sol d’un vestige négatif et considérable.

Stéphane Mallarmé
Théodore de Banville : Les Caprices en dizains à la manière de Clément Marot (XVIII, Hamlet). — Les Cariatides.
Chez Calmann Lévy (Nouvelle édition, 1886).
M. Gondinet, on sait.
Fût-ce l’expressive et gracieuse mademoiselle Sanlaville.
Lire le merveilleux Journal des Goncourt, livre 1er, dans de récents Figaro
Par Edmond de Goncourt, Paris, 1884.
Au 3e acte, Rôle de en Raffa.
Au Casino Vivienne.
Ulalume (strophe II) par Edgar Poe.
Rouvert mon Racine, ces derniers temps.
Là est la suprématie des modernes vers sur ceux antiques formant un tout et ne rimant pas ; qu’emplissait une bonne foi le métal employé à les faire, au lieu que, chez nous, ils le prennent et le rejettent, incessamment deviennent, procèdent musicalement : en tant que Stance, ou distique.
Une Salle doit surtout être machinée et mobile, à l’ingénieur, avant l’architecte, en revient la construction : que ce héros du moderne répertoire se montre un peu !
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NOTES SUR LE THÉÂTRE


Le désespoir en dernier lieu de mon Idée, qui s’accoude à quelque balcon lavé à la colle ou de carton-pâte, regards perdus, traits à l’avance fatigués du néant, c’est que, pas du tout ! après peu de mots à la scène par elle dédaignée si ne la bat sa seule voltige, immanquablement la voici qui chuchotte dans un ton de sourde angoisse et me tendant le renoncement au vol agité longtemps de son caprice « Mais c’est très bien, c’est parfait — à quoi semblez-vous prétendre encore, mon ami ? » puis, d’une main vide de l’éventail « Allons-nous en (signifie-t-elle) cependant — on ne s’ennuierait même pas et je craindrais de ne pouvoir rêver autre chose. — L’auteur ou son pareil, ce qu’ils voulaient faire, ils l’ont fait et je défierais qui que ce soit de l’exécuter mieux ou différemment. »

— Que voulaient-ils donc accomplir, ô mon âme ? répliqué-je une fois et toujours interloqué ou éludant la responsabilité d’avoir conduit ici une si exquise dame anormale : car ce n’est pas elle, sûr ! s’il y faut voir une âme ou bien notre idée (à savoir la divinité présente à l’esprit de l’homme) qui despotiquement me proposa : Viens.

Mais un habituel manque inconsidéré chez moi de prévoyance.

— « Ce qu’ils voulaient faire ? » ne prit-elle pas le soin de prolonger vis-à-vis d’une feinte curiosité « je ne sais pas, mais si, le voilà… » réprimant, ô la pire torture ne pouvoir que trouver très bien et pas même abominer ce au-devant de quoi l’on vint et se fourvoya ! un baîllement, qui est la suprême, presque ingénue et la plus solitaire protestation mais dont le lustre aux mille cris suspend comme un écho l’horreur radieuse et visible.

— «… Peut-être ceci. »

Elle expliqua et approuva en effet la tentative ordinaire de gens qui avec un talent indiscuté et même de la bravoure si leur inanité était consciente, remplissent mais des éléments de médiocre puisés dans leur spéciale notion du public, le trou magnifique ou l’attente qui, comme une faim, se creuse chaque soir, au moment où brille l’horizon, dans l’humanité, ainsi que l’ouverture de gueule de la Chimère méconnue et frustrée à grand soin par tout l’agencement social.

Autre chose paraît inexact et en effet que dire ? Il en est de la mentale situation comme des méandres d’un drame et son inextricabilité veut qu’en l’absence là de ce dont il n’y a pas lieu de parler, ou la Vision même, quiconque s’aventure dans un théâtre contemporain et réel soit puni du châtiment de toutes les compromissions ; si c’est un homme de goût, par son incapacité à n’applaudir. Je crois, du reste, pour peu qu’intéresse de rechercher des motifs à la placidité d’un tel personnage, ou Vous à Moi, que le tort initial a consisté à se rendre au spectacle avec son Âme — with Psyche, my soul[9] : qu’est-ce ! si tout se complique, selon le banal malentendu d’appliquer comme par nécessité sa pure faculté de jugement à l’évaluation de choses entrées déjà censément dans l’art ou de seconde main, bref à des œuvres.

La Critique, dans son intégrité, n’est, n’a de valeur, ou n’égale la Poésie à qui elle apporte une noble opération complémentaire, que si elle vise directement et superbement aussi les phénomènes ou l’univers : mais à cause de cela, soit de sa qualité de primordial instinct placé au secret de nos replis (un malaise divin), cède-t-elle à l’attirance du théâtre qui ne doit que montrer une représentation à l’usage de ceux n’ayant point à voir les choses à même ! de la pièce écrite au folio de nature ou du ciel et mimée avec le geste de ses passions, par l’Homme.

À côté de lasses erreurs qui se débattent, voyez ! déjà l’époque apprête la surprise de telle transformation plausible ; ainsi ce qu’on appela autrefois la critique dramatique ou le feuilleton, qui n’est plus à faire, abandonne très correctement la place au reportage des premiers soirs, télégrammatique ou sans éloquence autre que n’en comporte la fonction de parler au nom d’une unanimité de muets. Ajoutez l’indiscrétion, ici les coulisses, riens de gazes ou de vie attrapés entre les chassis en canevas à la hâte mis pour la répétition, délice d’une multitude où chacun veut être dans le secret de quelque chose ne fût-ce que de la redite perpétuelle, et voilà ce qu’au théâtre peut consacrer la presse de fait-divers. Le paradoxe de l’écrivain supérieur longtemps fut, avec des fugues ou points d’orgue imaginatifs, se le rappelle-t-on, d’appliquer le genre littéraire créateur de quoi la prose relève, ou la Critique, à tracer les fluctuations d’un article d’esprit et de mode.


Même dans une Revue, la présomption me semble fausse, en supposant (c’est à le dire fort bas ici) que la nécessité existe de publications confondant l’attribution double vulgarisatrice ou songeuse du journal et du livre. Ce périodique, je voudrais qu’employant l’immunité accordée au recueil de ne parler que généralement et d’évolutions comprises le laps peut-être d’un quart de siècle ou génération, son critère dégagé de l’évanouissement du menu fait ne déchiffrât que l’enlacement mystérieux d’une date spirituelle. L’histoire dans un pays manquant de la pièce ou célébration séculaire du mythe devant le peuple, alors s’écrirait au retour prévu de jubilés, en tant qu’amples morceaux définitifs : de résultat, point, au jour le jour.

Aussi, quand d’un mois ne s’afficha rien, incontestablement, qui valût d’aller d’un pas allègre se jeter dans la gueule du monstre et par ce jeu perdre tout droit à le narguer, soi le seul ridicule ! n’y a-t-il occasion même de proférer quelques mots de coin du feu ; attendu que si le vieux secret de nos ardeurs et splendeurs qui s’y tord sous notre fixité évoque par la forme éclairée de l’âtre l’obsession d’un théâtre encore réduit et minuscule ou lointain, c’est ici intime gala pour soi.

Méditatif :

Il est (invente-t-on) un art, l’unique ou pur, qu’énoncer sera produire : il hurle ses démonstrations par le fait de sa pratique. L’instant qu’en éclaterait le miracle, ajouter que ce fut cela et pas autre chose, même l’infirme tant il n’admet de lumineuse évidence sinon d’exister. Il consentit à prendre pour matériaux la parole : de celle-ci rien ne reste aprè l’édification mais il a épuisé jusqu’aux chuchotements. Seul, le sanglot, survivant à toute expression ; ou ce suspens de la ludicité devenu la larme sublimée de nos yeux.

Quelque impéritie chez le poëte ou défaillance, de ne point mettre à profit afin de se retirer dans l’extraordinaire silence de l’heure, ce sous-entendu, établi entre le besoin public et la fabrication, qui l’exclut.

Noter au gaz, mais sans trahir en de hâtifs discours la munificence versée.

Il fut, ce théâtre le seul où j’allais de mon gré, l’Éden, significatif de l’état d’aujourd’hui, avec son apothéotique résurrection italienne de danses offerte à notre vulgaire plaisir, tandis que par derrière attendait le monotone promenoir. Une lueur de faux cieux électrique baigna la récente foule, en vestons, à saccoche ; puis à travers l’exaltation par l’orchestre d’un imbécile or et de rires, arrêta sur la fulgurence de paillons ou de chairs l’irrémissible lassitude muette de ce qui n’est pas illuminé des feux d’abord de l’esprit. Parfois j’y considérai, au sursaut de l’archet, comme sur un coup de baguette légué de l’ancienne Féerie, quelque cohue multicolore et neutre en scène soudain se diaprer de graduels chatoiements ordonnée en un savant ballabile, effet véritablement rare et enchanté ; mais de tout cela et de l’éclaircie faite dans la manœuvre de masses par de subtils premiers sujets ! le mot restait aux finales quêteuses mornes de là-haut entraînant la sottise polyglotte éblouie par l’exhibition de moyens de beauté et pressée de dégorger cet éclair, vers quelque reddition de comptes simplificatrice : car la prostitution en ce lieu, et c’était là un signe esthétique, devant la satiété de mousselines et de nu abjura jusqu’à l’extravagance puérile de plumes et de la traîne ou le fard, pour ne triompher que par le fait sournois et brutal de sa présence là devant d’incomprises merveilles. Oui, je me retournais, à cause de ce cas flagrant assez pour occuper toute ma rêverie comme l’endroit ; en vain ! sans la musique telle que nous la savons égale des silences et le jet d’eau de la voix, ces revendicatrices d’une idéale fonction, la Zucchi, la Cornalba, la Laus avaient de la jambe écartant le banal conflit, neuves, enthousiastes, désigné avec un pied suprême au delà des vénalités de l’atmosphère, plus haut même que le plafond de Clairin, quelque astre.

Très instructive exploitation, adieu.

À défaut du ballet y expirant dans une fatigue de luxe voici que ce local très singulier deux ans déjà par des vêpres dominicales de la symphonie purifié bientôt intronise, non pas le cher mélodrame français agrandi jusqu’à l’accord du vers et du tumulte instrumental ou leur lutte, prétention aux danses parallèle chez le poëte ; mais un art, le plus compréhensif de ce temps, tel que par l’omnipotence d’un total génie encore archaïque il échut et pour toujours aux commencements d’une race rivale de nous : avec Lohengrin de Richard Wagner.

Ô plaisir et d’entendre là dans un recueillement trouvé à la source de tout sens poétique ce qui est jusque maintenant la vérité ; puis de pouvoir à propos d’une expression même étrangère à nos propres espoirs, émettre, cependant et sans malentendu, des paroles.
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NOTES SUR LE THÉÂTRE


L’intention, quand on y pense, gisant aux sommaires plis de la tragédie française[10] ne fut pas l’antiquité ranimée dans sa cendre blanche, mais de produire en un milieu nul ou à peu prè les grandes poses humaines et comme notre plastique morale.

Statuaire égale à l’interne opération par exemple d’un Descartes ; et si le tréteau significatif d’alors avec l’unité de personnage, n’en profita, joignant les planches et la philosophie, il faut accuser le goût notoirement érudit d’une époque retenue d’inventer malgré sa nature prête, dissertatrice et neutre, à vivifier le type abstrait. Une page à ces grécisants, ou même latine, servait, dans le décalque. La figure d’élan idéal ne se dépouilla pas de l’obsession scolaire davantage que des modes du siècle.

Seul l’instinctif jet survit, qui a dressé une belle musculature de fantômes.

Si je précise le dessin contraire ou pareil de cet homme de vue si simple M. Zola acceptant la modernité pour l’ère définitive au dessus de quoi s’envola, dans l’héroïque encore, le camaieu Louis XIV, il projette d’y établir comme en quelque terrain, général et stable, le drame, en soi et hors d’aucune fable que les cas de notoriété. Or j’estime que le moyen de sublimation de poëtes nos prédécesseurs avec un vieux vice charmant, trop de facilité à dégager la rythmique élégance d’une synthèse, approchait la formule souhaitée ; laquelle diffère par une brisure analytique multipliant la vraisemblance ou les heurts du hasard.

Vienne le dénouement d’un orage de vie, gens de ce temps, rappelons-nous avec quel souci de parer jusqu’à une surprise de geste ou de cri dérangeant quelque chose à notre impénétrabilité, nous nous asseyons, simplement, pour un entretien. Ainsi et selon cette tenue, commence en laissant s’agiter chez le spectateur le sourd orchestre des dessous et me subjugue Renée. À demi-mot se résout posément chaque état sensitif par les personnages même su, le propre de notre attitude maintenant ou celle humaine suprême étant de ne parler jamais qu’après décision, loin de permettre l’ingérence à cet instant du motif sentimental même le plus cher : alors s’établit en nous l’impersonnalité des grandes occasions.

Loi, exclusive de tout art traditionnel, non ! elle dicta le théâtre classique, à l’éloquent débat ininterrompu : aussi par ce rapport mieux que par les analogies d’un sujet même avec la Phèdre dix-septième siècle, le théâtre de mœurs récent confine à l’ancien !

Voyez le, un contemporain traite, après coup ou d’avance mais sciemment, sa situation : il essaie de l’élucider par un appel pur à son jugement, comme à propos de quelque autre et sans se mettre en jeu. Le triple contrat entre Saccard et le père de l’héroïne, puis Renée, résolvant en affaire un sinistre préalable, illustre cela, au point que ne m’apparaisse d’ouverture dramatique plus strictement moderne ; en même temps que théâtrale, à cause de l’artifice ou tout au moins d’une dose de fiction dans la maîtrise anticipée ou reconquise de soi.

Ce volontaire effacement extérieur qui particularise notre façon d’être, toutefois, ne peut sans des éclats se prolonger et la foudre succincte ou d’autant plus violente qui servira de détente à tant de contrainte et d’inutiles précautions contre l’acte magnifique de vivre marque d’un jour flagrant le malheureux comme pris ne faute en raison d’une telle interdiction de se montrer même.

Voilà la théorie tragique actuelle ou, pour mieux dire, celle de la pièce : attendu que le drame, latent, ne s’y manifeste que par quelque soudaine déchirure affirmant l’irréductibilité de nos instincts.

L’adaptation par le romancier seul d’un tôme de son œuvre, le Curée, accru de la nouvelle Nantas, cause sur qui prend place en public désintéressé un effet de pièce succédant à celles fournies par le théâtre dit de genre, sauf la splendeur à tout coup de qualités élargies jusqu’à valoir un point de vue : affinant la curiosité en intuition qu’existe de cela aux choses quotidiennement jouées point d’aspect tout autres d’abord, une différence.

Absolue.

Ce voile conventionnel qui, ton, concept, etc., erre dans toute salle, accrochent aux cristaux perspicaces eux-mêmes son tissu de fausseté ou ne découvre la scène que mensongère et banale, il a comme flambé au gaz ! et ingénus, morbides, sournois, brutaux avec une nudité d’allure bien dans la franchise classique se montrent des caractères.

Autrement ! je le sais, les ressorts ou pièces de serrurerie dramatique sont les mêmes en ce temps-ci que jamais. Un jeu de statistique littéraire aisé consiste à les compter. Ici l’écrivain, qui s’est fait le proclamateur d’une doctrine, reste à découvert, dans ses présomptions que comme qui dirait un changement en l’atmosphère respirable maintenant, et vital sous sa véridique clarté, dût altérer les conditions fondamentales d’un art dès le premier instant notées par qui s’y essaya ; mais je m’en prends à cette imprudence de critique, la pièce d’hier me paraissant à des riens de détail près inattaquable et supérieure presque à tout dans le présent. Instinct ici porté à l’intellect ! son rai puissant de sincérité sur l’ordinaire scène y darde, plutôt que de la nouveauté, l’évidence de ce qu’on eût pu accomplir jusqu’aujourd’hui et cause un peu de stupeur qu’il y ait eu lieu de voir autrement qu’avec cette justesse.

Comme lever de rideau très fier à la représentation, j’aime rattacher cet acte auparavant et autre part salué, une nouvelle du maître passant à la rampe, Jacques Damour, selon le sobre et large arrangement de M. Léon Hennique. J’observai combien supplée une humanité exacte, toute inutile complication croulant sitôt la diffusion juste de cette lueur… Se donna-t-on de mal et voilà encore le précepte aux badauds ! pour fournir une impression de durée ou que les gens d’un drame imaginés en raison et pas plus d’une crise principale, à cet instant de rendez-vous avec l’excitation de la foule lui fussent de vieilles connaissances : comment s’y intéresserait-on autrement ! ajoutait la docte incompétence oublieuse que le moyen de familiariser des spectateurs avec un personnage doit en art tenir du miracle et non imiter l’expédient usité dans l’existence qui consiste à l’avoir fréquemment rencontré et d’être imbu de ses affaires, jusqu’à l’ennui. Un raccourci habile du héros qui le fasse dégager dans un coup de vent le secret de son habitude, c’est la manière du poëte, s’il dramatise ; mais le romancier trouvera aussi dans une mise à point des types avec une sereine ampleur cette réduction du trait fortuit suffisante pour qu’on les revoie déjà et à jamais éclairés d’un jour populaire qui s’impose, immédiat, sans la préparation d’absurdes et lentes pratiques. Comme c’est neuf, dépendant d’un parfait concept, en même temps qu’approprié à un sens du plaisir d’à présent qui juge la salle de spectacle des heures durant une géhenne. Quelque soir, un bref morceau admirable de touche naïve, forte ainsi nous poigne et rien qu’à paraître illumine, suggère et tranche, toute une technique. Le spectacle bien instructif que c’était, du reste ; où, avec deux saynètes âpres et jeunes, j’éprouvai la satisfaction, applaudissant un très pince sans rire canevas du connaisseur spécial en pantins de bois et autres, Duranty, poussé dans le sens voulu de froide furie et réduit par M. Paul Alexis, une fois par excellence et la centième de vérifier l’étonnant à propos d’un usage relevant du tréteau, honoré par Shakespeare et retrouvable dans les seuls cafés-concerts. À savoir que les rôles féminins, comme ici d’une rêche et folâtre demoiselle malaisée à marier, ou de gaillardes et ceux des vieilles surtout, gagnent à paradoxalement être joués par l’homme : ils écartent ainsi l’irrévérence puis prêtent à un cas trop rare où persiste chez nous l’impression d’étrangeté et de certain malaise qui ne doit jamais, quant à une esthétique primitive et saine, cesser tout à fait devant le déguisement, indice du théàtre, ou Masque.
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