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Pierre Sterckx (Éditeur scientifique)
EAN : 9782842786519
271 pages
Beaux Arts Editions (23/02/2009)
4.08/5   13 notes
Résumé :
Des grottes de Lascaux révélées par Georges Bataille aux dessins de Cy Twombly décryptés par Roland Barthes, écrivains, philosophes, poètes, historiens de l'art ont pris la plume pour éclairer les œuvres et les artistes qui les inspirèrent. Ainsi, Diderot dévoile Chardin, Zola et Mallarmé défendent Manet, Rilke rend hommage à Rodin, Arasse réinterprète la Joconde. Articles de presse, comptes rendus de Salons, poèmes extraits de romans, essais, la critique d'art s'éc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
LES PLUS BEAUX TEXTES DE L'HISTOIRE DE L'ART, choisis et commentés par Pierre Sterckx, 2009 TTM Editions Paris*****

Un livre que j'ai toujours voulu relire et que je relis grâce à jvermeer, Alain amoureux de la peinture qui partage avec nous quelques uns des plus beaux textes de l'histoire de l'art.
Pour le remercier je continue ce partage avec d'autres textes du même livre qui m'ont émerveillée et éclairée sur les regards infinis qu'on peut avoir sur les oeuvres et sur la rencontre heureuse profonde et complexe qui n'arrête pas de nous surprendre entre la peinture la sculpture la littérature.
Dans l'embarras du choix j'ai fait quand même une sélection de textes en m'arrêtant sur quelques artistes qui me bouleversent depuis toujours, que j'aime énormément et sur les écrivains que j'aime autant. Choix difficile, jamais exhaustif.

Jean Genet et Alberto Giacometti
« Il n'est pas à la beauté d'autre origine que la blessure, singulière, différente pour chacun, cachée ou visible, que tout homme garde en soi, qu'il préserve et où il se retire quand il veut quitter le monde pour une solitude temporaire mais profonde. Il y a donc loin de cet art à ce qu'on nomme le misérabilisme. L'art de Giacometti me semble vouloir découvrir cette blessure secrète de tout être et même de toute chose, afin qu'elle les illumine. »

Paul Claudel et la Dentellière de Johannes Vermeer
« Parmi ces maîtres… il est quelqu'un, je ne dirai pas de plus grand, car la grandeur n'a rien à faire ici, mais de plus parfait, de plus rare et de plus exquis… son nom : Vermeer de Delft… Ce qui me fascine c'est ce regard pur, dépouillé, stérilisé, rincé de toute matière, d'une candeur en quelque sorte mathématique ou angélique ou disons simplement photographique, mais quelle photographie ! en qui ce peintre, reclus à l'intérieur de sa lentille capte le monde extérieur. On ne peut comparer le résultat qu'aux délicates merveilles de la chambre noire… de ces figures dessinées par un crayon plus sûr et plus acéré que celui de Holbein, je veux dire le rayon de soleil.  La toile oppose à son trait une espèce d'argent intellectuel, une rétine-fée.»

René Char et le Prisonnier de Georges de la Tour
« La reproduction en couleur du Prisonnier de Georges de la Tour que j'ai piquée sur le mur de chaux de la pièce où je travaille, semble, avec le temps, réfléchir son sens dans notre condition. Elle serre le coeur mais combien désaltère !… La femme explique, l'emmuré écoute. Les mots qui tombent… portent immédiatement secours… le Verbe de la femme donne naissance à l'inespéré mieux que n'importe quelle aurore… Reconnaissance à George de la Tour qui maîtrisa les ténèbres hitlériennes avec un dialogue d'êtres humains. »
Ce puissant hommage à la fois poétique et politique à George de la Tour se trouve dans les feuillets d'Hypnos, n°178. Pour mémoire, René Char a écrit les Feuillets entre 1943-1944, dont un s'appelle « Résister ». L'art peut toucher des profondeurs devant lesquelles les paroles se trouvent souvent impuissantes.

Jacques Attali et le Combat de Carnaval et de Carême de Pieter Bruegel
« dans cet affrontement symbolique entre la misère joyeuse et la puissance austère, entre le malheur détourné en fête et la richesse maquillée en pénitence, pour la première fois peut-être dans l'art occidental, Bruegel ne nous donne pas seulement à voir, mais à entendre le monde… la Fête pour rendre à tous leur malheur tolérable… l'Austérité, pour faire supporter, par la promesse de l'éternité, l'aliénation du quotidien : le Bouc émissaire et la Pénitence. le Bruit et le Silence… La pauvreté est dans les deux camps : d'un côté soumise, de l'autre transgressante. D'un côté chaude, lumineuse et solidaire. D'un autre froide, obscure et solitaire. »

Rainer Maria Rilke et la Porte de l'Enfer d'Auguste Rodin
« L'artiste est celui à qui il revient, à partir de nombreuses choses, d'en faire une seule et, à partir de la moindre partie d'une seule chose, de faire un monde… Or Rodin sachant… que le corps n'est tout entier composé que de théâtres où se joue la vie,… a le pouvoir de conférer à n'importe quelle portion de cette vaste surface vibrante l'autonomie et la plénitude d'un tout. de même que pour lui le corps humain n'est un tout que pour autant qu'une action humaine (interne ou externe) mobilise tous ses membres et toutes ses énergies… Une main qui se pose sur l'épaule ou la cuisse d'autrui ne fait déjà plus tout à fait partie du corps dont elle est venue ; avec l'objet qu'elle effleure ou empoigne elle forme une nouvelle chose… Cette découverte est le fondement du groupement des personnages chez Rodin ; c'est d'elle que résulte la façon inouïe dont les figures sont liées les unes aux autres, la cohésion des formes et leur manière de ne pas se lâcher, à aucun prix. »

Emile Zola et le Joueur de fifre d'Édouard Manet
« Je ne crois pas qu'il soit possible d'obtenir un effet plus puissant avec des moyens moins compliqués. le tempérament de M. Manet est un tempérament sec, emportant le morceau. Il arrête vivement les figures, il ne recule pas devant les brusqueries de la nature… Tout son être le porte à voir par taches, par morceaux simples et énergiques. On peut dire de lui qu'il se contente de chercher des tons justes et de les juxtaposer ensuite sur une toile…. Je retrouve dans le tableau un homme qui a la curiosité du vrai et qui tire de lui un monde vivant d'une vie particulière et puissante. Vous savez quel effet produisent les toiles de M. Manet au Salon. Elles crèvent le mur, tout simplement. Tout autour d'elles s'étalent les douceurs des confiseurs artistiques à la mode… Regardez les toiles de M. Manet : vous verrez que là est la vérité et la puissance… Il y a une vérité éternelle qui me soutient en critique : c'est que les tempéraments seuls vivent et dominent les âges. Il est impossible, - impossible, entendez-vous,- que M. Manet n'ait pas son jour de triomphe, et qu'il n'écrase pas les médiocrités timides qui l'entourent. »
Immense éloge, défense courageuse pleine de fougue d'un ami, d'un connaisseur, d'un grand écrivain. le Temps ne pouvait que rendre justice et lui donner raison.

Riche choix d'images et de textes critiques dans le travail de Pierre Sterckx, « un livre-promenade », comme il l'appelle, somptueux, plein de belles surprises, rencontres mémorables entre artistes et écrivains dont les chroniques éclairées, savantes, poétiques, émouvantes par la passion investie révèlent des points de vue, des ressentis des grands hommes, des créateurs qui ont traversé les siècles et qui se sont arrêtés éblouis devant d'autres créateurs et leurs oeuvres, un moment où le temps se fige et laisse l'émotion s'éclore et respirer à pleins poumons.

Pour conclure je cite une phrase de Pierre Starckx dans l'Avant-propos que je trouve gorgée de sens, une invitation à accepter sur le champ sans le moindre délai : « Serge Daney disait qu'un critique de cinéma ou d'art est un 'passeur'. Sur une rive du torrent, précisait-il, il y a les oeuvres, les artistes, et sur l'autre le public. On est prié d'aller des uns aux autres, de faire passer la perception la plus juste au-dessus des turbulences de l'incompréhension. Gageons que tous les textes ici réunis seront de bonnes pierres pour un tel passage à gué. »

p.s. Même si le cinéma est un art, le 7e, les spécialistes font une différence entre le critique de cinéma et le critique d'art.
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Vous aimez les beaux textes ! Vous aimez l'histoire de l'art ! Ce livre est pour vous !

Lorsque les arts plastiques et la littérature s'inspirent l'un de l'autre, le dialogue entre les deux devient fécond.
Cette anthologie est une rencontre entre artistes et écrivains autour de 70 chefs-d'oeuvre de l'histoire de l'art. L'imagination de grands auteurs, écrivains, philosophes, poètes, historiens, nous offre des textes inspirés par des oeuvres qui les ont fascinés. le résultat est grandiose !
J'apprécie d'autant plus cet ouvrage qu'il correspond à ce que j'essaie modestement de faire dans mes recueils au cours de mes récits-promenades parmi mes toiles préférées.

Huit courts extraits vous donnent une idée de la qualité de cet ouvrage.

Denis Diderot sur « le bocal d'olives », 1760, Jean-Siméon Chardin : Décrire l'inexprimable.
« Ô Chardin ! ce n'est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette : c'est de la substance même des objets, c'est de l'air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile. »

Joris-Karl Huysmans sur « La Leçon de danse », 1879, Edgar Degas : Un éloge enthousiaste sur Degas concernant le mariage et l'adultère des couleurs.
« Voyez cet examen de danse, une danseuse pliée qui renoue un cordon et une autre, la tête sur l'estomac, qui bombe sous une crinière rousse un nez busqué. Près d'elles, une camarade en tenue de ville, au type populacier, aux joues criblées de son, à la tignasse refoulée sous un caloquet hérissé de plumes rouges, et une mère quelconque, en bonnet, en châle à ramages, une trogne de vieille concierge, causent pendant les intermèdes. Quelle vérité ! Quelle vie ! »

Georges Clemenceau sur « Les Nymphéas – le matin aux saules », 1918, Claude Monet : Bel hommage rendu par Clemenceau à son ami Claude.
« Lorsque les « Nymphéas » du « Jardin d'eau » nous emportent de la plaine liquide aux nuages voyageurs de l'espace infini, nous quittons la terre, et son ciel même, pour jouir pleinement de l'harmonie suprême des choses, bien au-delà de notre petit monde planétaire, dans le plein vol de nos émotivités. »

Georges Bataille sur « La Horde sauvage, fresque grotte de Lascaux », 15000 av. J.-C. : Représentation basique de la différence qui nous oppose aux bêtes. L'homme prenait conscience du pouvoir de son esprit.
« … nous parlons du miracle de Lascaux, car à Lascaux, l'humanité juvénile, la première fois, mesura l'étendue de sa richesse. de sa richesse, c'est-à-dire du pouvoir qu'elle avait d'atteindre l'inespéré, le merveilleux. »

Les frères Goncourt sur « Pèlerinage à l'île de Cythère », 1717, Antoine Watteau : Watteau comme un grand coloriste.
« Et l'harmonie de ces lointains ensoleillés, de ces montagnes à la neige rose, les robes jaunes, les jupes zinzolin, les camails bleus, les vestes gorge-de-pigeon, les petits chiens blancs aux taches de feu ! Car nul peintre n'a rendu comme Watteau la transfiguration des choses joliment colorées sous un rayon de soleil… »

Antonin Artaud sur « Champ de blé aux corbeaux », 1890, Vincent van Gogh : La porte d'un au-delà possible.
« Mais nul autre peintre que Van Gogh n'aura su comme lui trouver, pour peindre ses corbeaux, ce noir de truffes, ce noir « de gueuleton riche » et en même temps comme excrémentiel des ailes de corbeaux surpris par la lueur descendante du soir. »

Marcel Proust sur « Vue de Delft », 1660, Johannes Vermeer : le personnage de Bergotte se trouve devant « le plus beau tableau du monde ».
« … il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière du tout petit pan de mur jaune. Ses étourdissements augmentaient ; il attachait son regard, comme un enfant à un papillon jaune qu'il veut saisir, au précieux petit pan de mur. »

Daniel Arasse sur « La Joconde », 1503, Léonard de Vinci : Une des nombreuses interprétations de ce tableau par ce grand historien d'art.
« Et puis, il y a le sourire… En fait, c'est Léonard qui a inventé l'idée de faire un portrait avec un sourire. Il n'y a pas de portrait souriant avant La Joconde. »

Ce livre n'a pas pour but d'imposer des vérités ou opinions toujours subjectives sur l'art, mais de permettre aux lecteurs de découvrir les oeuvres avec un regard différent, et, ainsi, d'emporter des convictions.
La littérature magnifie l'art !

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Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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La liste des oeuvres et des auteurs proposés :

Les grottes de Lascaux par Georges Bataille
L'Antiquité grecque par Johann Joachim Winckelmann
Le Laocoon par Johann Wolfgang von Goethe
La cathédrale de Rouen par Marcel Proust
Le Portrait des époux Arnolfini de Jan van Eyck par Henri Focillon
La Flagellation du Christ de Piero della Francesca par Pascal Bonitzer
La Bataille de San Romano de Paolo Uccello par Claude Simon
La joconde de Léonard de Vinci par Daniel Arasse
Le Retable d'Issenheim de Matthias Grunewald par Ioris-Karl Huysmans
Le Moise de Michel—Ange par Sigmund Freud
Les Ambassadeurs de Hans Holbein par Jean-Francois Lyotard
L'Enlévement du corps de saint Marc du Tintoret par Jean-Paul Sartre
La Chute d'Icare de Pieter Bruegel par Georges Didi-Huberman
Le Combat de Carnaval et de Caréme de Pieter Bruegel par Jacques Attali
Elisabeth d'Autriche de Francois Clouet par Claude Lévi-Strauss
Les quatre Saisons d'Arcimboldo par Roland Barthes
La Vue de Tolede du Greco par Elie Faure
David et Goliath du Caravage par Louis Marin
La Madeleine pénitente de Georges de la Tour par Pascal Quignard
Le Prisonnier de Georges de la Tour par René Char
La Fontaine des Quatre Fleuves du Bernin par Dominique Fernandez
Les Ménines de Diego Vélasquez par Michel Foucault
La Vue de Delf de Johannes Vermeer par Marcel Proust
La Dentelliére de Johannes Vermeer par Paul Claudel
Les dessins de Rembrandt et Durer par Heinrich Wolfflin
Le Pélerinage ai l'ile de Cythere de Jean-Antoine Watteau par les fréres Goncourt
Le Philosophe de jean-Simeon Chardin par George Steiner
La Raie de ]ean—Siméon Chardin par Denis Diderot
L'Oiseau mort de ]ean—Baptiste Greuze par Denis Diderot
Le Verrou de Jean-Honoré Fragonard par Philippe Sollers
Les Tauromachies de Francisco de Goya par André Malraux
La Grande Odalisque de Jean Auguste Dominique Ingres par Théophile Gautier
Le Dernier Voyage du Téméraire de William Turner par Michel Serres
Un enterrement a Ornans de Gustave Courbet par Meyer Schapiro
Les dessins de Constantin Guys par Charles Baudelaire
La Chasse aux lions d'Eugene Delacroix par Charles Baudelaire
Olympia d'Edouard Manet par Michel Leiris
Le Bal de l'Opéra d'Edouard Manet par Stéphane Mallarmé
Le joueur de fifre d'Edouard Manet par Emile Zola
Les danseuses d'Edgar Degas par Joris-Karl Huysmans
La Porte de l'Enfer d'Auguste Rodin par Rainer Maria Rilke
Un dimanche aprés—midi à l'île de la Grande—]atte de Georges Seurat par Félix Fénéon
Le Champ de blé aux corbeaux de Vincent van Gogh par Antonin Artaud
La Maison du ]ouir de Paul Gauguin par Victor Segalen
Le jardinier Vallier de Paul Cezanne par Maurice Merleau-Ponty
Georges Braque par Guillaume Apollinaire
Guitare et Verre de Georges Braque par Francis Ponge
Liételier rouge d'Henri Matisse par Michel Butor
Le Grand Verre de Marcel Duchamp par Octavio Paz
Les Nymphéas de Claude Monet par Georges Clemenceau
La Plage at marée basse de Pierre Bonnard par Jean Clair
La Nuit espagnole de Francis Picabia par André Breton
La Trahison des images de René Magritte par Michel Foucault
Egale infini de Paul Klee par Hubert Damisch
Victory Boogie Woogie de Piet Mondrian par Michel Butor
Le Peintre et son modele de Pablo Picasso par Michel Leiris
Alberto Giacometti par lean Genet
Ioan Miro par Iacques Prévert
Les drippings de Iackson Pollock par Jean-Francois Lyotard
Edward Hopper par Francois Bon
Le Portrait du pape Innocent X de Francis Bacon par Gilles Deleuze
Le Monochrome bleu IKB 46 d'Yves Klein par Alain Jouffroy
Andy Warhol par Jean Baudrillard
Les dessins de Cy Twombly par Roland Barthes
Les mobiles d'AleXander Calder par Jean-Paul Sartre
Giuseppe Penone par Georges Didi-Huberman
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Un incontournable pour ceux qui comme moi aiment le beau, l'art et l'écrit. Non, ce n'est pas un livre d'art. Oui, c'est de la littérature avant tout, qui parle d'art., qui le savoure, qui le met en bouquet de mots. Non ce n'est pas un manuel d'esthétique. Oui c'est un dialogue. Oui ce sont de grands, de très grands qui se répondent, s'inspirent l'un l'autres. Écrivains inspirés par la forme, les couleurs, la structure, l'oeuvre, et peintures, oui les peintures, une fois le texte lu leur répondent !

Indispensable dans une bibliothèque ! Euh, je le range où ? Littérature ou Art !
Ou livre de chevet ;-)
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J'ai aimé la démarche proposée par ce livre : il s'agit d'une compilation de textes, analyses, critiques sur des chefs-d'oeuvre de la peinture, de Lascaux à l'art moderne. Les auteurs de ces textes sont des écrivains, journalistes, historiens, poètes, souvent contemporains des peintures dont ils parlent. C'est justement le regard porté sur une oeuvre de son époque qui est intéressant.
A conseiller aux lecteurs amateurs d'art déjà très éclairés sur l'histoire de la peinture.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
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Théophile Gautier sur « La grande odalisque », Jean Auguste Dominique Ingres, 1814, Musée du Louvre

« Si jamais créature divinement belle s’étala dans sa chaste nudité aux regards des hommes indignes de la contempler, c’est à coup sûr l’Odalisque couchée ; rien de plus parfait n’est sorti du pinceau.
Les yeux, dont la prunelle glauque regarde de côté ; le nez, aux narines roses comme l’intérieur d’un coquillage ; la bouche, épanouie par un sourire nonchalant ; les joues pleines, un peu larges ; le menton, d’une courbe ronde et voluptueuse, forment un type où l’individualité de l’Orient se mêle à l’idéal de la Grèce. »

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Charles Baudelaire : « La Chasse aux lions », 1855, Eugène Delacroix.

On dirait que cette peinture, comme les sorciers et les magnétiseurs, projette sa pensée à distance ? Ce singulier phénomène tient à la puissance du coloriste, à l’accord parfait des tons, et à l’harmonie entre la couleur et le sujet. Il me semble que cette couleur, qu’on me pardonne ces subterfuges de langage pour exprimer des idées fort délicates, pense par elle-même, indépendamment des objets qu’elle habille. Puis ces admirables accords de sa couleur font souvent rêver d’harmonie et de mélodie, et l’impression qu’on emporte de ses tableaux est souvent quasi musicale. Un poète a essayé d’exprimer ces sensations subtiles dans des vers dont la sincérité peut faire passer la bizarrerie :

La couleur pense par elle-même.
Delacroix, lac de sang, hanté des mauvais anges,
Ombragé par un bois de sapins toujours vert,
Où, sous un ciel chagrin, des fanfares étranges
Passent comme un soupir étouffé de Weber.

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Vous savez quel effet produisent les toiles de M. Manet au Salon. Elles crèvent le mur, tout simplement. Tout autour d’elles s’étalent les douceurs des confiseurs artistiques à la mode, les arbres en sucre de candi et les maisons en croûte de pâté, les bons hommes en pain d’épices et les bonnes femmes faites de crème à la vanille. La boutique devient plus rose et plus douce, et les toiles vivantes de l’artiste semblent prendre une certaine amertume au milieu de ce fleuve de lait.

Émile Zola, salon de 1866 : M. Manet

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Paul claudel – La Dentellière de Johannes Vermeer

Voyez cette dentellière appliquée à son Tambour, où les épaules, la tête, les mains avec leur double atelier de doigts, tout vient aboutir à cette pointe d’aiguille : ou cette pupille au centre d’un œil bleu qui est la convergence de tout un visage, de tout un être, une espèce de coordonnée spirituelle, un éclair décoché par l’âme.

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Georges Bataille et les grottes de Lacaux

J'insiste sur la surprise que nous éprouvons à Lascaux.
Cette extraordinaire caverne ne peut cesser de renverser qui la découvre : elle ne cessera jamais de répondre à cette attente de miracle, qui est, dans l'art ou dans la passion, l'aspiration la plus profonde de la vie.
Souvent nous jugeons enfantin ce besoin d'être émerveillé, mais nous revenons à la charge.
Ce qui nous paraît digne d'être aimé est toujours ce qui nous renverse, c'est l'inespéré, c'est l'inespérable.
(page 20)
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