MINE DE RIEN
Disséminer les grains
sur les rocs, au rain
des ronces dissimule,
ou simule
la fertilité.
Les mots à fragmentations
sont dangereux. Leur sens
miné.
On est toujours atteint
lorsque le jour s'annonce
trop clair. Si le gaspillage
des grains
dans les signes ensemense
de nouveaux trésors. Les mots
savent disparaître. Disant
le vrai du faux.
La menace couve au creux de l'être.
p.48
IV/VANITAS VANITATIS
Je chante pour moi tout bas.
L'air mange mes mots.
Trop de silence les enchante.
Ils ressemblent aux couleurs
des fleurs du jardin
que le ciel dévore, ou bien
le temps. L'aurore arrose
de sa rosée les choses qui
meurent avant d'avoir été.
La bouche de la lumière
mâche les fruits, les pensées.
Pour le ventre de la nuit.
p.60
V/CORA
Respire ces prairies
de cendre blanche,
apparitions
qui se déclenchent du fond.
Les têtes roulent sur le sol
et ne commandent plus.
Il y a une ivresse
quand les corps décapités
chancellent
dans la délicieuse odeur
de la tristesse des morts revenus
par nos champs d'asphodèles.
Personne, là, ne demeure,
qui se console
d'avoir été.
Mais la jeunesse de Perséphone ?
p.73
IV/L'ÉCRIT SOUS CLEF
La pensée descend
pas à pas vers
le recel intérieur, par l'escalier
en colimaçon, jusqu'au texte
où s'oublie le cœur toujours
entre lui et l'autre, enseveli
dans l'intimité d'une lumière
éteinte, qui anéantit
toute velléité
de sortir, ou de dire merci au jour.
Car avant la pensée
règne la mémoire
d'avant le souvenir, d'avant la nuit.
En prise sur le vouloir nié.
p.58
III/INUTILE DE COURIR
Il y a un retard.
À l'origine.
C'est arrivé avant.
Cache-cache au départ.
L'expérience du bond,
l'art de la décision a
pris de court le dit,
laisse le dis-cours
sur place. Culmine,
et le dépasse. Ca court
par derrière, ou devant.
S'efface sans
recours. La trace
offre l'écart.
p.42
Dans le laboratoire de Poésie Pratique, Jean Mambrino