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L'histoire de la lecture ne peut être qu'une histoire parmi d'autres, qu'un parcours particulier qui se perd dans le labyrinthe-bibliothèque, qu'un roman d'aventures. Alberto Manguel nous emmène aux origines de la lecture, au temps des tablettes-mystères qu'on découvre en fouillant la terre, et aux origines de sa lecture, quand il avait en face de lui le vieux Borges aveugle. Il évoque le temps où l'on ne lisait qu'à haute voix, des heures d'affilé, devant des commentateurs qui ne respectaient pas le silence lourd des auditeurs fascinés. Il évoque les lieux de lecture, le lit, bien sûr, lieu de tous les plaisirs, ou les transports publics (j'ai envie d'ajouter la piscine et ce volume des Mémoires d'Outre-Tombe tout taché de crème solaire). Il cite à gogo mille livres inconnus, mille auteurs qu'on ne lit plus, quelques bouquins familiers et toutes les lectures dont on rêve, celles qui ne se font pas, ces ouvrages qui dorment dans les étagères de poussière. Mais il est temps de cesser d'écrire et d'empoigner un nouveau livre qui supplie qu'on l'ouvre et qu'on le dévore. Au fond, cette histoire de la lecture n'est qu'une incitation à plus de lecture encore.
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Cet ouvrage très complet consacré à la lecture (qui est devenu un classique du genre) mériterait d'être complété à l'aune de ces 20 à 30 dernières années, il a en effet reçu le prix Médicis essai en 1998 (ce n'est pas le premier de l'auteur d'origine argentine car il a reçu de nombreuses distinctions durant toute sa carrière).
Pour Alberto Manguel, lire est une forme de résistance dont on ne devrait jamais se priver !
Cela m'a interpellée encore tout récemment lorsque j'ai vu une "pile" de livres (60 tonnes tout de même) partir à la poubelle suite à une fermeture de librairie…
À une époque pas si lointaine, les livres avaient une autre destinée et on cédait sa bibliothèque personnelle en héritage, comme un bien précieux (car ça l'était et tout le monde n'y avait pas si facilement accès).
Les livres ont aussi été les otages des états totalitaires : brûlés, leurs auteurs conspués… En Caroline du sud, jusqu'au milieu du 19ème siècle des lois interdisent aux esclaves d'apprendre à lire (les punitions infligées : coups de fouet, première phalange de l'index coupée, si ce n'est pas pendu…).

On le voit, l'histoire de la lecture n'est pas si paisible, il aura fallu du temps, une forme de courage et je crois que cet essai est une base solide pour le découvrir.
Je me demande ce qu'Alberto Manguel pense de nos pratiques de lecture actuelles, de l'avalanche d'influenceurs littéraires sur les réseaux sociaux par exemple…
De la lecture d'images dont nous avons aujourd'hui perdu le sens (j'ai beaucoup aimé ce chapitre en particulier : "lire des images"), au chapitre suivant "écouter lire" qu'on pourrait rapprocher de l'écoute d'ebooks (ça ne figure pas dans le livre, on écoutait plutôt des cassettes en 98 !), Alberto Manguel nous démontre que la lecture est une thématique incroyablement vaste et fascinante.
Si l'histoire de la lecture a traversé les siècles, elle continue de s'écrire jour après jour, aussi sans doute grâce à ses lecteurs…
Hasard de lecture : ce livre est réédité en mars 2024. Ne vous en privez pas !
Lien : https://www.xn--rdactrice-b4..
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Je ne connais que très peu de gens ayant lu ce livre magique et érudit.
Saviez-vous qu'un vizir de Perse voyageait toujours avec 117 000 livres portés par 400 chameaux marchant par ordre alphabétique,
ou que nos yeux sautent follement autour de la page quatre fois par seconde pendant que nous lisons ?
Des informations aussi iconoclastes, le livre en offre à chaque page...
La célébration de Manguel se termine par une photographie d'une bibliothèque bombardée, avec trois hommes en train de choisir des livres;
ils n'ignorent pas la guerre, mais persistent contre vents et marées dans leur droit à l'étonnement.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Alberto Manguel est un écrivain né en 1948 à Buenos Aires en Argentine. Il a grandi en Israël où son père était ambassadeur puis a vécu dans de nombreux pays dont vingt ans à Toronto, obtenant la nationalité canadienne en 1985. Depuis 2001 il vit en France, dans un village du Poitou. Journaliste (presse, radio, télévision), il a publié de nombreuses anthologies, des romans, des traductions et des essais. Une histoire de la lecture, un essai, est paru en 1998.
Comme le titre de cet essai l'indique, il s'agit « d'une » histoire de la lecture avec sa part de subjectivité voulue par l'auteur. D'ailleurs, comment pourrait-il en être autrement puisque Manguel va nous entraîner dans un incroyable périple à travers le temps et les lieux, de la Grèce antique aux Amériques, d'Aristote et même avant à Hemingway et même après. Pour mener à bien son projet – qui peut paraître impossible – il n'a pas choisi la chronologie mais une approche thématique dont voici quelques titres de chapitres : Lire en silence, La forme du livre, Lecture privée, Lire en lieu clos, le fou de livres… Et déjà le lecteur compulsif se sent visé, ce qui implique ce constat évident, tout lecteur de cet essai s'y reconnaitra, tout ou partie.
La lecture est parfois ardue, non pas due au style très clair mais aux références citées, à l'érudition d'Alberto Manguel qui chemine aux côtés de celle d'un Umberto Eco, convoquant pour étayer son propos aussi bien le physicien et philosophe égyptien du XIIIe siècle Alhazen que Théodose Ier empereur byzantin. Pour faire simple, si la période pré-Gutenberg peut être complexe parfois, après nous retrouvons nos marques et c'est le plus souvent le cas.
Le plus réjouissant dans cet ouvrage, c'est que non seulement on y apprend énormément, aspect instructif de cet essai, mais que certains passages semblent écrits spécialement pour chaque lecteur qui y lira noir sur blanc, ce qu'il pouvait croire jusque là être une particularité très intime de sa personnalité, à savoir que le plaisir de la lecture découle d'un certain confort, qu'on peut préférer lire au lit, que se débarrasser de vieux livres nous coûte etc. Tous ces aspects rituels sont abordés ici et nous rapprochent les uns des autres, nous lecteurs qui nous pensons seuls quand nous sommes plongés dans nos bouquins.
Si cette histoire de la lecture ne manque pas d'érudition et de références savantes, Alberto Manguel sait y semer également des anecdotes souriantes aussi bien historiques avec le comte Libri (décédé en 1869) voleur de livres rares ou Anthony Comstock (né en 1844) qui fit carrière dans la censure en Amérique, que personnelles quand il nous révèle que encore jeune homme en Argentine il fit la lecture à Borges le célèbre écrivain devenu aveugle.
Un essai qui a obligatoirement sa place dans toutes nos bibliothèques.
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L'ouvrage est passionnant, mais, contrairement à ce que dit l'éditeur dans sa présentation, ne se lit pas vraiment comme un roman. Il faut posséder un solide bagage culturel pour apprécier pleinement la richesse de certains passages, notamment en ce qui concerne les ouvrages anciens, et surtout ceux consacrés à la religion. Moi qui ne suis pas un fana des différentes réécritures de la bible, il y a certaines pages que j'ai trouvées un peu longuettes. Mais à côté de cela, il y a tant de réflexions et d'anecdotes passionnantes contées par cet auteur dont l'érudition m'impressionne, que je n'ai jamais interrompu ma lecture, jusqu'à la fin. Manguel m'a donné aussi l'envie de découvrir certains auteurs qui ne figurent pas dans ma bibliothèque actuelle.
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"Dans un essai sur l'art d'étudier, l'érudit anglais du XVIèmesiècle Francis Bacon a catalogué le processus [de la lecture]: "Il faut goûter certains livres, en avaler d'autres, en mâcher et en digérer quelques uns." Les 454 pages (hors notes et index) de cette Histoire de la lecture appartiennent à la deuxième catégorie. Je ne suis pas grande lectrice d'essais, mais celui-ci traite d'une des grandes affaires de ma vie depuis mes six ans: la lecture. J'ai donc avalé ces pages dans le temps ralenti de l'été, propice aux longues, très longues plages de lecture... Et ce faisant, je regarde du coin de l'oeil naître un petit lecteur avide de mots à déchiffrer, tout émerveillé de la nouveauté, de la découverte, de l'alchimie de lettres assemblées pour former du sens, sur les pages des livres, les devantures des magasins, les boîtes de conserve... Voilà comment commence le long chemin du lecteur...
Celui d'Alberto Manguel est fait d'érudition, de digressions inspirées. Ce n'est pas une histoire linéaire mais une suite ininterrompue de rencontres, de lecteurs hors normes, depuis les premiers déchiffreurs de signes vaguement aléatoires.
La lecture à haute voix, publique (Manguel fut le lecteur de Borges devenu aveugle) par opposition à la lecture privée, la forme du livre, l'auteur/lecteur, les livres interdits, les postures de lecteur (où l'on apprend que depuis la nuit des temps, nous sommes légions à lire... couchés), autant de sujets de réflexion joyeuse et jamais ennuyeuse.
Et la rencontre avec le livre... Rencontre-t-on un livre comme on rencontre un être ? "[...] dans une large mesure, mes rencontres avec les livres ont été une question de chance, telle la rencontre de ces âmes inconnues, dans le Quinzième chant de l'Enfer de Dante, dont "chacune nous regardait comme entre eux font, le soir, les gens en chemin par temps de neuve lune", et qui découvrent soudain dans une apparence, un coup d'oeil, un mot, une attirance irrésistible."
Et l'on croise, tel un personnage des Mille et une Nuits, le grand vizir de Perse Abdul Kassem Isma'il qui traverse presque furtivement un chapitre, précédé de "sa collection de cent dix-sept mille volumes" chargée sur "quatre cent chameaux, entraînés à marcher par ordre alphabétique." Et que dire du Comte de Libri, génial, redoutable et vénéneux voleur de livres, défendu par Mérimée jusqu'au bout de sa flamboyante et pitoyable cavale. "Voler des livres n'est un délit que si on les vend." Il y a aussi l'impayable censeur qui fonda à New-York, en 1872, la Société pour la Suppression du Vice. Réjouissant pourfendeur de la lubricité littéraire, bouffon de farce. Hélas, que n'a-t-il été un cas isolé...
L'ombre de Kafka plane sur ces pages, ressurgit régulièrement, accompagne le lecteur. "Il me semble d'ailleurs, écrivait Kafka [...], qu'on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un bon coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ?"
Être lecteur...
Lien : http://le-cabas-de-za.over-b..
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Depuis premiers signes gravés sur des tablettes, Alberto Manguel explicite une histoire universelle de la lecture sous tous ses aspects. Il construit en parallèle à cette histoire une formidable vision de l'aventure de l'homme au travers des livres. Ainsi, le passage de la lecture à haute voix à la lecture intime délivre le lecteur d'une lecture officielle et scolastique. Et ouvre les horizons de liberté que permettent les livres. J'avance dans cette Histoire, à suivre...
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Ahhh ! je l'adopterais bien comme frère ,père ,oncle monsieur le grand prêtre de la religion des bibliothèques … Mis à part le fait que son érudition est incomparable nous pensons pareil ,je me retrouve dans ces pages sur le plaisir de lire sous toutes ses formes ( des pages remarquables sur la lecture à haute voix) Les librophages , la seule secte à laquelle j'appartiendrai à jamais…
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Alléluia, je l'ai terminé ! Franchement cette lecture fut un mystère. J'ai failli mettre trois étoiles mais me suis dit que, dans l'absolu, cette impression subjective ne rendait justice ni à l'auteur ni à son entreprise et ce d'autant plus que je ne m'explique pas trop pourquoi j'ai eu tant de difficultés à en poursuivre la lecture et à le terminer.
Le thème est pourtant excellent quoique, évidemment probablement impossible à maîtriser. La démarche, thématique plutôt que chronologique, n'est pas gênante quoique ce livre se révèle ainsi forcément plus impressionniste que véritablement instructif. En ce sens le titre "histoire de la lecture" est probablement un peu prétentieux quoique l'auteur ait veillé à le tempérer en précisant qu'il s'agit d'"une" histoire, la sienne.
Et c'est peut-être là que le bât blesse, le fait qu'il s'agisse de l'histoire de la lecture selon le point de vue très subjectif de l'auteur, qui n'arrête pas de mêler sa propre biographie à celle d'illustres personnages ayant composé cette histoire de la lecture. Le risque est effectivement que l'on se prenne d'antipathie pour l'auteur et c'est un peu ce qui m'est arrivé: son passé de gosse de riche cosmopolite (fils de diplomate ayant eu la bibliothèque de son père - qui n'aimait pas les livres - à sa disposition, lecteur pour Borges devenu aveugle alors qu'il était enfant) ne m'incitait pas à trouver son histoire intéressante du point de vue du thème traité. En devenant un grand lecteur l'auteur n'a fait que suivre avec bonheur son conditionnement social, même si, pour la bonne forme, ses parents semblaient s'inquiéter un peu de son côté "rat de bibliothèque". J'aurais préféré davantage de pages sur la lecture, facteur d'élévation sociale et intellectuelle pour ceux qui ne sont pas nés avec une petite cuillère en argent dans la bouche...
Une autre constatation m'a chagrinée au cours de cette lecture: quoique paru en 1996, ce qui n'est pas si vieux, ce livre a mal vieilli. Il ne fait pratiquement aucune allusion aux énormes bouleversements que la technologie (internet et les réseaux sociaux) a introduits sur l'acte de lire. Certes les réseaux sociaux étaient encore balbutiants à l'époque mais internet s'était déjà très largement démocratisé et le livre est muet sur les effets, notamment pervers, qu'a pu avoir cette technologie, surtout chez les jeunes qui, aujourd'hui et pour un grand nombre d'entre eux (il y a heureusement des exceptions), passent leur temps à écrire des âneries bourrées de fautes d'orthographe et éclatantes d'inculture alors qu'ils ne lisent plus... A cet égard le début de l'un de ses chapitres m'a profondément déprimée, lorsqu'il explique qu'un texte, passablement abscons, de Kafka avait déclenché des discussions passionnées entre ses camarades de lycée. Aujourd'hui la simple idée de lire un tel texte face à une classe d'ados fait courir un frisson de terreur dans le dos tant le chahut est assuré...
Sinon le livre est effectivement très intéressant, en dépit de l'un des premiers chapitres, foireux à mon sens, qui élabore toute une théorie sur le lien "essentiel" à établir entre la vision et la lecture (quid des aveugles de naissance qui lisent tout aussi bien que les autres ?). L'information qui m'a le plus fascinée est que notre manière, que nous trouvons aujourd'hui si naturelle, de lire silencieusement est relativement récente. Dans le passé la lecture se faisait à haute voix et souvent sinon en public du moins en présence d'autres. Et l'auteur de montrer de manière convaincante le caractère subversif - car échappant au contrôle social ou du groupe d'appartenance - de la lecture silencieuse. Les pages concernant l'invention de l'écriture m'ont aussi emplie d'admiration sur le génie du genre humain, lorsqu'il s'occupe à autre chose qu'à s'auto-détruire...
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Un excellent essai de 545 pages (les 30 pages de notes comprises) qui tente de reconstituer une histoire de la lecture, et non pas l'histoire de la lecture.
L'auteur, Alberto Manguel, est une pointure dans le monde des livres, auteur de nombreux ouvrages traitant tous en filigrane du thème de la lecture et des lecteurs.
Cet ouvrage retrace donc une histoire de la lecture, non pas de façon chronologique, mais en offrant une grande liberté de lecture puisque chacun peut choisir le chapitre qui l'intéresse, chacun étant assez indépendant des autres.
Le texte est émaillé de citations, notes, références, anecdotes et le ton employé est léger, drôle, pas du tout professoral. L'auteur reste d'une grande modestie face aux connaissances qu'il apporte.
Finalement, ce livre m'a poussée à m'interroger sur ma position de lectrice puisqu'il questionne le rapport livre/lecteur, qui aborde chaque ouvrage avec son bagage de lectures précédentes, ses habitudes, son mode de vie, etc.
Une lecture réjouissante que je conseille à tous, qui pose les bonnes questions et apporte de multiples connaissances.
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