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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cet essai de Manguel peut être lu comme un véritable roman, car il fait voyager le lecteur à travers le temps, de l'Antiquité à aujourd'hui, et l'espace, parcourant le monde du Japon à l'Iraq en passant par la Grèce, l'Italie et les Etats-Unis (entre autres), et nous offre une histoire de la lecture telle qu'il la perçoit, agrémentée de ses expériences personnelles, de ses anecdotes et de références. Manguel manifeste son savoir pour le plus grand plaisir de nous, lecteurs, en nous ramenant aux origines de la lecture, et nous faisant découvrir les différentes étapes de l'histoire du livre, les pratiques des lecteurs et leur apprentissage de la lecture variant au fil des années et selon les endroits... Un essai chargé d'histoire, dans lequel le lecteur peut facilement s'identifier et s'instruire. Il est construit de telle façon que nous pouvons lire les différentes parties indépendamment des autres, l'essai n'avançant pas par ordre chronologique.











▪ Première partie : « La première page »

Cette première partie est précédée d'une épigraphe, signée par Gustave Flaubert « Lisez pour vivre », extrait d'une lettre adressée à Mlle Chantepie, datant de juin 1857.
Cette première partie, constituée d'un unique chapitre, débute par une observation de personnages historiques en train de lire, leur posture... Ensuite, l'auteur aborde sa propre enfance, son apprentissage de la lecture, et son amour naissant pour les livres. Il raconte que la lecture lui a permis de « rencontrer la sexualité », sujet encore tabou à cette époque dans beaucoup de familles. Cette passion le mènera à travailler dans la librairie Pygmalion de Buenos Aires, où il rencontra l'écrivain Jorge Luis Borges. Celui-ci lui demanda de lui faire la lecture, ce qu'il accepta. Cela lui permit d'enrichir sa culture littéraire.


▪ Deuxième partie : « Faits de lecture »

L'épigraphe qui précède cette deuxième partie est tirée d'un texte d'Italo Calvino Si par une nuit d'hiver datant de 1981 : « Lire, c'est aller à la rencontre d'une chose qui va exister ».
Dans cette deuxième partie, l'auteur relate à travers des anecdotes et des histoires les pratiques et apprentissages de la lecture de différents écrivains et personnages de l'Antiquité à aujourd'hui (Racine, Saint Augustin, Saint Ambroise, Colette...), propres à chaque époque, chaque civilisation. Il retrace ensuite les questionnements des scientifiques autour du fonctionnement de l'oeil, de sa connexion avec le cerveau. Il évoque les pratiques de lecture. A l'époque de Socrate, l'écrit n'était pas courant, Socrate lui-même transmettait son savoir oralement (c'est pourquoi nous n'avons aucun écrit de lui, mais seulement des dialogues retranscrits). La lecture silencieuse, pour soi, n'a pas toujours « existé » comme on pourrait le croire, mais est apparue au Vème siècle. La lecture publique est une pratique courante, les individus demandaient à leurs gouvernantes, ou à leurs esclaves de leur faire la lecture. C'est également le cas des fabriques de cigares de Cuba, où un homme venait faire la lecture aux ouvriers pendant que ceux-ci travaillaient. Cette pratique datant de 1850 est encore en vigueur. En effet, chaque jour pendant une heure, un homme (ou une femme) vient lire des romans ou le journal, assis à une table, placée en hauteur, sur une estrade. Enfin, l'auteur parle des différents endroits dans lesquels on peut lire, et conclut que le lit est un espace de lecture important, très utilisé, car très intime et privé.


▪ Troisième partie : « Pouvoirs du lecteur »

Cette troisième partie est précédée par une épigraphe signée par Ralph Waldo Emerson « Il faut être inventeur pour bien lire » tirée de The American Scholar, texte datant de 1837.
Dans cette partie Manguel retourne aux origines de la lecture, notamment lors d'un voyage en Iraq, à Babylone, « le lieu d'origine de tout livre ». Il évoque les attitudes, les comportements des lecteurs, leurs habitudes, les différentes manières de ranger et classer les livres dans une bibliothèque, pratique qui diffère selon les personnes. En effet, comme le montre l'exemple de la page 287, un même livre peut être classé différemment par différentes personnes : « Classé dans Fiction, Les Voyages de Gulliver, de Jonathan Swift, est un roman d'aventures humoristique ; dans Sociologie, une étude satirique de l'Angleterre du XVIIIème siècle ; dans Littérature pour enfants, une fable amusante dont il est question de nains, de géants et de chevaux qui parlent ; dans Imaginaires, un précurseur de la science-fiction ; dans Voyages, un voyage fabuleux ; dans Classiques, une partie du patrimoine littéraire occidental. » Manguel raconte qu'au Japon, à l'époque où la lecture était réservée aux hommes, les femmes qui aimaient lire des histoires avaient trouvé comme seule solution de les écrire elles-mêmes. Manguel relate ensuite une histoire assez curieuse, celle d'un voleur de livres rares, Guglielmo Libri. Cet homme passionné de livres, volait de nombreux ouvrages dans les bibliothèques auxquelles il avait accès, puis en revendait. Mais il n'est pas la première victime de ce syndrome de « bibliocleptomanie », car depuis que les livres existent, les livres sont volés ! Manguel narre également l'histoire des sibylles, ces « femmes qui prononçaient des oracles sous forme d'énigmes », lisaient des prédictions, à travers des signes. Il démontre ainsi qu'on ne lit pas uniquement des textes, mais on lit aussi dans des signes, on lit les expressions d'un visage, on lit une carte, une image... Enfin, il aborde la question de la censure, processus d'interdiction de publication encore en pratique dans certains pays. Cette partie résume donc les différents comportements des lecteurs face aux textes, aux livres, aux images, aux signes ainsi que le comportement du traducteur qui a pour mission de retranscrire au mieux un texte, en restant le plus fidèle à l'écrivain.


▪ Quatrième partie : « Pages de fin »

Cette dernière partie est précédée d'une épigraphe écrite par Stéphane Mallarmé au cours d'une correspondance qu'il entretenait avec Paul Verlaine en 1869.
Dans cette quatrième et dernière partie, Manguel fait allusion à tous les livres que lui et d'autres écrivains ou personnages historiques n'ont pas lu ni écrit. Il est lucide et conscient que la liste de ces livres est interminable. Parmi ces livres, il compte L'Histoire de la Lecture, une histoire qui pour lui n'aura jamais de réelle fin car tant que les hommes vivront, ils liront, et donc les livres existeront et seront lus. « Ce n'est pas fini ».


Cet essai est un véritable éloge à la lecture et aux lecteurs de tous les temps. Alberto Manguel nous fait partager son savoir sur l'histoire du livre et de la lecture. On le lit comme un roman car les citations en début de parties, les anecdotes des écrivains et les propres expériences personnelles de Manguel le rendent très vivant, très fluide. le fait que les différentes parties ne soient pas dépendantes les unes des autres rend ce livre plus léger, comparé aux essais ordinaires dont l'explication, le développement ou le raisonnement est continu, voire ludique car on peut lire une partie sans avoir lu les précédentes, et choisir de ne pas les lire dans l'ordre mais au fur et à mesure de nos envies. L'auteur montre un intérêt sincère pour le sujet, sans vouloir se vanter de son impressionnante érudition, il nous donne envie de lire encore et encore. Un livre à mettre donc entre les mains de tout passionné de la lecture.
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Je te connais, toi qui lis appuyé contre la fenêtre d'une rame de métro, plongé dans un des ouvrages de mon auteur favori. Et toi aussi, lecteur anonyme accoudé contre une table de bar devant un café ou une bière. Et toi aussi, babelien accroché au clavier de ton ordinateur et si avide de faire partager tes lectures au monde entier. Je vous connais tous et, à ce moment précis, vous m'êtes aussi proches que des amis. Tous, du plus petit au plus grand, du plus vieux au plus jeune, nous faisons partis de l'immense communauté des lecteurs. Nous avons une histoire commune, et cette histoire, c'est celle qu'Alberto Manguel a entrepris de raconter.

Bien entendu, il ne s'agit pas de l'Histoire de la lecture avec un grand H. le sujet est trop vaste, trop varié, trop profond et Manguel préfère plus modestement nous proposer « une » histoire de la lecture, avec tout ce que cet article suggère de subjectif et de personnel. A quel endroit lisons-nous ? Dehors ? Dedans ? Dans un fauteuil ? Dans un lit ? Lisons-nous à voix haute ou en silence ? Lisons-nous pour autrui ou pour nous-même ? Lisons-nous des traductions ou des textes originaux ? Vite ou lentement ? Sommes-nous prêts à voler pour posséder un livre ? Comment apprend-on à lire ? Tant de questions auxquelles Manguel répond avec érudition, nous promenons de l'Antiquité au XXIe siècle, du papyrus au livre numérique. Réponses partiales, bien sûr, et incomplètes mais d'autant plus intéressantes et sensibles car Manguel n'a d'autre ambition que d'être reconnu comme un lecteur parmi d'autres, une toute petite partie de ce grand tout qui nous réunis tous.

Fourmillant de références et d'idées, un peu confuse par moment mais toujours passionnante, cette « histoire de la lecture » ressemble un peu à cadavre exquis, un vaste pot-pourri où chaque réflexion en entraîne une nouvelle, entraînant le lecteur sur des chemins ignorés et pleins de surprises. On y trouve en vrac des théories scientifiques, des passages autobiographiques, des anecdotes historiques et nombre de personnages passionnants et hauts en couleur. Je retiendrais particulièrement l'attachant comte Libro (le bien nommé), célèbre voleur de livres du XIXe qui dévalisa pendant dix ans la Bibliothèque Nationale de France, accumulant plusieurs milliers de livres mal acquis avant de mourir dans la misère et le dénuement – mais quel panache durant sa courte vie ! Salut à toi, mon vieux Libro ! Salut à vous, lecteurs mes frères ! Et merci à Alberto Manguel pour ce fascinant essai ! Puissent les journées et les nuits vous être douces et pleines de délicieuses lectures...
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Éloge de la lecture.

Qu'est-ce que la lecture ? Pourquoi est-elle tour à tour aimée et détestée ? Alberto Manguel tente de répondre à toutes ces questions par un voyage dans le temps.

C'est un ouvrage de référence. L'auteur, sous le prétexte de décrire toutes les lecteurs et formes de lectures, revisite l'histoire du livre au travers d'anecdotes personnelles et issues de l'histoire. Chaque chapitre se déguste comme une nouvelle, un autre pan de lecture.

De son adolescence à être lecteur pour Jorge Luis Borges, en passant par l'Alsace humaniste ou bien par le Japon médiéval, Alberto Manguel nous invite au voyage. Non seulement au travers de l'espace et du temps, mais aussi par les différentes façon de lire et de concevoir un livre.

Ce n'est pas un livre à lire d'une traite. Il faut le lire pas à pas, prendre le temps de s'imprégner, pour pouvoir réellement l'apprécier. La lecture se dévoile sous toutes ses facettes.

En somme, ce livre se veut une célébration de la lecture.
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Lire, un geste banal ? Lorsque vous aurez parcouru l'essai d'Alberto Manguel, vous ne verrez plus la lecture du même oeil. Lire en silence, l'apprentissage de la lecture, la forme du livre, métaphores de la lectures... quelques entrées parmi tant d'autres qui vous donnent une idée des découvertes sympathiques auxquelles nous invite cet essai. On y apprend beaucoup, on sourit aux anecdotes (voir citations), on s'étonne, on s'enrichit. Car l'ouvrage est documenté, quand bien même il est difficile de recueillir des témoignages de lecteurs des temps anciens : les images parlent aussi. Cet ouvrage fait de nous les héritiers d'une tradition lourde de significations, porteurs d'une liberté et d'un pouvoir à transmettre.
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Comment apprend-on à lire ? Où la préhistoire du livre a-t-elle bien pu commencer ? Qu'est-ce que cela change, pour un auteur et pour les lecteurs/auditeurs, de lire un livre à haute voix ? Comment traduire en allemand, au XXe siècle, un poème de Louise Labé écrit plus de trois cents ans auparavant ?

Ces quatre questions ne sont qu'un échantillon de celles auxquelles Alberto Manguel apportent une réponse dans ce passionnant essai qu'est Une histoire de la lecture. L'auteur né en Argentine nous embarque dans un véritable voyage à travers le temps et l'espace à la découverte aussi bien des premières formes de lecture/écriture que de figures de censeurs célèbres ou de l'histoire des lunettes. Cet ouvrage ne suit pas un chemin linéaire, érigeant presque la digression en art. Mais il donne ainsi au lecteur l'impression de cheminer avec lui (de nombreux passages étant d'ailleurs autobiographiques), au fil de sa pensée, sur les multiples voies de l'histoire de la lecture. Évidemment (l'auteur le reconnaît d'ailleurs lui-même), il ne s'agit pas d'un ouvrage exhaustif. Mais il nous offre indéniablement un voyage riche et fascinant dans le monde du livre et des lecteurs.

En bref ? Une histoire de la lecture est un livre que tout lecteur devrait avoir dans sa bibliothèque, à (re)lire d'une traite ou à picorer régulièrement.
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Érudit, foisonnant et sympathique.

Ne cherchez surtout pas de chronologie dans cette histoire de la lecture que nous propose Alberto Manguel. Ce livre est un aimable chaos d'anecdotes, tant personnelles qu'universelles, qui arrivent au gré du cheminement de ses réflexions. Les chapitres sont (dés)organisés par thèmes, par exemple "Écouter lire" ou "Le lecteur symbolique", et prennent de tels détours qu'il m'est souvent arrivé de retourner voir l'intitulé d'un chapitre, que je n'aurais jamais pu retrouver au vu des pages que je tournais. Alberto Manguel l'avoue lui-même, dans un dernier chapitre qui a tout d'une mise en abyme:
"Mais l'histoire que raconte ce livre a été particulièrement difficile à saisir ; elle est faite, si l'on peut dire, de ses digressions. Un sujet en évoque un autre, une anecdote fait venir à l'esprit un épisode apparemment incongru, et l'auteur progresse comme s'il était inconscient de la causalité logique ou de la continuité historique, comme s'il définissait la liberté du lecteur par sa façon même d'écrire à ce sujet."
Et d'ajouter : "Et pourtant, sous cette apparence aléatoire, il y a une méthode (...)". Plutôt que de méthode, je parlerais de parti pris : "Mais c'est toujours d'individus qu'il est question, jamais de vastes nationalités ni de générations, dont les choix ne relèvent pas de l'histoire de la lecture mais de celle des statistiques".

D'une grande érudition, doté d'un riche (et bien utile) index, cet aimable chaos m'a procuré beaucoup de plaisir et fourni nombre d'idées de lectures potentielles. Un titre plus approprié aurait peut-être été "Des histoires de lecteurs", mais je sens qu'Alberto n'aurait pas été d'accord. J'use donc de mon pouvoir de lecteur pour ajouter ce sous-titre personnel à ce bel ouvrage, qui mérite sans nul doute de rester à portée de main, pour l'ouvrir au hasard et redécouvrir une anecdote, une pensée ou un commentaire de l'auteur.
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L'histoire de la lecture ne peut être qu'une histoire parmi d'autres, qu'un parcours particulier qui se perd dans le labyrinthe-bibliothèque, qu'un roman d'aventures. Alberto Manguel nous emmène aux origines de la lecture, au temps des tablettes-mystères qu'on découvre en fouillant la terre, et aux origines de sa lecture, quand il avait en face de lui le vieux Borges aveugle. Il évoque le temps où l'on ne lisait qu'à haute voix, des heures d'affilé, devant des commentateurs qui ne respectaient pas le silence lourd des auditeurs fascinés. Il évoque les lieux de lecture, le lit, bien sûr, lieu de tous les plaisirs, ou les transports publics (j'ai envie d'ajouter la piscine et ce volume des Mémoires d'Outre-Tombe tout taché de crème solaire). Il cite à gogo mille livres inconnus, mille auteurs qu'on ne lit plus, quelques bouquins familiers et toutes les lectures dont on rêve, celles qui ne se font pas, ces ouvrages qui dorment dans les étagères de poussière. Mais il est temps de cesser d'écrire et d'empoigner un nouveau livre qui supplie qu'on l'ouvre et qu'on le dévore. Au fond, cette histoire de la lecture n'est qu'une incitation à plus de lecture encore.
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Cet ouvrage très complet consacré à la lecture (qui est devenu un classique du genre) mériterait d'être complété à l'aune de ces 20 à 30 dernières années, il a en effet reçu le prix Médicis essai en 1998 (ce n'est pas le premier de l'auteur d'origine argentine car il a reçu de nombreuses distinctions durant toute sa carrière).
Pour Alberto Manguel, lire est une forme de résistance dont on ne devrait jamais se priver !
Cela m'a interpellée encore tout récemment lorsque j'ai vu une "pile" de livres (60 tonnes tout de même) partir à la poubelle suite à une fermeture de librairie…
À une époque pas si lointaine, les livres avaient une autre destinée et on cédait sa bibliothèque personnelle en héritage, comme un bien précieux (car ça l'était et tout le monde n'y avait pas si facilement accès).
Les livres ont aussi été les otages des états totalitaires : brûlés, leurs auteurs conspués… En Caroline du sud, jusqu'au milieu du 19ème siècle des lois interdisent aux esclaves d'apprendre à lire (les punitions infligées : coups de fouet, première phalange de l'index coupée, si ce n'est pas pendu…).

On le voit, l'histoire de la lecture n'est pas si paisible, il aura fallu du temps, une forme de courage et je crois que cet essai est une base solide pour le découvrir.
Je me demande ce qu'Alberto Manguel pense de nos pratiques de lecture actuelles, de l'avalanche d'influenceurs littéraires sur les réseaux sociaux par exemple…
De la lecture d'images dont nous avons aujourd'hui perdu le sens (j'ai beaucoup aimé ce chapitre en particulier : "lire des images"), au chapitre suivant "écouter lire" qu'on pourrait rapprocher de l'écoute d'ebooks (ça ne figure pas dans le livre, on écoutait plutôt des cassettes en 98 !), Alberto Manguel nous démontre que la lecture est une thématique incroyablement vaste et fascinante.
Si l'histoire de la lecture a traversé les siècles, elle continue de s'écrire jour après jour, aussi sans doute grâce à ses lecteurs…
Hasard de lecture : ce livre est réédité en mars 2024. Ne vous en privez pas !
Lien : https://www.xn--rdactrice-b4..
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Alberto Manguel est un écrivain né en 1948 à Buenos Aires en Argentine. Il a grandi en Israël où son père était ambassadeur puis a vécu dans de nombreux pays dont vingt ans à Toronto, obtenant la nationalité canadienne en 1985. Depuis 2001 il vit en France, dans un village du Poitou. Journaliste (presse, radio, télévision), il a publié de nombreuses anthologies, des romans, des traductions et des essais. Une histoire de la lecture, un essai, est paru en 1998.
Comme le titre de cet essai l'indique, il s'agit « d'une » histoire de la lecture avec sa part de subjectivité voulue par l'auteur. D'ailleurs, comment pourrait-il en être autrement puisque Manguel va nous entraîner dans un incroyable périple à travers le temps et les lieux, de la Grèce antique aux Amériques, d'Aristote et même avant à Hemingway et même après. Pour mener à bien son projet – qui peut paraître impossible – il n'a pas choisi la chronologie mais une approche thématique dont voici quelques titres de chapitres : Lire en silence, La forme du livre, Lecture privée, Lire en lieu clos, le fou de livres… Et déjà le lecteur compulsif se sent visé, ce qui implique ce constat évident, tout lecteur de cet essai s'y reconnaitra, tout ou partie.
La lecture est parfois ardue, non pas due au style très clair mais aux références citées, à l'érudition d'Alberto Manguel qui chemine aux côtés de celle d'un Umberto Eco, convoquant pour étayer son propos aussi bien le physicien et philosophe égyptien du XIIIe siècle Alhazen que Théodose Ier empereur byzantin. Pour faire simple, si la période pré-Gutenberg peut être complexe parfois, après nous retrouvons nos marques et c'est le plus souvent le cas.
Le plus réjouissant dans cet ouvrage, c'est que non seulement on y apprend énormément, aspect instructif de cet essai, mais que certains passages semblent écrits spécialement pour chaque lecteur qui y lira noir sur blanc, ce qu'il pouvait croire jusque là être une particularité très intime de sa personnalité, à savoir que le plaisir de la lecture découle d'un certain confort, qu'on peut préférer lire au lit, que se débarrasser de vieux livres nous coûte etc. Tous ces aspects rituels sont abordés ici et nous rapprochent les uns des autres, nous lecteurs qui nous pensons seuls quand nous sommes plongés dans nos bouquins.
Si cette histoire de la lecture ne manque pas d'érudition et de références savantes, Alberto Manguel sait y semer également des anecdotes souriantes aussi bien historiques avec le comte Libri (décédé en 1869) voleur de livres rares ou Anthony Comstock (né en 1844) qui fit carrière dans la censure en Amérique, que personnelles quand il nous révèle que encore jeune homme en Argentine il fit la lecture à Borges le célèbre écrivain devenu aveugle.
Un essai qui a obligatoirement sa place dans toutes nos bibliothèques.
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Depuis premiers signes gravés sur des tablettes, Alberto Manguel explicite une histoire universelle de la lecture sous tous ses aspects. Il construit en parallèle à cette histoire une formidable vision de l'aventure de l'homme au travers des livres. Ainsi, le passage de la lecture à haute voix à la lecture intime délivre le lecteur d'une lecture officielle et scolastique. Et ouvre les horizons de liberté que permettent les livres. J'avance dans cette Histoire, à suivre...
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