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EAN : 9782490356140
288 pages
CHEMIN DE FER (31/01/2020)
4.1/5   10 notes
Résumé :
Aujourd’hui, les lecteurs anglo-saxons ont à leur disposition l’intégralité des nouvelles composées par Katherine Mansfield, c’est-à-dire beaucoup plus que les cinq recueils que les lecteurs français peuvent se procurer.
Le pin, les moineaux, et toi et moi, nouvelles inédites donne à lire les nouvelles publiées en revue du vivant de Katherine Mansfield et jamais traduites en français car non reprises en recueil. Indispensable à la compréhension tant de l’œuvr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je redis ici toute l'admiration que j'ai pour Katherine Mansfield. Ce recueil de nouvelles inédites – le vieux Tar figure cependant dans d'autres éditions – nous permet d'embrasser toute l'étendue de son talent. Mansfield, c'est d'abord l'oeil, le détail qui fait mouche, non pas pour créer un effet, mais pour révéler une situation. C'est aussi un semblant de légèreté, ne pas trop appuyer sur les échecs, sur l'incapacité à s'extraire des convenances sociales, et notamment celles qui gouvernent les relations entre hommes et femmes. L'écrivaine refuse le pathos, la dramatisation de l'instant ; le cours de l'existence est versatile comme l'individu. Enfin, sous sa plume surgit la dérision dont jouent les personnages, une dérision qui s'applique à soi-même avant de se porter sur les autres, pour mettre à distance la cruauté des rapports humains.
Cette publication fort belle des Éditions du Chemin de fer rassemble parfois des textes très courts s'apparentant à des contes (Une histoire de fées), ou à une page arrachée à un journal intime (Étude : la mort d'une Rose ; Silhouettes). L'auteure s'affranchit avec une liberté vivifiante du cadre prédéfini de la nouvelle. Celle-ci doit avoir telle longueur ; eh bien non, elle peut se rassembler en une page. Il lui faut une chute ; peut-être pas si l'écriture veut restituer un tremblement de l'être, un flottement du monde. Le récit peut même céder la place au dialogue pour capter les échanges des protagonistes de l'histoire (La tournée habituelle ; Un pique-nique). Tout ceci concourt à la modernité de Katherine Mansfield, dans cette fusion étroite du style et du sujet qui n'obéit qu'à une seule finalité : transcrire au plus juste la sauvagerie de l'âme se révélant aussi bien dans le désir que dans la joie, dans la souffrance comme dans la perte.
La post-face d'Anne Besnault, érudite mais accessible, fournit un éclairage intéressant sur l'oeuvre de Katherine Mansfield et son contexte.
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Rester sur le seuil de ce majestueux livre. Admirer la teneur d'une première de couverture incitative et pénétrante. Ce bleu vie, passage et éclaircie, enrobe les pages et retient subrepticement le propice d'une lecture féconde. Nous sommes dans le raffiné, ce délicat de soie et d'attention. Franchir le seuil à pas furtifs. La rencontre est ici, le renom aussi. Dans cet espace octroyé aux nouvelles inédites d'une grande dame Katherine Mansfield. Traduites par Marie-Odile Probst. Lire attentivement la postface érudite d'Anne Besnault. Dans ce siècle passé qui foudroie nos moult et une certitudes de tout savoir par l'enjeu d'une contemporanéité trop affirmée et une soif de l'après. « Au loin, d'au-delà de la rangée des maisons obscures, il y a_ardent _ puissant_ un son comme un appel de la mer d'après l'orage. » le style concis, dans cet entrelac laisse passer les rais de ce juste. Les images loin d'être figées, endormies dans le pastel langoureux délivrent les cinq sens exaltés, la géographie des coeurs. Ces nouvelles sont des écrins d'un quotidien dont chaque mot étonne l'éphémère. On ressent ce paisible des heures importantes dans les attitudes familières. « Et partout cette étrange, indéfinissable senteur. Lorsque je l'inspire, elle semble absorber, devenir partie de moi_ et je suis vieille de l'âge des siècles, forte de la force de la sauvagerie. » Ces heures de lecture semblent des fils de soie, des rides retenues dans cette orée d'un âge qui ne faiblit pas. La littérature est macrocosme. L'inédit est diapason, boucles rares d'un verbe qui comprend les nuances d'un monde sans fioritures. le summum est là. Modeste et humble, sage et posé. « Si ce que vous dites est vrai, alors la pudibonderie est un pas vers l'art réel_quoi ? Car qu'entendons-nous par pudibonderie ? La pudibonderie est de la fausse honte, le négatif de la honte véritable, ce qui de nouveau est, pour ainsi dire, le négatif de la révérence. » Les trois nouvelles écrites par Katherine Mansfield en pages finales entre neuf et onze ans sont fraîches, étonnamment matures. « Son jeune ami » est poignante. Ce livre inestimable, poli en amont par Les éditions du Chemin de Fer est précieux, culte et d'une référence qui ne trompe pas. Les éditions du Chemin de Fer viennent de mettre au monde un recueil de nouvelles qui, bien plus que l'approche d'une plénitude littéraire, ici, dans cet espace c'est l'éclat des mots, la lumière en apogée qui règnent dans un bleu unique. du confirmé, du culte.
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Dans l'histoire de la littérature anglo-saxonne, Katherine Mansfield est une figure à part. Née en 1888 à Wellington, dans la lointaine Nouvelle-Zélande, elle se fait un nom aux côtés d'illustres écrivains de son époque tels Virginia Woolf, James Joyce, T.S Eliot. Elle est l'une des plus grandes nouvellistes de langue anglaise. « Bliss », « The Garden Party and other stories » sont des recueils qui font sa renommée. Elle meurt très jeune, à 35 ans, en France.

Le présent recueil réunit un ensemble de trente-deux nouvelles inédites en français. Les éditions du chemin de fer réalisent un très beau travail en publiant cet ouvrage. On plonge avec délices dans ces nouvelles, parfois très courtes (une page ou deux parfois), écrites dans la première partie de sa carrière d'auteure. Un soin particulier a été apporté à la mise en page qui inclut de nombreuses photographies. La postface est passionnante : Annie Besnault, grande spécialiste de l'oeuvre de Katherine Mansfield, souligne la richesse de son travail stylistique, évoque la grande variété d'influences dont elle s'est nourrie (Shakespeare, Dickens, Ibsen, Maeterlink…). Elle analyse les grands thèmes chers à la nouvelliste : le voyage, la solitude, l'apprentissage du désir, les affres du mariage bourgeois, l'exclusion sociale. Elle décrit en ces termes l'écriture mansfieldienne : « La prose de Katherine Mansfield est tantôt poétique, tantôt théâtrale, tantôt lyrique, tantôt pleinement satirique ; elle multiplie les registres et les tonalités, mélangent les emprunts à l'histoire littéraire. Lire une nouvelle de Katherine Mansfield, c'est avant tout entrer dans un monde kaléidoscopique dont les limites ne sont pas le signe d'une vision restreinte du réel (…) ».

La lecture de nouvelles est un plaisir dont je ne me prive pas quand il est servi par autant de finesse.
Lien : https://inthemoodfor.home.blog
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dans l’avenue, trois petits garçons accroupis sous un arbre fument des cigarettes. Ils sont tout à fait silencieux et bien que terrifiés à l’idée d’être découverts, leur allure est pleine d’un fastueux abandon… Et la fumée grise flotte dans l’air – leur encens, fort et parfumé, au grand Dieu de l’Interdit.
Silhouettes, 1907
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Oh, je n’aurais pas pu supporter cela un instant de plus, et vous ? Les hommes ne sont-ils pas extraordinaires ? En ont-ils jamais fini avec ce genre de choses ? Non, jamais. Ils ont une faim insatiable de pourchasser quelque chose que neuf femmes sur dix auraient saisi sans se donner la peine de lever un doigt. Trop absurde ! Ils me font penser à ces gros chiens laineux qui adorent faire semblant de perdre l’os que vous avez jeté juste sous leur nez, se lancent à sa poursuite en aboyant et font mine de le déterrer. Qu’est-ce qui, diable, les pousse à agir ainsi ? La vanité, ma chère, et la délectation masculine à s’exhiber. Ne pouvez-vous les voir dans une heure de temps environ en train de donner des grands coups de queue et se lécher les babines et dire d’une voix plus ou moins forte : « Eh bien, nous avons eu une discussion plutôt ardue ! » Qu’ils sont ennuyeux ! Oublions-les.
En confiance. In confidence, 1917
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A la lumière blanche, crue de la lune, un champ de choux bleus à ma droite miroite telle une mer froide. Face à moi, et autour de moi, les hêtres s’élèvent, vigoureux, noirs, envoûtants. Si je me penche un peu plus, et écoute attentivement, je discerne le marmonnement des ténèbres, la respiration çà demi étouffée de la nuit d’été. C’est la lourde, indolente rivière qui sinue rêveusement au travers des grands prés, et le bruissement lascif des doux roseaux entrelacés.
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C’était un grand, un auguste pin. Si grand, vraiment si grand, que lorsqu’on se tenait dessous et regardait tout droit en l’air à travers les branches, on n’en voyait pas le sommet. Comme tu aimais ce pin !
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Dans la forêt, dans la forêt, le silence avait jeté un sort sur toutes choses. Elle cueillit un grand bouquet de jonquilles et de perce-neige, et tendrement les tint contre elle, et tendrement embrassa leurs frais visages printaniers.
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Videos de Katherine Mansfield (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Katherine Mansfield
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : « Je ne parle pas français », in Katherine Mansfield, félicité, traduit de l'anglais par J.-G. Delamain, préface de Louis Gillet, Paris, Stock, 1932, p. 57.
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