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EAN : 9782897125363
207 pages
Mémoire d'Encrier (21/01/2019)
4.08/5   13 notes
Résumé :
L’épidémie de grippe asiatique des années 1950 atteint la Colombie-Britannique et ravage la communauté. Les autochtones sont livrés à eux-mêmes et les médecins blancs négligent de les soigner.
La jeune Stacey, sa mère et les autres femmes du clan de Loup se serrent les coudes, enterrent leurs morts, à l’ombre de la prophétie de Corbeau : « Les grandes tempêtes façonnent la terre, font éclore la vie, débarrassent le monde de tout ce qui est vieux pour faire p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Variole, diphtérie, tuberculose, rougeole, les épidémies se succèdent et ravagent les tribus autochtones ; des centaines d'enfants sont emportés, compromettant l'avenir et déstabilisant les communautés. 1950, une épidémie de grippe asiatique frappe la Colombie-Britannique et atteint le clan du loup. Les femmes rassemblent leur force et leur savoir ancestral pour sauver les malades, en vain. de l'autre côté du pont, la communauté blanche bénéficie de soins hospitaliers et médicaux appropriés. Aucune aide n'est proposée à leurs voisins.
C'est à travers les yeux de Stacey, une adolescente de 17 ans, que nous suivons la tragédie qui frappe sa communauté. Stacey est la seule indienne de son village à être scolarisée chez les Blancs. Ses connaissances acquises à l'école lui ont ouvert l'esprit à d'autres possibles mais lui ont aussi donné un nouveau regard sur sa propre culture dont elle questionne tous les aspects, cherchant à en comprendre le sens. Son questionnement et son regard critique sur le comportement des Blancs sont les points forts de ce roman qui retrace une année de la vie d'une communauté autochtone, sa lutte contre la maladie mais aussi l'existence quotidienne. Celle-ci repose sur les traditions ancestrales et le respect des lois communautaires qui permettent le vivre-ensemble. Autour de Stacey, des personnages mémorables : Momma, la mère, pilier de la famille, la petite soeur Celia sujette à des visions sur le passé qu'elle n'arrive pas à contrôler, Jimmy le frère cadet, Dominic le chaman, dépassé par une maladie qu'il ne peut soigner par les moyens traditionnels et bien d'autres encore qui rendent ce roman profondément attachant et plein de vie, malgré le malheur qui frappe durement la communauté. Sans oublier Corbeau et Cèdre, les témoins silencieux des changements drastiques que subissent les peuples autochtones au contact des Blancs. Comment survivre à ces changements, telle est la question que se pose Stacey à la veille de son départ pour l'université.
La maison d'édition Mémoire D encrier a été créée par Rodney Saint-Eloi, écrivain haïtien installé au Canada. L'éditeur a le souci d'accueillir les écrivains des communautés autochtones pour faire entendre leur voix singulière dans une société dominée par le point de vue occidental.

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Un roman immersif et terriblement captivant. Un voyage inouï au confins d'une communauté stigmatisée, décharnée, abandonnée, parquée, déshumanisée. Bien plus qu'un combat Lee Maracle raconte la vie absolue au travers des yeux d'une jeune femme tiraillée entre l'avenir, du blanc, et le passé, des siens.
Stacey vit de l'autre côté du pont. Frontière, malgré lui, de deux mondes, celui des blancs et du clan des Loups. Stacey le franchit tous les jours pour se rendre à l'école des blancs où elle tente de se fondre dans la masse et surtout comprendre leur monde, leurs lois, leurs coutumes. Au grès des années qui défilent, des discussions avec son amie, des repas pris à ses côtés, Stacey s'interroge toujours autant. Elle admire leur confort, leur technologie et leur médecine. Alors quand l'épidémie éclate au sein de sa communauté, sa confiance envers eux est malmenée. Personne n'a passé le pont pour leur en venir en aide.


Entre légendes, prophéties, visions, Lee Maracle nous entraîne dans une fiction dont le réel ne peut que nous surprendre. Minutieusement, elle nous imprègne de ce monde inconnu, de cette simplicité auto suffisante à vivre l'instant présent, de ses douleurs fulgurantes où cris et larmes fusent et de ses bonheurs infinis. Stacey croit infiniment que le monde des blancs peut apporter quelque chose à leur communauté, notamment l'enseignement dont elle prend le parti. Et à contrario que ce monde là est bien loin de ses valeurs et préceptes, de sa nature. Ce duel perdure tout au long du roman menant vers cette finalité loin des rêves.


Si les premières pages m'ont apeurée, les suivantes m'ont captivée. Un magnétisme puissant se dégage des mots de Lee Maracle mettant au centre de son histoire cette dualité cruelle. Si je me suis accrochée à tous ces moments de bonheur, la tristesse est, malgré tout, le sentiment qui m'a accompagnée en fermant LE CHANT DE CORBEAU. Une histoire poignante où les petites détails en font une grande, où l'Homme devient son pire ennemi.


Un roman à découvrir sans aucun doute, les adeptes de la Littérature des Premières Nations, je pense, seront conquis. de mon côté, je continue mon exploration de ce monde hypnotique.
Lien : https://lesmisschocolatinebo..
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Au Canada dans les années 50, la politique d'assimilation bat son plein et les pensionnats autochtones recourent à une grande violence pour transformer les premières nations et leur culture en simples souvenirs. Lorsque surgit l'épidémie de grippe asiatique, les communautés sont tout simplement abandonnées.
Au sein d'un petit village que la grippe dévaste, une jeune fille et les femmes de son entourage s'unissent pour préserver les leurs. Entre usages de plantes, entraide et répartition des rôles, importance des souvenirs et des histoire partagés, ce roman s'attache à raconter l'histoire des plus faibles, ceux que l'histoire tente de mettre de côté.

Quel bonheur que ce livre ! Quelle chance de pouvoir découvrir "de l'intérieur" cette culture matriarcale, son intelligence humaine, son humour et sa vision du monde comme un grand tout!
Rien de mystique, juste une écoute de soi et de l'environnement et une capacité à intégrer dans sa réflexion des points de vue différents.
Le personnage central du récit, par le simple fait d'aller à l'école avec des blancs et non pas dans un pensionnat autochtone, observe avec attention les écarts entre ces deux univers et s'interroge sur l'attrait ou pas qu'elle éprouve pour eux.
Le texte est à la fois très énergisant et assez désespérant car cela reste le récit d'une culture qui disparait peu à peu, une finesse qui se fait dévorer par le rouleau compresseur occidental.
Lien : https://luparju.com
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Profondément captivant. Douloureux. Tout à la fois récit d'une impossible liberté et critique ravageuse et en miroir de notre société, de son individualité et hypocrisie destructrices. Tout à la fois récit d'une incompréhension mutuelle (et révélatrice d'une réelle différence sociologique) - l'impossible projet de Corbeau - et dénonciation d'une fatalité qui ne devrait pas être. La fin d'un monde, celui des sociétés premières.
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critiques presse (1)
LeMonde
26 juin 2020
Voici en fait un roman presque histo­rique – presque, car les romans historiques, en général, appartiennent aux vainqueurs. Lee Maracle, elle, écrit l’universel et nécessaire récit des vaincus. Elle orchestre magnifiquement le grand chambardement des époques, superposant çà et là la mythologie autochtone à la chronique réaliste pour rendre compte du télescopage des passés.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le trajet du retour se fit dans une sorte de brume gris clair. Le couvert nuageux semblait prendre vie, tel un dôme de grisaille humide et froid ballotant à la limite de sa conscience trouble. Son corps se fermait, son esprit niait le subtil processus d'engourdissement à l’œuvre pendant qu'il ressassait sans relâche la mort de Polly. Corbeau était perchée dans un peuplier juste devant la maison de Carol, loin au-dessus de Stacey. Celia était accroupie sous l'arbre et se serrait les côtes. Elle avait de nouveau été envahie par des visions d'autrefois, qu'elle tentait de comprimer jusqu'à former des trous noirs. Page 45.
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"Toute mort prématurée faisait en sorte que chacun perdait un bouffon, un herboriste, un guérisseurs spirituel ou un philosophe qui semblait comprendre le code de conduite, la Loi, de même que le lien unissant les membres d'une famille. Tout le monde était utile à la communauté, chaque personne agissant comme un secteur du cercle familial sur lequel reposaient la santé et le bien-être de tous. Bref, toute personne disparue était une pièce manquante du cercle pour laquelle il n'y avait pas de substitut"
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Videos de Lee Maracle (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lee Maracle
Rodney Saint-Éloi et Yara El-Ghadban vous présentent les livres de l'automne 2021. (En présence d'Elkahna Talbi, Fiorella Boucher et Chloé Savoie-Bernard.)
L'AUTOMNE MÉMOIRE D'ENCRIER: AU COUCHANT DE LA TERRE PROMISE de Jean Sioui https://rb.gy/t4edyb LE CHANT DE CELIA de Lee Maracle (trad. Joanie Demers) https://rb.gy/sbv3lt POMME GRENADE d'Elkahna Talbi https://rb.gy/rbcy3o NOOPIMING de Leanne Betasamosake Simpson (trad. Arianne Des Rochers) https://rb.gy/mhztv4 ANATOMIE DE MA HONTE de Tessa McWatt (trad. Chloé Savoie-Bernard) https://rb.gy/jutwqn LES RACISTES N'ONT JAMAIS VU LA MER de Rodney Saint-Éloi et Yara El-Ghadban https://rb.gy/gcrhko FERDINAND JE SUIS À PARIS de Jean-Claude Charles https://rb.gy/rzqngm L'ABATTOIR C'EST CHEZ NOUS de Fiorella Boucher https://rb.gy/evddzs MAISONS VIDES de Brenda Navarro (trad. Sarah Laberge-Mustad) https://rb.gy/fxck1s
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