L'histoire en elle-même est plutôt intéressante, puisque l'on suit Diane une parisienne qui vit dans le passé ou plus exactement qui ne vit plus réellement. Elle vit en quelque sorte en exilé dans son appartement depuis qu'elle a perdu son mari et sa fille il y a de cela une année. Complètement désemparée, elle ne semble plus savoir comment vivre tout simplement.
Le postulat est tout à fait correct, l'histoire promet d'être riche en émotion. de prime abord j'ai pris le livre pour un mélange entre le drame et le développement personnel comme on en voit beaucoup pullulé depuis des années (comme avec
Laurent Gounelle par exemple), mais en fait non, pas vraiment en tout cas.
Bien évidemment tout le roman va tourner autour de Diane, la protagoniste du roman qui est tout aussi énervante qu'épuisante, mais pas tout le temps ! Enfin si, mais c'est surtout que ça fonctionne à l'usure. Au début on comprend pourquoi elle est aussi mal, pourquoi elle se plaint toutes les pages et tout et puis, voilà qu'elle prend la décision de partir en Irlande et on se dit alors : ça y est l'apprentissage de la guérison va commencer, on ne va pas la supporter pendant tout le bouquin dans son appart dégueulasse de Paris.
J'ai vraiment aimé le moment où elle décide de prendre sa vie en main avec ce voyage, de se prouver à elle-même qu'elle en est capable, qu'elle peut le faire seule. Sur certains aspects, je me suis retrouvée dans la psychologie du personnage ce qui n'était pas désagréable, mais sur d'autres j'ai plus eu l'impression d'avoir affaire à une fille de 16 ans qu'à une femme qui, certes a perdu son mari et sa fille, mais qui a quand même des choses auxquelles se raccrocher, comme son meilleur ami Felix ou son café-librairie quoi. Fin je suis désolée, mais c'est un peu capricieux de sa part de tout abandonner comme ça, surtout quand on sait que des gens tueraient pour avoir la chance de faire la même chose, mais bref.
Voilà donc que Diane part en Irlande histoire de guérir seule, histoire d'être recluse dans un pays étranger et d'avoir enfin la solitude dont elle a besoin - c'est en tout cas comme ça que je l'ai perçu. À ce moment là, ça allait un peu mieux, je la trouvais un peu moins pitoyable à toujours se plaindre et tout.
Finalement, ça a été de courte durée parce qu'elle repart à la fin du bouquin et alors une grosse interrogation s'est posée : à quoi bon partir ? en quoi ce voyage en Irlande est-il légitime pour l'histoire puisqu'au final, retour à la case départ, Diane revient à Paris et décide de reprendre en main "Les gens", mais ce n'est pas comme s'il n'était pas là avant qu'elle parte, elle n'avait peut-être pas besoin de partir faire ce qu'elle a fait pour s'en rendre compte quoi.
Lors de la dernière page du livre je me suis demandée à quoi ça a servi, à quoi ça l'a avancé de partir en Irlande si ce n'est faire n'importe quoi, si ce n'est briser le coeur du pauvre Edward qui était prêt à sauter le pas pour elle. Définitivement, ça a été une déception parce que le personnage est bien trop creux et pitoyable pour moi.
J'ai surtout eu l'impression que l'auteure voulait mettre le paquet sur le pathos afin de combler certaines lacunes comme le fait de ne peut-être pas réellement savoir ce que cela fait de perdre des êtres aussi proches. Oui, c'est ça, j'ai eu le sentiment que l'auteure n'a peut-être pas suffisamment creusé dans son personnage en tant que telle et l'a surtout utilisé comme généralité.
Je m'explique : Diane = représentation d'une femme qui a perdu sa famille donc elle est la figure de proue de tous ceux qui ont perdu un jour leur conjoint ou un enfant, mais au-delà de cela, où est l'individu en tant que tel ? où se trouve le personnage que l'on suit ? D'un point de vue psychologique je n'ai pas eu le sentiment de suivre un personnage à part entière, plus une vague image d'une femme qui a perdu sa famille mais qui n'a pas d'identité propre, qui se définit toujours par le biais des autres : d'abord sa famille, Felix, puis Edward et enfin son café/librairie, mais le personnage de Diane, je n'ai jamais eu le sentiment de le découvrir.
Vous l'aurez donc compris, je n'ai pas trouvé Diane particulièrement attachante, évidemment on ressent de la compassion pour ce qu'elle a vécu, pour ce qu'elle subit au quotidien, mais c'est aussi difficile d'apprécier un personnage quand l'on ne perçoit pas réellement ses contours et quand celui-ci pleure la moitié - les trois-quarts ? - du temps.
Ce problème de psychologie des personnages n'est pas applicable à tous puisque j'ai beaucoup aimé les personnages seconds comme Felix même si je l'ai trouvé trop stéréotypé dans le genre "coureur de jupons gay" ce qui est dommage parce qu'il a un potentiel vraiment intéressant.
Non, c'est surtout Edward que j'ai aimé, j'ai trouvé qu'il était le personnage le plus élaboré, le plus abouti avec une réelle construction du personnage. Oui c'est vrai, son histoire peut paraître tirer par les cheveux, mais il n'empêche que ses réactions paraissent sincères et qu'il a l'air d'avoir été travaillé par l'auteure. En tout cas, j'ai cru sentir un réel cheminement dans la façon d'écrire ce personnage que ce soit dans son histoire passée et même dans celle que l'on suit avec sa femme, avec son métier de photographe.
Sans être un fiasco total quand même, je m'attendais à mieux - beaucoup mieux - si bien que je ne comprends pas l'engouement qu'il y a eu pour ce livre, mais je suis contente de l'avoir lu, de m'être fait mon propre avis. Je tiens enfin à dire que ce n'est pas parce que je n'ai pas aimé que ça signifie que je ne le conseille pas, si je ne l'ai pas aimé, quelqu'un d'autre l'aimera, c'est évident. Il n'empêche également, malgré mon appréciation, que je salue le travail de l'auteure, comme toujours parce qu'il n'est jamais facile d'écrire un livre, parce qu'un auteur met une part de lui-même dans ses écrits et je ne veux pas donner l'impression de penser que c'est un travail aisé et rapide, parce que ce n'est pas le cas.
Mon avis en intégralité :
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