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Pierrick Masquart (Traducteur)Gérard Meudal (Traducteur)Marie-Thérèse Carton-Piéron (Traducteur)
EAN : 9782264046741
569 pages
10-18 (02/11/2007)
3.87/5   103 notes
Résumé :
Printemps 1847. L’Étoile des mers, capitaine Josias Lockwod, quitte l'Irlande pour New York avec son lot de passagers qui incarnent à eux seuls le passé, le triste présent et l'improbable avenir de leur drôle de terre. La Grande Famine s'achève dans l'horreur et la seule issue, pour la plupart des habitants de l'île, a nom exil. A bord, une quinzaine de privilégiés se partagent, les cabines de 1re classe : une famille de propriétaires anglais établis depuis longtemp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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Je connais depuis un bon bout de temps le nom de Joseph O'Connor, auteur irlandais qui n'est d'ailleurs rien d'autre que le frère ainé de la chanteuse Sinead O'Connor (je viens juste de découvrir leur lien de parenté). Même si je repoussais depuis un petit moment une lecture d'un de ses livres, je me réjouissais d'avance car j'avais un pressentiment plus que positif.
Et je dois avouer qu'avec « L'Etoile des Mers », je n'ai pas été déçue.
Cela faisait franchement très longtemps que je n'ai pas été prise d'un tel engouement pour un livre, et quel livre !
L'Etoile des mers est un navire, mais pas n'importe lequel. Nous sommes en 1847 et c'est un des navires sur lequel embarquent des irlandais fuyant la Grande Famine qui fait une hécatombe parmi les habitants de ce pays qui subit de plein fouet la politique plus que discutable de l'Angleterre. Parmi les passagers présents sur ce navire, quelques personnages vont se détacher et c'est à travers leurs souvenirs qu'on va parvenir à découvrir pourquoi ils se sont retrouvés sur l'Etoile des Mers.
Certes, ils rêvent tous d'une vie meilleure de l'autre côté de l'océan, mais leur passé ne s'effacera pas d'un coup de balai et c'est bien dans ce passé que l'on va trouver la clef de bien des interrogations à leurs sujets.
Cette histoire ne se raconte pas, elle se lit et elle se vit, car clairement, j'ai fait un voyage dans le temps grâce au talent de conteur de l'auteur. Il a une écriture talentueuse, et à travers ce livre, c'est le destin et l'histoire de milliers d'immigrants d'origine irlandaise qui sont abordés avec une grande puissance d'évocation.
Que ce soit les conditions de vie sur le navire, les expulsions des fermiers de leurs terres, ou la terrible attente dans des conditions effroyables de pouvoir enfin fouler le sol américain, on ne peut rester indifférent à la lecture de ce livre !
Une très belle plume, et j'y retournerais, assurément, d'autant plus que je possède déjà plusieurs exemplaires de Joseph O'Connor dans ma PAL qui est toujours aussi monstrueuse …


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Un livre époustouflant, marquant. Il se présente comme le récit d'une traversée d'Irlande en Amérique, à bord d'un paquebot, racontée par un des passagers, journaliste de profession et américain de nationalité (lui conférant ainsi une neutralité toute relative dans la relation entre Irlande et Angleterre). le récit est émaillé de nombreux « flash-back » (ou « retours en arrière ») et une intrigue se noue rapidement lorsque l'on découvre que certains passagers sont liés par bien plus que leur seule présence sur un même bateau. Il est question de meurtre, d'amour, de trahisons, de déceptions, d'espoir aussi. Une véritable épopée à taille humaine, dont les personnages ont des failles, petites ou grandes, et des sursauts de volonté inespérés. le livre est construit comme une anticipation d'un évènement tragique, sans que l'on sache de façon certaine ce que sera le climax de ce huis clos maritime (même s'il est possible de le deviner, mais le ressort principal du livre n'est pas dans le suspens…).
Mais la petite histoire, petite malgré ses péripéties incessantes, n'est que le prétexte d'un écrivain (le narrateur, Dixon, et non l'auteur…) pour capter l'attention de son lectorat pour parler d'autre chose, de l'histoire, la grande, celle qui mériterait une « grand H » bien qu'elle ne soit guère glorieuse.
Et il est vrai que l'on apprend beaucoup dans ce livre. D'abord, moi qui ne comprenait guère le conflit Irlando-Anglais (réduit en général dans les médias à une question d'obédience religieuse, mais la religion n'est jamais qu'un prétexte dans les guerres, pour masquer les questions plus épineuses, moins manichéennes, et pour polariser plus facilement l'attention et les haines), j'en entrevois maintenant les racines, les oppositions et les rancoeurs profondes. Qu'importe que les uns prient la Vierge et que les autres n'aient jamais utilisé un rosaire, la question fondamentale est celle de la terre, du fruit du labeur, et de la dignité humaine. Que les mouvements d'indépendance commencent avec l'augmentation des fermages (et ici c'est à mon tour de simplifier), voilà qu je commence à mieux comprendre certains antagonismes et l'irréductibilité de certains mouvements (j'écris bien « comprendre », certainement pas « approuver »).
Mais au-delà de l'histoire personnelle des passagers de ce bateau et de l'histoire de l'Irlande au siècle de la Grande Famine, ce livre offre un troisième niveau de lecture. Car ce n'est pas seulement la famine irlandaise que l'auteur donne à voir mais, à travers cet exemple qui le touche personnellement, ce livre est comme un archétype de toutes ces autres famines et catastrophes humanitaires qui font ou ne font pas la une de nos journaux. La question de l'aide, de la morale, de la dignité de ceux qui en sont réduits aux derniers expédients… Les mêmes questions, les mêmes réponses hélas. Les Irlandais d'alors étaient paresseux comme nos chômeurs aujourd'hui ; les New-yorkais voyaient d'un très mauvais oeil le flot continu de migrants irlandais déversés par les paquebots transatlantiques comme nous fronçons les sourcils à chaque radeau de clandestins qui s'échoue sur nos rives.
Cette phrase que O'Connor met sous la plume du narrateur dans l'épilogue est censée être écrite au début du XXème siècle, alors que le narrateur, maintenant au soir de sa vie, revient une dernière fois sur les évènements tragiques de la traversée du Star of the Sea en novembre 1847, semble tellement s'adapter à tous les drames, ceux de l'Irlande au XIXème comme tous ceux du XXème et XXIème siècles :
We still tell each other than we are lucky to be alive, when our being alive has almost nothing to do with luck, but with geography, pigmentation and international exchange rates.*

Un livre impressionnant, d'une construction très maîtrisée, d'une belle écriture, avec des personnages bien construits (j'aime beaucoup le Capitaine, Josias Lockwood, avec son coeur sur la main mais aussi sa grande naïveté, deux qualités trop peu répandues dans le monde d'aujourd'hui comme d'hier) et d'une réelle profondeur. Il laisse songeur, pas nécessairement plus optimiste, mais peut-être plus réaliste hélas, avec la triste consolation que finalement la géopolitique d'aujourd'hui n'est pas pire que celle d'hier. Un livre que je recommande vivement, quelque soit le lieu où vous résidez, votre pigmentation et le taux de change de votre devise.

* Tentative de traduction personnelle : « Nous nous disons toujours les uns les autres que nous sommes chanceux d'être en vie, alors que le fat d'être en vie n'a pas grand-chose à voir avec la chance, mais plutôt avec la géographie, la pigmentation et les taux de change internationaux. »
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L'Étoile des mers est un navire parti d'Angleterre pour rejoindre l'Amérique. À son bord, des centaines d'immigrants irlandais qui fuient la Grande Famine, fléau qui frappa l'Irlande de 1845 à 1851. Tous rêvent de la terre promise, mais peu l'atteindront : les privations, les maladies font tomber les passagers comme des mouches.

À bord du bateau, deux personnages bien différents mais aux destins entremêlés : Lord Merredith, renié par son père à cause de son mariage, qui a hérité d'un domaine au bord de la faillite, et qui espère se remplumer en se lançant dans les affaires en Amérique. Pius Mulvey, petit malfrat qui a enchaîné les actes de lâcheté, de vols et les meurtres, et rattrapé par les « Redresseurs de tort ». Ces derniers chargent Pius d'assassiner pendant le trajet Merredith, qui doit payer pour les erreurs de ses ancêtres. S'il échoue, c'est lui qui y passera dès qu'il posera les pieds en Amérique.

Le récit est entrecoupé de lettres d'immigrés qui vantent les bienfaits de l'Amérique à ceux restés au pays, de lettres d'Irlandais qui les supplient de leur venir en aide, des articles parus en Angleterre accompagnés de caricatures racistes d'Irlandais, présentés comme des brutes qui n'ont récolté la famine que par leur propre fainéantise. Ce livre nous rappelle une page sombre de l'histoire de l'Irlande, où plus d'un million de personnes sont mortes de faim dans l'indifférence générale, ce qui ne fait pas honneur à l'humanité et à son sens de la solidarité.
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1847, l' « Etoile des mers » traverse l'Atlantique avec, à son bord, quelque 400 passagers irlandais fuyant la Grande Famine et une quinzaine de privilégiés de première classe, anglais pour la plupart. le roman est le récit de leur voyage, mais aussi et surtout de leur vie avant le grand départ.
Sa construction très originale et sa présentation m'ont quelque peu déstabilisée dans les premières pages. La construction : plusieurs personnages se relayent pour la narration - le capitaine à travers son journal de bord dans lequel il relate, au jour le jour, le temps, les incidents et accidents, les conditions de vie dans l'entrepont, les maladies et les morts - un journaliste à travers ses articles pour le New York Times - des lettres d'émigrants irlandais qui, depuis les Etats-Unis, écrivent aux leurs. La présentation : papier et caractères rappelant les éditions du 19e siècle, illustré de reproductions en noir et blanc de dessins et caricatures d'époque. Une étrange impression m'a envahie : quel est cet OVNI ? Dans quoi me suis-je embarquée ? Et puis, je me suis laissé happer par cette histoire digne des grands romans populaires du 19e : misère, lâchetés, abandons, trahisons… car, bien sûr, certains passagers se connaissaient depuis longtemps !
Mais le propos de Joseph O.Connor ne se résume à cette intrigue foisonnante : c'est l'occasion pour lui de dresser l'état des lieux terrifiant de l'Irlande en ces années sombres, de nous en dévoiler les causes et de nous amener à nous questionner sur le présent. Ainsi, par les caricatures reproduites et la retranscription d'articles de journaux anglais décrivant l'Irlandais comme un sous-homme qui, par sa bêtise et sa paresse, aurait été responsable de sa misère, il « a écrit un roman qui se sert de l'Histoire pour secouer le présent ».
Ces thèmes (racisme, description de sous-hommes à l'origine de leurs malheurs, caricatures) sont malheureusement universels… et intemporels : l'actualité nous en donne la preuve tous les jours …
A ce titre, "l'étoile des mers" est un grand livre.

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En 1847 alors que la Grande Famine sévit impitoyablement sur les terres d'Irlande,"L'Etoile des mers" quitte le port de Dublin pour un long périple vers l'Amérique. Malgré d'horribles conditions de vie dans l'entrepont du navire, pour nombre de miséreux c'est la traversée du dernier espoir. Parmi ces derniers, rôde un sombre individu surnommé "le fantôme".Il a été chargé d'assassiner Lord Kindscourt, un passager des 1ères classes, auquel sont reprochés les crimes de ses ancêtres.
Magnifique roman ! Tout est mis en oeuvre pour que l'on s'y croit vraiment ! Illustrations d'époque, extraits de correspondance, style (absolument admirable), l'immersion est totale et il n'est pas rare que le ventre se noue à l'évocation de cette misère intolérable, de cette famine dévastatrice qu'a eu à subir le peuple irlandais.Merveilleux conteur, O'Connor fait revivre cette période sombre de l'histoire d'Irlande attisée par la haine et le racisme, avec autant de violence que d'émotion.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Les premiers jours s'écoulèrent avec une lenteur désespérante. Les passagers stupéfaits apprirent à Liverpool que le bateau allait repasser par l'Irlande avant de partir affronter l'Atlantique. La déception causée par cette nouvelle poussa beaucoup d'hommes à se soûler, ce qui entraîna nombre de bagarres. La plupart des occupants de l'entrepont avaient vendu tout ce qu'ils possédaient pour payer la traversée jusqu'à Liverpool. Beaucoup d'entre eux s'étaient fait voler dans cette ville sinistre et violente ; ils avaient été escroqués ou dépouillés de leurs pauvres biens en échange de morceaux de rondelles d'étain grossièrement frappées qu'on leur avait présentées comme des dollars américains. Et voilà qu'on les ramenait à Dublin dont ils s'étaient enfuis tout juste quelques semaines auparavant, résignés, ou du moins s'efforçant de l'être, à ne plus jamais poser le regard sur leur terre natale.

Même cette maigre satisfaction leur fut refusée. Nous avions laborieusement progressé à travers une mer d'Irlande de bien mauvaise humeur et avions relâché à Kingstown pour y faire provision de vivres, puis nous avions longé la côte découpée du Sud-Est jusqu'à Queenstown (ou Cobh, comme on dit en gaélique) dans le comté de Cork. Passer au large de Wicklow ou de Wexford ou de Waterford fut pour beaucoup l'occasion d'un pincement amer, comme lorsqu'on arrache un pansement d'une blessure infectée. Un forgeron phtisique originaire de Bunclody enjamba le bastingage à la hauteur de Forlorn Point et ce fut la dernière chose qu'on vit de lui : un homme qui nageait à grand peine vers la côte et qui usait les derniers lambeaux de sa volonté pour revenir à l'endroit où l'attendait une mort certaine.
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— Pas aujourd'hui, mon chaton, nous pouvons seulement nous embrasser.
Son sourire fondit comme neige au soleil.
— Est-ce que tu te sens bien, Mary ?
— À merveille, vraiment.
— Je ne t'ai pas offensée au moins ? Je ne voulais pas prendre de privautés.
— Mais non, gros bêta, fit-elle en lui donnant de nouveau un baiser. J'ai mes affaires.
Il sourit d'un air confus.
— Qu'est-ce que tu veux dire ?
— Sais-tu ce qui arrive tous les mois aux femmes ?
— Non.
— Réfléchis.
Il haussa les épaules.
— De l'argent de poche ?
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— C'est une profession ben honorable, la vôtre, monsieur. On dit que la plume est plus puissante que l'épée.
— On le dit. Mais je ne suis pas certain que ce soit vrai.
— C'est une immense bénédiction qu'vous avez reçue, monsieur, tout d'même, monsieur. Et comment, qu'j'aimerais en avoir reçu autant ! Y sont nombreux, ceux qui la désirent, mais peu la reçoivent.
— De quelle bénédiction parlez-vous ?
— Le don que vous avez de met' une chose en anglais, monsieur. La langue des poètes et de Notre-Seigneur lui-même dans les Écritures.
— Je crois que le Seigneur en question parlait plutôt araméen.
— À votre Grâce, peut-êt'e, monsieur. À moi, il parlait anglais.
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Et ceux-là, que Dieu nous pardonne, sont parmi les plus favorisés de ce peuple. Ce ne sont pas les pauvres d'Irlande, qui sont presque démunis de tout. « Les plus vils mendiants ont en abondance la chose la plus misérable », dit le barde ; mais il n'en va pas ainsi au pays torturé de Connaught. A l'ouest de cette province, beaucoup de gens ne possèdent presque rien, et bien souvent littéralement rien. Quelques-uns parviennent à gratter de quoi traverser la mer d'Irlande ; à Liverpool ou bien à Londres, ils se font embobiner par des « agents d'immigration » sans scrupule qui rôdent au milieu d'eux comme des sangsues et des voleurs ; qui leur prennent dans certains cas jusqu'à leurs vêtements ; ou bien ils prennent les outils dont un homme a besoin pour gagner dignement, selon les lois de la nature, le pain de sa famille ; et qui en retour les embarquent nuitamment sur un vaisseau, en leur faisant miroiter des richesses imaginaires sur une terre pleine de promesses.
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Mary Duane jeta par le hublot un coup d’œil au sinistre paysage marin agité par la houle dans le petit matin. Depuis six longs jours rien n’interrompait cette monotonie. Elle savait qu'il en serait de même pendant trois semaines. Cette fille de pêcheur n'avait jamais imaginé que la vue de l'eau pût être à ce point haïssable, enfin, si l'on pouvait donner le nom d'eau à ce désert incolore ondoyant.
Gris le poisson qui rôdait dans les profondeurs. Gris les dauphins, gris les requins. Par quel miracle la vie pouvait-elle exister dans ces abysses ? Gris comme un linceul, gris comme un mort. Grise et craquelée comme une peau fibreuse et flétrie semblable à la patte d'éléphant qu'elle avait si souvent vue dans le grand hall de Kingscourt Manor. C'était en tout point aussi répugnant et morbide que cela.
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