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EAN : 9782330116583
101 pages
Actes Sud (03/10/2018)
3.25/5   30 notes
Résumé :
Le jour J, à quelques heures de la cérémonie et de l'arrivée des invités, soit au pic du stress général, une mariée s'enferme dans sa chambre et refuse de sortir. Elégante, féroce, imparable, une novella qui, sous couvert de vaudeville intime et de catastrophe familiale, capture l'essence de la société israélienne contemporaine. Virevoltant de vie et de malice, un divertimento pétillant et acide qui, par un tragique caprice du destin, sera le dernier livre de la gra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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“Pas de mariage. Pas de mariage. Pas de mariage.”
Les premières paroles de la jeune future mariée prononcée à travers la porte de la chambre à coucher de ses parents, où elle s'est enfermée depuis cinq heures.
C'est le jour des noces de Margui et Matti, et apparemment la Margui n'a aucune intention de se marier. Nous sommes dans la banlieue de Tel-Aviv.
Une étrange faune que cette famille. le neveu Ilan qui ne peut résister au charme de ses propres yeux, une grand-mère sénile, une mère exténuée,.....et au devant de la scène, les beaux parents qui ont payé la facture d'une réception de cinq cents personnes. Un mariage qu'on veut sauver à tout prix.....quand au marié ,
« Les propos qu'ils échangeaient n'avaient pas le moindre rapport avec ce qui se jouait en réalité (dissimulé certes mais bien réel), ce qui découlait de la relation entre lui et Margui, entre Margui et lui, une relation dont la force était prégnante, même à cette seconde, même à travers la porte close, voire décuplée par la porte close. »

Ronnit Matalon exploratrice de l'âme humaine, ne se contente pas de nous raconter une situation embarrassante. Parallèlement, elle nous immerge dans les coulisses de l'acte imprévu de Margui, par le biais de Matti, alors qu'en façade, la farce bat son plein,
« Échappées nuptiales », société « last minute »,
"Qu'est-ce qu'on va dire aux cinq cents invités ? Aux collègues de bureau, aux voisins, à la famille, qu'est-ce qu'on va leur dire ?”
Voiture à échelle de la compagnie d'électricité de l'Autorité palestinienne,.....

Matalon combine à merveille le tragi-comique de la situation, avec une réflexion beaucoup plus profonde sur les ressentis intimes des personnages face à l'embarras, auxquels s'ajoute un regard burlesque sur la société israélienne contemporaine. Des personnages sincères, émouvants, attachants, une prose sensible, encore un beau livre, malheureusement le dernier, de la grande romancière israélienne Ronit Matalon, décédée en décembre 2017.


“J'ai peur de dire ce qu'il y a dans mon coeur,
Et qu'ensuite tu me rejettes,
Et même si je te cache mon amour,
Mes yeux le révéleront…”
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Et la mariée ferma la porte.
Ben, elle grince la porte derrière laquelle la mariée s'est enfermée, refusant par là-même le mariage prévu dans quelques heures. Ce court roman commence ainsi en direct live, dans un comique assez irrésistible lorsqu'entrent en scène tous les membres de la famille proche des mariés programmés.
Chaque personnage est croqué jusqu'à la caricature avec moults détails physiques truculents, autant de révélateurs de l'âme profonde de chacun. On plonge dans leurs pensées. Les masques tombent dans un joyeux vent de panique qui emporte toutes les convenances de façade.On a même une psychiatre envoyé par une agence spécialisé dans les «  échappées nuptiales ».

Sauf que là, il ne s'agit pas d'un simple syndrome de stress pré-mariage qui peut envahir légitimement les promis. 
Derrière le vaudeville acide et léger, en filigrane, c'est l'occasion pour l'auteure, farouche opposante à l'occupation israélienne en Cisjordanie, de dénoncer les travers de la société israélienne. Voir la scène hilarante de l'arrivée d'un technicien arabe chargé de faire sortir la mariée de force par le balcon, à l'aide d'un camion à échelle !

Cette porte qui se referme et scelle les difficultés de dialogue entre les deux peuples, renvoie ostensiblement au mur construit par Israël à sa frontière avec la Palestine. C'est très fort de voir le marié, bouleversé, s'identifier à la mariée , tenté par le refus du monde, par le choix du calfeutrage, la tête dans l'oreiller, loin des tumultes, tellement plus simple en fait que d'affronter l'autre et ses différences. 

C'est brillant ... mais je n'ai rien compris à la fin, comme un goût d'inachevé alors que tout était si bien construit, malgré plusieurs relectures. L'auteur est morte en décembre dernier , c'est son roman posthume.
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A quelques heures de passer sous le dais nuptial Margie, une jeune israélienne, lâche une bombe en déclarant qu'elle ne veut plus se marier. Elle se barricade dans une chambre, se terre dans un mutisme absolu et pour toute explication se contente de glisser sous la porte un poème de Léa Goldberg.
Sa famille, son fiancé et sa belle-famille ne savent que faire. La tension provoque chez eux panique et consternation et tous tentent plus ou moins bien de ne rien laisser paraître des sentiments qui les agitent. Leurs idées pour arranger la situation sont inappropriées, toutes aussi absurdes les unes que les autres. Seul Matti, le futur marié, essaie de déchiffrer le silence de sa bien-aimée et de comprendre pourquoi elle refuse de l'épouser. Plus les heures passent, plus il est convaincu que son refus doit être respecté, même s'il ne le comprend pas.
Bien que l'auteure ne l'indique pas explicitement, on comprend à de petits détails que la famille de Matti est d'origine ashkénaze et celle de Margie séfarade. Leur mariage est censé sceller l'alliance entre deux familles issues de communautés qui ne s'estiment que fort peu et c'est bien là que le bât blesse. C'est même la clé de toute cette histoire stupide qui illustre comment les tensions sociales persistant encore en Israël entre juifs orientaux et juifs occidentaux sont à l'origine des tensions humaines exposées ici. Sous son aspect de comédie, ce roman se révèle bien plus féroce qu'il en a l'air. Il cache la critique d'une société qui méprise, voire ostracise, certains de ses membres en raison de leurs origines ethniques. A cause de ces clivages identitaires, le Peuple du Livre est devenu le peuple de la discorde...
Ce roman m'a laissée perplexe. Très court, à peine 140 pages, il m'a donné l'impression d'une ébauche plus que d'un travail tout à fait abouti. J'ai cru comprendre qu'il est sorti à titre posthume et je me demande si l'auteure a eu le temps de s'y consacrer totalement. Mais je me trompe peut-être ...
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Un huis-clos qui fait imaginer une pièce de théâtre alors qu'il s'agit d'un roman court, avec peu de dialogues.
Une porte close : d'un côté, une jeune femme qui, d'une phrase, un poème et un mot, refuse de se marier, quelques heures avant la cérémonie. de l'autre côté, dans l'appartement, sur un banc et une voiture au fur et à mesure de l'histoire : la mère de la mariée inquiète de l'argent à rembourser, la grand-mère qui perd la tête et le neveu qui s'en occupe, le futur marié déboussolé et ses parents.
On pourrait penser qu'ainsi j'ai tout dit mais ce huis-clos raconte beaucoup plus, même si roman court oblige, beaucoup de choses ne seront pas dites.
A la fois universel sur le couple, l'individu, et immersion dans la société israélienne, dans une écriture du détail et du flou de l'intime.
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Petit bijou de dérision que j'ai gardé dans mon sac à main durant un bon mois afin d'en lire de temps à autre quelques lignes, histoire de sourire un peu, de rire parfois et de m'émouvoir certainement. Chaque personnage se trouve égratigné, sans hypocrisie mais avec beaucoup d'humour. La société israélienne et ses travers face à la différence mais également à l'intime qui se voit ici interrogé et malmené. Il y a tout ce qui est dit et tout ce qui n'est pas dit. Et la mariée ferme la porte pour ne plus rien entendre des mensonges de la famille.
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critiques presse (1)
Lexpress
19 novembre 2018
Mais la satire sociale pointe pareillement du nez sous les fanfreluches guillerettes de la novella, éventées de parenthèses narquoises. Conflits de classes et de mentalités glissés dans la pagaille. Qu'un Palestinien appelé à la rescousse se pointe et la riche belle-doche de la promise s'offusque sur l'air de "Ciel un Arabe !" Lequel est emmené par les flics. Normal. Ou pas.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
extrait des poèmes de la fille disparue

Et le caillou, en chemin, lui dit :
Tes pas sont lourds, de plomb lestés
Comment retrouveras-tu ta maison oubliée ?
Voilà ce que le caillou lui dit

Et le buisson, en chemin, lui dit :
Tu t’es beaucoup éloignée à présent
Comment reviendras-tu à temps
Voilà ce que le buisson lui dit
Et se dressèrent les bornes du chemin
Se demandant si l’inconnu était fille ou garçon

Se dressèrent, piquantes comme des chardons
Les bornes du chemin
Et la source, en chemin, l’appela :
La soif a desséché tes lèvres charnues
Lorsqu’elle se pencha et but
Une larme dans une autre se coula

(Léa Goldberg)
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.....un regard clair, une immense calvitie envahie par des plaques rouge violet qu’il cachait, hiver comme été, sous une casquette des Chicago Bulls vissée en permanence sur sa tête au grand dam de sa femme (“ Qu’il se couvre le crâne, d’accord, mais pourquoi avec ce chapeau infantile ? Pourquoi ? Il n’aurait pas pu trouver un truc plus normal ?”),....
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“Comme j’aime prendre des taxis ! J’adore quand on me conduit. Si ça pouvait durer toujours…”, phrase qui l’avait aussitôt précipité dans une terrible solitude, il s’était senti si abandonné, si exclu, qu’il avait eu du mal à museler la déconvenue et la déception qui l’assaillaient. Pourtant, il n’avait pas vraiment compris ce qu’elle voulait dire, s’était même demandé s’il devait se vexer du désintérêt flagrant qu’elle affichait envers lui ou simplement laisser tomber sans faire de vagues.
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Elle y voyait la preuve d’un trait de caractère insupportable chez son mari, qui la mettait quotidiennement au supplice, à savoir (elle le définissait de trois façons différentes mais toutes signifiaient une seule et même chose) : naïveté, aveuglement total quant aux êtres humains et à leurs motivations, jugement superficiel frôlant la bêtise.
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En fait, c’était comme si son corps et sa conscience s’étaient scindés, qu’elle était devenue deux femmes, l’une qui hurlait à se déchirer les muscles des joues et à s’irriter les yeux, et l’autre qui se limait les ongles en lui jetant de temps en temps un regard curieux et surpris.
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© Des mots de minuit - Décembre 2019
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