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Marguerite Capelle (Traducteur)
EAN : 9782073043443
528 pages
Gallimard (14/03/2024)
3.96/5   768 notes
Résumé :
Bienvenue à Bournville, charmante bourgade proche de Birmingham connue pour sa célèbre chocolaterie. C’est à l’occasion de la victoire de mai 1945 que nous y rencontrons la petite Mary Clarke, émerveillée par les festivités organisées autour de sa maison. Elle y croise alors le chemin d’un certain Geoffrey Lamb, fils d’un collègue de son père travaillant aussi dans l’usine de chocolat. Nous retrouvons Mary et Geoffrey en 1953, fiancés et fascinés par le couronnement... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (141) Voir plus Ajouter une critique
3,96

sur 768 notes
Jonathan Coe est incontestablement l'auteur qui sait le mieux diagnostiquer l'état de la nation britannique. Une nouvelle fois, il examine l'histoire du Royaume-Uni à travers les yeux d'une famille banale de la middle class, comme un besoin obsessionnel de proposer de nouvelles perspectives sur le passé et son rôle dans le façonnage du présent, de rappeler les mythes fondateurs à la fois personnels et nationaux, à l'intersection du public et du privé.

Nous suivons donc la famille Lamb – et ses nombreuses ramifications – de 1945 à 2021, autour de sept événements marquants qui font communion et donnent le sentiment d'appartenir à une nation commune : des discours mythiques ( de Churchill, du roi Georges V pour célébrer la victoire majuscule du 8 mai 1945 ), des épisodes liés à la famille royale ( couronnement d'Elisabeth II en 1953, mariage de Charles et Diana en 1981, mort de cette dernière en 1997 ) ou sportif ( sacre de l'équipe anglaise à la coupe du monde de 1966 ).

On sent bien les coutures du récit, mais le talent de conteur est là pour faire traverser le temps aux personnages. Même si c'est parfois frustrant de les voir vieillir en accéléré, l'auteur orchestre parfaitement son archipel de personnages pour radiographier une société anglaise qui s'effrite au fil des années. le casting est impeccable, concentré identitaire large spectre, avec la dynamique Mary comme coeur central : son mari taiseux qui se révèle xénophobe, leurs fils si différents, de Jack le nationaliste tory pro-Brexit à Martin libéral europhile convaincu ou Peter, le musicien qui découvre son homosexualité sur le tard, entre autres parmi la trentaine de personnages qui peuplent ce roman. Quatre générations dont les succès, les mésaventures et les divisions reflètent les changements post Deuxième guerre mondiale.

Le sens de la comédie de Jonathan Coe est également bien présent avec notamment un portrait croquignolet de « Boris » que l'on découvre avant sa nomination comme Premier ministre lorsqu'il était journaliste dans plusieurs grands quotidiens et brillait par ses articles corrosifs sur l'Union européenne. Les passages les plus drôles du roman sont justement liés à la question européenne avec en son coeur la Guerre du chocolat qui durant une trentaine d'années a opposé les lobbystes britanniques à la Commission européenne qui interdit l'importation de chocolat britannique ( Cadbury en tête ) en provenance du Royaume-Uni jusqu'en 2003, refusant de le considérer comme du chocolat à cause de son adjonction de matières grasses végétales. Les joutes de la commission européenne autour de la question de l'étiquetage donnent lieu à un compte-rendu aussi savoureux que cocasse.

Si l'ensemble manque un peu de mordant et d'intensité - peut-être un peu longuet aussi - on prend un grand plaisir à revisiter l'histoire anglaise à travers le portrait tendre de la famille de Mary. Sur la fin du roman, époque post Brexit, on sent la colère de l'auteur, mais une colère feutrée qui laisse entrevoir lassitude et tristesse. Les passages consacrés à Mary octogénaire confinée, privée de la visite de ses enfants et petits-enfants sont assez bouleversants. Notamment le chapitre intitulée « le sommet du crâne de ma mère » où le regard de son fils Peter s'attarde sur cette partie du corps – la webcaméra de sa mère étant mal orientée – qui révèle toute la décrépitude d'un corps vieillissant.

Le roman gagne alors en en profondeur et invite le lecteur dans une réflexion quasi proustienne sur le temps qui passe qu'il faut essayer de se réapproprier. Ce qui bouge, ce sont les choses les plus superficielles mais qui dans le temps présent sont prégnantes ( qui gouverne, qui trône, qui a gagné la coupe du monde de football ). Mais ce qui reste stable et constant, ce sont les petits moments d'intimité chargés de sentiments profonds, ancrés à jamais par la puissance des souvenirs capables d'arrêter le temps, le suspendre et de le retrouver.

Sans doute pas le meilleur Coe mais Royaume désuni est un roman plein de charme qu'on lit comme dans une bulle ouatée, avec beaucoup de plaisir.


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God save the chocolate !
Quoi de mieux qu'un roman politique pour s'échauffer avant un réveillon de Noel et préparer les débats de haut niveau qui s'annoncent entre le tonton facho, la belle soeur qui veut sauver le chapon non genré et l'ado à la pensée twitterisée. Autant d'idéologies portées après quelques bulles avec la délicatesse d'un goal argentin.
Jonathan &Coe nous avait déjà fait le coup avec brio dans « le Coeur de l'Angleterre », Brexit désoblige. L'auteur reprend un peu la même construction de son Légo historique. Il découpe son récit à partir de plusieurs évènements, du jour de la Victoire le 8 mai 45, en passant par le couronnement de la reine, avant un crochet par la finale de la coupe du Monde en 66, puis un détour par le mariage arrangé de Charles, pour faire le pont jusqu'aux funérailles de Lady Diana et finir masqué à l'aube de la pandémie.
Spécialiste des petites histoires dans la grande, l'auteur commente ces moments à priori fédérateurs à travers les destins de trois générations d'une famille aussi dysfonctionnelle que le pays, d'où le titre un peu lourdingue mais évocateur du roman. Chacun a ses idées, conservatrices, progressistes, je m'enfoutistes ou opportunistes, et aborde ces moments d'union nationale gonflé de ses convictions. Les liens du sang ne transfusent pas les mêmes idées.
En VO, le roman s'intitule Bournville, du nom d'une bourgade proche de Birmingham, racine de l'arbre généalogique de la family et siège d'une chocolaterie dont la renommée ne tient pas à sa teneur en cacao.
Jonathan Coe excelle toujours dans les dialogues qui sonnent justes, les non-dits assourdissants, les cessez-le-feu fragiles et les sarcasmes entre gens bien élevés.
A travers des personnages très bien construits qui grandissent, s'aiment, meurent mais ne changent pas trop d'avis, il glisse des blessures personnelles comme la perte de sa mère, privée du soutien de ses enfants à cause du Covid dans ses derniers instants ou de souvenirs d'enfance avec l'arrivée de la télévision dans les foyers. Il en profite aussi pour aborder l'ascension de Boris Johnson, l'épouvantail à euros.
Ce récit est une belle tranche d'histoire à hauteur d'homme et à quelques mois près, il n'aurait pas manqué d'ajouter un chapitre pour aborder le retentissement du décès de la Queen « Stabylo ».
Avec son ironie, il n'est pas étonnant que Jonathan Coe soit un des écrivains actuels anglais préféré des français. En tout cas, c'est le mien.
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Comment le Royaume Uni, la nation qui a résistée à la Blitzkrieg, a contribuée massivement à l'effort de guerre et à la victoire alliée en 1945, fut le foyer du Rock européen, des Beatles aux Sex Pistols en passant par les Kinks, fut la patrie d'un football et d'un rugby virils, fair-play et flamboyants qui rayonna sur le monde, a donné Sean Connery au cinéma, s'est-elle retrouvée coincée dans les errements d'une basse stratégie qui a conduit sa classe politique a proposer et sa population à voter la sortie de l'Union Européenne ?
Répondre à cette question est l'ambitieux projet du roman de Jonathan Coe. Un roman qui s'inscrit dans la suite logique de ses précédents romans Expo58, La pluie avant qu'elle tombe , Billy Wilder et moi, comme le précise l'auteur dans ses remerciements de fin d'ouvrage.
La démonstration est audacieuse mais séduisante. C'est au travers d'une saga familiale qu'il développe sur trois générations que Coe illustre son propos. Les histoires individuelles des différents personnages, leurs choix conditionnent et/ou sont conditionnés par les événements sociaux et politiques.
La monarchie qui sort renforcée de la deuxième guerre mondiale connait ses heures de gloire et renforce sa popularité tant chez les Tories que
chez les travaillistes avec le couronnement d'Elizabeth II en 1952.
La cérémonie retransmise en direct par la BBC coïncide avec le développement de la TV pour tous et l'un des moments forts du roman est ce chapitre dans lequel une famille reçoit 17 personnes dans son salon pour regarder le direct car elle est la seule du quartier à posséder un téléviseur.
"ça semblait merveilleux, miraculeux, de pouvoir regarder tout ça à la télévision, de se trouver là à Birmingham et d'assister à ces scènes à l'instant même où elles avaient lieu à l'abbaye de Westminster."
De la même façon, l'investiture de Charles, Prince de Galles en 1981 et l'enterrement de Diana en 1997 sont des moments forts d'unité sociale et politique pour le Royaume Uni.
Derrière ces images dont Coe nous montre qu'elles occultent la réalité et donnent une image fantasmée de l'état de la scoiété anglaise et de la place effective du Royaume Uni dans le Monde, le consensus britannique se fissure.
L'intégration difficile dans l'UE en 1973, les positions outrancières de Margaret Thatcher et son "I want my money back" en témoignent. Les Britanniques défendent seuls contre tous la position de leur pays objet d'attaques extérieures.
Telle la guerre du chocolat, suite à la directive européenne de 1973 qui prétendait imposer l'appellation "chocolat" aux seuls produits contenant un pourcentage élevé de cacao au grand dam des anglais et de leur firme Cadbury proposant des barres contenant des graisses végétales et un % important de lait.
Mais l'important n'est pas la qualité du produit mais le fait que "(...) les matières grasses non cacaotées aient été introduites dans le chocolat britannique, à cause du rationnement, pendant la guerre et (...) ce que les Britanniques aimaient dans leur chocolat, c'était qu'il avait le "goût de la guerre"
Sur toutes les thématiques, à partir d'exemples équivalents, Coe montre comment les symboles - la résilience remarquable des britanniques pendant la guerre, l'attachement à la royauté, la position dominante musicalement - l'ont emportés sur la réalité économique pour présenter aux électeurs et légitimer la stratégie de la citadelle libérale assiégée par les technocrates européens.
L'intérêt du roman est de démonter le mécanisme à partir des histoires individuelles des personnages et de montrer que si tous n'ont pas la même vision ceux qui doutent sont une minorité.
Le roman commence en mars 2020, à l'aube des confinements en Europe et après un détour par 1945 revient à 2020 durant la période de confinement effective.
Une génération chasse l'autre y compris en politique. Boris Johnson dont Coe trace un portrait quand il était reporter du Daily Telegraph à Bruxelles (voir ma citation) s'impose aux affaires, déjouant tous les pronistics.
Comme dit Jack un des personnages « C'est pour ça que les gens aiment bien Boris Johnson, au passage. Parce qu'il laisse les gens faire leur vie sans se mêler de leurs affaires. »
La boucle est bouclée. le sentiment national ne consiste plus à partager des valeurs communes mais à justifier la nécessité de laisser les « gens » gérer leurs affaires comme bons leur semble. Malheur aux faibles et aux déshérités en quelque sorte. Un credo libéral qui devient une norme de plus en plus fréquente en Europe.
Un livre qui donne à réfléchir sur le pouvoir et les conditions de son exercice par une classe politique qui en a de moins en moins et se réfugie dans une symbolique niant la réalité des relations sociales.
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Attention, attention, ce billet ne comporte sans doute pas toute l'objectivité que l'on peut attendre d'un retour. Jonathan Coe est un de mes écrivains britanniques préférés, et je lis ses livres avec un préjugé très favorable et un sens critique sans doute un peu affaibli ;-)

Il se livre ici à son exercice préféré, l'analyse de la société anglaise et de son évolution au cours des années, de l'euphorie et la fierté éprouvées à la sortie de la seconde guerre mondiale à cette sortie de l'Europe, à laquelle beaucoup ne croyait pas. Il nous conte ceci à travers l'histoire d'une famille, aux ramifications nombreuses, dont le personnage principal est Mary. Petite fille à l'heure de la victoire en 1945, elle achèvera sa vie pendant le Covid. Seule, les siens restant à la fenêtre. et cet épisode est d'autant plus émouvant qu'il est l'écho de la mort de la mère de l'auteur à cette même période et dans les mêmes conditions atroces.
L'histoire n'est pas linéaire, et c'est ce qui m'a conduit à supprimer une demie étoile, nous rencontrons cette famille à sept occasions, sept dates importantes dans l'histoire récente de la Grande Bretagne. Nous ne savons pas ce qui se passe entre ces moments, et j'ai parfois regretté ces ellipses.

A chacune de ces occasions, par l'intermédiaire de cette famille et de ceux qu'elle côtoie, Jonathan se livre avec son ironie habituelle à une tendre critique de la société anglaise. Je dis tendre, parce que malgré tous leurs défauts, Jonathan aime ses personnages et nous les rend proches. J'ai retrouvé avec plaisir son ton unique, plein d'humour et de tendresse, mêlé aussi parfois de tristesse.

L'endroit choisi pour cette histoire n'est pas anecdotique. Il s'agit de Bournville, près de Birmingham , siège de la marque Cadbury. Et l'histoire de cette chocolaterie et de ses démêlés avec l'union européenne est l'un des fils rouges du livre, et donnera lieu à quelques pages savoureuses (pas à cause du chocolat lui-même), mais de l'humour avec lequel sont relatés quelques épisodes de cette guerre du chocolat.

Beaucoup de sujets sont abordés dans cette fresque, de l'homosexualité à la xénophobie, de l'amour des anglais pour la royauté à leur dédain envers le reste du monde et leur mépris des Gallois. Tout cela à travers les membres de cette famille qui sont représentatifs des différents courants, modes de pensée existant dans le pays.

Un roman qui m'a séduite encore une fois.
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Birmingham, 1945. L'Angleterre tourne la page de la guerre. Mary a dix ans. Elle ne le sait pas encore, mais toute une vie l'attend. Elle aimera, rêvera, travaillera, fondera une famille, évoluera avec les temps qui changent, mais elle restera Mary…

Jonathan Coe prend ce chemin de vie inspiré par sa mère pour fil conducteur pour raconter l'histoire de l'Angleterre. Plus précisément, il sonde l'identité anglaise avec une sorte de perplexité mêlée tour à tour de sarcasme et d'amusement. Cette finale rocambolesque contre l'Allemagne en 1966, les débordements d'émotion à la mort de Lady Di, la « guerre » ubuesque livrée dans les arènes européennes pour défendre le chocolat Cadbury : chaque épisode est savoureusement choisi et merveilleusement raconté.

Pourtant, il m'a manqué la tension d'un Testament à l'anglaise où l'on voit la catastrophe se profiler à l'horizon ou de l'autre série de Jonathan Coe ancrée à Birmingham (Bienvenue au club et les tomes qui suivent), où l'envie de tirer au clair la disparition d'une jeune femme m'avait fait tourner les pages. Ici, on a plutôt une succession de tableaux bien sentis, mais qui ne composent pas une véritable intrigue.

Je me serais presque prise à regretter la méchanceté qui affleurait dans les livres passés de l'auteur. Heureusement, on croise bien ici ou là un politicien néo-travailliste ou conservateur qui fait office de défouloir !

La chronique familiale est certes prenante. On rit, on pleure, on s'attache aux membres de la famille qu'on finit par avoir l'impression de connaître avec leurs qualités et leurs défauts, leurs caractères si différents. Leur détresse, face au brouillage des repères, à la fragmentation de la société, au monde qui se détraque, est poignante.

La chronique nationale m'a, quant à elle, troublée : ces crispations qui ressurgissent éternellement dans des variations pas si différentes, de la deuxième guerre mondiale au Brexit en passant par les sidérantes publicités pour l'Austin metro (« A British car to beat the world ! »), cette ignorance le vécu des Gallois ou des minorités raciales, ou même cette ferveur un peu ridicule pour James Bond ou les Windsor, soulignent la fragilité de ce qui fait tenir un pays ensemble. Comme tous les nationalismes, celui de l'Angleterre repose sur des fictions, des réflexes peu glorieux.

Mais pour moi, ce royaume désuni restera toujours celui d'une ribambelle d'écrivains sensationnels qui nous font rire, trembler ou réfléchir. le pays de Jonathan Coe.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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critiques presse (6)
OuestFrance
10 juillet 2023
Dans « Le Royaume désuni », l’auteur britannique nous entraîne à Bournville, cité des chocolats Cadbury, à la rencontre d’une famille suivie sur quatre générations. De 1945 au confinement de 2020, le roman conte avec humour comment le pays change tout en gardant son identité, part sombre comprise.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LaPresse
23 janvier 2023
Le royaume désuni, c’est la grande histoire d’une petite famille anglaise. Une famille de « gens ordinaires », inspirée en partie par la sienne, que Jonathan Coe raconte avec humour et tendresse, sur sept décennies, dans ce qui est sans doute son plus grand roman à ce jour.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeMonde
06 janvier 2023
Celui qui se définit comme aussi irréductiblement anglais qu’attaché au continent témoigne ainsi d’une manière d’envisager la littérature comme un lieu de rassemblement.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Lexpress
03 janvier 2023
[Une] formidable radioscopie de l'Angleterre, brossant quelque soixante-dix ans d'évolution de la société et des moeurs à travers le destin d'une famille et sept dates clefs, scandant la mythologie britannique.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LeMonde
02 janvier 2023
L'écrivain anglais orchestre, autour d'une famille de la classe moyenne qu'il suit durant soixante-quinze ans, un roman drôle, intime et politique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaTribuneDeGeneve
28 novembre 2022
Dans Le royaume désuni, le Britannique ausculte ses compatriotes en revenant sur 7 événements décisifs des 75 dernières années.
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Plat, terriblement plat et ennuyeux, je m'interroge face aux bonnes critiques que le livre a suscité. Dues peut-être au renom de Jonathan Coe et à la qualité de ses œuvres antérieures.
Personnages sans relief, qui n'expriment que bien peu d'émotions et ne m'ont fait en ressentir aucune.
Dommage car le thème semblait intéressant.
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Je ne garde pas un souvenir très clair de cette journée en tant que telle. Le 1er Juillet 1969, je veux dire. Mon journal, comme d’habitude, fournit quelques détails. BBC One a commencé à diffuser l’investiture à dix heures et demie, et ça a duré cinq heures et quarante-cinq minutes. J’ai du mal à croire que beaucoup de gens aient regardé l’intégralité de la chose. Je me souviens en revanche que toute l’école a été rassemblée dans la salle commune à un moment, peut-être en fin de matinée, pour regarder la cérémonie à la télévision. J’étais déchiré entre deux élans contradictoires.
D’un côté j’avais suffisamment assimilé l’indignation légitime de Sioned pour que la pantomime qui s’apprêtait à se jouer me laisse sceptique, et ça me plaisait bien de me considérer comme un cynique, un outsider, un rebelle – celui qui dégonflerait la grandiloquence de toute cette affaire d’un trait caustique, balancé sotto voce à mes camarades de classe.
D’un autre côté, alors que nous nous rendions à la salle commune, je n’ai pas pu m’empêcher de me vanter d’avoir, à peine un mois plus tôt, visité justement le château où la cérémonie allait avoir lieu, et j’ai décrit en détail l’ascension jusqu’au sommet de la tour de garde, et la vue imprenable sur la mer d’Irlande. Quand j’ai compris que l’évènement se tenait dans un tout autre château, que je ne reconnaissais pas du tout, je me suis trouvé embarrassé, et à partir de là je n’ai plus pipé mot.
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« Ne sortez pas faire les courses, sauf pour les achats de première nécessité, comme l’alimentation et les médicaments – et faites-le le moins possible. Utilisez les services de livraison quand ils sont disponibles. »
« Mes parents vont s’en sortir, dit Bridget. Ils sont entourés de voisins. Et ta maman ? Est-ce qu’elle a compris comment utiliser sa tablette ? »
« Si vous ne respectez pas les règles, la police aura le pouvoir de les faire appliquer, y compris au moyen d’amendes et en dispersant les attroupements. »
« Ah, oui, et comment ils comptent s’y prendre ? »

Martin ne semblait pas prendre part à la conversation, et elle laissa donc Boris Johnson terminer son discours sans l’interrompre. Elle tenta de se concentrer sur ce qu’il disait, mais c’était difficile parce que sa façon de s’exprimer distrayait totalement son attention. On aurait dit qu’il essayait de parler comme Churchill s’adressant aux Britanniques durant les longues heures du Blitz, mais ce ton lui était tellement étranger – à des années-lumière de ses discours habituels, décousus et improvisés, pleins de mauvaises blagues et de références antiques tirées par les cheveux – qu’il y avait une espère d’inconsistance très dérangeante dans sa prestation, comme si c’était un vase creux qui s’adressait à la nation, un hologramme de Premier ministre plutôt que le vrai.
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Mais Martin commença à entendre des bruits de couloir au sujet d'un membre de cette fine équipe, qui semblait assez différent : il arborait une tignasse rebelle de cheveux blonds et se baladait dans Bruxelles au volant d'une Alfa Romeo, écoutant du heavy metal à fond les ballons sur l'autoradio. Il connaissait l'UE par coeur parcequ'il avait passé une bonne partie de son enfance à Bruxelles, il était allé à Eton et avait été président de l'Oxford Union, et il avait décidé de survivre au travail fastidieux que lui imposait son poste de correspondant à Bruxelles pour le Daily Telegraph en traitant tout ça comme une vaste blague, en manipulant les faits comme bon lui semblait et en tournant tous ses papiers de façon à prouver que le fonctionnement du Parlement européen faisait partie d'une vaste conspiration visant à contrarier systématiquement les Britanniques. Son journal l'employait comme reporter, mais il n'avait rien d'un reporter, c'était un satiriste, un tenant de l'absurde, et il s'amusait manifestement tellement, et était si bien partie pour se faire un nom, que tous les autres journalistes se consumaient de jalousie et passaient tous leur temps à essayer de comprendre comment devenir comme lui. Un signe de l'estime presque mystique qu'ils lui témoiganaient était le fait qu'il ne l'appelaient jamais pas son nom complet, seulement par son prénom. Ils l'appelaient simplement "Boris".
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"Vous vous inquiétez du réchauffement climatique, de l'avenir de la BBC, de ce qui se passe en Palestine ou en Syrie. Des choses auxquelles vous ne pouvez rien et qui pour la plupart n'ont rien à voir avec vous. Le monde serait meilleur si chacun se contentait de cultiver son jardin, parce que quand on se mêle de ce genre d'histoires, à tous les coups on ne fait qu'empirer les choses. [...]
Martin grogna mais dit : "Bref, j'imagine que Pascal serait d'accord avec toi.
- Qui ça ?
- Blaise Pascal. Il a dit que « Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre.»
- Très bien dit. Ça résume parfaitement la philosophie britannique.
- Il était français.
- Eh ben ça arrive que les Français aient raison, de temps en temps."
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