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Une force d'évocation terrifiante rendue par l'artifice du roman. Robert Merle réussit là à donner toute l'horreur de la solution finale et de la mort industrialisée. de plus le parcours de vie et la mise en place des valeurs de ce commandant de camp de la mort fait frémir et reste un puissant avertissement de ce qui peut se reproduire si nos sociétés ne sont pas attentives.
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« Hitler est l'Idée et l'Idée c'est Hitler. »
Cette phrase de Joseph Goebbels – ministre de la Propagande du IIIe Reich qui s'est suicidé dans le bunker d'Hitler de la Chancellerie à Berlin, avec sa femme et ses enfants, eux-mêmes trucidés par leur propre mère ! – aurait pu servir de sous-titre à ce roman de l'enfer moderne.
Pourquoi enfer ? La réponse vous apparaîtra en lisant. Pourquoi moderne ? Parce que c'est la première fois qu'une extermination humaine est pensée de manière industrielle. En effet, Auschwitz est, à bien y regarder, la plus « belle » réussite du capitalisme sauvage : l'homme devient une bête de travail, laquelle est exterminée lorsqu'elle ne sert plus.
La mort est mon métier : titre tellement signifiant !
Dans cette histoire nous suivons, sous forme de mémoires, la vie de Rudolf Lang – en réalité Rudolf Höss, exécuté sur son « lieu de travail » en 1947 –, dirigeant du camp d'Auschwitz et qui participera très activement à « l'amélioration » des techniques d'extermination.
On suit ainsi ce personnage depuis sa jeunesse, en passant par le front de 1914-1918, jusqu'à son engagement dans la SS et sa nomination en tant que commandant de l'usine de mort que certains « grands esprits » considèrent aujourd'hui, en France, soit comme un mensonge, soit comme une entreprise de salubrité ! L'infamie a cela de semblable à la grippe : on peut se soigner mais elle revient toujours !
Lang est l'archétype de l'exécutant soumis à une idéologie totalitaire et à un chef autoproclamé dieu vivant. Son empathie est réservée à sa famille, jamais à ses victimes chosifiées. Si certains de ses « collaborateurs » déraisonnent face à la nature « particulière » de leur tâche, lui ne se départit jamais d'un maintien impeccable. Lang assume jusqu'au bout son rôle, invectivant au passage son chef – Heinrich Himmler – lorsqu'il se suicide. Il a la foi !
Ce roman pénètre ainsi l'intimité d'un tueur de masse besogneux, sans états d'âme, convaincu du bien-fondé de sa « mission ». Il est un témoignage du fanatisme – politique ou religieux d'ailleurs – en même temps qu'un questionnement sur le libre-arbitre, cette qualité fondamentale qui nous fait agir en conscience.
Certes, La mort est mon métier n'est pas un ouvrage d'histoire, quoique très documenté, et c'est justement là sa qualité : nous nous laissons emporter par le récit, nous prenant à croire que ce n'est qu'un mauvais rêve. Hélas, une fois le livre terminé, la réalité nous murmure ceci : c'est arrivé…
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Un ouvrage à lire absolument, avec des passages parfois difficilement soutenables qui traduisent la réalité d'une technocratie de l'extermination, d'une organisation froide et désinhibée focalisée sur des résultats quantitatifs horrifiques.
Ce roman nous alerte sur la capacité de l'homme à nier sa part d'humanité pour respecter l'autorité, l'organisation, la doxa majoritaire même si cela conduit à une destruction massive, abjecte et irrationnelle...


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Dans ce livre, Robert Merle fait la biographie de Rudolph Höss renommé Lang. Contrairement aux biographies classiques, celle-ci est basée sur les rapports d'entretien que Rudolph Höss eut en détention avec un psychologue américain. de cela ressort un récit bien moins linéaire et factuel que ce à quoi on aurait pu s'attendre, bien que les faits soient clairs et très détaillés. Ce qui surprend, ce sont les ressentis, les confidences que fait Höss et qui permettent de comprendre pleinement le personnage.
Tout cela fait de livre un récit passionnant et même dérangeant. En effet, dès le chapitre 1, on a tendance à se dire qu'il ne pouvait pas devenir un individu équilibré au vu de l'éducation qu'il a reçue de son père. Puis, lentement, on glisse vers ce criminel de guerre implacable et sans émotions qui a commandé le camp d'Auschwitz. le personnage est vraiment singulier, tant dans son fait d'armes pendant la première guerre mondiale qu'à l'usine plus tard, ou encore dans ses rapports avec les femmes. C'est un homme rigide, froid qui trouve son bonheur dans l'exécution des ordres.
En bref, c'est un livre à lire pour comprendre comment un humain peut dévier et en arriver à une telle monstruosité. Robert Merle est agréable à lire et le livre est captivant.
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Après avoir refermé le livre, je me disais qu'il m'était impossible de noter (en termes d'étoiles) cette histoire qui relate l'horreur réelle du camp d'Auschwitz et de sa conception. Puis après réflexion, j'ai accordé 5 étoiles, pas pour l'histoire relatée mais pour honorer les auteurs qui ont décrit ces atrocités pour que le monde sache et se rappelle ce qui s'est réellement passé. Ce genre de lecture devrait être obligatoire pendant les études, pour connaître, pour ne pas oublier et surtout ne pas reconduire ces comportements.

Incroyable, comment un homme peut arriver à être complètement désensibilisé, déshumanisé par sa conscience du devoir. J'ai beaucoup apprécié que monsieur Merle nous présente aussi un homme qui n'a pu supporter toute cette horreur et qui a refusé d'aller plus loin.

Continuons à lire sur les horreurs du monde et ainsi développer la tolérance, le respect des différences et l'amour de l'autre. Ce livre est une profonde leçon de vie.
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Puissant. Incroyablement. Ce roman est d'une telle force qu'il vous empoigne et vous assomme. le souffle est coupé, la poitrine peine à respirer, la tête est prise d'un mal qu'elle ne sait pas penser. Comment l'Homme peut-il avoir imaginé puis exécuté la mort à une échelle industrielle? Comment en est-il venu au génocide de millions de ses semblables sous prétexte qu'ils étaient juifs, différents, opposants? Comment est-ce possible? Que se passe-t-il dans la tête des exécutants pour qu'ils en viennent à pareille ignominie sans ciller, sourciller? Les questions, quand il s'agit de penser les meurtres et génocides, se bousculent. Les mêmes se posent et se reposent à la recherche de réponses qui tardent à venir car on ne sait pas penser l'impensable, l'inimaginable.

Ce roman tente, à travers le parcours de celui qui a pensé et orchestré l'extermination des Juifs, de comprendre ce qu'on ne parvient pas à saisir. Il tente, essaye d'écrire, de décrire le vide abyssal qui fait le monde intérieur de celui qui pratique la mort comme métier. L'homme, qui a réellement existé, incarne le néant. Il n'a ni âme, ni esprit, ni personnalité incarnée. Il n'a aucune humanité. Il n'est qu'un bras, qu'un exécutant qui n'a que l'obéissance comme horizon. Obéir c'est, pour lui, être et exister. Sinon, il est perdu, déboussolé car il ne sait pas être un homme libre de sa destinée. La liberté est, en effet, un espace qu'il ne sait pas habiter car elle demande une intelligence qu'il n'a pas et ne sait pas déployer. Elle requière un sens des responsabilités, une capacité à gérer l'autonomie sans excès. Il n'en a pas la maturité. Il a besoin de cadres, de règles car il lui faut une sécurité, celle de pouvoir avancer sans jamais réfléchir à sa propre responsabilité. Il est fait pour le nazisme et ces idées.

Que vous dire, ce roman est un chef d'oeuvre, une excellence qu'il faut lire et relire. Il montre avec efficacité l'évolution d'un personnage qui donne la nausée et que l'on prend presque en pitié tant il est misérable et petit car il n'a jamais grandit. Il y a tant de choses à dire sur ce roman. Lisez-le, pensez-le.
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Après avoir lu moult récits sur les camps nazis, j'en été arrivée à ne plus avoir envie de lire sur le sujet, l'écoeurement m'avait atteint. Dans ce roman cependant une seule chose m'avait attiré, cette fois ci ce n'était pas le point de vue des déportés que je lisais. Préserver son honneur, gravir les échelons de la vie professionnelle, avoir une carrière honorable, voilà des envies bien naturelles. Sauf que quand il s'agit d'exterminer des êtres humains, ça n'a plus la même saveur...tout n'est pas noir ou blanc. Un autre angle d'approche de cette période noire de notre histoire qui mérite qu'on s'y intéresse.
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Il s'agit d'une relecture, suite à la vision du film « la zone d'intérêt » qui met en scène la vie de famille tranquille de Rudolf Hoess, à Auschwitz, à côté des horreurs perpétrées juste à côté de la maison. L'auteur nous raconte la vie de Rudolf Lang depuis son adolescence contrariée par l'intransigeance de son père qui voulait en faire un prêtre, ses premières armes dans la première guerre mondiale et son adhésion à suivre aux SA du national socialisme. Deux caractéristiques essentielles du caractère de Rudolf Lang qui vont le guider sont: une imperméabilité à tout sentiment vis à vis d'autrui, y compris avec sa femme et une obéissance absolue aux ordres reçus. le roman de Robert Merle restitue de façon magistrale ce cheminement implacable qui conduit et permet l'accomplissement la solution finale.
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"La mort est mon métier" raconte l'histoire de Rudolf Lang, qui est en fait le "mélange" de Rudolf Hess et de Franz Lang.
Clairement, le titre est bien choisi. La mort, on dirait que Rudolf est fait pour
ça !
Dès le départ, on comprend bien qu'il ne sera pas tout à fait "comme tout le monde". Fils d'un père hyper catho méga sévère, il est tout désigné pour obéir.
Et en effet, il obéit sans se poser de question.
Le livre est d'une violence inouïe. C'est parfois même difficilement supportable de lire de tels détails. Même si tout le monde sait que le génocide juif a existé, il est encore difficile de l'accepter et de comprendre comment des êtres humains ont pu en arriver à une telle barbarie.
Et c'est l'objectif de ce roman, je pense, c'est nous faire comprendre comment un homme peut se comporter en tortionnaire toujours en remettant la faute sur une autre personne.
La lecture, bien que violente, était instructive.
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Vous avez été nombreux, lorsque j'ai fait l'acquisition de ce roman, après la visite du Mémorial de Caen, à me dire que ce livre allait me marquer et je confirme. Si Rudolf Lang est une création littéraire, il retrace la vie de Rudolf Hoess qui, par obéissance, par devoir a mise en place l'usine de mort d'Auschwitz.

C'est un livre dur, noir où, tout doucement, l'auteur nous retrace l'enfance très réglementée de Lang avant de devenir un soldat nazi. Lentement, l'auteur nous mène vers l'impensable. Comment en sommes-nous arrivés à une telle situation ? Ce livre prend aux tripes car un moment, j'avais l'impression de lire un essai d'économie sur le taylorisme ou fordisme (vague souvenir) où on parle d'unités, de cadence, d'économie d'échelle, de rendement sans perte de temps. Et là, brusquement : réveille-toi, ce sont des humains et non des voitures ! C'est un massacre, une totale déshumanisation à vouloir être consciencieux et répondre aux ordres tout en se dédouanant car il fallait répondre à l'ordre venu de plus haut.

Un livre coup de poing. Je suis KO.
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