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Je n'avais rien lu autour du livre avant de l'avoir refermé. Mais dès l'entame, j'ai été dérangée par le fait que l'auteur colore le personnage du futur commandant en chef d'Auchwitz, en un enfant au père tyrannique, à la religion omniprésente, aux crises névrotiques, comme si c'était nécessaire pour expliquer le personnage. Alors que malheureusement, je pense que les tortionnaires sont généralement des êtres comme les autres, ce qui rend bien plus difficile la compréhension de leurs actes, certes, mais qui est plus proche de la réalité, qu'ici, l'auteur semble avoir voulu occulter.
Pour ceux qui ont eu la chance de visiter, cet été 2022, l'exposition sur l'art dans les années 20 en Allemagne au Centre Pompidou, il y a une ébauche d'explication dans l'immense souci de revanche d'un peuple fier et blessé par les représailles qui ont suivi la première guerre mondiale et l'immense crise économique d'alors, qui ont participé à permettre à Hitler, leur promettant la restauration de la grande nation allemande, d'obtenir une fidélité quasiment inconditionnelle.
En refermant le livre, je me suis penchée sur l'histoire du véritable commandant d'Auchwitz, également prénommé Rudolph, comme le protagoniste du roman. Et effectivement, aucune enfance malheureuse, une vie normale pourrait-on dire. Personnage froid, qui semble même avoir gonflé les chiffres de l'extermination à Auchwitz lors du procès de Nuremberg et qui pose l'immense question de l'obéissance aveugle dépourvue de la moindre référence morale.
Pourquoi avoir voulu édulcorer cette réalité, pour en faire par moment un quasi bouffon d'opérette ? Je ne sais pas.
Si j'avais connu l'auto-révélation écrite par Rudolph Höss, je pense que j'aurais privilégié cette lecture.

Plutôt déçue, vous l'aurez compris par cette lecture.
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La mort est son métier ou itinéraire d'un enfant humilié et rejeté qui finira par devenir un des rouages les plus abjects du projet génocidaire nazi.

Robert Merle explore, dans ce roman basé sur des faits historiques, les chemins qui mènent au Mal, à travers le destin de Rudolf Lang (de son vrai nom Rudolf Hoess) qui deviendra le directeur du camps d'Auschwitz et désigné pour mettre en place et « industrialiser » la solution finale par le régime.

Point de « monstre » dans ce récit, mais simplement un homme, face à ses limites, ses souffrances et ses traumatismes, bref, face à son destin et surtout à ses propres mauvais choix.
Car en effet, même si tout prédestine Lang à basculer du côté obscur : son enfance malheureuse et solitaire, qu'on suppose émaillée de crises d'angoisse non traitées, les horreurs qu'il a vécues adolescent pendant la guerre de 14/18, l'extrême pauvreté qui s'ensuivra et par-dessus tout, la honte de faire partie du clan des vaincus… au final, il avait, à tout moment le choix de vivre une autre vie. Et il ne l'a pas fait…

Lang est vide, comme coupé de lui-même, et ceci depuis son enfance, seul son goût pour l'ordre et le devoir semblent l'animer et Robert Merle sert ce propos de manière magistrale en gardant un ton toujours neutre : aucune émotion dans le récit, c'est chirurgical, souvent glaçant.

Et c'est cette absence d'affect qui donne tout son horreur au récit quand Lang, après avoir gravi les échelons du parti nazi, devient directeur du camp d'Auschwitz et est amené à « industrialiser » la solution finale. On connait tous les témoignages poignants des survivants des camps, mais au final, le point de vue du bourreau m'a semblé infiniment plus insoutenable car ce sentiment de vide, d'absence d'humanité et de vie intérieure fait de cet homme la négation de l'Homme et interdit tout espoir.

Merle est remarquable de justesse dans ce roman, il a trouvé la bonne distance pour poser son récit dans une neutralité et une délicatesse qui est seule pouvait rendre justice à ce sujet ô combien difficile.
Bravo Mr Merle, vous confirmez votre place particulière dans mon coeur de lectrice.
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Un soldat doit obéir aux ordres et ne pas se demander si ce qu'on lui demande de faire est mal.
Voilà la réponse de Rudolf Lang à qui Himmler a confié la tâche de construire les fours crématoires du camp d'Auchwitz et d'y exécuter des millions de juifs.
Robert Merle nous livre un roman sombre dans lequel il décrit une allemagne appauvrie et dont le responsable de cette situation est le Juif.
Le choix d'insérer des mots et des phrases en allemand dans les dialogues rajoutent du caractère et notamment de la dureté à l'ouvrage.
Il est difficile de cerner la réelle personnalité de Rudolf Lang. J'ai parfois eu le sentiment qu'un éclair de sentiment le traversait et qu'il pouvait presque s'interroger et laisser sa conscience prendre le dessus et puis, et puis... non.
C'est comme s'il était né pour ça. Est-ce que cela vient de son éducation ? de ce père dur, qui culpabilisait sa famille disant qu'il devait porter sur son dos le fardeau de leurs péchés. de cette mère, absente, soumise, incapable de montrer son amour.
Le moment est terrible est celui où la femme de Rudolf prend conscience de ce que fait réellement son époux à Auschwitz. Alors qu'elle l'interroge sur sa conscience et qu'il répond qu'il doit obéir aux ordres, elle demande s'il serait prêt à tuer son propre fils s'il en recevait l'ordre... Je vous laisse imaginer la réponse.
J'ai été littéralement happée par cette histoire, très bien écrite et dont l'ambiance donne des frissons et colle à la peau.
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"La mort est mon métier" est un livre essentiel sur la Shoah et les camps de la mort, dans la lignée de "Si c'est un homme" de Primo Levi. Robert Merle nous décrit également l'ascension sociale et psychologique de Rudolf Hoss, le narrateur. On retrouve ainsi ce que l'on a déjà pu lire sur l'endoctrinement des citoyens allemands sous le régime nazi, à savoir comment un individu parmi d'autres peut devenir un monstre et un bourreau. Passer d'une vie banale à une position recherchée par d'autres, mais à quel prix ? Dans des lieux comme Auschwitz, la conscience humaine n'avait pas sa place. Ce lieu était régi par des hommes telle une usine, les Juifs n'étaient plus que des produits à éliminer. Déshumanisé, Rudolf Hoss accomplissait sa tâche comme un bon ouvrier, loin de toute considération humaine et morale. Comme beaucoup de nazis à cette époque.
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Comment faire ressentir l'atmosphère de ce livre aux personnes qui ne l'ont pas lu...? Il est tellement froid, tellement dénué d'humanité... le début du livre nous montre le cheminement mental, la fabrication du personnage déshumanisé qu'est Rudolf Lang, de son enfance, du travail de sape de son père. La Première Guerre Mondiale passe et alors se rajoute un sentiment d'échec, de misère, de laisser pour compte alors qu'il était un soldat dévoué à sa patrie et à son armée. le sentiment de devoir, d'obéissance, à tout prix, de ce personnage terrible est incroyable mais explique l'endoctrinement de toute une masse de la population finalement qui se cachera quand le plus horrible arrivera, y compris à deux pas de sa porte...! La fin du livre est tellement insoutenable, dans les descriptions, les dialogues, les échanges entre Rudolf et sa femme que j'ai eu du mal à terminer.
On en ressort avec un fort sentiment d'incompréhension, de dégoût, même de pitié pour cet homme qui n'a rien compris au libre arbitre (le dernier dialogue avec l'officier américain le montre bien) et qui n'a fait qu'exécuter des ordres parce qu'il était juste inenvisageable de désobéir.
Un roman fort, à lire en classe à mon avis, le cours d'histoire sur la Deuxième Guerre Mondiale n'en sera que mieux expliqué, car il peut permettre de comprendre la logique, le ressenti, le fameux sentiment d'injustice du Diktat de 1918 des hommes de cet époque, en Allemagne.
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A l'heure où la guerre avec toutes les atrocités qui l'accompagnent, s'invite dans notre quotidien, la littérature, même si elle est impuissante à offrir une consolation, n'en détient pas moins des clés d'interprétation en nous proposant une analyse des racines du mal absolu.
On a beaucoup écrit sur la barbarie nazie et de nombreux romans ont choisi de situer leur intrigue pendant la seconde guerre mondiale. En publiant en 1952 "la mort est mon métier", Robert Merle était conscient, ainsi qu'il le souligne d'ailleurs dans sa préface, qu'il traitait d'un sujet trop brûlant pour ne pas être occulté à l'époque de sa publication. Au 21ème siècle, le devoir de mémoire devient terriblement impératif ...
Reprenant les mémoires de Rudolph Hoess qui s'est tristement illustré à la direction du camp d'Auschwitz , Robert Merle a voulu aller plus loin en imaginant l'enfance de son personnage qu'il romance en modifiant son patronyme (Hoess devient Lang) et met ainsi en évidence les processus à l'oeuvre dans la fabrication d'un monstre. Lang (comme Hoess) a consacré tous ses efforts à pratiquer la solution finale de la manière la plus efficace , c'est à dire la plus meurtrière possible, suivant les directives de sa hiérarchie et obéissant avec zèle aux ordres donnés. S'est-il à un moment quelconque interrogé sur le bien fondé de son action ? A t'il pu réussir à faire taire sa conscience en occultant les principes religieux qui lui avaient été inculqué dans son enfance ? A aucun moment il ne pourra tenter de se soustraire au cadre protecteur du parti nazi qui lui permet de voir sa valeur reconnue.
L'engrenage infernal est en marche et il est alimenté par la loyauté sans faille du personnage qui engendre un comportement de plus en plus inhumain.
Le personnage romancé auquel Robert Merle donne la parole, a connu une enfance effroyable qui a gravé dans son psychisme la nécessité de l'obéissance absolue à l'autorité d'abord incarnée par son père puis par ses supérieurs dont il voulait provoquer le respect par un sens du devoir porté à son paroxysme.
Je n'ai pas pu m'empêcher d'évoquer au fil de ma lecture, le saisissant essai de la psychanalyste suisse Alice Miller "C'est pour ton bien" qui décrypte avec une terrible précision les ravages de ce qu'elle appelle "la pédagogie noire" qui restait le monde d'éducation majoritaire dans l'Allemagne et la Prusse de la première moitié du 20ème siècle et qui a contribué à former des générations d'individus sûrs de leur bon droit, obéissant aveuglément aux injonctions d'une propagande mortifère.
Ce magnifique roman qui donne à réfléchir sur les racines du mal absolu reste d'une poignante actualité et constitue la parfaite illustration des ravages d'une idéologie totalitaire sur des individus privés de leur esprit critique et de leur capacité de résistance par une dictature impitoyable.
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En 1952, s'emparer de la forme romanesque pour délivrer le parcours d'un commandant SS n'était pas chose commune. C'est pourtant ce qu'a choisi de faire Robert Merle. Au travers du personnage fictif de Rudolf Lang, qui nous livre ici ses mémoires, l'ambition assumée est de s'inspirer de la vie bien réelle de Rudolf Höß, l'homme chargé d'orchestrer la solution finale dans le camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.

Le récit est glaçant.

À aucun moment dans ce livre, si ce n'est peut-être dans sa prime enfance, il n'est question d'éprouver de l'empathie pour le personnage principal. À aucun moment non plus il n'apparaît comme un sadique à la cruauté exacerbée. Il n'est qu'un rouage. Il n'a toujours été qu'un rouage. Il ne sait exister sans devoir, et le devoir justifie tout.

Le personnage dépeint par Robert Merle s'est construit sans amour. Dans ces conditions, il est facile de comprendre sa trajectoire. Pragmatique, efficace, étranger aux sentiments il est l'instrument idéal pour l'armée, pour l'usine, pour faire tourner une ferme dont personne ne veut, ou pour conceptualiser l'aspect logistique d'une extermination de masse. Quelle différence ? "Je n'ai pas à m'occuper de ce que je pense. Mon devoir est d'obéir". Combien de personnes de nos jours, dans d'autres corps de métiers se réfugient eux aussi derrière cette phrase, et jusqu'à quel point?
"Je me concentrais sur le côté technique de ma tâche. Un peu comme un aviateur qui lâche ses bombes sur une ville."
Où est la limite quand on érige l'obéissance et le devoir en valeurs suprêmes ?
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Voilà un roman dérangeant. Il s'agit des pseudo mémoires de Rudolf Lang, basé sur les mémoires de Rudolf Höß, commandant d'Auschwitz. Robert Merle a pris le parti d'écrire ce récit à la première personne du singulier. le « je ».

Et c'est là que tout est dérangeant. En effet, on suit avec attention le devenir de Rudolf Lang : son enfance, au milieu d'une famille catholique, son engagement au fur et à mesure dans l'armée et sa tombée dans le nazisme. Ce qui est dérangeant, c'est que cet homme initialement n'avait pas pour vocation de devenir nazi. Il l'est devenu parce qu'il a obéi aux ordres. C'est cela qui est dérangeant. Comprendre comment l'on peut devenir un tortionnaire, comment on peut devenir l'homme qui a amélioré le « process » d'extermination des juifs…. le mot choisi est volontairement un mot issu de l'industrie : pour Rudolf Lang, il s'agissait, comme le dit Robert Merle, de son métier. Dérangeant vraiment.

A lire, vraiment.
Lien : https://moietmoi.wordpress.c..
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C'est une oeuvre glaçante, à l'écriture froide et clinique, que nous livre ici Robert Merle. En adoptant le point de vue du commandant du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale, il dévoile le processus de mise en oeuvre de la solution finale et sa terrifiante finalité.
Ce récit terrible se compose de deux parties, l'une s'intéressant à l'éducation militaire, religieuse et sévèrement anti-juive du narrateur, l'autre reprenant avec horreur les détails de perfectionnement des instruments de mort utilisés dans les camps de concentration. L'oeuvre est volontairement austère, terrifiante, tant dans son approche du personnage principal, toujours gardé à distance, que dans l'évocation de ses sentiments.
le lecteur fait ainsi face à une vision d'horreur : le mal dans toute sa terreur, la négation de l'autre dans toute sa cruauté. Une oeuvre terrible, marquante, dérangeante.
Lien : https://leblogdeyuko.wordpre..
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"La mort est mon métier" de Robert Merle (413p)
Ed. Folio

Bonjour les fous de lectures...

ATTENTION ... LECTURE INDISPENSABLE !!!

Voici une biographie romancée de Rudolf Hoess ( surnommé ici Rudolf Lang), commandant du camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz pendant la Seconde Guerre mondiale.
Rudolf est un homme banal, issu d'un milieu modeste où règne un père à la sévérité stupéfiante et obnubilé par la religion.
Il sera fonctionnaire parmi tant de fonctionnaires, militaire comme tant d'autres.
Rudolf ne fait qu'une chose: obéir au Reich au point de basculer dans l'atrocité.
Il sera chargé d'organiser le camp de telle sorte que l'extermination soit la plus importante possible... Et il va y arriver !!!!

La fidélité sans failles de Rudolf ( à son père, ses supérieurs hiérarchiques, au Führer) en fera une machine à tuer, un homme complètement déshumanisé.

Voici la vie d'un homme qui, par simple devoir, va devenir un monstre.

Par cette lecture, nous voici du côté des "méchants", de ceux à qui on ne peut pardonner.
Loin de nous l'idée de pardonner ou d'excuser ... mais nous voilà plongés dans le raisonnement de cet homme de devoir qui jusqu'au bout appliquera la devise des SS "Mon honneur s'appelle fidélité"

Robert Merle n'excuse en rien les faits de Rodolf, il constate, décrit le mécanisme implacable de la machinerie du III Reich et donne la voix au bourreau.

Lisez ce livre... et n'oubliez pas :
"Il y a eu sous le Nazisme des centaines, des milliers, de Rudolf Lang, moraux à l'intérieur de l'immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leur sérieux et leurs "mérites" portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l'impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l'ordre, par respect pour l'Etat. Bref, en homme de devoir : et c'est en cela justement qu'il est monstrueux." (Extrait de la préface)
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