« A quoi rêves-tu, Catherine ? Me demandait papa. Tu devrais mettre tes lunettes. »
Catherine se rappelait cette phrase qui la replaçait dans le petit monde de tous les jours, qui la retirait de son petit monde flou et tout doux, loin des froides réalités et de la dureté du monde.
Fort heureusement, ce papa-là savait mettre du sel et du sucre dans le quotidien, de la douceur dans quelques pas de danse faits à l'unisson sur une chanson, dans quelques minutes de confidences partagées autour d'un bon repas et d'une promenade à deux.
La maman de Catherine avait du partir pour New York, la ville d'où elle venait, là où le mal du pays l'avait rappelé. Chaque semaine, une lettre bordée de rouge et bleue : « Catherine, je t'embrasse très forte. Ta maman qui pense à toi. ».
Chaque courrier lui laissait un peu d'amour, les arabesques d'une jolie maman danseuse dont c'était la profession et quelques fautes d'orthographes dans la tête.
L'associé de son papa, Monsieur Casterade surnommé « le crampon », très à cheval sur l'orthographe, l'aurait corrigé au trot.
Entre deux poésies et quelques blablabla, Castorade aimait tant les mots qu'il voulait aussi dicter les devoirs de Catherine. La barbe !
Catherine, devenue danseuse à New-York, se rappelle toutes les rues de Paris foulée au petit pas, sa professeure de danse Madame Dismaïlova qui l'appelait chaque fois « Catherine Cerr-tchi-tchoude !!!! », son amie Odile et la bourde de son papa.
: Cette petite histoire de
Patrick Modiano est remplie de délicatesse et de poésie. le temps passe et ce n'est pas à grand coup de flash-back systématiques que Catherine adulte choisie de revenir sur son enfance, c'est avec la douceur du temps qui passe que nous sautons doucement d'une anecdote à l'autre, comme le fil d'une pensée.
Le texte de
Modiano se montre elliptique, pudique quant au sentiment de la petite Catherine sur ses petites peines, une suggestion qui rend l'émotion plus touchante et vibrante, les lecteurs se prendront facilement à deviner d'eux-mêmes ce qu'elle peut ressentir avec les moqueries de ses camarades avec ses lunettes, par l'absence de sa maman et du non-dit, par la boulimie de travail du papa qui coûtera l'amitié d'Odile. Les parents sont présentés comme des personnes avec des failles sans tomber dans le pathos, des gens ordinaires qui font des erreurs mais qui n'en remplissent pas moins leur rôle et n'oublient jamais d'aimer. Les illustration de
Sempé sont succulentes, cette minuscule Catherine à croquer, cela renvoie inévitablement au Petit Nicolas de Goscinny dans son rétro année 60. Les différents personnages alentours sont à la fois simples et cocasses, de Monsieur Casterade à Odette Marchal alias la grande Dismaïlova, des rencontres qui contribuent à installer le décor de cette petite fille qui va se prendre d'amour pour a danse.
Au fil du temps, Catherine n'aura plus à ôter ses lunettes pour toucher le rêve du bout du doigt et vivre une belle vie.
Au fil du temps, Catherine n'aura plus à ôter ses lunettes pour toucher le rêve du bout du doigt et vivre une belle vie.
Une belle histoire sur l'enfance douce et précieuse, sur Paris, inspiration à la rêverie.
« Nous restons toujours les mêmes, et ceux que nous avons été, dans le passé, continuent à vivre jusqu'à la fin des temps. Ainsi il y aura toujours une petite
Catherine Certitude qui se promènera avec son père dans les rues du Xème arrondissement, à Paris.