AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,7

sur 1471 notes
Pour beaucoup, ce que je vais raconter ici paraitra dérisoire : "Rue des boutiques obscures" est le premier livre que j'ai eu entre mes mains qui ne soit ni une surprise, un livre de poche, un livre d'occasion. Ma première volonté de lectrice, d'économiser pour m'acheter un livre des Editions Gallimard, le prix Goncourt, dont j'avais aperçu l'auteur par hasard, dans un soir d'internat où je végétais, trainais une adolescence interminable, dans la lucarne télévisuelle, une émission "Apostrophes", seule ouverture sur un monde de liberté possible. Cet auteur, nommé Patrick Modiano, un inconnu, m'avait décoché une flèche en plein coeur. J'ai acheté ce livre, cher pour moi à l'époque, et ramené chez moi. J'ai attendu quelques temps pour le lire, intimidée par cette couverture d'un livre qui me paraissait le summum du luxe et symbole intellectuel dans une famille où le livre était objet superflu. On se moqua de moi. Et puis, j'ai osé ouvrir la première page, m'aventurer dans le récit. Ce fut le début d'une histoire d'amour qui perdure encore aujourd'hui, avec l'univers de Modiano, pas évidente au premier abord, avec les méandres d'une mémoire sans cesse réinventée, un style épuré, l"histoire de destins fracturés, le début aussi de l'obsession de la lecture de l'intégralité de l'oeuvre des écrivains qui auraient l'heur de me sourire... l'affranchissement de s'autoriser l'accès à la culture qui semble réservée à d'autres que soi, de son milieu social, éducatif.
Attention, lire est un acte subversif !
Commenter  J’apprécie          1375
Je fais partie de ceux qui n'avaient jamais lu Patrick Modiano avant qu'il ne se voit attribuer le prix Nobel. Pour reprendre le titre d'un article qui lui a été consacré, il n'était à mes yeux « ni lu, ni connu » ; un simple patronyme parmi d'autres dans la forêt littéraire. Comme toujours, je considère comme une excellente nouvelle d'avoir tout à découvrir d'un auteur reconnu par la critique et récompensé des prix littéraires les plus prestigieux.

Le roman « Rue des boutiques obscures » débute par ces deux phrases : "Je ne suis rien. Rien qu'une silhouette claire, ce soir-là, à la terrasse d'un café." le narrateur a tout oublié de son passé. Dix ans plus tôt, un accident mystérieux l'a rendu amnésique. Il exerce la profession de détective privé. Son patron, qui lui a permis de se procurer un nouvel état civil, part à la retraite. Il décide d'enquêter sur son passé à la recherche de sa propre identité.

Cette enquête va lui permettre de remonter les pistes ténues de son passé : des hommes se souviennent vaguement de lui et du groupe qu'il fréquentait il y a plusieurs années, on lui confie une photographie sur laquelle il peine à se reconnaître aux côtés d'une jeune femme d'origine russe, on lui souffle son prénom, celui de ses proches, il trouve son ancien numéro de téléphone au dos d'un cliché qui lui permet de retrouver l'adresse d'un appartement, il découvre son extrait d'acte de mariage au coeur d'un carnet vierge….
Des bribes de souvenirs lui reviennent parfois après des déclics, comme la vue de la fenêtre d'un appartement, une cage d'escalier, la photographie d'un ancien voisin qui avait la particularité d'arpenter les boulevards en costume blanc. Autant de matières brutes qu'il va lui falloir reconstituer : "Une impression m'a traversé, comme ces lambeaux de rêve fugitifs que vous essayez de saisir au réveil pour reconstituer le rêve entier."
A l'opposé de ces données si fragiles, il y a les éléments bruts de l'enquête, qui sont dans et hors du récit, puisque livrés bruts dans un chapitre, hors de la narration. C'est le cas des fiches de polices, des extraits du bottin, de sa correspondance avec son ancien patron.

J'ai été frappé par la proximité des univers romanesques de Patrick Modiano et de Georges Simenon. Pour ces deux auteurs, l'enquête n'est jamais qu'un prétexte, celui de parcourir Paris, le plus souvent à pied, ses quartiers mais aussi ses mondes. le narrateur de la « Rue des boutiques obscures » va rencontrer des personnages du milieu de la nuit, des émigrés russes, un pianiste qui joue dans un bar, un critique gastronomique, etc. Il n'y a pas d'analyse sociologique des milieux traversés parlons plutôt d'empathie. le narrateur, à la différence d'un Maigret plus massif, s'efface par sa timidité, ses doutes, ses incertitudes, sa mémoire défectueuse. Son interlocuteur se livre dans sa vérité d'homme et livre le peu de souvenirs ou d'éléments matériels qu'il lui reste.
Certaines scènes auraient pu être écrites par Simenon, même si elles sont magnifiées par l'écriture épurée de Modiano, notamment lorsque le détective se rend dans un café tenu par un patron flamand à la forte personnalité, établissement fréquenté par des mariniers belges, où la buée et la fumée des cigarettes rendent l'atmosphère floue.

Le narrateur est à la recherche d'un ‘'temps perdu'' qui est très court, puisqu'il s'agit des années noires de l'Occupation. Il reconstitue le fil de sa vie durant cette période tragique : l'angoisse des contrôles d'identité, les trafics de bijoux, les états civils usurpés, le chaos qui règne dans l‘entrée d'un hôtel d'une ville de province : Vichy, les personnages dangereux… Certains de ces éléments sont inspirés de la vie du père de l'auteur à cette époque. le narrateur se souvient qu'avec ses amis, ils firent le choix de se cacher à Megève, dans une pension, mais rompant leur volonté de discrétion, ils feront des rencontres qui leur seront fatales.

Ce roman est une quête de l'identité ou plutôt des identités puisqu'elles sont souvent multiples, falsifiées ; certains personnages ne seront jamais connus sous leur vrai nom et le détective prénommé Guy, s'appelle en fait Jimmy mais est tout le monde le nomme Pedro… Dans un passage, il oppose ces identités multiples à la seule vérité, celle du moi, qui cristallise les sensations, qui renoue avec le passé grâce à la mémoire retrouvée du passé .
Le récit s'achève - ou plutôt ne s'achève pas – sur une nouvelle piste, celle de l'identité originelle du narrateur. Il a connaissance d'une adresse : Via delle Botteghe Oscure, qui est le titre du roman, rue de la ville de Rome, nouveau monde, bel et bien « obscur », à parcourir. C'est une quête sans fin et pour paraphraser une citation du livre « Un pedigree » (un titre qui parle à tous les lecteurs de Simenon), le narrateur devra « s'efforcer de trouver quelques empreintes et quelques balises dans ce sable mouvant comme on s'efforce de remplir avec des lettres à moitié effacées une fiche d'état civil ».

Rue des boutiques obscures est une excellente introduction à l'univers «modianesque». L'écriture épurée est magnifique. Les thèmes principaux de l'auteur sont traités : la quête de l'identité, les années noires de l'occupation, Paris. le roman est remarquable. le lecteur y trouve un style, une construction et un univers qui appartiennent à la noblesse (et non Nobel-esse) de la littérature contemporaine, mais il manque peut-être une accroche ou une étincelle qui rende le roman passionnant. Pour terminer sur Simenon, avec non pas une parenté, mais une différence, s'il ne maniait pas la langue avec une telle minutie qui confine au classicisme, il savait, lui, envoûter son lecteur.
Commenter  J’apprécie          737
Rue des Boutiques Obscures, avec lequel Modiano a obtenu le prix Goncourt en 1978, est le sixième roman de l'écrivain. Lors de sa publication, la critique a été assez divisée sur ce roman, un des plus connus de Patrick Modiano, et aussi l'un des meilleurs selon certains, « le « détective » Modiano y est à son sommet ». Alors que j'écris ce commentaire peu de temps après le tour de France, ce sommet me fait plus penser à un faux plat qu'à un col de 4ème catégorie.

« Modiano donne l'impression de toujours écrire le même livre, à quelques variantes près […]
On sait combien la question de la mémoire hante l'univers Modiano. Ses personnages sont la plupart du temps mystérieux […] Généralement chez Modiano, l'intrigue prend la forme d'une investigation rappelant les enquêtes policières […]
Dans un aller-retour permanent entre le passé et le présent, ce roman est une déambulation permanente dans Paris qui a beaucoup évolué. Comme souvent, Modiano pose des énigmes mais ne souhaite pas qu'elles soient résolues. A sa manière, ce qu'il cherche constamment à exprimer dans ses romans, c'est que l'oubli n'existe pas vraiment. » Avais-je déjà écrit au sujet de son roman « L'herbe des nuits », paru en 2012. Effectivement rien n'avait changé au fil des romans où l'auteur mène l'enquête sur un personnage qui lui ressemble et qui finit par s'incarner dans l'écrivain qu'il est.

On voit cette fois un détective amnésique se lancer sur ses propres traces, partir à la recherche de son passé et se glisser dans la personnalité de différents inconnus qu'il a " pu être ". Ce besoin de se retrouver lui-même après des années d'amnésie fait qu'il va essayer de retrouver ses anciens amis afin de reconstituer ses souvenirs. L'enquête avance lentement et le narrateur doit sans cesse suivre une nouvelle piste avec d'autres personnages. Cette longue série de rencontres va chaque fois lui permettre d'en apprendre un peu plus sur son passé et de retrouver petit à petit une identité et son histoire.

Modiano exprime peu ses sentiments dans ce roman qui, raconté à la première personne dans un style simple et composé de phrases courtes, nous emmène de piste en piste, à la manière d'une enquête policière. On ne saura jamais comment le narrateur a perdu la mémoire dans cette enquête où les pièces du puzzle sont finalement trop dispersées pour être toutes réunies, ce qui peut être frustrant pour le lecteur. Les personnages rencontrés sont tous originaux mais aucun n'est attachant. Une nouvelle fois l'écriture de Modiano m'a déçu, mais certainement que j'attends trop d'un Goncourt (souvent décevants) mais surtout d'un prix Nobel de Littérature.
Commenter  J’apprécie          660
Il y a parfois du bon à rouvrir de vieux cartons...cartons de livres ayant été lus pas d'autres que vous avant vous et qui vous en font don...histoire de refaire vivre le passé à nouveau et pourquoi pas, de découvrir de précieuses richesses ? Aussi, quoi de plus extraordinaire comme entrée en matière d'avoir trouvé cet ouvrage dans un vieux carton relégué dans un grenier pour découvrir l'histoire de cet homme qui, lui aussi, tente de refaire vivre son passé ?

Le roman débute sur ces quelques mots "Je ne suis rien". En effet, Guy Roland est un homme qui a strictement tout oublié de son passé et de ses origines, oubliant même son propre nom. Guy Roland lui a été suggéré par son ami et collègue de travail Hutte, enfin disons plutôt employeur. Hutte est en effet un détective privé qui a pris Guy sous son aile et tous deux ont travaillé ensemble durant une dizaine d'années avant qu'il ne décide de prendre sa retraite et de se retirer sur la côte méditerranéenne. Fini les affaires pourrait-on dire mais pour "Guy", celles-ci ne font que commencer car, tout au long de son roman, il va s'acharner à reconstituer son passé afin de pouvoir enfin savoir qui il est. Mais d'ailleurs, le sait-on vraiment un jour ?
Ce ne sera pas une quête facile car il s'aventurera sur des fausses pistes, s'imaginant tantôt issu de la haute noblesse ou simple immigré.

Bref, un superbe roman sur la quête d'identité, roman qui se déroule durant la Seconde Guerre mondiale où justement l'identité était au coeur des débats. Un roman poignant, extrêmement bien écrit et laissant le lecteur à ses propres réflexions et interrogations. Peut-on être sûr que l'on se connaît vraiment soi-même ?
Commenter  J’apprécie          652
Rue des boutiques obscures

Conjonction des fêtes de fin d'année 2014 et du prix Nobel (tiens donc chérie, que pourrait-on lui offrir qu'il n'aurait pas encore lu ?) je me retrouve avec le prix Goncourt 1978.


Pour moi qui ne l'ai jamais lu, Modiano était une sorte de jeune bourge giscardien, un Claude Sautet de la littérature. Quelqu'un qui ne va pas au fond des choses de peur d'y voir une bataille sans combattants, d'y voir sa propre absence qu'on masquera plutôt que d'y trouver la raison objective de cette absence…

Cette « rue des boutiques obscures » est l'exacte métaphore de ce que je tente plus haut d'expliquer. le « héros » amnésique (comme c'est commode) cherche qui il est et traîne sa grande carcasse élégante et distinguée dans le Paris des années 65. Attention pas le Paris des faubourgs (malgré une courte incursion vers le quai d'Austerlitz), mon cher Paris des Beaux-Arts, rue de Seine et de l'échaudé, non, le Paris de « la haute », huitième et seizième, la rive droite huppée. On habite rue Cambon ou rue Cambacérès, on se rencontre rue de la Boétie. On travaille à la légation de l'ambassade de Saint Domingue (Mais où est donc ce foutu pays ma chère… ?: près du musée d'Art moderne mon ami...).

Comment devient-on amnésique, M. Modiano ? Pas de réponse, ni dans le livre ni dans la tête du pauvre garçon obligé de fuir en 1942 vers la Suisse via Megève avec sa compagne et de payer des passeurs (déjà !!!) 50 000 francs par tête pour fuir la vie frivole de la station alpine ;Pourquoi fuit-on au fait, passant par Vichy. On est étranger avec de faux passeports, on n'existe déjà à peine sans perdre la mémoire. Serait-on juif ? Peut-être…Résistant, sûrement pas à ce prix-là. Non, on est victime pleurnicharde, un peu à l'image du dernier discours de Stockholm. On fuit. On est là malgré soi, sans savoir. On n'a pas choisi d'être le meilleur ami d'un châtelain et d'un jockey célèbre, de faire des études à Nice dans une institution privée pour jeunes godelureaux. On pète dans la soie et on peut se permettre de perdre la mémoire et même de partir à sa recherche (du temps perdu !) pour mystifier les gogos qui vous lisent.
Vers la fin, Machin se paye le grand saut jusqu'à Papeete (A l'époque, une sacrée aventure) comme çà d'un coup d'ongle pour retrouver un carré de mémoire... Quel talent… Quel compte en banque.

Plus tard il suffira de retrouver la rue des boutiques obscures à Rome, hors texte, hors roman. Rendez-vous donc au prochain épisode pour un nouveau prix littéraire, une autre distinction qui ne dérangera personne. le Goncourt à Enid Blyton en quelque sorte.
Ça commence bien et ça ne finit pas.

Bonne idée, mauvais développement d'autant que le style est un peu lourdingue par rapport à la légèreté du propos :
« La place de la gare serait déserte si un enfant ne faisait du patin à roulettes sous les arbres du terre-plein » est français mais très maladroit, sans compter l'abus des imparfaits du subjonctif préférés systématiquement au passé du même genre pourtant recommandé en langage soutenu. Peut-on passer là-dessus en finissant sa timbale de ris chez Drouant ?

Pour moi cette littérature appartient au passé mais pas à l'histoire. C'est propre, c'est sans danger, c'est « trente glorieuses ».
Et pendant ce temps-là, Marguerite Duras écrivait. Et puis le nouveau roman faisait ses brasses.

Pas rancunier, j'en lirai d'autres de ces pastilles Vichy pour pouvoir me contredire moi-même. En plus il y a des promos.
Commenter  J’apprécie          557
Pour qui se cherche, les identités peuvent être multiples. Guy Roland, homme amnésique, parcourt les rues de Paris à la poursuite de sensations, de signes, d'images qui le rendront à lui-même. Il rencontre des êtres qui lui délivrent chacun une histoire, des photographies où il pense se reconnaître, à tort peut-être. Mais le plus important n'est pas là, puisque il n'est pas en quête d'une vérité mais d'une identité, quelle qu'elle soit, qui mettra fin à une errance … ou pas.

Pour Patrick Modiano, né d'un père juif italien et d'une mère belge flamande arrivés à Paris pendant l'Occupation, obligés de vivre leur relation dans une semi-clandestinité et absents de son enfance, on imagine que cette quête identitaire ne lui est pas étrangère. Il en tire un texte magnifique à l'atmosphère envoûtante, un temps hors du temps, entre présent et passé.
Commenter  J’apprécie          452
Ouvrir un roman de Patrick Modiano c'est partir en quête. Quête du passé, quête d'identité , quête de ses racines. Quand ce récit débute Hutte, détective privé, ferme son agence. le narrateur a été son collaborateur pendant une dizaine d'années. Sans lui que serait-il devenu ,lui, l'amnésique ? C'est Hutte qui l'a rebaptisé Guy Roland, lui offrant des nouveaux papiers et une nouvelle identité. L'agence est fermée , Guy Roland va pouvoir se consacrer à l'enquête qui lui tient à coeur , l'enquête qui lui permettra peut-être de retrouver trace de l'homme qu'il a été. de pistes en pistes, de rencontres en rencontres , il débobine la pelote de laine. Mais cet homme qu'il s'imagine avoir été , ces photographies où il pense se reconnaître , tout cela est il rêve ou réalité? Remonter le temps , dérouler les souvenirs, faire appel à la mémoire des lieux, des gens, thème cher à Modiano.
Et puis il y a Paris , des kilomètres parcourus d'Est en Ouest, du Nord au Sud, des images , des instantanés de la vie , de la société tels des clichés photographiques engrangés, archivés à consulter plus tard pour en traduire une réalité sociologique .
J'avais lu Rue des boutiques obscures à sa sortie en 1978, je viens de le relire avec une étrange délectation. La dernière page tournée, un texte qui s'arrête de façon impromptue,je suis là à me demander si j'ai vraiment compris le dessein de Patrick Modiano , j'en suis de moins en moins convaincue mais est-ce que cela a une quelconque importance?
Commenter  J’apprécie          432
Un très beau roman sur la quête d'identité. le roman commence en 1965 (on ne découvre cette date que tardivement dans le livre) quand le patron de Guy Roland part à la retraite dans le Sud. Depuis dix ans il a donné une identité fictive à Guy Roland, amnésique, qui a tout oublié de son passé. Il lui a donné aussi un emploi dans son agence de détective privé. Guy, qui a une très vague piste, décide alors d'enquêter sur son passé, en utilisant son expérience de détective. Sa piste s'avère une fausse piste, mais en entraîne une autre, des indices, et de fil en aiguille, il semble se rapprocher du but. La narration est, presque toujours, à la première personne, et, tout en racontant ses recherches, Guy s'invente parfois des souvenirs qui s'avèrent faux, jusqu'au moment où des bribes de souvenir, ou plutôt des sensations, lui reviennent, suggérant qu'il est sur la bonne voie. Guy ne trouvera pas de façon certaine son identité, mais il aura quand même avancé, au fil de ses déambulations dans les rues de Paris, depuis la première phrase « Je ne suis rien. » La construction du roman est très efficace avec sa narration à la première personne et son côté enquête policière. Quand à l'écriture elle est toute en sobriété, permettant au lecteur de ressentir les émotions en même temps que Guy. A la fin, il s'est identifié à un homme dont il n'est pas sûr de l'identité, et dont il ne sait rien après 1940. Mais peu importe, il n'est plus « rien » ; quand au lecteur, il aura découvert en plus une histoire, un morceau de vie pendant l'occupation. Vraiment un très beau roman, à lire absolument.
Commenter  J’apprécie          422
« Vous aviez raison de me dire que dans la vie, ce n'est pas l'avenir qui compte, c'est le passé. »
Un roman qui égrène des indices, qui rebondit d'un lieu à un autre et qui se termine... surprise.
Une course après le temps, autour du temps et des personnages qui ont pu connaître Guy. Amusante cette recherche qui laisse des petits cailloux derrière soi, j'ai pensé au petit Poucet pendant toute cette lecture. La fuite du temps et de la mémoire, la recherche de ce que nous sommes au travers des autres, de ce que nous avons pu être et avoir tout oublié. Un jeu de piste agréable pour qui aime Modiano. Peut-être pas mon préféré, mais Paris et Nice sont des villes qui reviennent dans plusieurs de ses romans. Je vais continuer cette découverte des lieux en sa compagnie.
Commenter  J’apprécie          350
J'ai trop longtemps repoussé cette lecture.... Il faut dire que lire Modiano c'est s'attaquer a un monument de la littérature : Grand prix du roman de l'Académie française, le prix Goncourt puis enfin prix Nobel de littérature, toutes ses récompenses me faisait peur. Et puis cette semaine, j'ai pris mon courage a deux mains et j'ai attaqué Rue des Boutiques Obscures que j'ai adoré.

On y fait la rencontre de Guy Roland, un employé dans une agence de police privée, comme vous est moi, a la différence qu'il est amnésique. Il va donc partir a la recherche de lui-même, pour découvrir qui il était. "J'ai arpenté pendant plusieurs jours le XVIe arrondissement, car la rue silencieuse bordée d'arbres que je revoyais dans mon souvenir correspondait aux rues de ce quartier. J'étais comme le sourcier qui guette la moindre oscillation de son pendule. Je me postais au début de chaque rue, espérant que les arbres, les immeubles, me causeraient un coup au coeur."

Le roman est construit de manière très habile : a la façon roman policier et donne beaucoup d'intérêt a cette quête d'identité. le narrateur nous parle a la première personne et renforce ce lien avec le lecteur. Je ne sais pas pourquoi mais ce roman m'a beaucoup fait penser a L'étranger de Camus, dans sa narration, son rythme, lent mais en même temps l'auteur sait comment capter son lecteur.

C'est une très belle découverte qui va me marquer j'en suis sur et qui me donne envie de découvrir d'autres romans de l'auteur.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
Commenter  J’apprécie          350




Lecteurs (3494) Voir plus



Quiz Voir plus

Patrick Modiano, presque...

La place de ... ?

l'étoile
la comète

5 questions
175 lecteurs ont répondu
Thème : Patrick ModianoCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..