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3,7

sur 1477 notes
Chaque titre de livre choisi par Patrick Modiano est un mystère et le titre de ce livre une préface à lui seul. Parcourez la liste des titres de ses ouvrages, tous suggèrent, vous touchent, aucun n'est insipide.
Rue des boutiques obscures, dresse une ambiance, donne le la, un itinéraire improbable, où les individus portent des noms d'emprunt, un espace louche ou les affaires se font ou se dénouent sans laisser de traces.

Jean-Louis Trintignant a prêté sa voix à Guy Roland, à une ombre, "je ne suis rien, strictement rien, j'ai tout oublié de mon passé", avoue Guy Roland  ; je travaille pour Hutte, un détective privé, et il est peut-être temps de savoir d'où je viens.

C'est une voix brisée que j'entends quand Trintignant parle, comme si une autre histoire collait à celle de Guy Rolland, une femme qui aurait compté comme un père pour sa fille, comme un amant pour la femme de sa vie.

Lire Rue des Boutiques Obscures par cette voix, c'est oublier le présent, se laisser guider, par une fissure, un vide qui a tout effacé, sauf la douleur, le manque, un abandon toujours à vif.

Ce voyage dans le temps, est peut-être la voie d'une rédemption tant attendue, la sérénité enfin permise ou possible, un deuil d'espoirs brisés.

Vous êtes bien Pédro MacEvoy ? Je vous reconnais, "oui bien sûr, c'est moi". Il regarde cette photo et surtout son sourire, Il ne lui reste que cela, son sourire comme des bribes éparses d'un passé qui se dérobent. Qui suis-je, alors que la dame lui donne des bouts du puzzle dans cet atelier de confection, et de haute couture. Mais de qui parle t-elle. Ce sourire et cette femme Gay Horlow, si mystérieuse.


Mansour le photographe a lui aussi des clichés. Il a peur, une empreinte laissée par le passé, "cette drôle d'époque", Paris pendant la guerre. Mais rien ne vient aucune ombre n'impose sa présence, la magie de la photo n'opère plus. La neige s'était mise à tomber oppressante, tout devenait flou, et "de cela, il ne restait rien, pas même la traînée lumineuse que fait le passage d'une luciole".


La voix de Guy repasse en boucle ces paysages de neige, l'atmosphère ouatée, son front qui se penche sur le mur blanc de la montagne et qui ne distingue plus rien. Wilmer affirmait que Besson le moniteur de ski, se maquillait pour faire croire à des cicatrices, un affabulateur à qui on ne peux pas faire confiance. Alors pourquoi avoir agit si vite ?

Ce russe, comme "la plupart d'entre eux, même de leur vivant n'avaient pas plus de consistance qu'une vapeur qui ne se condensera jamais".

Jean-Paul Sartre, faisant écho au mythe de Sisyphe de Camus, affirme que la vie est un plongeon dans le vide. Modiano, le dit page 238, "après tout, c'est peut-être ça, une vie ; « des lambeaux, des bribes de quelque chose, qui me revenaient brusquement au fil de mes recherches"...
Modiano ajoute, " nos vies ne sont-elles pas aussi rapides à se dissiper dans le soir que ce chagrin d'enfant"?

A la fin du livre, capté par la voix de Trintignant, une émotion indicible, m'a envahit, le timbre de Jean-louis Trintigant flottait sur des mots d'une fausse douceur, Modiano a creusé le poids de sa souffrance il ne s'est pas délivré de sa conscience, qui suis-je ? Qu'ai-je fais ?
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Une écriture douce et tendre, un réel plaisir de lecture ! La perte de mémoire comme moteur d'une véritable enquête policière, voilà la vision originale que nous propose Patrick Modiano pour ce roman de quête. La quête d'identité poursuivie comme le Graal, banale chez la plupart d'entre nous mais qui dans le cas de Guy Roland prend un intérêt particulier. A cause de son amnésie, il est amené à rechercher effectivement son identité et son enquête le ramène doucement à lui. A travers Paris, patiemment, il arpente les rues et recueille les témoignages. J'ai marché avec lui le long des avenues et je l'ai suivi sans peine dans la recherche de ses souvenirs, sensations perdues inscrites au plus profond de sa chair et finalement retrouvées. le roman se termine sur l'inconnu, on ne sait pas si "Guy" va retrouver tous les éléments de sa vie passée, mais ce n'est pas ce qui compte car l'essentiel est fait, il a réussi à cerner les éléments principaux de ce qui faisait sa personnalité. Plus largement il me semble que ce roman est une image de notre quête à tous, celle de notre identité profonde. Au-delà de notre état civil, ce sont peut-être les émotions, les ressentis, les sentiments partagés ou non, et plus largement toute cette forêt d'impalpables que nous traversons au long de notre vie, qui font de nous ce que nous sommes vraiment.
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Je suis passé complétement à côte de ce livre et pourtant au début de cette enquête ou le protagoniste cherche à des pistes ou indices pour le mettre sur les pas d'un inconnu je l'y ai suivi avec plaisir et puis à force de rechercher des recherches sur Pierre Paul ou Jacques j'ai été perdu ne sachant plus ce que l'on recherchait et pour quelles raisons également.

J'ai donc continué ma lecture car ce récit est court mais sans bien la comprendre en me disant que peut-être à la fin de celui-ci j'aurais le fin mot de l'histoire, ce qui ne fut pas le cas.


Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé ce livre mais en tout cas je n'ai l'ai pas compris, peut-être celui-ci n'est juste pas fait pour moi et qu'il y plusieurs sens de lecture.
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Il y a quelque chose de trés touchant dans ce roman de Modiano .
Cette quéte de la mémoire perdue que l'on frole et qui s'échappe , cette quéte à ce petit quelque chose qui font de certaines histoires des chefs d'oeuvre .
Et il faut reconnaitre que Modiano ici est un orfévre .
Son style convoque le passé pour reconstruire le présent , cela avec un talent extraordinaire .
Sa capacité à batir une oeuvre majeure en étant aussi humble , voir effacé , c'est ce qui fait la magie de cet opus que j'ai lu il y a 5 ans et que j'ai encore en mémoire tellement il est beau .
Un trés grand moment de lecture .
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Quête d'identité.

Guy Roland ignore sa réelle identité. Voilà dix ans qu'il vit dans l'obscurité. Lorsque l'agence de police privée qui l'emploie ferme, il part à la recherche de cette vie disparue.

C'est mon premier Modiano et ce ne sera pas le dernier. Il prend le prétexte du roman policier pour élaborer une réflexion sur l'identité. Qu'est-ce que l'identité ? Restera t-elle dans la mémoire d'autrui ? Ou bien l'obscurité emportera t-elle celle-ci ?

L'enquête de Guy Roland se fait de tâtonnement en tâtonnement. Toutes les personnes qu'il croise sont dans l'approximation. Roland s'accroche à une piste, aussi ténue soit-elle, dans l'espoir de recoudre les fils de sa vie perdue. Une simple photographie d'un homme qui lui ressemble, l'emmène dans une époque disparue.

Divers noms, diverses vies s'entremêlent dans la quête du narrateur. Des patronymes compliqués, de sombres histoires diplomatiques oubliés de tous émaillent son enquête. Les rares qui s'en souviennent n'expriment que des regrets. L'enquête n'est qu'accessoire dans ces vies effleurées. Peu importe qui est réellement Guy Roland au final.

J'ai trouvé que la réflexion sur la mémoire de Patrick Modiano s'approchait de celle d'Annie Ernaux dans "Les Années". La mémoire est éphémère, qui que nous soyons nous serons progressivement oubliés après notre mort. L'identité n'est qu'un mirage qui dure une vie. L'oubli est une seconde mort. Pourquoi tant vouloir retrouver la mémoire, alors que pour autrui vous n'êtes plus ?

Bref, ce roman est brillant par sa construction, qui au travers d'une enquête montre une réflexion sur la mémoire.
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Un roman ouvert par hasard. Une histoire qui n'a pas vraiment de début et de fin… Des bribes d'histoires. Une époque lointaine. Des questions sur ce qu'est l'identité. Il y a une dizaine d'année, j'avais lu un autre roman de Modiano… et à la fin de la lecture, je m'interrogeais pour savoir si j'aimais ou non cet auteur. Après la lecture de celui-ci, je ne suis toujours pas convaincue. Certes il a un style bien particulier mais cette histoire me laisse un gout d'inachevé…. Pour les inconditionnels, quel roman de Modiano me recommanderiez-vous ? Car j'ai l'impression de passer à coté de quelque chose...

Et comme j'en ai pris l'habitude voici mon abécédaire.

A comme Agence de détectives : Tout débute dans une agence de voyage, dont le propriétaire prend sa retraite et dit adieux à son collègue. Un certain Guy Roland.

B comme Bottins : L'histoire se passe dans les années 50 bien avant internet. Les bottins jouent un rôle essentiel, et les numéros de téléphone sont exotiques comme AUT 15-28.

C comme Couture : Un des personnages évolue dans la haute couture.

D comme Denise : Cela semble avoir été la compagne du fameux Guy dans une vie antérieure. Elle parait avoir disparue. On ne saura pas ce qu'il advient d'elle.

E comme Emigration : Il sera question de l'émigration des russes en France lors de la révolution.

F comme Fuite : Mais si il est question des russes, au fil du livre, on s'aperçoit qu'il est aussi question de la seconde guerre mondiale et de la fuite devant les nazis. Pourquoi, si on peut le supposer, rien n'est explicite.

G comme Gigolo : et oui il y a un ou des gigolos.

H comme Howald de Luz : Un des personnages clé pour retrouver ce que cherche le personnage principal.

I comme Identités : le fameux Guy Roland ne sait pas qui il est. Il semble souffrir d'amnésie. Et ce roman est une suite de recherches de personnes qui pourraient être lui.

J comme Jockey : Un des personnages est un jockey.

K comme Kyril : Un autre personnage, très secondaire mais qui a la chance d'avoir un nom commençant par un K

L comme Léopard : Il y a un manteau en peau de léopard… cela laisse pensif non ?

M comme Megève : A Megève le couple va fuir et après un séjour dans un chalet, le couple va essayer de passer en Suisse.

N comme Nobel : J'avais oublié que Modiano avait eu le prix Nobel.

O comme Obscures : du titre…

P comme Paris : Ce roman contient beaucoup de descriptions de Paris. Visiblement Modiano aime Paris.

Q comme Quinzaine : juste pour avoir un Q… il est question d'une quinzaine de personnages.

R comme Russe : Une église Russe, un Pianiste russe, une jeune femme russe…

S comme Style : le style de ce roman est très particulier. Beaucoup de petites touches, de suggestions. Tout reste possible.

T comme Traumatisme : Quel est ce traumatisme qui a amené cette perte de mémoire ?

U comme Uniforme : Un passage se passe à Vichy dans les années 40 d'où les uniformes.

V comme Venezuela : En effet ce pays sera juste cité, mais il sera question de l'Amérique Centrale.

W comme Wagon lits : Un voyage se passe en wagon lits, avec un contrôle d'identité.

X comme X : et oui car finalement on ne sait pas vraiment qui est ce monsieur Roland. le sait-il seulement?

Y comme Yeux : Plusieurs descriptions d'yeux… et puis un Y ce n'est pas simple à trouver.

Z comme Zakouski : ce sont des hors-d'oeuvre variés russes (légumes, poissons, etc.).
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Relecture d'un roman qui m'a fait découvrir Patrick Modiano dans les années 1980, probablement parce qu'il avait reçu le prix Goncourt en 1978.
Je suis tout de suite retombée sous le charme de la prose de celui qui, depuis, a reçu le prix Nobel de littérature en 2014.
Le titre de ce sixième roman "Rue des boutiques obscures" n'est pas surprenant puisqu'il s'agit d'un lieu et cela a une importance capitale pour celui qui cherche d'où il vient. Chez Modiano, il y a toujours des repères topographiques qui comblent la géographe et promeneuse que je suis. Car revenir sur les lieux aide à retrouver les traces du passé.
Il faut dire que Guy, le narrateur, est amnésique. Il travaille depuis dix ans chez Hutte qui a créé une agence de police privée après la guerre. Ce dernier l'a aidé et continu à le faire même lorsqu'il part prendre sa retraite à Nice.
Guy va donc mener l'enquête pour retrouver la mémoire et sa véritable identité, en utilisant les techniques d'investigation policière.
Il se souvient par bribes et les noms résonnent dans sa tête comme dans celle du lecteur.
En filigrane, on retrouve la période de l'occupation allemande durant laquelle il a dû se cacher et tenter de quitter la France pour la Suisse.
Patrick Modiano est vraiment très fort pour instaurer un climat trouble avec un mélange de réalité et de fiction.


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On se laisse d'abord prendre à suivre cet homme qui recherche son passé perdu, parce que c'est bien écrit, et puis on se perd un peu, on se dit qu'il faut faire attention à bien retenir les personnages pour ne pas perdre le fil de l'histoire. Et puis on s'aperçoit que l'histoire ne va probablement nulle part, qu'on n'en saura pas plus à la fin. Et puis la fin arrive et on est pas plus avancé. J'avais lu la quatrième de couverture et avais été séduit par l'accroche: Que reste t'il de la vie d'un homme? Que retrouverait-il de lui s'il revenait sur terre après sa mort? La promesse était belle, mais le texte bien banal, une simple enquête décousue qui se termine en queue de poisson. C'est le deuxième livre que je lis de Modiano, après "l'herbe des nuits" qu'une version audio lue par Podalydès m'avait rendue plus attrayante. Je pense que ce sera le dernier, question de goût.
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Un roman sur l'amnésie et ce qu'elle engendre.
Ce que j'ai trouvé intéressant dans ce livre, c'est la prouesse d'écriture qui donne vraiment l'impression que nous sommes nous aussi lecteurs, dans le "brouillard". On tente de comprendre qui est qui, d'identifier des lieux, de comprendre "pourquoi"...
Une enquête longue et difficile, mais un roman qui se lit très facilement.
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Lorsque le patron de Guy Rolland prend sa retraite et ferme son agence de détective privé, Guy en profite pour mener l'enquête de sa vie.
Ou plus exactement l'enquête sur sa vie.
Parce que la seule chose dont Guy Rolland est certain, c'est qu'il n'est pas Guy Rolland.
Que s'est-il passé pour qu'il se retrouve un jour dans ce Paris des années 50 totalement amnésique ?
C'est grâce à deux hommes qu'il va pouvoir tirer sur un tout petit fil ténu.
Mais il va réussir bribe par bribe, rencontre après rencontre, photo après photo, essayer de savoir qui il est réellement.
L'auteur nous laisse avec un homme qui a force de trouver des réponses à ses questions lui faisant parcourir le monde entier : Paris, Jouy-en-Josas, Tahiti, Rome, et qui au final obligera le lecteur à se poser la question qui était vraiment cet homme ?
Une enquête qui en fait est surtout une quête de soi, portée par la plume envoutante de Modiano.
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