L'Encyclopédie des faits divers insolites

Sous leur apparente banalité (ne parle t'on pas avec mépris de la "rubrique des chiens écrasés" ?) les faits-divers sont un juste reflet de la société, et hélas, rarement dans ce qu'elle a de meilleur.

Dans cette "encyclopédie contemporaine cocasse et insolite", Martin Monestier s'emploie à nous faire découvrir des faits-divers absurdes, drôles, parfois à peine croyable, mais toujours authentiques.

L'auteur a fort judicieusement illustré son livre par des dessins d' Angelo di Marco, un grand dessinateur spécialisé dans les faits-divers, qui dés les années 1950, fut l'homme qui représentait "le moment fatal "pour des journaux comme Radar ou Détective.

Monestier a sélectionné un choix forcément arbitraire et non-exhaustif, des faits-divers du monde entier pour leur caractère surprenant, voire saugrenu.

C'est donc, pour l'amateur de curiosités et d'illustrations choc un ouvrage à découvrir et à posséder.

Connaissant mon addiction pour Bellemare, on avait pensé bien faire en m'offrant cette encyclopédie … Je n'ose imaginer ce que pourrait en dire Diderot ou D Alembert s'il ne parcourait que quelques pages. Car, en réalité, on ne retrouve que des coupures d'article ou le mauvais goût se bat au graveleux, le tout regroupé dans des rubriques au titre générique. A titre d'exemple, j'ai ouvert la page 334 et j'ai trouvé ceci
Rubrique sperme : « Un détecteur de sperme en vaporisateur à disposition des cocues japonaises »
L'agence de détectives Safety Tanteisha vient de commercialiser, au Japon, le premier révélateur de semence en vaporisation. Vendu 225 euros, il détecte la moindre trace de sperme sur un pantalon ou sur un slip, même quinze jours après émission. Déjà près de 20 000 japonaises se sont procuré cet aérosol anti-cocues qui dégage une épaisse fumée verte en cas de flagrant délit séminal.
En lire une ou deux fait sourire … mais rapidement j'ai trouvé cela un peu lourd. Puis je me suis plus intéressé aux illustrations qui sont toutes extraites de journaux du type Détective. Et j'ai été étonné de découvrir un formidable résumé, un hit, du fait divers où chaque détail compte pour inspirer, imprimer un sentiment d'horreur, d'envie : j'ai découvert un code graphique qui permet de capter le regard, d'un effet quasi hypnotique auquel il est difficile de se détacher.
Mais finalement le meilleur morceau, ce sont les hors d'oeuvre, en l'occurrence l'avant-propos qui retrace l'histoire de la presse à scandale, du rôle dans l'édification de romans comme le Madame Bovary de Flaubert, les règles stylistiques et graphiques, les thèmes récurrents, sa signification ou la signification qu'on veut lui donner, son étrange séduction… Cet avant-propos de 25 pages serait digne d'être publié à part comme essai …
Qui va se laisser tenter par l'attrait sulfureux et concupiscent des faits divers ?