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EAN : 9782847051865
64 pages
Editions Espaces 34 (24/10/2019)
4.08/5   6 notes
Résumé :
En 2003, Rebecca, photoreporter de guerre, rentre d’Irak. Elle retrouve sa fille, ses obligations professionnelles, sa vie d’ici.
Mais son quotidien, comme préparer le gâteau d’anniversaire ou envoyer les photographies à son rédacteur, est imprégné des bruits et des odeurs de là-bas, des images qu’elle a fixées. Elle est hantée par l’explosion de l’hôtel qui héberge les journalistes – un obus américain égaré ? – et par le souvenir de la petite Hayat qu’elle a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Théâtre? Poésie? difficile de savoir ici ce qu'est vraiment ce court texte percutant. Rebecca est reporter de guerre et elle revient tout juste d'Irak. Dans sa tête, des images d'horreur dont elle ne peut se débarrasser, alors qu'elle fête les 6 ans de sa fille qui réclame son attention.
Elle ne répond à aucun des appels de son rédacteur en chef, ne veut pas faire le rush des photos qu'elle a prises cette fois-ci: une petite fille y apparaît, vivante un instant, morte juste après suite à un bombardement, une petite fille qui lui avait demandé de la suivre et de la photographier ce jour-là.

Le texte enchaine les points de vue; les réminiscences et les dialogues intérieurs de manière à créer le chaos que doit ressentir toute personne de retour de la guerre, et je pense, en parallèle à cette oeuvre, aux poèmes de Kevin Powers, vétéran lui-même de la guerre en Irak qui, comme Rebecca, est obsédé par le besoin de porter une arme pour se protéger alors qu'il est revenu dans un pays en paix. Ainsi, Rebecca enfouit une arme-jouet sous l'oreiller de sa fille avant que celle-ci s'endorme, pour qu'elle puisse se défendre.

C'est un récit court mais intense et douloureux sur la guerre à l'écriture originale, ce qui permet d'entrer au coeur du traumatisme.
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Si Shell Shock a paru dans la collection "Théâtre" des éditions Espaces 34, je serais curieuse de voir comment il pourrait être mis en scène. L'écriture est hachée, ce qui n'est pas pour me déplaire, et rend particulièrement compte des failles (gouffres ?) entre la réalité et ce qui se déroule dans la tête de Rebecca. Nous sommes plongés dans la tension perpétuelle à laquelle elle est confrontée maintenant qu'elle est revenue d'Irak ; tout la renvoie à la guerre - jusqu'à la ferme pédagogique qu'elle offre à sa fille pour son anniversaire.

Une sorte de paranoïa habite l'oeuvre : une odeur se dégage de ce que Rebecca a vécu, comme si elle s'était imprimée dans son corps. Elle se renifle sans cesse, poursuivie.

Cette sorte de monologue intérieur met en avant l'impossibilité de communiquer : je pense ainsi aux nombreuses questions qu'on a dû poser au personnage, journaliste, et qui sont regroupées dans un chapitre, sans réponse aucune, en majuscules, comme si elles résonnaient et hantaient Rebecca ; je pense aussi à sa discussion avec son patron, faite de mensonge et de non-dits, interrompue puisqu'elle lui raccroche au nez ; je pense enfin aux répétitions mécaniques de certaines mots, parfois empruntés, comme si Rebecca ne pouvait plus s'exprimer seule ("la ferme pédagogique [...] y'a des poules et des moutons ? [...] Vous êtes sûr, je ne voudrais pas me retrouver qu'avec des vaches", ainsi que l'a réclamé Samaraa, sa fille).
Et que dire de l'impression que l'on a d'être noyée dans les 1804 photographies que Rebecca se résout à titrer ? La question du silence est ouvertement posée à la fin de l'ouvrage.

Pour conclure, c'est une oeuvre courte et frappante qui repose sur la récurrence de motifs forts. Si je ne mets "que" 3.5 étoiles, c'est parce qu'en dépit de toutes ces qualités que je lui reconnais, je n'ai pas eu de coup de coeur pour Shell Shock. Cependant, je ne doute pas que d'autres que moi lui rendront davantage justice ;).
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« A chaque fois que je referme un livre en me disant que ce qui se passe au-delà des frontières de mon petit pays, ce sont des histoires exotiques de barbares, je prends partie pour le camp des bourreaux.
L'indécence commence là.
(…)
Si tu peux te coucher, ce soir, en te disant qu'il faut passer à autre chose, c'est avouer que chacune de ces morts n'a rien de politique.
Ne me demande pas alors de passer à autre chose.»
Les relents de la mort vont et viennent, incessants. Ils ricochent, ils tachent, ils imprègnent irrémédiablement les synapses, ils obnubilent ; enfin ils aliènent. Comment revenir d'entre les morts ? Quel pouvoir a l'image face à l'horreur que l'on refuse de voir ? Peut-on, doit-on faire sauter la chape de plomb qui nous écrase les paupières ? Toutes ces questions nous éclaboussent à la lecture de Shell Shock, elles nous sautent à la gorge avec la même violence que les mots qui nous mettent à terre. Magali Mougel écrit pour le théâtre, pour la scène. Pour dire, pour mettre en voix ce que l'on voudrait taire, pour que prenne corps l'indicible.
Rebecca est revenue d'outre-tombe. Depuis qu'elle a bouclé son reportage en Irak, depuis les cadavres et l'horreur, depuis l'insoutenable, elle tente de surnager. de préparer l'anniversaire de sa fille, d'organiser son quotidien comme si tout allait bien, tout en étant incapable de fermer les yeux. Les rétines imprégnées du visage de Hayat, cette fillette restée là-bas, tombée là-bas, elle devient sourde aux relances de son rédacteur, elle est assaillie par les fantômes de Bagdad, rongée par l'injustice et le silence.
Shell Shock est un texte polymorphe, tantôt monologue lancinant, tantôt mélopée polyphonique. La structure est abstraite, sèche et virulente. Magali Mougel a le verbe martelé, le rythme au bout de la plume. Ecrite pour la scène, cette oeuvre est intrinsèquement vivante ; elle est aussi dure que juste. Elle prend au corps, frappe en plein coeur.
Ouvrage reçu dans le cadre d'une masse critique Babelio, que je remercie du fond du coeur, ainsi que les éditions Espace 34, qui ne cessent de m'impressionner par la pertinence et la force de leurs choix éditoriaux.
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Je remercie tout d'abord les Editions espaces 34 et Babelio pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre de l'opération masse critique.
S'il est considéré comme du théâtre, je prends plutôt ce livre comme un beau et long poème sur les conséquences de la guerre sur les personnes qui y assistent : les journalistes, grands reporters, photographes.
C'est beau et très prenant, un peu moralisateur sur la fin, ce qui n'était pas nécessaire.
La description de la tragédie du retour, de la tentative de réadaptation alors que les autres, ceux qui sont restés, attendent "simplement" les photos, était largement suffisante.

Une belle découverte.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
J'ai parfois le sentiment qu'on nous paye pour faire des photos qui donnent bonne conscience aux chefs politiques.
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L'armée américaine a été agressée, elle va devoir riposter. C'est la règle. Rien de bien exceptionnel.
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../.. tant que personne n'ouvrira ma coquille, je serai dans ces deux états - morte et vive ../...
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