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sur 2100 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lorenzaccio où le défi que lance un français au grand dramaturge Shakespeare.

Parmi les grands drames romantiques du XIXe siècle ; Hernani, Chatterton, personnellement je me penche du côté de Lorenzaccio.

Alfred de Musset a repris avec quelques variantes un événement réel pour le transformer en un mythe. C'est une pièce où Musset a exprimé toute sa déception et sa rage envers la société. Vivre sous-estimé et détesté de tout le monde et en même temps essayer de leur rendre une grande faveur pour les sauver tous. Mais cela s'accomplit sans motif apparent du côté de Lorenzo. Il ne le fait pas pour se mettre en valeur devant eux.

Lorenzaccio me fait penser à trois personnages célèbres (car dans la pièce, il fait un jeu double, et par conséquent, le lecteur les voit tous les deux alors que les personnages n'en voient qu'un seul côté et lui Lorenzo, il garde un côté assez différent dans certaines situations clandestines) :

- le premier personnage est celui qu'on retrouve dans le film "L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford". Lorenzo est comme Robert Ford, il essaie de tuer un "grand" de sa "société". Mais même s'il le fait, il reste un couard. C'est l'opinion des personnages et c'est le côté que leur montre Lorenzo, un débauché pusillanime.

- le deuxième est celui de Jean-Baptiste Grenouille, une âme grandiose et maltraité par la société mais qui accomplit une tâche que nul autre n'a pu entamer. Ils meurent de la même manière à peu près. (c'est là la vrai personnalité de Lorenzo; courageux et studieux).

- La troisième, on la constate en tant que lecteur voyant les deux situations. Il nous fait penser à ces super-héros à double facettes (d'ailleurs Lorenzaccio a une cape!) qui se montre lâche ou corrompu à dessein, mais qui sauve la société.

Lorenzaccio est aussi une pièce où l'art n'est pas oublié (avec le personnage du peintre) ni le comique dans le dernier acte (je crois) avec une scène de deux enfants se chamaillant.

C'est une intrigue comme je les aime.

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Il y avait longtemps que je n'avais pas réouvert Lorenzaccio. À quoi bon, pensais-je, puisque j'en ai évidemment retenu l'essentiel? "Tu me demandes pourquoi je tue Alexandre? [...] Songes-tu que ce meurtre, c'est tout ce qui reste de ma vertu?"Mais bon, en remettant le nez dans le bouquin, je n'ai pu m'empêcher de le relire, et, bien sûr, il est encore meilleur que les morceaux choisis qui hantent nos mémoires.
J'aime les mises en abyme. Déjà que les anneaux aux oreilles des vaches qui rient me font toucher du doigt les délices de l'infini, alors, forcément une pièce qui met en scène un homme qui joue, et fait vaciller mes représentations, quoi de plus jouissif?
Les films de Christopher Nolan, eux, me fatiguent: deux heures d'efforts pour comprendre un scénario alambiqué, dont la seule révélation est que le héros ne porte pas sa bague (ça valait la peine). La pièce De Musset, malgré ses intrigues multiples et sa foultitude de personnages est, elle, on ne peut plus simple. Elle n'en invite pas moins au vertige. Lorenzo va tuer Alexandre. parce qu'Alexandre est un tyran. de même qu'un agent double doit parfois tuer un innocent pour ne pas griller sa couverture, Lorenzo devient l'âme damnée de son cousin et l'innocent qu'il assassine, c'est lui-même, le jeune homme autrefois vertueux qui s'ébat désormais avec volupté dans le vice.
Oui, enfin ça, c'est ce que Lorenzo clame à qui veut l'entendre, et donc surtout à lui-même. Tu parles, Alfred! Lorenzo de Médicis pouvait attendre tranquillement qu'on l'appelle au trône mais atteint du même mal qu'Emma Bovary (la vraie vie, médiocre, forcément médiocre doit être refusée; l'idéal étant inaccessible, reste le sacrifice de soi, l'héroïsme facile du suicide), Lorenzo renonce à briguer le pouvoir et pour ne pas avoir à se découvrir dirigeant sans envergure se fait tueur de tyran. Ou plus exactement aspirant-tueur. Parce que ça aurait pu durer longtemps. Lorenzaccio s'entraîne au combat la nuit et fait des mots d'esprit le jour en cherchant quelles femmes présenter à un cousin dont il partage à l'évidence la couche. Pour qu'il se décide à passer à l'action, il faudra que les Strozzi menacent de faire la révolution et que la propre tante de Lorenzo soit poursuivie par le Duc. Alors là, du coup, il lui faut demander à Strozzi de rester tranquille (c'est qu'il serait capable de réussir, l'animal, et adieu la gloire pour Lorenzo) et passer à l'acte. Il tue Alexandre sans honneur (c'était bien la peine de s'entraîner au duel) après l'avoir dépouillé de sa cotte de maille, ce qu'il aurait pu faire bien avant (il avait juste besoin de trouver un peintre pour y parvenir et je ne suis pas persuadée que trouver un peintre dans la Florence du XVI° siècle fût de la dernière difficulté). Il le tue sans la moindre visée politique, en sachant pertinemment qu'un assassinat dont la suite est aussi peu préparée sera vain. "C'est bien plus beau lorsque c'est inutile.", qu'y disait, l'autre. Si on veut. Lorenzaccio agit précisément pour que rien ne change, pour discréditer l'action, pour justifier son propre refus de la politique; il met sa vertu dans son vice pour ne pas être obligé de la mettre à l'épreuve de la réalité: mieux vaut la perversion que la médiocrité.
Quand s'achève la pièce, Alexandre est mort après avoir dessiné autour du doigt de Lorenzo qu'il a mordu une bague sanglante: il a scellé le sort de son meurtrier qui finira précipité dans la lagune avec toutes les illusions des républicains. Pour faire bonne mesure, Musset y noie aussi la littérature. Un marchand tente de prouver qu'Alexandre est mort à 26 ans, le 6 du mois, à 6 heures, de 6 blessures, en 1536, après 6 ans de règne. Rien de plus faux, bien sûr que ces 6 six qui auraient contribué à la mort d'un Médicis. À quoi riment ces fadaises longuement expliquées par un personnage secondaire, sinon qu'à la faillite de la politique Musset ajoute l'inanité de la littérature, qui va chercher l'histoire pour lui donner un sens? Sens ridicule, jeu intellectuel, vue de l'esprit, illusion qui réjouit les âmes simples promptes à faire leur miel d'une histoire bien construite sans s'indigner de sa vacuité.
Lorenzo aimait trop les livres, comme Emma. Et Musset nous offre le poison délicieux de sa pièce, faisant de nous tous des lecteurs impropres à l'action qui croient que l'analyse les fera sortir de leur tour d'ivoire alors qu'elle ne les sauvera pas davantage de l'illusion que le meurtre d'Alexandre n'a garanti la république florentine.
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Une pièce que je voulais lire depuis longtemps. Très sombre, c'est un drame qui raconte la vie de débauche d'Alexandre de Médicis et son meurtre en 1537 par son compagnon de beuveries et violences multiples, Lorenzaccio.
Un texte passionnant, très bien écrit. Un grand classique. Il faut noter aussi que cette oeuvre très pessimiste a été écrite par un auteur alors très jeune, Alfred de Musset n'avait que 23 ans lorsqu'il a rédigé cette pièce.
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Après l'échec de sa première pièce, La nuit vénitienne en 1830, Musset continuera d'écrire des pièces, mais sans vouloir les faire représenter. Lorenzaccio paraîtra en 1834 dans le premier tome du Spectacle dans un fauteuil. Malgré des tentatives de Paul, le frère de l'auteur, l'oeuvre ne pourra être représentée pour la première fois qu'en 1896, avec Sarah Bernhardt dans le rôle titre. Cette prise de rôle prestigieuse va créer la tradition de faire jouer le personnage de Lorenzaccio par une femme. Ce n'est qu'en 1953, qu'une version avec un homme dans le rôle titre s'impose : c'est la fameuse mise en scène de Jean Vilar, avec Gérard Philippe. La pièce devient un classique.

Elle est toutefois très complexe à mettre en scène : trente-neuf tableaux, une centaines de rôles...c'est la pièce de la démesure, du romantique flamboyant. L'absence de la perspective scénique, avec ses limitations, a permis à Musset de donner libre cours à toute son imagination créatrice. le revers de la médaille, c'est que la pièce reste finalement peu jouée, et qu'elle ne l'a jamais été en entier : toute représentation est une adaptation. le choix de ce que l'on coupe est déjà une lecture.

C'est une pièce historique, genre souvent mis à l'honneur par les Romantiques (la pièce suit d'une année Lucrèce Borgia de Victor Hugo). Elle se base sur l'assassinat du duc de Florence, Alexandre, par son cousin Lorenzo en 1537. Georges Sand avait écrit sur le sujet un drame, « Une conspiration en 1537 » qu'elle abandonne à Musset. Il va complètement transformer la trame d'origine pour en faire cette pièce polyphonique et complexe, presque monstrueuse (le monstrueux fascine les Romantiques), qu'est devenu Lorenzaccio.

La pièce est en réalité très difficile à résumer, tant les personnages, les thèmes, les sujets sont nombreux. le motif principal, est celui de Lorenzo, cousin du duc en place, Alexandre, son âme damnée semble-t-il, qui l'accompagne dans ses débauches et ses crimes, qui gagne sa confiance. Musset laisse très vite deviner que Lorenzo a comme but d'assassiner Alexandre, pour rendre la liberté aux citoyens de Florence, que son comportement est une ruse. Mais la grande richesse de la pièce est de ne pas se borner à ce motif, mais d'élargir le questionnement. En réalité de nombreux personnages interviennent, avec à chaque fois, à un niveau ou à un autre, une interrogation sur le pouvoir, sur la façon de gouverner, de se gouverner, d'organiser la vie sociale, de se positionner dans une société. Il y a la comtesse Cibo, républicaine convaincue, qui devient la maîtresse d'Alexandre, avec l'idée de faire changer son comportement. Mais ce personnage montre toute l'ambiguïté de la pièce : bien évidemment, elle ne pourra pas changer le Duc, mais on finit par se demander, si elle y croyait elle-même ; à quel point son orgueil, son attirance aussi pour Alexandre ne l'ont-ils pas motivée. Mais Musset entremêle toutes ces motivations, elles ont au final chacune une part dans le comportement de la comtesse, rien n'est univoque.

Un autre pesonnage important est Philippe Strozzi, le chef d'une famille importante de Florence. C'est en principe l'homme juste, mesuré, il se retrouve victime des menées du Duc. Mais il se contente d'être observateur, n'approuvant pas, mais restant en retrait, ce qui permet aussi au Duc de se maintenir en place. Il réagit uniquement au moment où sa famille est menacée. Son fils Pierre, quand à lui, se montre violent et inconsidéré, et finit, devant l'impossibilité de réaliser son ambition, de se tourner vers un autre maître, le roi de France, tout en étant conscient que ce dernier ne respectera pas ceux qu'ils souhaite conquérir, donc en trahissant en pleine connaissance de cause. Ces grandes familles sont au final d'autres Médicis en puissance, l'intérêt et l'ambition personnelle étant en quelque sorte inévitables, les réaliser est une question d'opportunité et de possibilités matérielles.

Enfin le peuple, le plus grand sacrifié des coupes effectuées par les mises en scène de la pièce, qui juge, qui commente, spectateur et possiblement acteur. Musset le montre changeant, facile à manipuler, possiblement violent sans raison, peu conscient de ce qui se joue, égoïste à court terme, et peu fiable. On pourrait aussi évoquer la figure importante du peintre, qui introduit un artiste, et l'oblige aussi à se positionner.

Le drame de Lorenzaccio prend toute sa mesure dans ce contexte. le personnage est au moment de l'action pleinement conscient de l'ambition des puissants et de l'impuissance et faiblesse de la foule.En côtoyant le pouvoir, il a perdu foi dans les hommes. C'est cela qui fait qu'il ne croit plus à l'utilité de son geste, qui devient presque juste une obsession, et une fuite vers sa propre mort. Car lui-même en devenant un autre s'est perdu. le masque qu'il pensait avoir revêtu pour abuser Alexandre est devenu son propre visage, et le retour en arrière n'est plus possible. Il est d'une extrême lucidité sur lui-même et les autres, ce qui l'amène à l'amertume et finalement une forme d'impuissance.

Une pièce immense.
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"Cela est trop cruel d'avoir vécu dans un palais de fées, où murmuraient les cantiques des anges, de s'y être endormie, bercée par son fils, et de se réveiller dans une masure ensanglantée, pleine de débris d'orgie et de restes humains, dans les bras d'un spectre hideux qui vous tue en vous appelant encore du nom de mère."
Marie à Catherine, Acte I scène 6

Certes, elle est bancale, mal fichue, il y a un monde fou et d'ailleurs elle n'est jamais jouée entièrement... Et ce rôle de Lorenzo, une savonnette, casse-gueule comme on en fait peu, et va t'en passer derrière Gérard Philipe, Pierre Vaneck, Francis Huster...

J'aime cette pièce, infiniment, depuis la première fois où je l'ai vue, à la télévision, enfant.
Je n'y avais absolument rien compris, tu penses, à 8 ou 9 ans !
Mais j'avais été incroyablement touchée par la somme de désespoir qu'elle charriait.

Forcément j'y suis revenue plus tard, à l'adolescence, où j'ai été émue par ce personnage romantique caché derrière son cynisme et sa débauche, son destin tout tracé, sa fin programmée tragique, et qui ne fléchit pas.
C'est au fil des lectures que j'ai découvert et sa complexité et l'écho qu'elle faisait à l'époque où elle a été écrite, après la Révolution de 1830 et les déceptions qui l'ont suivie.

Jamais je n'ai été désillusionnée, de ce charme lancé par un Vaneck en noir et blanc.

Et bien que je l'aie laissée de côté plus de dix ans, cette dernière lecture ne m'a pas davantage déçue.

Ce Lorenzo me rappelle maintenant tous les copains que j'ai vu endosser son rôle, l'un davantage dans le cynisme, un autre plus près du jeune rêveur, tous lui donnant vie en équilibre sur les mots, la révolte, la colère De Musset.

"Suis-je Satan ? Lumière du ciel ! Je m'en souviens encore, j'aurais pleuré avec la première fille que j'ai séduite, si elle ne s'était mise à rire. Quand j'ai commencé à jouer mon rôle de Brutus moderne, je marchais dans mes habits neufs de la grande confrérie du vice comme un enfant de dix ans dans l'armure d'un géant de la fable. Je croyais que la corruption était un stigmate, et que les monstres seuls le portaient au front. J'avais commencé à dire toute haut que mes vingt années de vertu étaient un masque étouffant. Ô Philippe ! J'entrai alors dans la vie, et je vis qu'à mon approche tout le monde en faisait autant que moi ; tous les masques tombaient devant mon regard ; l'humanité souleva sa robe et me montra, comme à un adepte digne d'elle, sa monstrueuse nudité."
Lorenzo à Philippe, Acte III scène 3 d'anthologie !

Comment ne pas être enflammé par ces mots ?
Pas de chance, nous étions toutes aveuglées par le Lorenzo d'un Francis Huster jeune, beau, vénéneux et plein de talent…

Sinon, pour ceux qui ne connaissent pas l'histoire, vous pouvez regarder comment Jean Rochefort vous la raconte à la sauce spaghetti dans LES BOLOSS des belles lettres, je mets en commentaire le lien qui est modifié sans cesse par Babelio !
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Musset déclara un jour qu’il voulait être « Shakespeare ou Schiller. »
Avec Lorenzaccio, il atteint, à mon avis, le niveau du premier. Car cette pièce est éminemment shakespearienne, même si certains pinailleront, reprochant à l’auteur d’avoir fait du mauvais Shakespeare !
Et, comme son illustre aîné, il s’en va puiser son inspiration dans l’inépuisable Italie, plus précisément dans la Florence du XVIe siècle, revenue aux mains des Médicis, après l’épisode Savonarole – prédicateur et théocrate exalté que, par des raccourcis que je ne démonterai pas ici, on réduit trop souvent à son fanatisme religieux – ; la République et la réconciliation entre Rome et l’empereur Charles Quint.
Les deux protagonistes de la pièce sont deux personnages historiques : le duc Alexandre de Médicis, aussi débauché que cruel et incompétent politiquement, et Lorenzo de Médicis, dit « Lorenzaccio ». Dans la réalité, ce dernier écrira, en exil, un texte où il justifiait entre autres le meurtre de son cousin, noyau de l’intrigue : Apologie.
Revenons à la pièce.
Lorenzaccio rêve d’un retour à la République, mais son tyrannique cousin au pouvoir ne partage pas ses vues. Lorenzaccio, au contact de son parent et d’hommes qui le méprisent – d’où ce sobriquet de « Lorenzaccio » en lieu et place de « Lorenzo » – va, lui aussi, se perdre moralement.
Plein de désillusions, et bien qu’il réalise qu’assassiner Alexandre ne changera rien en profondeur, il décide malgré tout de mener à bien sa criminelle entreprise pour se souvenir de sa vertu d’autrefois. Surtout, il désire à toute force qu’on ne l’oublie pas :
« Que les hommes me comprennent ou non, qu'ils agissent ou n'agissent pas, j'aurai dit aussi ce que j'ai à dire ; je leur ferai tailler leurs plumes si je ne leur fais pas nettoyer leurs piques, et l'humanité gardera sur sa joue le soufflet de mon épée marqué en traits de sang. Qu'ils m'appellent comme ils voudront, Brutus ou Erostrate [qui, pour être célèbre, incendia le temple d’Artémis à Ephèse, en 356 av. J.-C.], il ne me plaît pas qu'ils m'oublient. » confie-t-il.
Au moins, grâce à Musset, on peut dire que Lorenzo de Médicis a été une remarquable source d’inspiration littéraire. Pari partiellement gagné pour lui, donc, puisque cet homme de la Renaissance est devenu l’un des personnages phares du romantisme et, tant pis pour les grincheux, digne d’Hamlet !


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J'ai aussi été forcé de lire cette pièce dans le cadre d'un cours de littérature française. À l'époque, je lisais exclusivement du fantastique, de l'horreur et autres trucs du genre. Et bien vous savez quoi ? Dès la première scène j'ai été conquis et le reste s'est déroulé comme une marche en forêt ! J'ai aimé cette histoire de noblesse corrompue et débauchée et du destin de Lorenzo, ce personnage ambiguë qui considère que la fin justifie les moyens. Je crois que c'est de loin la lecture imposée qui m'a le plus ravi, et je l'ai relu une ou deux fois par la suite.

Maintenant que j'y pense, il s'agit de la première oeuvre à caractère historique que j'ai lue. Ce n'est que beaucoup plus tard avec la lecture des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas que j'ai vraiment développé une passion durable pour ce genre et les classiques en général. Présentement, j'en suis à me dire : Mais puisque tu as tant apprécié cette pièce De Musset, qu'attends-tu pour en découvrir d'autres ?
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J'avais lu cette pièce De Musset quand j'étais lycéenne (après tout, c'est le théâtre dans un fauteuil... donc pour une fois destiné à être lu plus qu'à être vu) et j'avais été fascinée par ce personnage destiné à perdre jusqu'à son âme dans un crime pour un idéal auquel il ne croit plus, et pourtant il ira jusqu'au bout parce que ce crime s'avère tout ce qu'il lui reste et définit son être.
L'idéal romantique en quelque sorte. le phénix qui se précipite dans le feu sans même l'espoir d'une renaissance dans cette Florence souillée.
La pièce comportait aussi des discussion politiques avec les Strozzi, quelques passages moins intéressants (à mes yeux), mais il n'empêche que ce Lorenzo devenu Lorenzaccio m'a suffisamment marquée pour que je lui mette 5 étoiles encore aujourd'hui.
Lien : https://www.instagram.com/fo..
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Il est des auteurs pour lesquels le qualificatif le plus adapté semble être "déroutant" : rien a à voir avec le génie ou le talent, simplement on a l'impression que ces écrivains, tout en étant eux-mêmes à travers leur personnalité et leur oeuvre, portent un masque, et que derrière ce masque, il y a quelqu'un d'autre, pas forcément meilleur ni pire, mais différent. C'est le cas d'Aragon (ce fait a souvent été rapporté), mais bien avant lui, il y a le cas Musset.
Quand on parle des poètes romantiques on évoque automatiquement le quatuor : Lamartine, Vigny, Hugo et Musset, auxquels on rajoute parfois Nerval. Chacun a sa personnalité propre, mais de tous, le plus insaisissable reste Musset. Il fait partie des plus doués pour la poésie, virtuose de la versification comme Hugo (et bien plus que Lamartine ou Vigny), et donne dès le début l'impression de gâcher son talent (qui est manifeste) par un dilettantisme insolent et une attitude provocante, voire débauchée. C'est que Musset est un être double, et cette dualité que l'on retrouvera tout au long de son oeuvre fait partie de sa personnalité : il est le poète et en même temps "cet inconnu vêtu de noir qui lui ressemble comme un frère".
C'est ici qu'on en vient à Lorenzaccio : Lorenzaccio est un être double ; il est lui-même et un autre, mais l'autre (qu'au départ il joue) s'insinue dans sa personnalité première et le déchire, le déboussole et lui fait perdre ses repères
Nous sommes à Florence en 1537, à la cour du duc Alexandre de Médicis, despote tyrannique. Son neveu Lorenzo (Lorenzino), pur jeune homme qui souhaite rétablir une république juste et équitable, décide de le tuer. Il se glisse dans l'intimité du duc, en prenant modèle sur les vices de ce dernier. Il devient Lorenzaccio (avec suffixe péjoratif). Il finit par tuer le duc, mais, dans la lutte interne (et intime) entre Lorenzino et Lorenzaccio, il n'y aura pas de vainqueur. C'est là le fil conducteur de la pièce, mais il en est d'autres, privées, comme les intrigues de la marquise Cibo, et derrière elles, celles du Cardinal, ou politiques, comme les atermoiements des Strozzi, opposés au duc.
Il convient également de rappeler une chose capitale concernant le théâtre De Musset : après l'échec retentissant de "La nuit vénitienne" (1er décembre 1830), Musset tourne le dos aux représentations : il continuera à écrire des pièces, et les fera éditer, mais elles ne seront pas représentées sur scène : c'est ce qu'il appelle "Un théâtre dans un fauteuil". C'est ainsi que "Lorenzaccio" ne sera monté pour la première fois qu'en 1896, au Théâtre de la Renaissance, avec Sarah Bernhardt dans le rôle-titre.
Cette façon d'écrire le théâtre, donne à Musset l'occasion d'écrire de façon plus libre, plus "décontractée", et au bout du compte, de faire passer plus de choses. Bien plus que Hernani, Ruy Blas (de Hugo) ou Chatterton (de Vigny), Lorenzaccio est le chef-d'oeuvre du théâtre romantique. C'est de loin celui qui répond le mieux à la préface d'Hernani qui posait les bases du théâtre romantique. Celle-ci faisait entre autre référence à Shakespeare. "Lorenzaccio" est la plus shakespearienne des pièces françaises.
Faute de trouver en video l'interprétation légendaire de Gérard Philipe (on peut trouver des extraits audio sur internet), on se reportera avec profit à la captation extraordinaire de 1977 par la Comédie-Française, réalisation de Franco Zeffirelli, avec Francis Huster dans le rôle-titre (disponible en DVD sur le site de la boutique de la Comédie-Française.
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magnifique livre! Un pur chef d'oeuvre ! Je dois avouer que ce livre au début et après l' avoir lu ne m'a pas vraiment plu. Après l'avoir étudié en profondeur, il m'est apparu différemment, et à montrer toute sa beauté. Lorenzo est ainsi perçu comme un héros( ou un anti ?), et Alfret de Musset joue à merveille les corrélations entre son époque , la France de années 1830 ainsi que certains personnages. Certainement l'un des drames romantiques les plus magnifiques du siècle( bon j'en fais certainement trop je vous l'accorde).
Mais un très beau classique.
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