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François Maspero (Traducteur)
EAN : 9782246489818
220 pages
Grasset (17/05/1995)
3.88/5   17 notes
Résumé :
Après bien des errances, le Gabier Maqroll el Gaviero a posé sac à terre dans l'île de Majorque pour y attendre la mort en compagnie des fantômes du passé, cette mort qui a donné rendez-vous à son vieil ami Sverre Jensen dans les brumes de Bergen... Auparavant, les récits de ce triptyque auront conduit le lecteur, une fois de plus, aux rivages du monde les plus imprévus : de Brighton à Carthagène des Indes, de Djakarta à Sète... J'ai longé des abîmes auprès desquels... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai embarqué avec curiosité dans ce triptyque de 1994 qui m'a emmené de Saint-Malo à Majorque via Carthagène des Indes, en Colombie. Je ne connaissais rien de Maqroll le Gabier mais j'en avais entendu parler en bien à travers les carnets de voyage de mes amis. Je me suis laissée guider par le hasard et les rencontres sans jamais regretter mon périple.

Dans « le rendez-vous de Bergen », je ne rencontre pas Maqroll lui-même mais plusieurs de ses compagnons d'errance qui l'ont bien connu. le narrateur d'abord qui après avoir fui la nourriture anglaise de Brighton, se retrouve malade et fauché dans un hôtel douteux à Saint Malo. Là bas il tombe sur Sverre Jansen un vieux compagnon norvégien désespéré qui l'entraine dans un café du port tenu par un couple généreux. C'est un voyage lugubre et désabusé au pays des ombres mais aussi une complainte à l'amitié qui nous sont proposés.

Dans « Relation véridique des rencontres et complicités entre Maqroll el Gaviero et le peintre Alejandro », je rencontre des artistes haut en couleurs dont Gabo, oui le compatriote et complice d'Alvaro Mutis, Gabriel Garcia Marquez en personne qui me raconte lui-même avec sa verve habituelle une nouvelle version de la propre mort par noyade du Gabier. Mais peut-on se fier à un artiste ?

Jamil : après plusieurs récits tous intéressants qui me font presque oublier la lettre inquiétante conduisant l'auteur et sa femme aux Baléares, je rencontre enfin Maqroll . Il est bien mal en point, le gabier, à terre au milieu de chantiers navals en ruine. Pourtant il a vécu un épisode tout à fait inattendu qui a illuminé son existence. Lina l'amie de feu son grand ami Abdul lui a confié Jamil leur enfant pour un temps. C'est un voyage clandestin au pays de l'enfance qui nous est proposé pour ce dernier épisode des Tribulations du Gabier.

Pour moi c'est un commencement.
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Février 1998
N°195
LE RENDEZ-VOUS DE BERGEN - Alvaro MUTIS - Editions GRASSET.


Décidément, depuis le temps que je le fréquente, par romans et traductions interposés, je l'aime bien ce Maqroll El Gaviero, "son absence de goût et de projets d'avenir" et sa prodigieuse aptitude à se mettre dans des situations inextricables qui tournent souvent au fiasco. Bourlingueur infatigable, mais toujours en perpétuelle errance, il me paraît être à la recherche des racines de son être.
A travers ce récit, et à l'occasion de ce rendez-vous donné par Sverre Jensen, un vieil ami, dans ce port de Norvège où celui-ci a décidé de mettre fin à ses jours Alvaro MUTIS se livre à l'exploration de l'âme de Maqroll et plus spécialement aux relations qu'un humain peut entretenir avec sa propre mort à venir. Nous ne sommes ici que de passage!
Malgré ses aventures rocambolesques, et pour le lecteur enchanteresses, relatées dans les romans précédents, j'ai toujours eu le sentiment que même s'il a bien souvent frôlé la mort, El Gaviero a toujours eu la volonté de faire prévaloir "les raisons de continuer à nager contre le courant». Je veux dire que même si son ami a choisi le suicide, la lecture des romans d'Alvaro MUTIS nous apprend que Maqroll a toujours lutté contre cette idée et ne s'est jamais laissé aller à son autodestruction! Pour Jensen les choses sont différentes et étonnamment simples: "J'avais accumulé quelque chose que je peux seulement définir comme la fatigue d'être vivant... Je ne supporte plus le bruit que font les vivants." C'est un peu l'occasion que chaque homme choisit de saisir pour régler ses comptes avec sa propre vie en ayant conscience de le faire librement mais avec la certitude que le destin existe et qu'on ne peut lui échapper. Ces choses-là, il est vrai s'expriment difficilement avec des mots!
Dans la deuxième relation, avec un humour au phrasé délicat, MUTIS renoue avec une habitude déjà prise par le passé (Le Dernier Visage- Éditions GRASSET- Présentation La Feuille Volante n°180 Janvier 1994) de faire se rencontrer Maqroll, personnage de roman et le peintre Alejandro Obregón. Mêlant fiction et réalité, il poursuit à sa manière l'analyse de l'âme tourmentée d'El Gaviero qui est peut-être l'image de la sienne propre? Cette rencontre, pour inattendue qu'elle soit est extraordinaire et le lecteur attentif se tient constamment sur cette frontière édifiée avec des mots qui sépare l'imaginaire du réel. L'auteur tient d'ailleurs à nous rappeler les choses :"Il n'y a qu'à nous qu'il arrive des histoires pareilles!" Il est vrai qu'entendre Maqroll parler, en français, des chats d'Istambul et de leur prescience, aux petites heures du matin à Carthagène devant un verre de rhum a quelque chose d'irréel!
Je ne sais par quel miracle une amitié sans faille naquit de cette rencontre et El Gaviero, en humaniste averti commença à s'intéresser à la peinture d'Obregón qu'il qualifia, Dieu sait pourquoi "d'angélique, mais d'ange du sixième jour de la création.". Il s'ensuivit une analyse de l'art pictural de son ami où la précision le dispute à la pertinence du propos. Cependant, ce qu'Obregón souhaite avant tout peindre c'est le vent, celui qui ne laisse aucune trace de son passage... Cela tient de la gageure!
El Gaviero, marin mythique ne peut mourir. Après nous avoir donné à penser qu'il ait pu aller "Ad Patres" dans un marigot perdu, nous le retrouvons, lors de la troisième nouvelle sur l'île de Majorque. C'est pourtant un homme tout différent que MUTIS nous donne à voir ici, un être blessé et tourmenté par la mort. Nous le savons, El Gaviero est fidèle en amitié. Elle lui fait traverser les océans sur des rafiots de fortune pour être présent auprès d'un ami qui l'a appelé sans que nous sachions très bien par quel miracle sa lettre a pu lui parvenir! Cette fidélité va bien au-delà de la mort puisqu'il respecte scrupuleusement à l'égard de ses amis disparus le "devoir de mémoire". Ici les circonstances l'amènent à prendre en charge le fils d'un ami décédé. Lui qui s'était promis de vivre sans attache voit dans ce coup du sort une manière de défi ou une épreuve supplémentaire imposée par son funeste destin. Bien sûr il l'accepte comme une sorte de paternité par procuration! C'est pour lui l'occasion de découvrir l'éveil d'un enfant à la vie, de s'attacher à ce petit être qui le lui rendra bien mais qu'il devra se résoudre à regarder partir parce que leur chemin finira par s'écarter. C'est à nouveau la mort qui est ici rappelée par l'évocation d'une séparation définitive.
C'est un Maqroll vieillissant qui nous est présenté à travers cet enfant qui pourrait bien être son petit-fils mais dont l'intrusion dans la vie de l'aventurier m'a fait penser au Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry. Évoquant les déchirements que parfois nous impose la vie, c'est le thème de la mort qui est ici récurent. Elle fait certes partie de notre condition humaine mais ceux qui restent en vie après le trépas d'un être cher ont une petite idée de ce que peut être l'enfer. Même si les paroles peuvent libérer la souffrance elles ne l'exorcisent pas tout à fait!
Tenant le lecteur en haleine jusqu'au bout MUTIS qui relate ici une de ses rencontres avec El Gaviero lui-même et se livre à une analyse pointue des replis de l'âme de Maqroll et des sentiments qui peuvent y naître.

C'est bien vrai que, comme le dit Bernard Clavel, "Mutis est un enchanteur!"

© Hervé GAUTIER
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
(...)ces instants de la vie où nous nous disons que le coin de la rue que nous n’avons jamais tourné, la femme que nous ne sommes jamais revenus chercher, le chemin que nous avons quitté pour en prendre un autre, le livre que nous n’avons jamais terminé, tout cela s’accumule pour finir par former une vie parallèle à la nôtre et qui, d’une certaine manière, nous appartient aussi. Eh bien, c’est une bonne partie de cette existence laissée de côté qui est remontée d’un coup, dès que j’ai eu Jamil près de moi. À ce moment-là, ce courant parallèle est venu se confondre avec celui de la vie réelle. Et quand, ensuite, il a repris son cours antérieur, il m’a laissé défait et désorienté.
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Tout ce que nous voyons cache toujours une partie, la laisse dans l’ombre. C’est là qu’il faut parvenir, pour éclairer, découvrir, déchiffrer. Rien ne doit rester secret. Je sais que je demande beaucoup. Mais il n’y a pas d’autre solution. La mer, per exemple, vous qui l’avez tant parcourue et qui la connaissez si bien : la mer est ce qu’il y a de plus important au monde. Il faut savoir la regarder, suivre ses changements d’humeurs, l’écouter, la sentir. Savez-vous pourquoi ? Pour une raison très simple que tous croient connaître mais dont je suis convaincu que nul n’arrive à la croire à fond : parce que c’est là qu’est née la vie, que c’est de là que nous sommes sortis, et qu’une part de nous-mêmes y demeurera toujours submergée parmi les algues dans la profondeur des ténèbres.
(Relation véridique des rencontres et complicités entre Maqroll el Gaviero et le peintre Alejandro Obregón)
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J'avais accumulé quelque chose que je peux seulement définir comme la fatigue d'être vivant, d’avoir constamment à choisir, d’entendre les gens autour de moi parler de choses qui ne les concernent pas réellement ou qu’ils ne connaissent pas vraiment. Mon vieux Maqroll, la sottise de nos semblables n’a pas de limites. Si ça n’avait pas l’air un peu absurde, je dirais que je m’en vais parce que je ne supporte plus le bruit que font les vivants.
(Rendez-vous de Bergen)
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J'avais accumulé quelque chose que je peux seulement définir comme la fatigue d'être vivant... Je ne supporte plus le bruit que font les vivants.
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