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EAN : 9782953487916
250 pages
Me Nabe (29/09/2011)
3.46/5   28 notes
Résumé :
Marc-Édouard Nabe fait de Dominique Strauss-Kahn le personnage principal et le narrateur de l'affaire du Sofitel de New-York. Le livre s'ouvre sur sur sa version vécue de l’agression sexuelle de Nafissatou Diallo le 14 mai 2011. Prenant les éléments connus par les médias, l'écrivain imagine la vie de DSK en prison, au tribunal puis dans sa résidence surveillée de Tribeca, en compagnie de sa femme, Anne Sinclair, la visite de leurs amis ainsi que leur escapade dans u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
- On saura jamais ce qui s'est passé derrière cette porte...

Cette phrase, on l'a entendue (on l'entend encore) partout : chez ceux qui voulaient savoir comme chez ceux qui ne voulaient pas. Là-dessus tout le monde paraissait d'accord. Normal que Marc-Édouard Nabe, en "anar individualiste", ne l'ait pas été et veuille nous le faire savoir.

Nabe est entré dans la chambre 2806 avec "l'Enculé", le héros de son roman. Rien ne lui a échappé de la fameuse "scène de ménage", ce mémorable 14 mai 2011. Il avait pris la meilleure place pour le spectacle : "embedded" (embarqué) dans la tête et les jambes (poilues) du (alors) Président du FMI, dans le reste aussi, surtout.

Près d'un an plus tard, Dominique Strauss-Kahn nous raconte ça, et tout ce qui a suivi. Nabe tient la plume. C'est irrésistible, drôle, féroce, irritant, intelligent, fin, grossier, vivant, cinématographique, méchant.

Après celle de la chambre du Sofitel, aucune porte ne résiste à Nabe. Pas plus celle de la cellule de Rikers Island que celle de la maison de TriBeCa. On a tous subi à la télé cet été le spectacle édifiant et récurrent des visites que recevait un couple d'otages à Manhattan. On a vu le livreur de pizzas se frayer un passage entre badauds, micros et cameras ; sonner, entrer, ressortir. Nabe, lui, était de l'autre côté de la porte, dans le salon, alors il connait le montant du pourboire qu'Anne Sinclair a filé au garçon : 15 dollars ! Je vous rassure il y a des choses beaucoup plus bêtes et méchantes sur la femme de l'Enculé, mais c'est toujours DSK qui raconte, hein...

Évidemment Nabe s'appuie sur des faits d'actualité largement (trop) médiatisés vécus par des personnages bien connus. On rit de les retrouver minutieusement restitués par sa plume déformante avec ce qu'il faut de décalages subtils pour que les décollages de l'inspiration de l'écrivain vers le fantasme et la fantaisie débridée nous emballent. Les Strauss-Kahn spectateurs d'un rodéo avec Elkabach en Stetson parce que " ça change vachement les idées ", normal ! Jean-François Derec canotant à Central Park, normal ! L'enlèvement de Martine Aubry par un biker, normal !

" J'aurais bien aimé perdre pour voir ce que ça fait. "

Au bout de quelques pages, il se passe un phénomène curieux : on découvre un DSK tel qu'on ne l'imaginait pas du tout (moi en tout cas). L'Enculé est un drôle de type qui se laisse mener par le bout... du nez par les femmes, surtout la sienne. Fier de ses conneries, pas malin-malin, presque naïf, un peu jaloux, un pauvre con. Jouisseur évidemment, et fier de l'être au point de vouloir être le seul, l'unique, le plus grand. Pour un peu on le plaindrait d'être si... animal. Presque humain. Plausible. Scène touchante dans la cellule de Rikers quand DSK lie amitié avec une gentille araignée souriante qui ressemble à celle d'Odilon Redon et qu'il baptise Internette, rapport à sa toile. Saviez-vous que DSK était fan de singes, très calé, particulièrement intéressé par le nasique, celui dont on croirait qu'il porte son pénis au milieu de la figure ! A la fouille, le maton a sorti du baise-en-ville du prisonnier, une photo de Cheeta, et des pilules de bromure ! Bon DSK peut-être pas, mais l'Enculé, si !

Et puis, ça c'est mon interprétation personnelle, il y a du Nabe dans cet Enculé (comme la couverture du livre le suggère). J'ai relevé par exemple leurs goûts communs pour : les chapeaux, Picasso, les putes, la virilité, la neige glacée, la préférence pour la clarinette jazz putôt que klezmer, Billie Holiday, et fixer les femmes dans les yeux.

In fine, une question demeure : la société est-elle coupable de ne pas être capable de condamner L'Enculé (le personnage, pas le livre) ?

Lien : http://tillybayardrichard.ty..
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L'Enculé
Marc-Édouard Nabe
Auto-édité

L'Enculé revisite l'affaire DSK. le récit à la première personne nous est raconté par Dominique Strauss-Kahn himself, avec un Nabe très en forme à peine caché dans les coulisses de cette sordide affaire.
On se doute que le Nabe 2011 tient toutes ses promesses et ce n'est pas avec ce nouvel opus qu'il va calmer les critiques sur son présumé antisémitisme.
C'est le Nabe polémiste qui prend le dessus. En se mettant dans la peau de DSK il nous livre sa version des faits, du coup de tonnerre du 14 mai 2011 (dans la chambre 2806 du Sofitel à New York) à son retour en France. Il décortique la stratégie du camp DSK tout comme celle du camp Diallo, les intrigues, les manipulations, la bataille de communication. le profane devient sacré pour la presse, on nage dans le sordide, dans le glauque. Bref la Justice n'est pas montrée sous son meilleur jour, elle n'a d'ailleurs de justice que son nom, car triomphent d'un côté comme de l'autre l'injustice et le mensonge. Que pouvait-on espérer d'autre de notre société ?
Nabe est un virtuose. Ces quelques 250 pages sont semblables à une partition de free-jazz ; un récit écrit avec une passion et une ardeur sexuelles qui nous conduisent au bord de l'orgasme. Au-delà de cette incroyable maitrise de la langue, de l'art de la narration, du rythme de la phrase, car tout comme Céline, c'est là qu'on reconnait la griffe de l'auteur, Nabe dénonce à travers DSK tout un système, celui des nantis, des puissants, des riches, des manipulateurs, des menteurs, des enculés.
L'humour nabien est certes particulier, concédons cela à ses détracteurs, mais par moments, il enfonce tellement le clou (pour parodier le titre d'un de ses livres) qu'on ne peut que se tordre de rire. L'auteur ne craint pas de tomber dans le registre du grotesque, au contraire il y fonce ; on oscille également entre ironie et sarcasme, car malgré tout cette affaire nous laisse un goût amer.
Dans L'Enculé on découvre un DSK antisémite qui écoute des chants nazis dès que sa femme, Anne Sinclair a le dos tourné ; un DSK simiophile, passionné par les singes nasiques, etc. La scène qui raconte le vol de sa chienne (un bouledogue baptisé Martine Aubry à cause de la ressemblance avec la vraie) par des Hell Angels sur une aire d'autoroute est particulièrement drôle.
Le récit de DSK, à la prison de Rikers Island dans sa tenue anti-suicide parlant à sa bite, rappelle l'univers toporien de Marquis (le film de Topor consacré au marquis de Sade). Entre ces quatre murs DSK est plus humain, plus touchant, il devient le compagnon de cellule d'une araignée tissant sa toile qu'il appelle Internette. Pendant la nuit il joue aux échecs, mentalement, avec son voisin de cellule. C'est un des plus beaux passages du roman, certainement le plus lyrique.
Tout le monde en prend pour son grade, du singe lubrique Strauss-Kahn à la Marie-Madeleine d'Anne Sinclair que Nabe dépeint comme une manipulatrice, une népotiste invétérée, une fanatique juive anti-goy obsédée par la mémoire de la Shoah.
Certes c'est sur la communauté juive que Nabe tire à boulets rouges, mais encore une fois, c'est contre un système qu'il se révolte, pas contre la judéité de ses personnages (on sait qu'il joue sur ce tableau par pure provocation), car rappelons-le DSK, Anne Sinclair et les autres sont des "personnages"; il s'agit bien d'un roman, ils ne sont que les caricatures d'eux-mêmes.
Nabe mêle aussi l'histoire à L Histoire, en anticipant la joute présidentielle (que nous ne raconterons pas...).
L'Enculé parle de notre époque. Quoi de mieux qu'un roman, c'est-à-dire une fiction pour raconter notre monde fallacieux fait de mensonges et d'"histoires". Nabe réécrit le mythe de la plus grande cocue de France et de celui qui « après avoir enculé le monde entier, [s'est] fait enculer aux yeux de ce même monde, entier. »
Si L'Enculé n'a pas la même ampleur que son précédent roman L'homme qui arrêta d'écrire (oeuvre majeure de Nabe) il n'en reste pas moins un livre que l'on recommande vivement. Quand on aime la Littérature, lire Nabe est salutaire!

http://faranzuequearreta.free.fr
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Parfois vraiment drôle, ce "Dans la peau de DSK l'obsédé" sombre dans la longueur et dans l'obsession aux relents nettement antisémites.

Publié à l'automne 2011, quasiment "à chaud" par rapport aux événements du Sofitel new-yorkais ayant entraîné la chute de DSK, ce nouveau roman du trublion Marc-Édouard Nabe provoque, comme souvent avec lui, rires et sourires incrédules. Oui, il y a une part de "performance", au sens art contemporain du terme, à se placer ainsi "dans la peau de DSK", en tout cas d' "un DSK", obsédé sexuel total et assumé, dans les semaines qui suivirent son interpellation...

Hélas, les provocations, les traits d'humour souvent bien vus et les blagues antisémites obsessionnelles fréquemment très lourdes, si elles donnent éventuellement de quoi s'amuser un peu pendant quelques dizaines de pages, créent un ennui vaguement nauséeux lorsqu'elles sont péniblement étirées sur 250... Et la ficelle consistant à brocarder les "people" en les utilisant à qui mieux mieux reste grosse.

La conclusion amusante et amusée, qui voit le "héros" battu à la présidentielle par un candidat surprise, si elle n'était pas à nouveau mâtinée de pénibles ratiocinations, créerait toutefois un ultime sourire.

"- Thanks. J'ai eu une idée diabolique. On va s'arranger pour que ce soit chez le procureur lui-même, Cyrus Vance Jr., qu'arrivent les éléments à charge contre la plaignante.
- Ça, c'est vicieux ! dis-je en plissant les yeux.
- de lui-même, il va admettre que par exemple elle a plusieurs portables alors qu'elle est prolo, ou alors qu'elle est mariée à un taulard enfermé pour drogue et à qui elle a téléphoné le lendemain de ton affaire pour lui dire qu'elle savait ce qu'elle faisait avec un gros pigeon blanc à plumer comme toi... S'il le faut, on fera traduire partiellement leur conversation en peul, je dis n'importe quoi, tout est possible... (...) Et comme Vance est un con de puritain grand seigneur protestant de mes couilles, il va se sentir obligé de lâcher le morceau lui-même aux médias ! (...)"
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Le livre commence le matin du 14 mai, dans la suite 2806, et s'étend sur tout le long du procès. A travers une plume acide et dégingandée, Nabe se met dans la peau d'un DSK, pour un livre au titre presque éponyme, « L'Enculé ». Autant prévenir, Nabe a définitivement le goût du mauvais goût, et qu'il en déplaise à certains, il est rare d'autant rire dans un roman, et je dis bien « rire » : au programme, quelques scènes déjà cultes, comme l'entretien de l'ex patron du FMI avec ses parties en garde à vue, une cocue magistrale, Anne Sinclair, qui hésite entre trois documentaires sur Buchenwald, et un bouledogue aux airs familiers, prénommé Martine Aubry... Mais attention, l'oeuvre n'a pas pour seule vocation d'être un pamphlet comique ; au-delà des situations satiriques et drolatiques, Nabe offre un réel décryptage politique et médiatique de l'événement, et parvient à insuffler à DSK, un sentiment d'empathie profonde... En effet, derrière ce personnage aux besoins disons, primaires, et passionné de nasiques, se cache un anti-héros aux faux airs naturalistes, grotesque et sulfureux.
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Un livre qui m'a bien fait rire parfois malgré un antisémitisme primaire à prendre au second degré ...
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critiques presse (1)
Bibliobs
11 octobre 2011
De tous les livres sur Dominique Strauss-Kahn, en voilà un qui risque de faire grincer quelques dents. […] Le livre, qui se présente comme un «roman» à la première personne, ressemble surtout au plaidoyer pro domo qu’il n’écrira jamais.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je suis un enculé : c'est souvent ceux qui enculent les autres qu'on traite d'enculés. Moi, je mérite bien ce nom, à bien des titres. Je vais raconter ici comment un enculeur s'est fait enculer. Et ce ne sera pas du roman, tout sera vrai, enfin selon moi. Après avoir enculé le monde entier, je me suis fait enculer aux yeux de ce même monde, entier.
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Je suis au chevet de ma bite. J'ai l'étrange sensation que c'est elle qui est en prison, et que moi je suis juste un proche venu la voir...
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