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EAN : 9782226447838
352 pages
Albin Michel (26/02/2020)
3.81/5   50 notes
Résumé :
En 1965, Sreelakshmi, écrivaine sulfureuse et primée, se suicide. Son amant Markose récupère l'os d'un de ses doigts qu'il enferme dans une armoire, empêchant le repos de son âme. Cinquante ans plus tard, une fillette trouve l'os et le fait circuler de main en main. Le fantôme de l'écrivaine est libéré et celle-ci découvre les histoires de plusieurs femmes qui, comme elle, bravent l'interdit.
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Auteur vilipendée en Inde pour avoir directement évoqué la sensualité féminine dans ses romans, Sreelakshmi se suicide en 1965. Quelque cinquante ans plus tard, la découverte fortuite d'un fragment de ses os, conservé comme une relique par son amant, réveille le fantôme de la jeune femme : au fur et à mesure que l'osselet passe de main en main, la disparue se retrouve à même d'observer et de commenter l'existence de plusieurs femmes dans l'Inde d'aujourd'hui.


En entrecroisant le destin de ces femmes séparées par un demi-siècle, le récit dessine peu à peu un motif qui se répète inlassablement au fil du temps : celui des drames de la condition féminine en Inde. Car, si la tentative d'émancipation de Sreelakshmi dans les années soixante peut paraître en avance sur son temps, force est de constater que les histoires des autres femmes et filles du roman jusqu'à nos jours ne sont que les multiples répliques d'un scenario quasi immuable. Discrimination à la naissance, difficulté d'accès à l'éducation et à la vie professionnelle, harcèlement et violences le plus souvent impunis continuent à marquer une société fortement attachée à des traditions et des conventions qui accordent aux hommes tout pouvoir sur les femmes.


Sur la base d'un parti-pris narratif parfaitement maîtrisé et au fil d'une narration fluide au style agréable qui sait tenir le lecteur en haleine tout en suscitant son émotion, Anita Nair dresse ainsi le triste constat d'une sorte de fatalité qui semble peser en Inde. Malgré tous les progrès de l'ère moderne, la condition féminine y demeure catastrophique. A l'instar des personnages de ce roman, quantité de femmes indiennes en paient le prix tous les jours.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Pourquoi Sreelakshmi s'est-elle suicidée? Chagrin d'amour, maladie, les rumeurs ont circulé mais nul n'a d'explication.
Auteure reconnue souvent vilipendée, universitaire et enseignante, Sreelakshmi affiche son célibat. Elle a 35 ans et être une femme libre, indépendante et l'afficher dans la société patriarcale du Kerala n'est pas chose aisée en 1965.
Est-ce si différent 50 ans plus tard?
Anita Nair évoque avec talent la condition féminine en Inde et dans le monde. Roman choral où tour à tour des voix de femmes ou celle d'une enfant s'élèvent pour dire qu'elles sont là, vivantes, qu'elles ont le droit au respect et à la considération de tous, que cesse enfin la discrimination , que l'accès à l'instruction soit paritaire, que harcèlement et violences faites aux femmes soient enfin proscrits.
Eternel combat du Nord au Sud, d'Est en Ouest servi par une plume de toute beauté , un roman nécessaire à toutes et à tous.

merci aux éditions De Borée pour ce partage.

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A.Nair représente la littérature féminine indienne depuis de nombreuses années, et ici encore elle donne à lire un bien joli roman . Toute l'histoire tourne autour d'un os, plus exactement un petit bout de phalange récupéré par un amant sur le bûcher funéraire d'une jeune femme suicidée,(on le sait dès la première page). Dit comme ça, s'est assez sinistre, mais en fait ce petit bout d'os devenu craie presque, va passer de main de femme en main de femme, comme on a une bricole dans la poche, sinon, qu'à chaque changement on apprend l'histoire de ces femmes, et toutes sont passionnantes.
S'y mêle bien sûr l'histoire première de la romancière suicidée, qui petite fille avait mangé une guêpe pensant manger une abeille et tout le miel de la ruche, mais c'est là l'art de l'auteur de nous faire "languir", son histoire avance doucement , entremêlée aux autres.
La condition féminine en Inde est bien décrite, en particulier dans le Kerala. S'y mêlent ,joie de vivre, modernité pas toujours facile, le poids des traditions.
Mon séjour à Bénarès(préféré à Vanarasi) n'est pas étranger à ce plaisir de lire des écrivains indiens, même après avoir lu le Mahabharata... mais c'est là une autre histoire.
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Le formidable Compartiment pour dames m'avait révélé l'écrivaine kéralaise Anita Nair. Connue pour défendre la cause des femmes dans un pays, l'Inde, qui ignore trop souvent leurs droits et les assujettit à une condition peu enviable, elle aborde dans la plupart de ses romans les thèmes qui lui tiennent à coeur : l'accès des femmes à l'éducation, les discriminations sociales, la pesanteur des traditions et le poids d'une société patriarcale.
La mangeuse de guêpes ne fait pas exception en traitant de ces questions. le roman chevauche deux périodes, les années soixante, à travers le personnage de Sreelakshmi, professeure de biologie, mais aussi écrivaine, dont le destin tragique télescope l'époque actuelle par le biais d'une phalange qui a échappé à la crémation et empêche sa propriétaire de trouver la paix en la condamnant à être un fantôme.
Le petit bout d'os à peine reconnaissable, en passant de main en main, provoque diverses réactions chez celles s'en saisissent.
Dix portraits de femmes se croisent au fil des pages, dix situations qui déclinent les obstacles et tourments qu'elles vivent. le tricotage des histoires exige un certain effort pour ne pas se perdre dans ce patchwork, coloré, vivant. Mais dans son ambition de tout embrasser, Anita Nair donne parfois l'impression de faire un catalogue au détriment d'un approfondissement de son propos.
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Rien de mieux que de terminer "La mangeuse de guêpes" le 8 mars puisque les femmes sont au coeur de ce roman. Ce nouveau livre d'Anita Nair est magnifique, tout en sensibilité et en originalité. Nous y découvrons l'histoire de plusieurs femmes et une petite fille, toutes avec leur histoire propre, leurs difficultés, leur tristesse et leurs soucis. À travers leur destin, l'auteure nous dessine plus généralement la condition des femmes en Inde.
La narration est très originale. En effet, nous découvrons à chaque fois l'histoire d'une nouvelle protagoniste quand cette dernière récupère la phalange d'une jeune auteure suicidée dans le passé. Le fantôme tourmenté et destiné à rester sur terre de l'écrivaine semble lire dans la vie de ces femmes et nous les partage. Nous en apprenons également un peu plus sur cette auteure et les raisons de son geste.
Tout comme "Compartiment pour dames" que j'avais adoré, Anita Nair ne se censure pas et parle de sujets graves, des problèmes de société et des injustices faites aux femmes. D'une plume agréable et touchante, elle choisit ses mots avec justesse et donne vie à des personnages authentiques pour lesquels nous ressentons de l'empathie. Certaines histoires m'ont bouleversée ! Ce magnifique roman est un gros coup de coeur !
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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
03 août 2020
Après l?étonnant Compartiment pour dames, l'auteure indienne Anita Nair signe un autre roman dont les personnages sont difficiles à oublier.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Durant ces années-là, Maya prit aussi conscience du cadeau fait au chromosome masculin. Les hommes ne s’encombrent pas des questions douloureuses. C’est le rôle des femmes. Regardez Pandore. Si elle était un homme, elle se contenterait de fourrer sa boîte d’un coup de pied sous le lit et d’aller faire un tour sur Facebook : loin des yeux, loin du cœur. Mais pas Pandore. Ni sa descendante, Maya. Elles ouvriraient la boîte et porteraient le fardeau de la culpabilité toute leur misérable vie, celle d’avoir enfanté du chagrin en ce bas monde.
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Un matin, j’étais aux abords de la ruche quand une abeille fonça sur moi en bourdonnant de colère. Lorsqu’elle fut tout près, j’ouvris grand la bouche. L’abeille y entra et je mordis dedans, mon corps tout entier prêt à recevoir le miel dont, j’en étais persuadée, elle était pleine.
Je n’avais jamais rien goûté d’aussi infect. J’en avalai un peu mais recrachai l’essentiel. Ma sœur aînée, qui était dans le jardin et m’avait vue faire, n’en croyait pas ses yeux. Elle appela ma mère en poussant les hauts cris. « Amma, vite ! Sreelakshmi a mangé une bête… ! »
Ma mère et mes sœurs firent cercle autour des restes de l’insecte. « Tu es folle ou quoi ? Pourquoi essayais-tu de manger une guêpe ?
– Je croyais que c’était une abeille à miel », expliquai-je entre deux gorgées d’eau. Elle me fit rincer la bouche au moins vingt fois.
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Je voyais bien que ma mère était au désespoir, persuadée que j'allais finir vieille fille - ce qui ne l'empêchait pas de continuer à m'envoyer des photographies de prétendants.
Il y en avait de toutes les tailles et corpulences; de tous les métiers et classes sociales. Mais chacun faisait partie de la classe des Nair et venait d'une famille respectable. Par conséquent, ils avaient la peau modérément claire, des cheveux noirs épais, une moustache en trait de crayon, et ils semblaient parfaitement capables d'endosser le rôle de mari et amant jusqu'à la fin de mes jours. Je n'avais qu'à dire oui et ils se mettraient en action. Je ne manquerais plus jamais de rien - sauf d'air dans les poumons.
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Urvashi sentit sa gorge se serrer. En cet instant, malgré l'embonpoint, les bras flasques, la peau marbrée et les cheveux clairsemés, ce couple était aussi radieux que de jeunes amants ne se quittant pas des yeux. Un amour tout frais, qui ne fait pas de distinction entre le désir du corps et celui de l'esprit. L'un se nourrit de l'autre avec une aisance naturelle et un appétit insatiable. Mais les années passant, l'intimité se délite, jusqu'à ce que la vie à deux laisse un arrière-goût de frustration qui imprègne tout, les mots comme les baisers.
Jusqu'à ce qu'on atteigne le stade où j'en suis maintenant, songea Urvashi, en s'efforçant de ne pas se laisser submerger par la sensation de perte irréconciliable qui la saisissait chaque fois qu'elle pensait à sa vie. Comment une mauvaise décision pouvait-elle en entraîner une autre, et faire ainsi boule de neige ? Quelle était la toute première, dans son cas ?
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Liliana m'avait fait découvrir trois choses qui semblaient gouverner le monde : Facebook, Twitter et Instagram. À mon sens, Facebook n'était rien de plus que le puits où l'on se tient au courant des dernières nouvelles du village, et Instagram le lieu de baignade où l'on se rend pour regarder et être regardé. Quant à Twitter, c'était le prolongement de l'échoppe de thé où l'on se retrouve pour débattre davantage que pour se restaurer. L'unique différence avec mon époque, c'est qu'hommes et femmes se baignaient ensemble à présent, et que les hommes étaient de corvée de puits pendant que les femmes allaient à l'échoppe de thé pour discuter politique et actualité mondiale.
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2:06 Compartiment pour dames, d'Anita Nair : https://www.babelio.com/livres/Nair-C...
2:38 Lisière, de Kapka Kassabova : https://www.babelio.com/livres/Kassab...
3:16 Touriste, de Julien Blanc-Gras : https://www.babelio.com/livres/Blanc-...
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