L'amitié ne s'explique pas. Elle ne supporte pas l'analyse. Elle conte. Elle se raconte. Elle ne se nomme pas. Rien ne la désigne. Avec elle, c'est toujours le coup de foudre et la jouissance n'intervient pas comme une sanction. L'amour ne serait que de l'amitié dévoyée, civilisée, morale. L'amitié est animale. Elle n'a honte de rien. Elle prend tout mais elle n'investit pas. Elle respecte le territoire de chacun. L'amitié est dure dans tous les sens du mot : "dure, rude, drue".
L'amitié ne supporte pas le dit : elle ne peut pas s'aligner sur ce que les autres disent d'elle. L'amour c'est ce que l'on croit recueillir. L'amitié c'est ce que l'on voit continuellement s'échapper. L'amoureux est sûr : il tombe, il tombe en amour again.
Le plus beau des romans est une lettre un texte que personne ne pourrait résumer et qui n'aurait de raison que pour moi-même.
Le plus beau des romans, et peut être le seul que j'écrirai, n'est qu'une lettre, celle-ci.
La lettre, c'est le roman à l'état naissant quand personne ni rien encore ne lui dicte d'être autre chose qu'un message pour l'autre, une autre, un autre. La lettre, c'est le tout début d'un couple qui ne sera jamais annoncé comme tel, hors du secret d'une lecture, et désigné ainsi par d'autres. Les autres. Celles et ceux-là qui veulent enfermer une rencontre dans une définition.