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EAN : 9782070246946
264 pages
Gallimard (27/09/1950)
5/5   1 notes
Résumé :
Dans ce récit d'une rare sincérité, Georges Navel (1904-1993) raconte sa vie. C'est celle d'un enfant d'ouvriers, né au début du siècle, et qui s'élève par ses propres forces, à travers maintes aventures, à la connaissance du monde, de la société et de soi-même. Son enfance, avant et pendant la guerre de 1914, ses apprentissages, ses vaines tentatives pour adhérer de toute son âme à un parti politique qui satisfasse ses aspirations, son non-conformisme, notamment en... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
25 octobre 2022

***Redécouverte épatante !

Deux grandes pensées pleines de gratitude, passée et présente ! L'une envers Michel Polac, qui m'a fait entendre pour la première fois le nom de ""NAVEL", sachant, comme chaque fois, transmettre admirablement ses enthousiasmes, dont celui pour "Travaux"....

La seconde pensée présente est adressée à Patrick Cloux, qui m'avait invitée ce 20 octobre 2022 à une de ses "signatures parisiennes" pour son "dernier-né": "Trois ruches bleues" (La Fosse aux ours, 2022).

Au gré d'échanges à bâtons rompus, Patrick C. a parlé avec une faconde jubilatoire de sa lecture de "Travaux", ainsi que de sa correspondance," Sable et Limon"... Il a d'autant plus développé que certains auditeurs présents ne connaissaient pas du tout, étaient toute ouïe !

Cela m'a transportée loin , en arrière, avec l'irrépressible envie de me replonger dans l'univers unique de cet écrivain-ouvrier, autodidacte, à la plume enchanteresse...

Aussitôt rentrée, je me suis précipitée sur mon exemplaire de "Parcours", pour le relire, ayant déjà relu et chroniqué "Travaux" sur Babelio...il n'y a pas si longtemps !

Comme dans "Travaux", Georges Navel narre son chemin, son enfance, sa jeunesse mouvementée, ses rencontres, ses frères militants, son entrée très jeune dans le monde du travail...car l'école n'était "euphorisante" pour lui qu'à la rentrée et l'hiver, après, , aux beaux-jours, il avait franchement mieux à faire !!

Plume engagée, poétique, bienveillante... En dépit des traumatismes de la guerre, des boulots pénibles...il y a de la vraie camaraderie ouvrière, le militantisme, les réunions avec les camarades, qui stimulent pour lire , apprendre et comprendre ! C'est l' Ecole qu'il s'est choisie !

Ce qui reste totalement admirable, c'est que Georges Navel, en dépit de la pénibilité de certains boulots, conserve intacte cette faculté d'étonnement, d'émerveillement, devant la Vie, simplement !

Il vit dans le "prosaïque" à tout crin,; et cependant , sa plume, son style sont bien loin de tout "réalisme" excessif... Il y a le mot, l'expression...singuliers, détonants, survenant, qui donnent une lumière toute particulière !

"Les grands froids commençaient. J'étais rentré de permission par une nuit de cristal féerique. La neige scintillait sur les arbres en dentelles. Elle couvrait les champs, la route, d'une mince couche craquante, d'un scintillement complice des étoiles clignotantes. La terre semblait s'être parée pour recevoir le père Noël accompagné d'une foule d'archanges. Des milliers d'usines tournaient pour la guerre, des millions d'hommes en uniforme attendaient dans cette nuit- là. "

Emportée à nouveau par l'univers de cet écrivain des plus singuliers, il me faut remettre la main sur "Sable et Limon", sa correspondance, que je n'ai toujours pas lue... Dans un même temps, j'ai réussi à dénicher à la Réserve centrale des Bibliothèques de la Ville de Paris, une publication du Temps qu'il fait: "Georges Navel ou la seconde vue", où je découvre justement un article de Patrick Cloux, datant d'environ 40 ans ! ainsi que des extraits de lettres de Jean Giono..., des analyses diverses de ses écrits par des auteurs connus et moins connus. Un complément fort intéressant !

"Je marchais d'un bon pas, le fond de la clairière m'attirait. Il me semblait toujours que plus on s'éloigne, mieux on comprend le fond des choses. La route baignait là-bas dans des vapeurs bleues.C'était là-bas que je voulais arriver, au bleu de la route, où peut-être je pourrais tout comprendre."

Un écrivain-poète-philosophe (à sa manière), un "grand bonhomme" à lire, découvrir ou relire... car on est bien au-delà des poncifs habituels de la "parole ouvrière" !
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Quand ma mère lavait, je jouais avec les scarabées bleus, les cocccinelles. Toutes les couleurs se tenaient en rapport avec le ciel, le terrestre s'accordait avec l'invisible, les croyances aux anges faisaient musique, par beau temps j'étais grisé. (...)
Je regardais les champs, le ciel vide des présences dont je l'ai peuplé. Ma mère mourrait, je la perdrais pour toujours. Elle avait des cheveux gris, ma joue touchait ses lunettes, je l'embrassais. Je retournais à mes coccinelles quand elle m'avait rassuré. J'aurais voulu devenir grand sans qu'elle vieillisse. (p.16)
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Tous ces grands jeunes hommes bien portants, heureux de vivre, que faisaient ils dans la vie ? Je ne savais pas de quoi vivent les gens qui ne travaillent pas en usine ? Plus intelligents, plus habiles, riches de naissance ? Comment la richesse se gagne ?
Un jour je comprendrais de quoi les gens vivent, je n'aurais plus besoin de la terrible usine.

( p.169)
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Le soir, quand s'éclairaient les lampes, le hall devenait beau.Pas grand bruit, ma machine ronflait un peu.J'entendais les sirènes des usines, les sifflets des trains, trains de passage, trains en attente interrogeant longuement, sirènes, sifflets semblaient se répondre, dialoguer pour la terre et pour les hommes sous la grande voûte d'infini, parler à la nuit avec des voix de détresse.Je me coulais dans la peau d'un voyageur lointain, d'une ombre sortant d'une usine, je voyais le fleuve, la ville en étendue avec ses lumières, la grande campagne endormie autour. (...)
Tout m'attendrissait, je me coulais dans les corps là- bas, dans toutes les mains des usines à l'heure du recueillement du soir.

( p.93)
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Les grands froids commençaient. J'étais rentré de permission par une nuit de cristal féerique. La neige scintillait sur les arbres en dentelles. Elle couvrait les champs, la route, d'une mince couche craquante, d'un scintillement complice des étoiles clignotantes. La terre semblait s'être parée pour recevoir le père Noël accompagné d'une foule d'archanges. Des milliers d'usines tournaient pour la guerre, des millions d'hommes en uniforme attendaient dans cette nuit- là.

( p.227)
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(...) Et toi, grand vagabond ?
Vagabond, c'était un terme de louange. Tous, nous avions lu Gorki, Panaït , London.J'étais pourtant moins aventureux que Carrendell et Ferrer qui, sans passeport s'étaient risqués en Italie pour voir les villes et les musées avec très peu d'argent en poche.A Gênes, arrêtés, un mois de prison et l'expulsion. Le tourisme ouvrier est peu encouragé. La curiosité, l'ardeur intellectuelle des gars de vingt ans reçoivent le nom de vagabondage. Pour les mêmes choses les noms changent. Vagabond l'homme qui voyage en gagnant sa vie, touriste le monsieur qui va où le mène sa curiosité avec les moyens d' un compte en banque.

( p.150)
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