La Symphonie de Paris et autres histoires

La « Symphonie de Paris et autres histoires » résonne comme une musique entêtante du temps qui passe pour des personnages qui, le regard mélancolique et le coeur lourd, tentent d'étouffer les rumeurs du passé ou les promesses trahies. Se heurtant tantôt au code des usages de l'époque tantôt à la triste réalité de leur condition, chacun des protagonistes de ces six histoires courtes vivote entre regrets ou désillusions.
Jeunesse perdue, tromperie, rêve évanoui, déchéance… avec toujours cette facilité à s'insinuer dans les tréfonds de l'âme, Irène Némirovsky dresse des portraits sans concession. On retrouve l'oeil impitoyable de l'auteur pour exploiter les ressorts de ces personnages, un esprit pénétrant qui projette les personnages dans des histoires dénuées de tout subterfuge, une plume lucide qui refuse l'amplitude des phrases.

Malgré la musicalité ancienne _ amours contrariées, prégnance des moeurs _ on se laisse séduire par ces nouvelles terriblement ancrées dans le début du XXe. Destinées à être portées à l'écran, ces histoires ont cependant pour certaines d'entre elles l'écriture trop aride et séquencée du script. Devaient-elles être toutes publiées ? Je n'en suis pas convaincue.

"La symphonie de Paris et autres histoires" est un recueil de six scenarii qu'a écrit Irène Nemirovsky entre 1931 et 1934 et qu'elle a adressés à la même époque à l'Association des auteurs de films à Paris ou à diverses publications littéraires de la même époque. Passionnée par l'avènement du cinéma parlant, Irène Nemirovsky se lança alors avec détermination dans l'écriture de scenarii qu'elle souhaitait voir adaptés à l'écran. Pour des raisons indéterminés, ceux-ci ne le seront jamais.
De facture certes un peu inégale, soit en raison de la manière dont le thème est abordé ou encore à cause de la longueur très variable des différents textes, ce recueil conserve cependant un vrai intérêt.
Le style quelque peu elliptique n'empêche pas l'intrigue de conserver une vraie cohérence et une agréable limpidité.
Les thèmes de la nostalgie, du temps et de l'amour qui passent, de l'adultère et de la séparation sont les thèmes récurrents des textes regroupés dans le livre.

Un recueil agréable à lire et qui contentera, je crois, tous les passionnés d'Irène Némirovsky dont je fais, depuis la lecture de "Suite Française" et "David Golder", très modestement partie.

Un recueil surprenant. Les textes étant des scénariis, l'écriture est comme hachée mais celle-ci est agréable.
En lisant les mots j'ai eu l'impression de regarder des diapositives sur grand écran retraçant des fragments de vie.
Une sorte de mélancolie s'installe au fil des pages, la nostalgie du temps qui passe, des choses inaccomplies, est présente dans chacun des textes.
Mention spéciale au texte "Ida" qui m'a le plus touché.

Une découverte originale.

Irène Némirovsky est une romancière dont je ne cesserai de parler. Je lui ai consacré mon premier billet, et je suis assidûment la réédition de ses textes courts.
Vient donc de paraître chez Denoël «La Symphonie de Paris et autres histoires». Depuis que «Suite française» a été redécouvert, l'engouement pour la romancière a permis des recherches qui sinon n'auraient pas eu lieu, ainsi celles menées à la Société des auteurs de films qui a conduit à la mise au jour de quatre scénarios de l'auteure. D'autres textes du recueil étaient déjà disponibles par ailleurs (notamment : «Ida» et «La comédie bourgeoise» en Folio2euros ou «Les fumées du vin» dans le recueil «Dimanche» au Livre de poche), mais leur réunion permet de saisir l'intérêt d'Irène Némirovsky pour le cinéma.
L'auteure cultive dans ces textes les thèmes classiques de son oeuvre : l'influence de l'enfance (malheureuse) sur la vie adulte, la nostalgie d'une époque ou d'une relation, le prix du succès. Les histoires d'Irène Némirovsky sont terribles et émouvantes. Les personnages pourraient parfois échapper à leur destin, mais ils sont orgueilleux («Ida») ou lâches («Le carnaval de Nice»), ce qui ne les empêche pas d'avoir, pour certains, des gestes d'une grande noblesse porteurs d'espoir («Noël», «La comédie bourgeoise»).
Irène Némirovsky avait la plume féroce et tendre à la fois...

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