AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Henri Michaux : Oeuvres complètes ... tome 1 sur 3

Raymond Bellour (Éditeur scientifique)Ysé Tran (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070114016
1584 pages
Gallimard (14/04/1998)
4.7/5   28 notes
Résumé :

Ce volume contient les oeuvres suivantes : Quelques renseignements sur cinquante-neuf années d'existence - Premiers écrits (1922-1926) - Qui je fus - Ecuador - Un Barbare en Asie - La Nuit remue - Plume, précédé de Lointain intérieur - Peintures - Arbres des Tropiques - Tu vas être père - L'Espace du dedans (Table) - Épreuves, exorcismes - Peintures et dessins - Critiques, hommages, conférences (1927-1946)... >Voir plus
Que lire après Oeuvres complètes, tome 1Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
À PROPOS DE LA RALENTIE

"La Ralentie" paraît dans son intégralité pour la première fois en 1937. le texte, qui a subi de multiples variations avant de se figer dans sa forme définitive, en 1938, met en jeu, dès l'origine, des éléments personnels à Michaux. Il est avéré que son séjour en Amérique du Sud, fin 1936, où il rencontre Susana Soca et Angelica Ocampo, ou que sa relation compliquée avec sa femme Marie-Louise Ferdrière, ont infléchi le texte.

Dans ce volume, conformément à l'édition Gallimard de 1963, "La Ralentie" se présente dans la deuxième section du recueil « Plume précédé de Lointain intérieur ». L'ensemble des textes du recueil fait poindre des voix multiples et de très nombreux personnages. Trois ans après « La nuit remue », qui était tourné vers des lieux, des états, ce recueil, se tourne à présent vers des voix.
C'est pour avoir touché cette ineffable oralité que "La Ralentie" a fait ainsi l'objet d'un grand nombre d'interprétations et d'enregistrements.
Autour des années 50, nombreuses étaient les expériences sur la voix radiophonique. Multiples étaient également les réflexions sur la manière de dire des poèmes à la radio, en particulier celle de s'éloigner du style déclamé qui était encore en vogue à l'époque. Michaux, qui n'était pas favorable à la lecture de ses poèmes par des comédiens, fut ainsi conquis par l'enregistrement de "La Ralentie" par Germaine Montero et Marcel van Thienen en 1953. (on peut écouter ce magnifique enregistrement via ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=BNKCmAAACSI).

« Je ne saurais trop vous conseiller, dit Michaux à ce propos, d'écouter l'extraordinaire composition de M. van Thienen qui, loin de chambouler tout, reste dans la traîne des vers (qui d'ailleurs n'en sont pas) et fait son sillon non pas dans les mots, mais dans le silence [...] Michaux, à cette occasion, parlait également de « textes étrangement ranimés, à croire qu'ils venaient d'être faits la veille ».

L'entrelacement des voix dans La Ralentie dissimule à peine les nombreuses références autobiographiques dont Michaux fait le jeu. Ces sources, qui se retrouvent également dans « Je vous écris d'un pays lointain » écrit au même moment, font apparaître des entités féminines parfaitement reconnaissables. Lorellou incarne sans ambiguïté sa femme, Marie-Louise Ferdrière (qui utilisait d'ailleurs pour elle-même le diminutif Lou). En atteste la transformation in extremis du prénom Marie-Lou en Lorellou, demandée par Michaux à son éditeur avant l'impression du texte. Quant à Juana, elle exprime Susanna Soca que Michaux rencontre lors de son voyage en Argentine en 1936, dont il tombe éperdument amoureux et de laquelle il fut aimé, tout comme elle représenterait Angelica Ocampo, cette autre femme lointaine, dont il se serait pris aussi de passion.

Ces références sont importantes à mentionner du fait qu'elles éclairent le trouble hors du commun qu'éprouva Michaux pendant la rédaction de "La Ralentie". En témoigne cette lettre adressée à sa grande amie Aline Mayrisch (appelée étrangement « Loup » elle aussi), où figurent ces quelques mots : « ... mais moi aussi je regarde la Ralentie avec vos yeux... Pire, avec de la haine... Je jure et, sur mon agenda je trouve mon serment répété, que je n'entrerai plus jamais dans un état pareil... / D'ailleurs pas besoin de me forcer, la peinture semble avoir libéré toutes mes forces et mes activités. »

Il est ainsi frappant que c'est à cette même époque que Michaux évoque pour la première fois la peinture de façon aussi éclatante, lui pressentant de rendre possible ce que les « mots-voix », selon lui, ne sauraient rendre qu'à travers d'insupportables souffrances.

(Les sources de ce commentaire sont dans le présent volume de la Pléiade, et dans « Dire la poésie », ouvrage collectif sous la direction de Jean-François Ruff, ed. Cécile Defaut, 2015, communication d'Anne-Christine Royère)
Commenter  J’apprécie          3312
Michaux (Henri) : La vie d'Henri Michaux (Namur, 24 mai 1899 – Paris, 19 octobre 1984), poète et peintre de génie d'origine belge, bascule lorsqu'il perd son épouse. La douleur de ce décès tragique ne cicatrisera jamais, et il portera le deuil jusqu'à sa propre mort. Mais c'est sans doute grâce à ce terrible événement que sa carrière bifurque vers des travaux de tous styles, emprunts de la véritable essence de l'âme tourmenté du veuf inconsolable. Mais déjà, avant cela, ses confrontations à l'Abîme étaient fréquentes et, depuis son enfance, on peut dire que Michaux aura avalé sa part de ténèbres.
Cet homme, qui deviendra un Maître dans ses domaines de prédilection, la poésie et la peinture, a connu une adolescence difficile, entre angoisse et dépressions. A cette époque, ses premiers travaux voient le jour, influencés sans aucun doute par ses plus jeunes années durant lesquelles il a connu les pensionnats et l'éducation à la dure des jésuites, mais surtout à la fréquentation des auteurs russes Léon Tolstoï et Fiodor Dostoïevski. Tout en faisant ses premiers pas dans la littérature, il s'orientera vers la médecine pour l'abandonner assez vite, prenant la mer entre 1920 et 1921. C'est peu de temps après, en découvrant Lautréamont, qu'il se décide à se lancer corps et âme dans la littérature.
Durant les Années Folles, il arrive à Paris, une ville dont il tombera éperdument amoureux. Dès lors, il n'aura de cesse de renier tout ce qui le rattache à son pays natal et se considérera parisien. Même si, par la suite, il voyagera dans le monde entier, la capitale française restera son berceau. Il sera d'ailleurs, avec la plus grande fierté, naturalisé français en 1955. Aussi rédigera-t-il ses "Carnets de Voyages", réel ou fictifs, qui feront partie intégrale de son oeuvre colossale, lancé par son éditeur et ami proche, Jacques-Olivier Fourcade. En plus de l'écriture, Henri Michaux commence à s'intéresser de plus en plus à l'art pictural dont il entamera des travaux, restés longtemps secrets.
C'est en 1948 que la vie de l'auteur prendra un tournant radical, suite au décès tragique de Marie-Louise Termet, son épouse, suite à d'atroces brûlures dues à un accident domestique. Michaux en rendra compte violemment avec l'écriture de "La Vie dans les Plis" (1949), l'un des textes les plus viscéraux qu'il aura écrit.
Suite à cet évènement, il se considèrera comme un mort en sursit et comme n'ayant plus rien à perdre, commencera les expériences littéraires sous l'influence des drogues, principalement la mescaline, le LSD et la psilocybine. Ces plongeons dans l'abîme des hallucinogènes commenceront tardivement, à l'âge de 55 ans, alors qu'il n'avait jamais touché auparavant aux produits stupéfiants, mis à part l'éther qu'il consomma plus jeune. Ces expériences psychédéliques renoueront Michaux et la médecine, principalement la psychiatrie, et donneront naissance à des travaux sous l'influence des drogues, avec l'assistance d'un médecin qui calculera les dosages avec précision. Il en ressortira des textes impressionnants, mélangés avec des dessins sur des carnets spécialement utilisés pour ce que l'auteur voulait comme des approches scientifiques des effets des substance et de la créativité littéraire et picturale pouvant en découler. Les toiles qu'il a laissé derrière lui sont autant de bijoux d'art atypique qui ne peuvent pas laisser indifférent. Notons certaines oeuvres picturales significatives :
Henri MICHAUX "Têtes"
Henri MICHAUX "Clown"
Henri MICHAUX "Paysages"
Henri MICHAUX "Prince de la Nuit"
Henri MICHAUX "Dragon"
Henri MICHAUX "Combats"
Henri MICHAUX "Couché"
Henri MICHAUX "Parcours"
Henri MICHAUX "Description d'un trouble"
Henri MICHAUX "Arrachements"
Henri MICHAUX "Composition"
Henri MICHAUX "Frottage"
Henri MICHAUX "Mouvements"
Henri MICHAUX "Repos ans le Malheur"


Vers la fin de sa vie, Henri Michaux vivait en reclus et était perçu comme un personnage public fuyant son lectorat et la presse. Il meurt seul à Paris, sa ville d'enracinement, le 19 octobre 1984
La bibliographie de l'auteur étant colossale – 63 ouvrages dont 6 posthumes – on retiendra surtout ses recueils de textes poétiques modernes dont voici une liste non-exhaustive :

MICHAUX Henri "Connaissance par les Gouffres"
MICHAUX Henri "La Vie dans les Plis"
MICHAUX Henri "Epreuves, Exorcismes"
MICHAUX Henri "L'Infini turbulent"
MICHAUX Henri "Poteaux d'Angles"
MICHAUX Henri "L'Espace du Dedans"
MICHAUX Henri "La Nuit remue"
MICHAUX Henri "Plume"
MICHAUX Henri "Ecuador"
MICHAUX Henri "Lointain Intérieur"
Henri MICHAUX "Misérables miracles"

Ghislain GILBERTI
"Dictionnaire de l'Académie Nada"
Commenter  J’apprécie          20
Premier tome des oeuvres complètes de Michaux (je n'ai que lui -le tome, pas Michaux) dans la Pléiade, celui-ci regroupe les oeuvres de jeunesse.
J'ai moins accroché que pour les livres que j'avais déjà lu auparavant, paradoxalement situées plutôt tard dans la bibliographie de Henri.
Bon, rien n'est mauvais ou détestable, c'est plutôt que sa recherche en littérature, stylistique est encore un peu plus balbutiante, moins sûres, moins aboutie surtout, plus expérimentale peut être, enfin je ne sais comment dire mais ça m'a paru très abscons, peut être trop ancré dans le moment, l'après guerre, le surréalisme, le dada, les choses comme ça, la nouveauté à tout prix, l'invention de mots à tout va, le jeu avec les sons, les mots, les formes, la taille, les sujets. Tout est un peu brouillon et mélangé à mon goût.

J'attendais beaucoup de Plume (de mémoire recommandé par Nicolas Bouvier et tant d'autre) et d'Ecuador. J'ai aimé le second mais pas à la folie, un peu déçu par le manque d'envergure, j'ai en revanche été déçu par Plume. Sans doute est-ce la faute de mes attentes, trop fortes ou précises, mais le ton m'a paru trop burlesque alors que je m'attendais à une chose très poétique.

Bon, donc, la recherche, le style est déroutant mais intéressant, voire passionnant, on sent une très intense réflexion sur la littérature, et chaque texte est sous tendu par une grande culture des "anciens", et c'est ce qui sauve le tout. Rien n'est hors-sol, esbrouffe ou tartarinade, même si tout ne m'a pas plu, loin s'en faut, jamais on ne peut se dire qu'il se fout de nous. A lire, donc, mais doucement, en prenant le temps, en laissant les textes et ses questions infuser.

J'ai adoré Un Barbare en Asie, parce que j'adore ce continent, le ton et l'ouverture d'esprit de Michaux, le style est bien plus conventionnel et la lecture plus facile !
Commenter  J’apprécie          60
Ces oeuvres prouvent à l'envi qu'Henri Michaux était un maître dans la manière de triturer les phrases, de disséquer les mots et de faire exploser chaque syllabe pour leur donner un sens/son nouveau.
Incomparable.
Commenter  J’apprécie          121
J'ai bien du mal à parler de Michaux, car j'ai toujours l'impression à sa lecture qu'il m'échappe et ne se laisse pas confiner, définir ou circonscrire dans un discours de lecteur. Même si, du premier au troisième volume de la Pléiade, on se sait confronté à la même personnalité créatrice et même si l'oreille apprend à reconnaître cet accent particulier, il y a autant de Michaux qu'il y a de textes et de livres de lui. Une chose en tous cas m'aide à avancer dans ce labyrinthe : le rire, l'ironie continuelle qui baignent ses poèmes, ses proses, ses textes. A la fois profond et drôle, Michaux a été mon compagnon. de lecture de tous les instants.
Commenter  J’apprécie          51

Citations et extraits (231) Voir plus Ajouter une citation
PLUME PRÉCÉDÉ DE LOINTAIN INTÉRIEUR

LA RALENTIE

Non, oui, non. Mais oui, je me plains. Même l'eau soupire en tombant.

Je balbutie, je lape la vase à présent. Tantôt l'esprit du mal, tantôt l'événement ... J'écoutais l'ascenseur. Tu te souviens, Lorellou, tu n'arrivais jamais à l'heure.

Forer, forer, étouffer, toujours la glacière-misère. Répit dans la cendre, à peine, à peine; à peine on se souvient.

Entrer dans le noir avec toi, comme c'était doux, Lorellou…

Ces hommes rient. Ils rient.
Ils s'agitent. Au fond ils ne dépassent pas un grand silence.
Ils disent "là". Ils sont toujours "ici".
Pas fagotés pour arriver.
Ils parlent de Dieu, mais c'est avec leurs feuilles.
Ils ont des plaintes. Mais c'est le vent.
Ils ont peur du désert.

… Dans la poche du froid et toujours la route aux pieds.

Plaisirs de l'Arragale, vous succombez ici. En vain tu te courbes, tu te courbes, son de l'olifant, on est plus bas, plus bas…

Dans le souterrain, les oiseaux volèrent après moi, mais je me retournai et dis : "Non. Ici, souterrain. Et la stupeur est son privilège."

Ainsi je m'avançai seule, d'un pas royal.

Autrefois, quand la Terre était solide, je dansais, j'avais confiance. A présent, comment serait-ce possible ? On détache un grain de sable et toute la plage s'effondre, tu sais bien.

Fatiguée on pèle du cerveau et on sait qu'on pèle, c'est le plus triste.

Quand le malheur tire son fil, comme il découd, comme il découd !

(Extrait/8, suite... p. 577-578)
Commenter  J’apprécie          132
PLUME PRÉCÉDÉ DE LOINTAIN INTÉRIEUR

LA RALENTIE

Des trains sous l'océan, quelle souffrance ! Allez, ce n'est plus être au lit, ça.
On est princesse ensuite, on l'a mérité.

Je vous le dis, je vous le dis, vraiment là où je suis, je connais aussi la vie. Je la connais. Le cerveau d'une plaie en sait des choses. Il vous voit aussi, allez, et vous juge tous, tant que vous êtes.

Oui, obscur, obscur, oui inquiétude. Sombre semeur. Quelle offrande ! Les repères s'enfuirent à tire-d'aile. Les repères s'enfuient à perte de vue, pour le délire, pour le flot.

Comme ils s'écartent, les continents, comme ils s'écartent pour nous laisser mourir ! Nos mains chantant l'agonie se desserrèrent, la défaite aux grandes voiles passa lentement.

Juana ! Juana ! Si je me souviens... Tu sais quand tu disais, tu sais, tu le sais pour nous deux, Juana ! Oh ! ce départ ! Mais pourquoi ? Pourquoi ? Vide ? Vide, vide, angoisse ; angoisse, comme un seul grand mât sur la mer.

Hier, hier encore; hier, il y a trois siècles ; hier, croquant ma naïve espérance; hier, sa voix de pitié rasant le désespoir, sa tête soudain rejetée en arrière, comme un hanneton renversé sur les élytres, dans un arbre qui subitement s'ébroue au vent du soir, ses petits bras d'anémone, aimant sans serrer, volonté comme l'eau tombe ...

Hier, tu n'avais qu'à étendre un doigt, Juana ; pour nous deux, pour tous deux, tu n'avais qu'à étendre un doigt.

(Extrait/10, suite et fin... p. 579-580)
Commenter  J’apprécie          124
PLUME PRÉCÉDÉ DE LOINTAIN INTÉRIEUR

LA RALENTIE

"Poursuivez le nuage, attrapez-le, mais attrapez-le donc", toute le ville paria, mais je ne pus l'attraper. Oh, je sais, j'aurais pu ... un dernier bond ... mais je n'avais plus le goût. Perdu l'hémisphère, on n'est plus soutenue, on n'a plus le cœur à sauter. On ne trouve plus les gens où ils se mettent. On dit : "Peut-être. Peut-être bien", on cherche seulement à ne pas froisser.

Écoute, je suis l'ombre d'une ombre qui s'est enlisée.

Dans tes doigts, un courant si léger, si rapide, où est-il maintenant... où coulaient des étincelles ? Les autres ont des mains comme de la terre, comme un enterrement.

Juana, je ne puis rester, je t'assure. J'ai une jambe de bois dans la tirelire à cause de toi. J'ai le cœur crayeux, les doigts morts à cause de toi.

Petit cœur en balustrade, il fallait me retenir plus tôt. Tu m'as perdu ma solitude. Tu m'as arraché le drap. Tu as mis en fleur mes cicatrices.

Elle a pris mon riz sur mes genoux. Elle a craché sur mes mains.

Mon lévrier a été mis dans un sac. On a pris la maison, entendez-vous, entendez-vous le bruit qu'elle fit, quand, à la faveur de l'obscurité, ils l'emportèrent, me laissant dans le champ comme une borne. Et je souffris grand froid.

Ils m'étendirent sur l'horizon. Ils ne me laissèrent plus me relever. Ah ! Quand on est pris dans l'engrenage du tigre ...

(Extrait/9, suite... p. 578-579)
Commenter  J’apprécie          90
PLUME PRÉCÉDÉ DE LOINTAIN INTÉRIEUR

LA RALENTIE

Et je me disais : «Sortirai-je? Sortirai-je? Ou bien ne sortirai-je jamais? jamais? » Les gémissements sont plus forts loin de la mer, comme quand le jeune homme qu'on aime s'éloigne d'un air pincé.

Il est d'une grande importance qu'une femme se couche tôt pour pleurer, sans quoi elle serait trop accablée.
A l'ombre d'un camion pouvoir manger tranquillement.
Je fais mon devoir, tu fais le tien, et d'attroupement nulle part.

Silence !Silence ! Même pas vider une pêche. On est prudente, prudente.

On ne va pas chez le riche. On ne va pas chez le savant. Prudente, lovée dans ses anneaux.

Les maisons sont des obstacles. Les déménageurs sont des obstacles. La fille de l'air est un obstacle.

Rejeter, bousculer, défendre son miel avec son sang, évincer, sacrifier, faire périr... Pet parmi les aromates renverse bien des quilles.

Oh, fatigue, effort de ce monde, fatigue universelle, inimitié !

Lorellou, Lorellou, j'ai peur... Par moments l'obscurité, par moments les bruissements.

Écoute. J'approche des rumeurs de la Mort.

Tu as éteint toutes mes lampes.

L'air est devenu tout vide, Lorellou.

(Extrait/6, suite... p. 576)
Commenter  J’apprécie          100
Qui je fus
IX. Poèmes

…ET ON FAIT DES ENFANTS


Un chien qu'on entretiendrait de l'immortalité de l'âme,
un peu, beaucoup, passionnément…
surtout très peu cette couleur est faite pour son nez.
Donnez à fumer, puis seulement à réfléchir
Mais toujours donnez, donnez,
la tête de l'écho est au fond,
je ne mets qu'un radis sur l'espoir,
et l'avenir sur ma haine,
L'épicier et l'outrance, l'aveugle et le miroir
tous et tout mêlés, la rumination avec les réflexes,
surtout le mystère, un massif avec des monts
et ses crêtes dans un encrier.
Hasard, autre histoire
promesse faite à la paralysie.
Comment vous aussi ?
Parbleu. Pas encore né que son père le battait
tenez plus près de nous, la veille de sa naissance
puis vient l'anecdote
puis, quelques dates, l'agrément
se laver avant la succion
aboyer quand c'est fini
rejeter la faute sur le penchant
le penchant sur l'origine
et l'origine sur les âges en allés,
on les connaît les mauvais pères
une clef, de l'ombre
des draps de lit froissés
et dans la famille un nouveau misérable
si c'est une fille, gagner sa croûte avec sa moelle
un garçon ? qu'il fasse comme les autres
le vol à la tire nourrit bien les bœufs.

p.113-114
Commenter  J’apprécie          90

Videos de Henri Michaux (48) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Henri Michaux
Sacha Guitry, Victor Hugo, Henri Michaux, Raymond Devos... Tous ces noms furent les auteurs de textes illustres, qu'André Dussollier convoque et ressuscite sur la scène des Bouffes parisiens depuis le 18 janvier. Rencontre avec cet acteur à trois césars et récompensé du Molière du comédien.
#theatre #cinema #andredussollier __________ Venez participer au Book club, on vous attend par ici https://www.instagram.com/bookclubculture_ Et sur les réseaux sociaux avec le hashtag #bookclubculture
Retrouvez votre rendez-vous littéraire quotidien https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrqL4fBA4¤££¤9Henri Michaux20¤££¤ ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/bienvenue-au-book-club-part-2
Suivez France Culture sur : Facebook : https://fr-fr.facebook.com/franceculture Twitter : https://twitter.com/franceculture Instagram : https://www.instagram.com/franceculture TikTok : https://www.tiktok.com/@franceculture Twitch : https://www.twitch.tv/franceculture
+ Lire la suite
autres livres classés : poésieVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (69) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11118 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..