“Je sens mon désir
se détacher de moi, cela n'aurait pas dû
mais c'est arrivé”
L'écrivain néerlandais
Cees Nooteboom (le patronyme en soi c'est déjà de la poésie, vous trouvez pas ?) nous plonge dans sa vision à la fois intranquille et apaisée de la nature sauvage des lieux et des êtres.
Nooteboom est certes un poète traduit, mais on peut supposer que l'écrivain valide le choix des mots, car il s'exprime dans un français remarquable.
L'Oeil du moine est un recueil inspiré des paysages et de l'atmosphère de l'île hollandaise Schiermonnikoog. Nos sentiments parfois aussi sont insulaires, qu'on souhaite avoir la paix tout simplement, éviter la foule, ou que nos rivages soient difficile d'accès ou bien encore que nous soyons cyclothymiques, comme le ciel d'une île. Les mouettes, les dunes, les marais, la lumière nocturne du phare qui balaye les prés salés. le second recueil fut composé en 2020, au temps d'un fameux virus qui confina le monde entier…
“Tout le monde n'a pas un phare dans sa vie
mais j'en ai un dans la mienne. Aujourd'hui dans l'autre île,
j'ai marché jusqu'au phare, pluie, mouette
qui crient.”
La poésie de l'écrivain hollandais est comme une fin en soi, l'impression qu'en quelques mots tout est dit, peut-être car ces deux recueils arrivent dans la maturité du poète, né en 1933. Elle se propose comme de prendre nos angoisses et de les substituer par quelque chose de sauvage, d'inapprivoisé et d'étrangement calme. Néanmoins, je concède rester un peu à quai n'osant ni ne sachant très bien comment recevoir cette traduction du monde intérieur, parfois trop statique, trop paisible, sans foudroiements, ni fulgurances ni artifices stylistiques, bref qui ne prend peut-être pas assez de risques avec les mots.
Qu'en pensez-vous ?