Barbe-Bleue /
Amélie Nothomb
Dans un quartier chic de Paris, Saturnine, jeune belge âgée de 25 ans, enseignante au Louvres, trouve enfin une location dans un luxueux hôtel particulier, curieusement pour une somme dérisoire. le problème c'est qu'il va falloir dans une certaine mesure vivre avec le propriétaire en colocation en quelque sorte, un mystérieux aristocrate espagnol âgé de 44 ans, tout au moins dans les cuisines.
Après la visite des lieux, Saturnine se voit prévenue par son cicérone qu'il ne faut en aucun cas entrer dans la chambre noire qui semble le lieu où Don Elemirio Nibal y Milcar, le propriétaire, développe ses photos. Il affirme avoir une dilection pour la photo et son Hasselblad ne le quitte jamais. Il souhaite également que Saturnine, qui accepte les conditions de la location, partage ses repas. Ce qu'elle accepte volontiers.
Au hasard de rencontres chez des amis Saturnine apprend que les huit précédentes colocataires ont été portées disparues sans laisser de trace. Une certaine ambiance de mystère plane au sein de l'appartement…
Peu à peu, Saturnine, entre deux flûtes de champagne arrosant les repas aux mets délicieux cuisinés par le maître de céans, devient la confidente de Don Elemirio et aimerait bien savoir ce qu'il est advenu des locataires disparues. Au risque de sa vie ! Avec habileté, elle va faire parler Don Elemirio…
Amélie Nothomb nous propose une réécriture du conte de
Charles Perrault en imaginant un
Barbe Bleue contemporain. Elle possède un art du dialogue remarquable et le lecteur est emporté dans une folle histoire dans une atmosphère tendue à l'extrême, avec seulement deux personnages engagés dans un duel à mort pour défendre chacun ses valeurs et ses idées. Les phrases brèves et cinglantes se succèdent dans un style limpide et efficace non dénué d'humour.
Qui la joute verbale entre deux intellectuels érudits verra -t-elle triompher ? En tout cas, il s'agit là d'un huis clos chargé de suspens qui se lit d'une traite pour passer un bon moment.
Extrait : "Le rôle de l'art est de compléter la nature, et le rôle de la nature et d'imiter l'art. La mort est la fonction que la nature a inventée dans le but d'imiter la photographie. Et les hommes ont inventé la photographie pour capter ce formidable arrêt sur image qu'est l'instant du trépas."