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3,47

sur 2368 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Revoici ma petite madeleine estivale. J'ai pris beaucoup de plaisir à déguster cette histoire, pétillante comme une flute de champagne.

Comme toujours, Amélie Nothomb nous met face à un conflit. Entre Saturnine, brillante jeune femme de 25 ans et son hôte Don Elemirio, noble espagnol âgé de 44 ans, c'est même un affrontement. Chaque soir, autour d'un repas, ils se livrent à des joutes oratoires savoureuses comme seuls les intellectuels en sont capables. L'écriture fluide d'Amélie rend ces dialogues d'une remarquable vivacité et les pages s'enchainent rapidement - trop rapidement, comme toujours.

Nous sommes loin du barbare sanguinaire et de la ravissante idiote de l'histoire initiale. Revisitant le conte de Perrault, Amélie Nothomb, usant d'un subtil mélange d'humour et de suspense, nous met en présence de deux intellectuels érudits cherchant à rallier l'autre à leur dessein. le huis clos dont nous sommes témoin rend l'atmosphère tendue dès le départ mais les échanges verbaux finement ciselés et plein d'esprit la détendront peu à peu. Et c'est là, tout le talent d'Amélie Nothomb. En quelques phrases bien senties, sans longues descriptions ni fioritures, elle a campé ses personnages et suscité l'intérêt du lecteur. Il ne reste plus qu'à l'attiser jusqu'au dénouement final.

Cette lecture est plus exigeante que celle de « Tuer le père ». Les références historiques, religieuses, culturelles… y sont nombreuses et les connaitre permet de savourer vraiment les joutes verbales des protagonistes. On peut toutefois y plonger avec bonheur malgré tout, à condition de laisser les a priori nothomien de côté, comme les sempiternels reproches que l'on fait à son style. Il n'est pourtant pas pire (loin de là) que celui d'Houllebecq ! Mais comme il semble de bon ton d'encenser ce dernier, il l'est aussi de dénigrer la première.

De toute façon, quoi qu'elle écrive ou quoi qu'elle fasse, elle ne fera jamais, je pense, l'unanimité. Laissons dire…
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C'était mon premier Nothomb et j'imaginais
« boire l'étiquette ».
Et, comme Saturnine l'héroïne, qui se régale des meilleures cuvées de champagne, je me suis délecté des mots enlevés où la curiosité sans cesse est piquée.
Phrases courtes, échanges toniques, réparties fines donnent de la chair à la légende.
Les joutes verbales lestes et spirituelles attisent le jeu de la séduction tout en duperie et, pendant que l'or en bulles coule à flot, se tissent les filets.

Don Elemirio, Espagnol, riche, très catholique, vit seul reclus dans son superbe hôtel particulier à Paris,
est Barbe Bleue. « le monde extérieur me choque par sa vulgarité et son ennui.»

Saturnine, jeune femme belge, effectue un remplacement d'enseignante à l'école du Louvre et recherche une collocation. Décontractée, directe. « Je suis une idiote dans le style d'aujourd'hui. » dit-elle.
Sûre d'elle et dotée d'une belle assurance, elle est prête à affronter ce matamore et jouer avec la mort.

Huit femmes ont bénéficié des largesses de Don Elemirio et du luxe pharaonique de la propriété.
C'est un excellent couturier : « Penser un habit pour un corps et une âme, le couper, l'assembler, c'est l'acte d'amour par excellence. » et un magnifique cuisinier :
« Goûtez-moi ce plat de mon invention : l'anguille sous roche. » Elles ont toutes disparues.

Par ce conte, Amélie Nothomb entraîne le lecteur dans les méandres de ses interrogations :
La religion, la gastronomie, la photographie, la séduction, le mal, la mort. C'est jouissif et décalé.
Truffé de phrases simples mais tellement justes,
« Voir les photos d'autrui est toujours une punition. » ou de sentiments que je partage, « Quand les gens reviennent de voyage, ils disent : « Nous avons fait les chutes du Niagara. » Voyez-vous, ces gens croient pour de vrai qu'ils ont fabriqué les chutes du Niagara. » J'adore.

Et puis, il y a la chambre noire, la pièce où l'on ne doit pas pénétrer, il vous en cuirait.
Saturnine court-elle à sa perte ? Ce jeu du chat et la souris la grise. L'or du Champagne aussi.

Je n'ai rien dévoilé, le trésor de ce livre réside dans le plaisir aux échanges, dans les dialogues gourmands:
« Maintenant que vous connaissez mes talents culinaires, voulez vous m'épouser ?
« C'est plus fort que vous, la bouffonnerie, n'est-ce-pas ?
« Je suis sérieux.
« Non, je ne vais pas vous épouser. On n'épouse pas pour un gâteau.
« le motif serait joli.
« de toute façon, moi, je n'épouse pas. Ni vous, ni personne…
« Vous me décevez profondément.
« Tant mieux.
« Hélas, la déception ne guérit pas de l'amour.
« Si je finissais votre Saint Honoré, cela vous guérirait-il de votre amour ?
« Non, cela l'aggraverait.
« Flûte, c'est ce que j'ai envie de faire. »

Et l'épilogue ardent et or…
« Une nuit dehors avec moi et un très grand Champagne, ça te dit ?»
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Saturnine n'en revient pas : c'est elle que Don Elemirio a choisi pour être sa colocataire, dans son luxueux immeuble particulier parisien. La jeune Belge apprend que 8 femmes l'ont précédée et ont disparu. Apparemment, elles ont ouvert la chambre noire interdite. Saturnine ne connaissait pas la réputation de son illustre colocataire qui se prétend l'homme le plus noble du monde. Elle découvre sa misanthropie et son étrange façon d'assouvir ses besoins charnels. « Les colocatrices n'espèrent pas qu'on les épouse. Elles habitent déjà avec vous. » (p. 28)

D'abord cynique, Don Elemirio tombe fou amoureux de Saturnine. Fasciné par l'or, il le voit s'incarner dans la jeune femme. Mais Saturnine se méfie : son hôte a-t-il tué ses 8 colocataires ? Que cache la chambre noire ? « Ce type se nourrit de l'angoisse des autres, et des femmes en particuliers. Je veux lui montrer qu'il ne m'impressionne pas. » (p. 61) Saturnine saura-t-elle résister au charme trouble de Don Elemirio ? Saura-t-elle le battre à son jeu désabusé ?

Pas vraiment emballée par Stupeur et tremblements, j'ai apprécié cette fable chromatique qui revisite le célèbre mythe littéraire. En partant du présupposé que la colocation est l'accomplissement idéal de l'amour, Amélie Nothomb pose un regard cynique sur les relations amoureuses et humaines en général. Bon, ce n'est pas le livre de l'année, mais il est plaisant, parfois très drôle et la fin est surprenante.
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Une banale annonce de colocation… Pas cher… Saturnine, une jeune prof d'origine belge exerçant à l'Ecole du Louvre se précipite. Elle est l'heureuse élue du demandeur Don Elemirio Nibal y Milcar, un grand d'Espagne, si l'on en croit ses propres révélations…L'appartement est somptueux et la jeune femme est invitée à partager le repas de son hôte qui tombe immédiatement amoureux d'elle. Elle est la neuvième colocataire du maître, et vu le titre de l'opus « Barbe bleue », on imagine sans peine le sort des huit précédentes…

Le décor est planté, qui n'est pas si important sauf par son coté sophistiqué et somptueux : on n'imagine mal, en effet, un esthète tel que Don Elemirio vivre dans un cul de basse fosse. le décor est planté, qui ne sert ici que de support à l'explosion de joutes verbales sur fond de bulles de champagne et de mets précieux. Les goûts…
… Et les couleurs : un festival de couleurs sur fond biblique qui se termine par la lumière quand la neuvième couleur vient s'ajouter aux huit autres…

Habituellement réservé quant à mon appréciation du travail d'Amélie Nothomb, je dois dire qu'ici je me suis bien amusé : des joutes verbales, parfois un peu absconses, mais non dénuées d'esthétique, un personnage de Don Elemirio attachant sur fond de luxe hispanique… Plaisant, malgré une fin un peu téléphonée…
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Saturnine est une jeune femme belge de vingt-cinq qui habite à Paris et enseigne à l'Ecole du Louvre. Elle mène une existence parfaite mais elle se doit, en attendant de trouver mieux de loger chez son amie Corinne qui lui offre l'hospitalité de bon coeur. C'es pour quoi elle n'en revient pas quant elle est choisie pour vivre dans un véritable palace pour la modique somme de cinq-cents euros par mois à l'unique condition de cohabiter avec le richissime don Elemirio Nibal y Milcar. Plutôt bel homme, cet espagnol de quarante-quatre ans est célibataire et cherche en effet une colocataire. Seule exigence donc, que celle-ci soit une femme !
Bien que la plupart des femmes qui se sont présentées à l'annonce savent que ce dernier est très certainement un criminel étant donné que ses huit colocataires précédentes ont disparu, Saturnine, elle, l'ignore mais pas pour longtemps...

Amélie Nothomb nous plonge une nouvelle fois dans une atmosphère glauque et intrigante car, bien que le lecteur devine plus ou moins ce qui se cache dans cette fameuse "chambre noire" dont il interdit l'accès à quiconque partage ses appartements, elle réussit néanmoins avec brio à nous faire douter, en même temps que l'héroïne elle-même, et à nous donner une explication que l'on était loin d'imaginer !
Un vrai régal, à découvrir !
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Avec un livre d'Amélie Nothomb on rencontre des personnages particuliers et celui-ci n'échappe pas à la règle avec Saturnine qui va être candidate pour une colocation.

En effet elle recherche un appartement à Paris afin de ne plus faire d'aller retour à Marne La Vallée, l'appartement proposé est très grand et le coût n'est que de 500 euros par mois ce qui est très suspect.

Un grand nombre de candidates vont être présentes mais c'est bien Saturnine qui va être choisie, elle est pourtant la seule à ne rien connaitre à ce mystérieux propriétaire qui semble faire disparaître les précédentes femmes avec qui il a habiter.

Il n'y a pourtant qu'une seule règle à respecter ne pas se rendre dans la chambre noire, nous avons le droit à des rencontres et dialogues assez improbables entre Saturnine et le propriétaire de l'appartement.

Une petit lecture agréable avec un style inimitable.
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Une première, pour moi, que de lire un roman de cette autrice. Elle m'a toujours parue trop excentrique pour ma PAL.
Une première que j'ai choisi de faire en Audio.
La lectrice a une voix très agréable et sait mettre en valeur les émotions des deux principaux personnages. La musique à chaque chapitre est, elle, plutôt pénible mais heureusement très courte.

Il y a pas mal de suspense dans cette visite contemporaine du conte de Barbe bleue. Je trouve déjà, l'idée très originale.
Les deux personnages de Saturnine et Don Elemirio ne manquent pas de caractère.
Le doute plane tout au long de l'histoire.
Mais l'histoire quelle est-elle ?

Saturnine se rend, suite à une annonce, dans un luxueux hôtel particulier pour tenter sa chance et obtenir la colocation. Elle attend avec de nombreuses autres femmes. Mais on lui annonce que toutes les femmes qui ont vécu, ici en colocation, ont disparu.
Saturnine n'a peur de rien. Lorsque le propriétaire des lieux lui annonce qu'il l'a choisie et que la seule condition à leur arrangement et qu'elle ne pénètre sous aucun prétexte dans sa chambre noire, elle accepte sans rechigner.
Son audace et son franc-parler vont séduire l'Espagnol qui a des goûts particuliers et une mentalité assez dérangeante.

Le doute plane tout au long du roman quant au devenir des anciennes colocataires. Enfuies, mortes ou est-ce un conte que l'Espagnol aime à faire croire puisqu'il se délecte de la peur qu'il inspire ?


Je ne pense pas que j'aurai lu ce roman et cette autrice si je ne l'avais pas testé en audio.
Je ne m'attendais pas à ce mélange entre thriller et imaginaire qui est plutôt plaisant.
Au final, je suis agréablement surprise par le style, le suspense, l'ambiance tendue, morbide ou drôle qu'a su mettre l'autrice mais je vais me laisser tenter par un autre de ses romans.
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Mon premier Amélie Nothomb (oui je sais ça fait tard pour commencer cette auteure mais j'ai tendance à prendre le temps avec les auteurs de best-seller car je suis toujours assez sceptique). Et puis là c'est un emprunt je ne prenais donc pas beaucoup de risques !
Et bien ! Une réécriture du célèbre conte de Perrault assez originale, dans un Paris moderne avec un Don hors du temps et la jeune Saturnine (dont la couleur est le jaune et du coup je l'ai associé à Saturnin le caneton et pas du tout à Saturne comme évoqué dans le livre ne cherchez pas), jeune femme franche et vindicative que j'ai beaucoup aimé suivre dans ce roman.
Le duo de personnages porte littéralement ce roman où il ne se passe, soyons francs, pas grand chose et pourtant c'est assez captivant.
La structure rejoint celle du conte traditionnel tout en lui faisant un joyeux pied de nez avec une fin tout à fait jouissive.
Une lecture pas si légère mais très distrayante qui pourra embarquer les amateurs de contes, de littérature contemporaine. Je ne saurais dire si les adeptes de l'auteur seront comblés, n'ayant pas de point de comparaison mais c'est une lecture agréable que je conseille si vous souhaitez découvrir un nouveau visage de Barbe bleue.
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Un portrait fort attrayant de notre extravagante Belge en première de couverture, un titre des plus évocateurs, une simple phrase en guise de résumé et me voilà déjà bien alléchée... Qu'a donc bien pu nous concocter encore la charismatique romancière ?

Aux aguets dès les premières lignes de l'ouvrage, je suis curieuse et impatiente de découvrir de quelle manière cette dernière va exploiter et revisiter l'effroyable conte populaire. Conquise très rapidement, je dévore littéralement les pages qui se composent essentiellement de dialogues savoureux entre Saturnine, jeune femme de 25 ans originaire de Belgique et professeur à l'École du Louvre, et Don Elemirio Nibal y Milcar, richissime aristocrate espagnol, âgé de 44 ans, vivant en autarcie depuis l'étrange décès de ses parents et prétendant être l'homme le plus noble du monde.
Choisie parmi une flopée de prétendantes au titre de colocataire qui brûlaient du désir de rencontrer l'homme qui défraie la chronique, suite à la mystérieuse et énigmatique disparition des huit femmes ayant auparavant partagé son fastueux appartement parisien, Saturnine transforme, en effet, la cuisine en un lieu d'affrontement où de la dégustation de mets fins et délicats surgissent de riches discussions nous octroyant la possibilité de définir la personnalité des deux personnages et notamment de cerner la complexité de celle de l'Hispanique. En ce point, en nous offrant un profil psychologique des protagonistes, Amélie innove et enrichit considérablement le conte de Charles Perrault.

Saturnine est une intellectuelle qui, bien qu'appréciant le luxe et ravie de bénéficier de conditions plus que confortables, n'est point dupe sur son hôte. Brillante et subtile, elle ne se laisse pas étourdir par les privilèges dont elle jouit, déjoue assez aisément les pièges tendus par l'hidalgo - elle ne semble guère empressée de pénétrer dans la chambre noire alors que celle-ci, tentation extrême, n'est même pas fermée à clé- et désarçonne fréquemment l'envoûtant quadragénaire.
Don Elemirio est issu d'une lignée de Grands d'Espagne contraints à l'exil en France suite à une insulte proférée par l'un d'entre eux à l'encontre de Franco. Ce nostalgique de l'Inquisition, dont il lit avec grand plaisir les greffes, croit à l'enfer et a recours au trafic d'indulgences pour racheter ses péchés. Dédaignant le monde extérieur qu'il trouve profondément ennuyeux et d'une vulgarité grandissime, l'aristocrate à l'ego surdimensionné vit en reclus mais ressent malgré tout le besoin d'une compagnie féminine car " seule l'extase amoureuse (l') arrache à la dépression ", d'où l'idée de la colocation. Artiste à ses heures, il crée dans différents domaines, cuisine, couture, photographie en mettant en oeuvre la passion qu'il éprouve pour les valeurs chromatiques et le culte qu'il voue à l'or.

Surprenante, la proposition que nous fait là Amélie Nothomb ! Surprenante mais convaincante en ce qui me concerne. L'atmosphère glauque et intrigante, parfois pétillante - " la version fluide de l'or " coule à flots -, parfois glaçante, de son adaptation du conte traditionnel se révèle captivante.

Une petite coupe de champagne pour en débattre ?
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Saturnine, jeune femme brillante et intelligente, cherche un appartement. Elle va trouver la colocation des ses rêves : une chambre dans un hotel particulier fastueux en plein Paris.
Seul hic, il est habité par un homme étrange, Don Elmerio, noble espagnol d'une quarantaine d'années et les 8 colocataires précédentes ont toutes disparu.
Les deux personnages s'affrontent chaque jour autour du dîner ! L'amour, la religion, la noblesse, les femmes, les hommes... les sujets sont variés, mais les joutes oratoires jouissives !
On sent qu'Amelie Nothomb s'est éclaté dans ses dialogues ! Sa folie douce s'exprime à merveille et on reste accroché jusqu'à la dernière ligne...
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