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Sabine Porte (Traducteur)Barry Moser (Illustrateur)
EAN : 9782742762866
89 pages
Actes Sud (24/08/2006)
3.39/5   115 notes
Résumé :
Pour une raison qui demeure obscure à Josie, sa mère a précipitamment abandonné le domicile conjugal et l'a emmenée vivre dans la maison de sa grand-tante. C'est là qu'elle fait la connaissance de Jared, un cousin nettement plus âgé qu'elle. Tout auréolé du prestige de ses études théologiques, sanglé dans d'impeccables chemises blanches amidonnées, distant et mystérieux, Jared exerce sur Josie la plus grande fascination. Par un capiteux après-midi d'été, elle le ren... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
3,39

sur 115 notes
Ransomville, État de New York.
La vieille maison des Burkhardt, cossue, comme toutes celles de Trinity Street, appelée "la maison du révérend" depuis plusieurs générations de pasteurs presbytériens, n'est plus habitée que par Ester Allan Burkhardt et son petit-fils adoré et vénéré, Jared Jr.
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L'acariâtre vieille dame a recueilli sa nièce Delia et sa petite-nièce Josie lorsque la mère de celle-ci a quitté son mari, sans en expliquer la raison à la fillette.
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Josie, 11 ans, se retrouvant très souvent seule dans l'immense bâtisse, descend souvent vers le marais en contrebas de la maison, au bord de la Cassadaga, rivière dont sa mère lui a vanté la beauté.
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En tant que parentes pauvres, Delia et Josie sont reléguées au second étage, dans deux pièces exiguës, la plupart du temps ignorées par Ester et son fils.
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C'est lors de l'une de ses excursions dans le marais que la gamine tombe sur son cousin, Jared Jr, 25 ans, étudiant dans un séminaire, se destinant à embrasser la carrière de ses aïeux.
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Je ne sais pas trop comment donner mon avis sur cette lecture dérangeante.
Appelons les choses par leur nom, le cousin est un pédophile et fait subir des atrocités à la petite Josie.
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La 4e parle de vertige des fantasmes et d'érotisme... je n'ai pas dû lire le même récit.
Du reste, la 4e de la version originale est bien plus représentative :
"A thirteen-year-old girl moves with her mother to her aunt's house, where she becomes involved in an affair with her aloof, twenty-five-year-old cousin, a seminary student, a liaison that leaves her victimized and confused."
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La plupart des choses ne sont que suggérées mais d'autres suffisamment décrites pour me choquer. Pourtant, il m'en faut beaucoup.
Après, c'est Joyce Carol Oates et j'adore sa plume.
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Encore un livre que je ne saurais conseiller ou déconseiller.
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Joyce Carol Oates ne fait jamais dans la demi-mesure. Soit son roman est un long et gros pavé qu'il est difficile de tenir dans une main (son poids équivaudrait une caisse de bière, unité de mesure certifiée et universelle du Bison), soit il est si succinct qu'il ne pèse pas plus qu'une cannette de bière à demi entamée (la cannette de bière est une sous-division de la caisse de bière dans l'unité de mesure décrite précédemment). « Premier amour – un conte gothique » fait partie de cette seconde catégorie de romans de l'écrivaine.

Plus qu'inquiétant, immoral ou onirique, ce livre est surtout dérangeant et ne peut laisser indifférent. Josie, une petite fille solitaire de 11-12 ans, face à Jared Jr., 25 ans, un séminariste ambigu. L'histoire d'une relation sexuelle d'une préadolescente avec un soi-disant homme de Dieu, voilà de quoi faire bondir toutes les âmes saintes qui furètent Babelio et/ou mon blog. Dieu m'a donné la foi et un membre vigoureux.

Un thème sulfureux. du sexe, une gamine, un séminariste. Voilà de quoi incommoder quelques bonnes âmes. Pas celle d'un bison qui aime bien cette odeur de souffre présente dans les grandes plaines – ou ici dans le marais. Et sans souffre difficile de craquer une allumette. Car, ce que j'ai ressenti avant tout, ce n'est pas le sexe entre les deux personnages, mais la fascination que ce séminariste aux chemises amidonnées d'une blancheur immaculée entraîne sur cette petite ouaille, brebis fragile et perdue au milieu de ce marais. Fascination qui se transforme même en dévouement totale et abandon de son corps pour des jeux pervers et masochistes.

Un livre l'un des plus érotiques qui soit ? Il parait, c'est le quatrième de couverture qui le revendiquait. Je demande à voir (ou à lire en l'occurrence). Je dirai plutôt un livre sur la fascination sexuelle d'une jeune fille qui (cette fascination extrême fausse peut-être son consentement) s'abandonne, se soumet aux désirs sadiques d'un très « respectable » homme, un séminariste. L'attraction magnétique du séminariste atteint son apogée lorsque ce dernier se sert de la petite agnelle égarée pour remplir son escarcelle d'autres « victimes ». Je vous avais prévenu ! Pas très morale, cette histoire..

[...]
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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« LE SERPENT NOIR. Tu te sens attirée ! »
Ce sont les premières phrases de ce 'conte gothique', ainsi que le désigne l'auteure.
Ça commençait mal pour moi : je n'aime pas les phrases courtes et l'usage de la seconde personne du singulier dans les fictions.
Les courtes phrases hachurent trop la lecture, la rendant fastidieuse, et je ne parviens pas à m'identifier à ce « tu » ou à le visualiser.

Heureusement, Josie reprend le récit à son compte après les quatre premières pages. Agée de onze ans, elle vient s'installer avec sa mère chez une tante de cette dernière, dans une bourgade de l'Etat de New-York.
On ne sait pas exactement ce qu'elles ont fui, même si l'on devine que la mère de Josie a voulu mettre de la distance avec le père de la fillette. Tante Esther, veuve du Révérend Jared Senior, les reçoit dans sa grande maison. L'accueil n'est cependant pas chaleureux. La présence du mystérieux Jared Junior, étudiant en théologie, et oncle de la fillette, n'arrange rien. Josie ne comprend pas ce qu'elle ressent - un mélange malsain de peur, d'admiration, de fascination, et de dégoût.

L'ambivalence des sentiments de la fillette explique le processus de sa soumission, et souligne la manipulation dont elle est victime. C'est ainsi qu'il convient selon moi d'interpréter le titre « premier amour », qui sonne a priori comme une provocation. Finalement le recours à la seconde personne du singulier dans quelques passages ne visait qu'à souligner la perte de maîtrise de Josie sur son environnement et ses comportements.

Ce récit est dérangeant mais c'est bien une dénonciation de la pédophilie qu'il convient d'y voir, je pense.
Je ne suis pas surpris de lire des avis très contrastés sur cet ouvrage.
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Josie a onze ans quand sa mère l'entraîne loin de son père. Elles s'installent chez la grand-tante de l'enfant. C'est là que Josie rencontre Jared, lointain cousin bien plus âgé qu'elle, qui étudie au séminaire et se destine à la prêtrise. Entre l'enfant et le jeune homme se noue une relation trouble et inquiétante. « Désormais chacun portera l'autre en lui comme un secret. » (p. 44) Josie ne dit rien à sa mère de ce que Jared lui fait endurer : par amour pour ce cousin si étrange, elle se tait et porte dans sa chair les traces d'une immonde affection.
Pour Josie, Jared est comme le serpent noir qui se faufile dans le marais derrière la maison, effrayant et fascinant. La fillette vit sous la menace insidieuse des représailles du jeune homme. Surtout ne pas lui déplaire, ne pas le trahir. « Équilibre précaire entre ce que Jared veut et ce que Jared ne veut pas. Tu vis dans la terreur de confondre l'un et l'autre, de provoquer son authentique colère. » (p. 64) de Josie ou de Jared, on ne sait qui est le plus perturbé, qui a le plus besoin de cette relation teintée d'horreur silencieuse. On sent en Jared une violence plus ou moins contenue : « Je n'ai pas fait ce qu'il était en mon pouvoir de faire. » (p. 67) Mais rien ne dit si Josie ne souhaite pas subir tout le pouvoir de son cousin.
Le sous-titre du roman est un conte gothique. Les sombres images qui illustrent le texte le justifient pleinement. Et il y a cette ambiance diffuse de terreur, cette angoisse permanente. Jamais l'enfant n'est en repos, toujours tendue vers un mystère étrange et odieux. le lecteur voit l'enfant pénétrer dans le marais, en dehors de toute surveillance ou amour maternel. La petite chose est en danger et personne ne la retient. La voix narrative qui s'adresse à l'enfant est à la fois la conscience de la fillette, mais aussi un avertissement venu d'ailleurs, une mise en garde aux allures malignes. « Il est bon d'avoir peur, il est normal d'avoir peur. La peur te sauvera la vie. » (p. 9) La peur peut aussi marquer pour toujours l'esprit encore fragile de l'enfant. Quelque chose dans le récit dit que Josie n'oubliera jamais. Et c'est bien le plus terrible.
Joyce Carol Oates propose un court texte très oppressant et troublant. le malaise s'épanouit dès les premières phrases : le lecteur assiste à la course désordonnée d'une enfant soumise aux yeux froids d'un prédateur pervers. Mais comme une souris prise au piège, il semble que Josie se délecte du danger et que sa course folle est un autre plaisir. Pour une fois, je suis ravie qu'un texte soit si bref, je n'en aurais pas supporté davantage. Mais je l'ai supporté avec un plaisir étrange, coupable, comme une autre fascination devant l'horreur et le danger.
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Etrange histoire que ce Premier amour qui porte mal son nom. Car en fait d'amour, il est plutôt question d'abus et d'emprise psychologique.
Jared Jr se révèle être un véritable bourreau et Josie, sa victime, éprouve pour lui une fascination peu compréhensible.
Ce récit est qualifié de "conte gothique". Il est vrai que l'ambiance générale de ce court roman est oppressante et inquiétante non seulement à cause du décor dans lequel se déroule le récit, mais aussi à cause des personnages, très spéciaux. On plaint Josie et, en même temps, son comportement et celui de sa mère nous répugne.
Etrange relation mère-fille que celle qui unit Josie et sa génitrice. Cette dernière ne semble se soucier de sa fille que pour lui asséner des vérités qui effrayent ou déstabilisent cet esprit jeune et impressionnable. On ne peut s'empêcher de penser que la mère a préparé le terrain pour Jared, a planté, dans l'esprit de sa fille, la graine qui allait, en germant, la transformer en victime consentante et en complice silencieuse et cruelle de son affreux cousin.

Du pur Joyce Carol Oates, magnifique et sombre à la fois.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Si tu pénétrais dans le marais, tu livrais ton corps. Tu n’étais plus toi-même, tu avais pour nom, toi, elle petite. Tu étais entourée d’imperceptibles bruits de succion. De grognements de crapauds. Pareils à des grognements d’homme – tu avais entendu des hommes grogner et ahaner, ahaner et grogner, il y avait longtemps de cela alors que tu n’étais pas censée écouter. Tu savais ce que c’était, déjà en ce temps-là : la pulpe animale cherchant à s’extraire de force de son carcan. Suintant, bouillonnant, jaillissant enfin.
C’est bien. Mais maintenant il faut te laver. Jared rinçait rapidement tes doigts poisseux dans la rivière, Jared aspergeait d’eau ton visage moite de sueur. Tu avais envie de dire Je t’aime, Jared, mais il t’attrapait par la nuque et te plongeait le visage dans l’eau qui te laissait dans la bouche un goût de métal amer. Jusqu’à ce que tu suffoques en battant l’air de tes bras pitoyables, comme une oie en pleine noyade…
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[...] Mère poursuivit : " Il n'y a pas de "là-bas", il n'y a qu' "ici". Tout comme il n'y as plus d' "avant", mais seulement "maintenant". Ce sont là les principes fondateurs de l'Amérique, et en notre qualité d'Américaines, ils doivent être aussi les nôtres. "
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Si tu pénétrais dans le marais, tu livrais ton corps. Tu n'étais plus toi-même, tu avais pour nom toi, elle, petite. Tu étais entourée d'imperceptibles bruits de succion. De grognements de crapauds. Pareils à des grognements d'homme - tu avais entendu des hommes grogner et ahaner, ahaner et grogner, il y a longtemps de cela, alors que tu n'étais pas censée écouter. Tu savais ce que c'était, déjà en ce temps-là : la pulpe animale cherchant à s'extraire de force de son carcan. Suintant, bouillonnant, jaillissant enfin.
C'est bien. Mais maintenant, il faut te laver. Jared rinçait rapidement tes doigts poisseux dans la rivière, Jared aspergeait d'eau ton visage moite de sueur. Tu avais envie de dire Je t'aime, Jared, mais il t'attrapait par la nuque et te plongeait le visage dans l'eau qui te laissait dans la bouche un goût de métal amer.
Jusqu'à ce que tu suffoques en battant l'air de tes bras pitoyables, comme une oie en pleine noyade, et qu'il te prenne en pitié. Oh, pour l'amour du ciel ! Personne ne va te tuer, pourquoi veux-tu que quiconque prenne cette peine? p.57
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Il n'est rien d'aussi tristement notoire que la mémoire humaine, Josie. Les cellules du cerveau sont formées à quatre-vingt-dix pour cent de solution saline - c'est un miracle que nous nous souvenions de quoi que ce soit. Les neurones ne cessent de se vider, les synapses cèdent comme des cordes pourries. Il semblerait que l'activité du cerveau consiste en décharges électriques qui frappent comme la foudre telle ou telle zone du cortex. Tu sais combien la foudre est singulière. Impossible de suivre sa trajectoire, de la prévoir. Un clignement de paupière et c'est tout juste si l'on ne s'attend pas que toute la mémoire humaine s'efface. Si l'on te dit "Ah oui, je m'en souviens", tu peux être sûre que c'est déjà une invention. L'instinct du mensonge est situé dans la même partie de la moelle que l'instinct de reproduction.
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Je répétais à Mère, j'ignore au juste pourquoi, "le serpent noir, le serpent noir, si beau, et ces yeux !" d'une petite voix blessée. "Mère , je crois que...j'ai peur" et Mère me regarda d'un air exaspéré, "Ne sois pas ridicule ; la peur n'est qu'un mot," et je balbutiai "...peur de...", et Mère m'interrompit, "La peur n'est qu'un mot, un peu d'air qu'on expire. Ne le prononce pas, pas même en pensée, et elle ne sera plus. "Peeeur"." Elle retroussait les lèvres avec ironie, se moquait de moi. Et elle avait raison de se moquer de moi en me voyant me mettre dans de tels états, me comporter comme une enfant non pas de mon âge mais bien plus jeune, délibérément puérile. Mais soudain, je fondis en larmes en martelant son lit de mes poings, les ressorts avachis grincèrent en signe de protestation et je martelai de plus belle, le bourrai de coups de pieds. Mère m'avait souvent reproché par le passé de me livrer aux simples fantômes sonores que sont les mots et voilà que je m'écriai, "Je te déteste ! A t'entendre, tout n'est que mot ! Tout n'est que son ! Je ne veux pas savoir..."peeeur", j'ai peur...voilà ce que j'ai."
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Vidéo de Joyce Carol Oates
Après seize ans de négociations, le réalisateur Stig Björkman a convaincu Joyce Carol Oates, 85 ans, de lui ouvrir les portes de son univers. Portrait sensible de l’immense romancière, inlassable exploratrice de la psyché noire de l'Amérique.
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Joyce Carol Oates (difficile si vous ne connaissez pas son oeuvre)

Un des nombreux romans de Joyce Carol Oates est consacré à Marilyn Monroe. Quel en est le titre ?

Corps
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La désaxée
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