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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lu en 2017. C'était ma première lecture de l'auteure.
Si le sujet peut-être dérangeant à plus d'un titre (sado-masochisme, la grande différence d'âge entre les protagonistes, la sourde violence), j'avais découvert une plume intimiste et poétique, à la fois grave, ciselée, sensuelle et émouvante.
L'ambivalence des sentiments, une particulière résonance, à la limite du dégoût et de la fascination. La relation mère-fille, l'oppression, la soumission, l'obsession, l'abandon, le deuil, le traumatisme, la délivrance : quelle est la part d'inconscient, de désir, d'exutoire, de destruction, de "rémission", à travers ce jeu dangereux qu'est celui de l'exaltation du plaisir dans la souffrance ?!...
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Ogawa s'aventure encore dans un univers très étrange : des rapports sexuels entre un vieillard et une toute jeune fille, troublants car fortement sado-masochistes. L'art du shibari (bondage) y est soigneusement décrit et mis en scène, le désir d'humilier pour l'un et d'être humiliée pour l'autre nous plongent dans un mélange de répulsion et de fascination. Un roman assez dérangeant. Pour ma part, ma préférence va pour l'instant au Musée Du silence, que je trouve encore plus évocateur.
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Je voulais découvrir cette autrice, dont les romans m'inspirent beaucoup, par un texte assez ancien (2000) et pouvoir petit à petit lire des plus récents. Sortira prochainement "Petits boites" que je compte bien me procurer.

Le style est lent, nous accompagnons mari, jeune fille de 17 ans travaillant à la réception du petit hôtel balnéaire de sa mère. Un soir un esclandre éclate entre une prostituée et son client. Mari se sent chamboulée parle voix du sexagénaire. le rencontrant par hasard en ville quelques temps plus tard, elle sera charmée par sa vieillesse, sa peau flasque et sa retenue. Apprenant à se connaitre en secret, il déambuleront lors de rendez-vous épisodiques, Mari devant esquiver sa mère et la femme de ménage.

Un tournant sera effectué quand il l'invitera dans une île, chez lui, et deviendra son maître, la dominant lors de séances de ligotage en tout genre, de soumission acceptée par Mari, qui trouve dans sa voix forte et cette honte d'elle-même une jouissance explosive.

Ce roman ne fait pas état de scènes scabreuses, tout est évoqué mais mesuré. Ce sont les sensations De Mari qui priment, ses états d'âme, sa recherche d'un plaisir particulier. La dualité, entre son comportement de petite fille rangée devant sa mère et celui avili avec cette personne âgée, est très intéressante et marque tout l'ambiguïté de leurs liens avec 50 ans d'écart. Ce dernier devient touchant hors du cadre de leurs séances, apprêté auprès De Mari, presque 'amoureux'. Elle s'interroge de cette envie qu'elle a de le retrouver très vite tout le temps.

J'ai aimé passer un moment avec eux, ce thème est traité avec beaucoup de bienveillance, sans jugement, avec douceur.

Enjoy!
Lien : https://saginlibrio.over-blo..
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C'est un roman à l'odeur de poisson cru, celle de l'usine sur laquelle donnent la plupart des chambres de l'hôtel Iris, celle des milliers de poissons morts échoués sur la plage - pas très feel good. Mais sans doute y a-t-il aussi une certaine dose de masochisme en chacun de nous, et l'ambiance à la fois délicate et délétère, le style parfois très cru et détaillé dans les scènes sado-maso et sinon sobre, fin, élégant, ont quelque chose d'étonnant, de séduisant.
La vie de l'héroïne, Mari, est assez pourrie. Elle a dû quitter l'école et à 17 ans elle trime depuis deux ans comme une malade dans l'hôtel familial, avec sa mère qui selon elle ne se soucie que d'argent et ne l'aime pas beaucoup, et c'est à ça que se résume sa vie, sans amis ni petit ami.
Jusqu'à ce qu'elle suive un vieil homme à la mauvaise réputation et qui s'avère être expert en SM, ce qui est fort apprécié par Mari.: «Lorsqu'on me brutalise, lorsque je ne suis plus qu'un bloc de chair, naît enfin au fond de moi une onde de pur plaisir.» En dehors de leurs rendez-vous, il lui écrit de belles lettres d'amour qu'elle attend avec fébrilité et qui donnent à ses mornes journées un moment précieux lorsqu'elle se cache pour les lire.
Il n'y a pas de doute, même si c'est très loin d'être du pur amour, même si la lecture de leur histoire n'est pas exempte d'un certain malaise, ils s'aiment, leur relation est la seule source de joie dans la vie de la jeune femme comme dans celle du vieil homme, et il y a un contraste troublant entre ce point de vue et celui du monde extérieur qui fait De Mari une pauvre victime d'un sale pervers. Un roman dérangeant, qui a entre autre mérite de nous rappeler que le désir est bien plus complexe que ce que la bien-pensance en dit.
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Par sa concision, par ses ambiances froides, fantastiques voire surréalistes, par sa lente et inéluctable progression dramatique "L'annulaire" m'avait englué entre fascination et effroi.

Si, dans un premier temps, l'atmosphère de l'Hôtel Iris s'avère plus terre à terre, on renoue rapidement avec un personnage féminin timoré, ici spectateur résigné et passif de la liaison insolite et masochiste qu'elle entretient avec un vieillard.

Le thème de la soumission, récurrent chez l'auteure, sous-tend le récit bien au-delà de la relation sadomasochiste vécue par la jeune femme.
L'apathie et la docilité dont elle fait preuve face à l'engrenage sordide dans lequel elle est entrainée ne doit rien à une sorte d'inclination sexuelle particulière ni au charisme de son amant, elles sont la traduction d'une acceptation fataliste de sa propre destiné.

Pour finir et sans trop dévoiler, Yoko Ogawa m'a surpris par la mansuétude relative avec laquelle elle clôt son récit.
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A dix-sept ans, Mari tient la réception de l'hôtel Iris, l'établissement un peu miteux appartenant à sa mère, une femme autoritaire qui la brime. Dans cette station balnéaire japonaise, les distractions sont rares pour Mari, occupée à l'hôtel du matin au soir.
Une nuit, le silence est brisé par une terrible dispute. Une prostituée échevelée et nue fuit la chambre 202 en accusant son occupant des pires perversions. Tandis qu'elle hurle, l'homme la fait taire en quelques mots, d'une voix calme et ferme. Et Mari est immédiatement envoûtée par cette voix qui l'apaise. L'homme est âgé, sa réputation sulfureuse, mais la jeune fille ne peut s'empêcher de le suivre lorsqu'elle le retrouve par hasard en ville. Commence alors entre la réceptionniste et celui qui se présente comme un traducteur du russe, une relation, d'abord épistolaire, qui finit par devenir physique. Mari invente tous les prétextes pour rejoindre le traducteur sur son île et se soumettre à sa volonté de fer. Timide et respectueux en public, le vieil homme devient un maître du bondage et du sado-masochisme dans le secret de sa cabane.


Etrange plongée dans l'écriture fascinante et dérangeante de Yôko Ogawa. Poésie et délicatesse y tutoient violence et cruauté. le malaise que l'on ressent à la lecture de ce roman vient bien sûr du sujet, la relation sado masochiste entre une jeune fille et un vieillard. Mais elle se ressent aussi dans l'ambivalence des personnages. Ce vieux monsieur solitaire, poli, au look désuet, peut se monter d'une extrême prévenance mais aussi d'une extrême violence. Sujet à des crises, il souffle le chaud et le froid. Mais rien ne semble déstabiliser sa jeune partenaire, mélange de naïveté et de perversion. Mari est amoureuse, attachée dans tous les sens du terme et ne vit que pour obéir à son amant et tenter de le satisfaire du mieux qu'elle peut. Les sévices et les humiliations n'ont aucune prise sur ses sentiments qu'elle juge normaux et naturels. Pourtant une telle relation est vouée à s'achever dans le drame. C'est par le biais d'une troisième personne qu'il adviendra. La mère ? Non, elle semble trop égocentrique pour se rendre compte des changements intervenus chez sa fille. La femme de ménage de l'hôtel ? Elle sait que Mari est amoureuse mais ne peut la dénoncer à sa mère car la jeune fille connait aussi l'un de ses secrets. Non, le déséquilibre viendra du neveu du traducteur, un jeune homme muet car privé de sa langue pour lequel son oncle déploie des trésors d'ingéniosité en cuisine. Cet être étrange qui ne communique que par écrit va faire basculer la relation entre les amants…
Un roman qui dérange, qui flirte avec le malsain mais sans jamais tomber dans le glauque. Ogawa reste toujours sur la ligne de crête, les descriptions sont suggestives, sensuelles, érotiques sans être pornographiques. Malgré la violence, la cruauté n'est peut-être pas dans les gestes mais dans le jeu des sentiments subtilement pervers qui s'établit entre ces personnages ambigus dans leur banalité opposée à la violence de leur passion. Comme toujours avec cette auteure, la lecture n'est pas un long fleuve tranquille mais une suite de surprises qui piquent la curiosité, qui grattent les certitudes, qui distillent le malaise. Une grande auteure.
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Un roman déroutant que ce livre-là !

Pris par hasard dans les rayons d'une bibliothèque amicale, parce que le quatrième de couverture promettait juste ce qu'il fallait comme résonance attirante, je me suis donc attaché à en parcourir les premières pages, avec une envie d'exotisme et d'indolence.

Indolence, tu parles ! Si le chapitre initial pose gentiment le cadre d'un hôtel miteux dans une station balnéaire du sud-Japon, l'héroïne, une adolescente encore mineure et exploitée par sa mère, nous fait vite déchanter pour aller nouer une relation de soumission sexuelle avec un vieillard intrigant qui l'initiera au bondage et à la domination. Elle ne finira par ne plus vivre que pour ces moments passés avec son maître, prenant tous les risques jusqu'à entraîner leur chute. Par chance pour elle, elle sortira indemne de cette aventure, contrairement à son partenaire à qui l'affaire coûtera beaucoup.

Le livre est particulièrement bien écrit, à moins qu'il n'ait été bien traduit, ce qui n'est jamais facile à déterminer concernant une langue aussi exigeante que le français. Les situations y sont décrites avec finesse, sans jamais tomber dans le scabreux ou la facilité. On finit le roman un peu déconcerté, avec la mine de celui qui est allé trouver quelque chose qu'il ne cherchait pas forcément. Pour autant, voilà une lecture intéressante, surprenante qui nous laisse le sentiment de ne pas avoir perdu son temps.
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Étrange, impudent, qui m'a mise mal à l'aise parfois mais très bien écrit et beau. Ce livre pourrait être malsain si ce n'était qu'il est d'une grande délicatesse, d'une poésie et d'une timidité effarouchantes.
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Un roman bien barré
C'est un roman très dérangeant mais parfaitement maîtrisé.
Mari, la narratrice, a dix-sept ans. Elle est réceptionniste à l'hôtel Iris, un établissement miteux situé dans une ville balnéaire. Elle vit avec une mère dépourvue de tendresse, acariâtre, pingre, vulgaire. Sa vie bascule quand un soir, une prostituée sort de la chambre 202 en insultant son client, l'accusant d'être un sale pervers, un vieux salaud. Un vieil homme élégant et distingué sort alors à sa suite en disant " Tais-toi, putain ". La mère le chasse mais Mari, fascinée par son sang-froid, sa majesté et sa conviction décide de le retrouver.
L'histoire parfaitement immorale est racontée dans un style sobre, épuré, sans affect. La narratrice décrit sa passion masochiste sans la remettre en cause, comme si elle était banale. Le vieil homme lui plaît et c'est tout. Ils se voient sur une île et Mari nous rend complices des stratagèmes utilisés pour tromper la vigilance de sa mère et de la femme de ménage, personnages détestés. Elle décrit donc minutieusement les humiliations que le vieux lui a fait subir en y mêlant des réminiscences de moments tendres vécus avec son père des années auparavant. Celui-ci est mort, violemment. Le vieil homme est lui-même un personnage double, tantôt paternel, tendre, affable, maladroit, tantôt effrayant, violent, sadique, morbide.
Est-ce la réalité ? Est-ce un cauchemar ? L'histoire baigne dans une atmosphère de torpeur estivale propice à la fantasmagorie. Des poissons morts par centaines vont venir s'échouer sur la plage, raccourcissant la saison touristique. Les lieux sont eux-mêmes irréels. L'hôtel Iris comme un îlot de vulgarité et l'îlot du vieux pervers, à l'écart des conventions. Au milieu de tout ça un neveu aphasique qui a subi une ablation de la langue...
Une lecture dérangeante, des interrogations, des énigmes, une écriture reconnaissable. De la littérature.
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Ayant déjà plusieurs livres de cette auteure, l'hôtel iris m'a fortement déroutée... on est loin de l'ambiance assez platonique des autres romans dans lesquels les personnages se côtoient poliment et s'apprivoisent peu à peu. Ici au contraire, on découvre une relation sado-maso entre une jeune fille de 17 ans, sous l'emprise d'une mère tyrannique et d'un vieux de 70 ans colérique et violent. Difficile de ne pas être dérangé par ce roman en 2020 dans l'ère de #metoo et de l'affaire Matzneff...

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