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sur 2325 notes
En Estonie, en 1992, au moment où le pays accède à l'indépendance. Une vieille femme, Aliide Truu, vit seule dans une ferme isolée. Elle est persécutée par des jeunes gens du village qui viennent jeter des pierres contre ses fenêtres la nuit. Un matin elle trouve dans sa cour une jeune femme mal en point. C'est Zara. Zara est en fuite, elle a échoué chez Aliide qui la recueille. Zara n'est pas là par hasard, ce qu'elle cache à Aliide. Et Aliide aussi a beaucoup de choses à cacher. Derrière les non-dits la vieille se reconnait dans les réactions de la jeune et décide de la protéger contre ceux qu'elle fuit.

Cet excellent roman met l'accent sur deux moments de l'histoire de l'Estonie : la fin des années 40 quand le pays passe sous la domination soviétique et le début des années 90 quand il retrouve son indépendance. A travers l'histoire d'Aliide Truu Sofi Oksanen montre les ravages du stalinisme : les purges délirantes où on accuse le voisin de tout et n'importe quoi dans l'espoir de détourner l'attention de soi-même; les jalousies familiales qui se renforcent de la possibilité de nuire; les vies bâties sur des mensonges.

La sortie du totalitarisme n'est pas une époque facile non plus. Les cadres de la société s'effondrent laissant les mafias prospérer. Les haines étouffées par des années de terreur peuvent enfin s'exprimer. Dans ces périodes où la loi du plus fort l'emporte les femmes sont souvent victimes. Aliide reconnait en Zara les réaction de quelqu'un qui s'est trouvé comme elle confronté à la violence brute. Elle comprend aussi que l'occasion lui est enfin donnée de racheter ses fautes passées.

J'ai beaucoup aimé Purge pour son histoire poignante et parce qu'il m'a permis de découvrir l'histoire de l'Estonie (il y a une rapide chronologie à la fin) que je ne connaissais pas.
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Ayant fait partie du jury du prix Fnac de la rentrée littéraire 2010, il me semblait logique de lire le roman qui a gagné ce prix.

Et bien je n'ai pas été déçue par cet ouvrage que j'ai quasiment lu d'une traite : une atmosphère pesante et mystérieuse nous accompagne tout au long du cheminement que l'on fait dans le passé de ces deux femmes au fil du récit et nous donne envie d'en connaître la suite. On entre de plain-pied dans l'histoire de l'Estonie sous occupation soviétique, et l'on prend conscience des conséquences possibles de cette occupation sur les femmes. On oscille sans arrêt entre passé lointain et passé proche, histoire personnelle et histoire d'une famille, d'un peuple entier, jusqu'à découvrir ce qu'il en est de l'apparition de Zara devant la porte d'Aliide et ce qu'implique cette apparition en révélations troublantes pour Aliide...

J'ai vraiment trouvé cette lecture passionnante, autant grâce à la présence de ces deux femmes (surtout la richesse de leur développement psychologique) que grâce au contexte historique ici retranscrit, qui semble particulièrement réaliste et qui de ce fait nous donne l'impression de revivre cette époque trouble des pays baltes et de mieux la cerner.

Ce roman mérite en tout cas les prix qui lui ont été attribués depuis sa publication !
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Un tour de force.
D'une succession d'huis clos jaillissent les noires décennies de plusieurs peuples : estonien bien sûr, mais aussi russe, ukrainien, allemand. La destinée du monde slave des années 40 à 90 est rendue juste à travers quelques vies, condensées dans le cadre d'une ferme isolée, proche de Tallinn.
Oui, tour de force de concentrer en un livre à la fois toute l'ignominie de systèmes politiques déviants et toute la saloperie dont sont capables les individus. Cupidité, jalousie, couardise, violence... quelque chose comme les sept péchés capitaux, mais qui tous découlent du vice premier : l'idéologie.
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Sofi OKSANEN. Purge.

C'est sur les conseils d'une amie babelionaute que j'ai pris ce roman sur l'étagère de la médiathèque, après avoir lu « Quand les colombes disparurent ». Je ne peux que remercier cette lectrice.

Aliide Truu est restée au pays, dans son village natal, dans la ferme familiale. La campagne est quasi désertique, suite à l'exode de la population locale et au retrait des forces russes, occupantes de cet état. Nous sommes en 1992, l'Union soviétique s'effondre et l'Estonie revit. Elle fête le départ des envahisseurs. Aliide veille sur ses biens et a peur. Elle craint les pillages. Un matin, elle découvre une jeune fille, Zara, en grande détresse, terrée dans son jardin. Malgré son appréhension, elle offre l'hospitalité à cette jeune femme. Elles vont vivre, s'apprivoiser. Zara fuit. Qui est donc à ses trousses ? Elle est originaire de Vladivostok. C'est bien loin de Tallin. Que fait-elle dans cette région, si éloignée de sa ville natale ? Comment est-elle parvenue à cette ferme isolée, coupée du monde ? Comment connaît-elle le nom de la propriétaire de cette demeure ? Quels secrets cache-t-elle à sa bienfaitrice ?

Ces deux êtres nous entraînent dans les arcanes du pouvoir russe, des guerres intestines de pouvoir, de domination, de résistance face à l'ennemi, une fois allemand, une fois russe et plus récent, la mafia. Les exactions commises par les russes, le stalinisme, la mafia, ne font pas dans la dentelle. Les exactions, Les sévices se soldent par des déportations, des morts, des disparitions, des exils, des règlements de comptes. La délation n'est pas exempte, elle est même encouragée par le parti. Chacun surveille son voisin et rapporte les faits et gestes des uns et des autres. Même notre héroïne, la vieille Aliide va trahir les siens par amour. La jalousie la conduit à dénoncer sa propre soeur au parti communiste…. Et Zara qui guette au quotidien la voiture noire et ses occupants, qu'a-t-elle donc fait ? Petit à petit nous découvrons le passé de l'une et de l'autre. Ils sont imbriqués l'un dans l'autre. Quelle est donc leur relation, leur origine, les liens communs qui les unissent ?

La souffrance de tout un peuple est exprimée dans ce noir récit. C'est le reflet de ce qu'ont vécu ces nations, envahies , pillées, assujetties à tour de rôle par les forces occupantes. Nous ne pouvons que compatir à ces diverses exactions, subies essentiellement par les femmes. Et aujourd'hui un état poursuit l'oeuvre de ces bourreaux. Cela ne cessera donc jamais ! Il faut marquer son territoire, quelque soit le prix à payer pour la population locale et les effets collatéraux. Ces dictateurs n'en ont rien à faire. Il leur faut exprimer leur force à tout prix. Et nul ne peut arrêter leur mégalomanie !. Dommage ? Nous ne faisons, tous, qu'un bref passage sur la terre. Il faudrait être plus humble et vivre en HARMONIE, en PAIX, tous ENSEMBLE. UN VOeU PIEUX.

Je recommande, à mon tour, la lecture de ce roman, fondé sur des faits réels, historiques. Je remercie Sofi pour sa narration. Je trouve très judicieux de joindre des cartes géopolitiques, situant les divers lieux. J'apprécie également la chronologie, en fin de volume qui retrace les diverses étapes de l'Estonie. ( 16/06/2022).

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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"Les bleus, on les cache, et on se tait. C'est ce qu'on a toujours fait."

***

Écrivaine et dramaturge finlandaise au style incisif, Sofi Oksanen signe avec Purge un roman "coup de poing "dont on ne ressort pas indemne. 

Revisitant l'histoire tragique de l'Estonie déchirée entre mainmise germano-soviétique et lutte pour l'indépendance,  elle lève le voile sur les tabous  de l'occupation, de la résistance mais aussi de la collaboration. 

Victimes de la guerre et son cortège d'atrocités, victimes de la violence des hommes, victimes de leurs propres choix, ses personnages complexes se débattent avec les fantômes et traumatismes du passé.

 
*

Été 1992,  l'effondrement du bloc soviétique et de l'URSS marquent une ère nouvelle pour le pays qui fête le retrait des troupes ennemies. 

Loin de la liesse populaire, Aliide  Truu, une vieille dame usée par les tribulations de l'existence, vit en recluse au fin fond de la campagne estonienne.

Méfiante,  redoutant pillages et visites impromptues, elle hésite un moment avant de porter secours à Zara qui gît dans sa cour, manifestement en grande détresse. 

Terrorisée, épuisée, blessée, la jeune femme prétend avoir fui les coups de son mari, lequel est désormais à sa poursuite. 

Où commence la vérité et où s'arrête le mensonge? Sa présence ici n'est-elle que fruit du hasard ? Un lien existerait-il entre elles ? Quel est cet écho qu'Aliide semble trouver dans le  profond désarroi émanant de sa protégée?

"La terreur de la fille était tellement vive qu'Aliide la ressentit soudain en elle-même. Bon sang, comment son corps se souvenait-il de cette sensation, et s'en souvenait si bien qu'il était prêt à la partager dès qu'il l'apercevait dans les yeux d'une inconnue? "

*

Entrecroisant lieux et époques différentes, Sofi Oksanen insuffle un rythme soutenu à son récit qui sous tension permanente nous éclabousse de noirceur à chaque page encore davantage. 

La distillation lente et minutieuse des éléments de l'intrigue entretient un suspense redoutable. Flash-back après flash-back, dialogue après dialogue, se recompose le puzzle d'une tragédie familiale déchirante mêlant amour, jalousie, trahison et turpitudes de l'Histoire.

*

Sombre et dérangeant, percutant et captivant, Purge interpelle, dénonce,  bouscule, ébranle fortement.

Partagée voire tiraillée entre malaise et volonté d'en découvrir les aboutissants, cette lecture m'a été éprouvante.  Arriver à sa fin fut, je dois bien l'avouer, un plaisir teinté de soulagement. 

De par sa maîtrise et son pouvoir d'évocation, un livre qui résonnera en moi longtemps…
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Tribulations d'une estonienne Alïide, entre 1935 et 1992. Elle supporte le joug stalinien et ses violences et vit la décomposition de l'URSS ainsi que la nouvelle indépendance de l'Estonie. Survie d'une femme, compromissions de chacun, ou qui est qui et pour quelles raisons ? En tout cas, elle assure et protégera jusqu'au bout sa visiteuse, un peu d'elle même. Magnifique, pas de pathos, dur et sans concession, écrit par une plume avec un style. Merci au traducteur Sébastien Cagnoli. L'Autrice raffle les prix avec raison. A lire +++
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Dans une écriture singulière et rugueuse, l'Autrice aborde les violences inouïes qui peuvent être faites aux femmes. Elle met en parallèle la violence vécue dans leur intimité et celle infligée à un pays, en l'occurrence l'Estonie. Elle décrit également les luttes et les stratégies pour survivre malgré la peur. Ceci nous rappelle la réalité tristement universelle et toujours d'actualité de vies broyées par la folie de l'exploitation, des dictatures, des guerres. Ceci nous rappelle aussi le combat, au profond de leur intimité, que mènent ceux et celles qui les affrontent pour s'en libérer.
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Je termine ce livre avec un sentiment mitigé non pas tant par sa teneur mais par la façon dont les événements ont été narrés !

Il démarre en avec l'effondrement du bloc de l'Est et mène à la restauration de la République d'Estonie. C'est un roman très sombre qui raconte une famille sous l'occupation allemande puis sous le joug soviétique et la résistance estonienne, les héros d'un jour devenant les traitres le lendemain !

Exactions, magouilles, corruption, déportations, dénonciations, trahisons et mensonges... Les femmes sont plus souvent que les autres les victimes désignées des atrocités !

Tout ça je m'y attendais car je connais un peu l'Histoire des ex-pays de l'URSS et ce ne sont pas les retours en arrière qui m'ont gênée mais la rédaction proprement dite, du moins l'absence de rédaction qui a fini par me donner l'impression de lire un catalogue d'atrocités avec une grande difficulté à avoir de l'empathie pour les personnages !

J'ai failli abandonner mais j'ai tenu bon afin de voir où pouvaient mener ces mots et ces courtes phrases ! Au final : nulle part !

Challenge Plumes Féminines 2022
Pioche dans ma PAL mars 2022
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Purge est l'un de ces romans que l'on approche avec prudence. Primé, la critique donne envie, on sait qu'on lira un ouvrage bien écrit, fort. Mais qui fera mal. Qui dira des choses qu'on a pas envie de lire, pas toujours. Pas encore. J'ai donc beaucoup procrastiné avant de l'emprunter et de m'y plonger.

Le titre d'abord qui fait penser à un génocide. Situé dans la guerre. Ah.. on sait de quoi il s'agit. Mais non. C'est plus complexe. Plus original aussi. On ne revit pas l'histoire habituelle, on vit les personnes.

Deux portraits de femmes qui se toisent, se découvrent. L'une, la jeune, sait qui est l'autre mais ne le lui dit pas. L'autre, la plus vieille, nous est inconnue et se révèle au fil du roman, se métamorphose en être complexe, certainement facile à détester, tellement plus difficile à comprendre. Deux femmes qui ont traversé le pire, qui se sont endurcies, qui se sont mises au ban de la société révélées par une écriture belle, certes mais crue, très crue, qui n'épargne pas le lecteur. C'est trop tard. On est embarqué, la curiosité est piquée. Y a-t-il de l'espoir dans tant de noirceur?

Sofi Oksanen rend même l'odeur palpable, cette odeur de sueur d'un mari méprisé. Certains détails dégoutent, révulsent mais rendent les choses tellement plus réalistes. On édulcore pas. On nomme. On vit. On sent.

Impossible de sortir de cette lecture intact. Impossible de rester indifférent sinon en fermant le livre pour ne pas voir. Purge mérite son succès mais demande du courage.
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Tout au long de ce roman, les histoires d'Aliide, vieille femme estonienne vivant toujours dans sa ferme en 1992 au moment où le récit débute, et de Zara, jeune fille russe prostituée qui, dans sa fuite, arrive chez elle, s'entremêlent, dans des va-et-vient variant les époques et les lieux.

C'est ainsi que nous découvrons une cinquantaine d'années de l'histoire d'Estonie qui, jeune nation à l'époque, bascula durant la seconde guerre mondiale du régime soviétique au régime nazi pour retourner au régime soviétique communiste et toutes ses dérives, avant d'obtenir à nouveau son indépendance en 1991.

Ce qui frappe dans ce livre, c'est ce personnage principal tout sauf aimable, qui semble presque désincarné, qui opère machinalement, et dont l'instinct de survie est formidablement rendu, je trouve… au crépuscule de sa vie, Aliide est toujours bien là.

Cette histoire, à la fois d'amour, de haine, de choix que l'on fait, de dépit, d'envie, de naïveté, de fuite en avant ou au sens propre, est une histoire de survie et de survivantes. Elle nous remet face à nous-même et au comment nous ferions dans une situation identique. de quel côté serions-nous ? Serions-nous plus nobles dans nos réactions ? Combattrions-nous pour nos convictions ou sauverions-nous juste notre peau en dépit de celles-ci ? Rechercherions-nous la paix, ou plutôt la vengeance ? Céderions-nous à la facilité ?

Ce livre, dont on ne peut pas sortir indemne, nous ramène à nous-même, à un pan de notre histoire européenne, et nous fait réfléchir quant à la fragilité et au prix de la liberté et de la démocratie. Il résonne particulièrement en cette période plus instable que nous vivons actuellement.

Lien : https://livreslune.blogspot...
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En 1939-1945, l’Estonie était rattachée à :

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