Poésie du quotidien, chronique d'une vie parfois bien trop remplie, observations sur un monde où il peine à trouver sa place... le poète parvient sans mal à nous émouvoir en parlant de sa vie d'artiste dans un appartement nantais, entouré d'une compagne aimante et aimée, d'un fils à élever, de factures à régler. C'est tendre, et pourtant c'est plein de colère face à ce monde trop violent. C'est doux, et pourtant c'est une voix forte qui s'élève, pour affirmer sa présence à une place où on ne l'attend pas, mais qui est la sienne. C'est une peinture d'un monde qui ne facilite pas l'émergence de la beauté, mais peut-être que c'est ce qui rend la beauté encore plus belle.
Au journal
Le Figaro qui fustigeait le prix Nobel attribué à
Annie Ernaux parce que quand même, écrire sur un supermarché, est-ce que c'est vraiment digne d'un prix Nobel ? (Lisez
Regarde les lumières mon amour, ça, et le reste, c'est tout à fait digne d'un prix Nobel). Au journal
Le Figaro, donc, je veux répondre : oui, la poésie peut naître de l'évocation du U express dans lequel on va faire ses courses. La poésie peut naître d'une tasse de café, d'une pile de factures, d'un paquet de céréales.
Martin Page nous le prouve avec brio, et sa plume répond parfaitement à tous ceux qui veulent croire que la littérature, ça doit parler de grandes choses, pas du quotidien. La littérature, ce ne sont pas des journalistes déconnectés qui la font. Ce sont des artistes qui luttent pour se faire entendre, au milieu d'un quotidien harassant. Comme
Martin Page depuis son appartement nantais.
Ce recueil est à mettre dans toutes les mains, sur toutes les tables de chevet. C'est le livre parfait à lire au petit-déjeuner avant d'aller travailler et d'attaquer une journée harassante. C'est le prélude parfait pour se rappeler que la beauté c'est à nous de la trouver, de la créer.