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La saga des brouillards (Trilogi... tome 1 sur 4
EAN : 9782070325917
288 pages
Gallimard (16/02/2006)
3.39/5   128 notes
Résumé :
Trilogie parisienne, tome 1

Dans le Paris de 1926, il est difficile de survivre sans un sou en poche. L'armistice de 1918 n'est pas loin, et les traces de la guerre sont encore présentes. Venu de Montpellier tenter sa chance à la capitale, Pipette en fait l'amère expérience. Laveur de bouteilles, collaborateur d'un journal à scandales, il multiplie les petits boulots. Le soir, il déclame des poèmes à Montmartre, il y croise la Goulue, André Breton et ... >Voir plus
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Paris 1926. Montmartre. L'hiver. le brouillard. Les becs de gaz. Les pavés. Les gens de la Butte …

… les hommes : anars post Bande à Bonnot ; ces Messieurs du Milieu, argot titi parisien en bouche et surins faciles en poche, aigrefins et second-couteaux de la pègre ; agents de police à pèlerine, drelin-drelin la sonnette au guidon, sifflet à roulette aux lèvres, vélos préhistoriques à garde-boue lourds comme des tanks à l'arrache sur les raides montées en pavés ; la cloche dans les dortoirs de l'Armée du Salut. Toute une époque : celle de l'entre deux guerres où subsistent encore les séquelles de la Grande Boucherie (veuves de guerre, Gueules Cassées, poilus recyclés, fantômes de soldats morts pour rien …).

… Les personnages principaux : Pipette en « je » narratif (Nestor Burma en devenir, clin d'oeil hommage et préquel à la série signée Léo Malet, mais chut, ne pas trop en dire, juste quelques allusions), pigiste de journal à scandales ou libertaire, rimailleur-poète d'occasion du crépuscule à l'aube dans les bouis-bouis et les boites de nuit, laveur de bouteille (si, si) ; Raymond la Science, as de la cambriole et spécialiste du coffre-fort à démantibuler chez soi ; Leboeuf athlète de foire et chiffonnier-clochard, Collet l'anar.

… les gens du spectacle : Mistinguett, Fréhel, la Goulue (si si..!) et Maurice Chevalier; les chanteurs de quartier, à l'orgue et à la gueulante, au fond des cours d'immeubles, partitions à un sou et piécettes jetées des fenêtres ouvertes) ; les hommes de lettres : André Breton et ses surréalistes … toute la faune d'un Paris qui se cherche dans la joie insouciante de la Paix enfin revenue.

…. Les profiteurs de guerres : hommes politiques marrons et véreux ; pontes de l'industrie à l'épreuve de la Reconstruction, bien trop gourmands et à peine repus en ce post immédiat 14-18. de la vieille noblesse, du parvenu, de l'opportunisme bancaire, du truand de haute volée … Ben, tiens, justement, le butin de guerre, celui teuton, frontalier et encore sur pied … si on le laissait aux pauvres qu'en resterait t'il pour les riches ?

Pipette donc, Leboeuf, Raymond et Collet. La dèche, entre anars, çà se soigne à la cambriole. Suffit de prendre aux riches et de ne redonner qu'à soi. Un coffiot blindé çà se repère dans les beaux quartiers et, quand il n'a pas pu être ouvert sur les lieux de cambriole, çà se bricole tranquille à domicile, à la cave, dans un silence de tombe qui n'attire ni le curieux ni le délateur, à l'arrache, au pied de biche, à la chignole ou au chalumeau, entre complices. Mais quand, la bête de fonte enfin éventrée, montre un beau cadavre faisandé, purulent et boursoufflé (il flatule à son aise), la donne change, il y a matière à chantage, à se faire du beurre sur le dos du proprio qui la fourré ici, comme une sardine dans sa boite.

Ce que j'en pense : un petit polar historique taillé dans un argot habile et aisé ; des péripéties en habits d'années folles ; un (trop ?) court roman, qui, mine de rien, se laisse consommer comme l'absinthe au comptoir, en addiction jubilatoire. Patrick Pecherot y agite les grosses ficelles du genre et de l'époque, çà marche, enchante, on en redemande (çà tombe bien, « Les brouillards de la butte » semble début de trilogie). L'action pétarade au rythme des tacots sur les pavés, des pistolets qui éructent au-dessus des tombes de cimetière, des soupirs de la bonniche qui s'encanaille, de l'imprimante qui débite les faux talbins et les tracs tout autant.

J'adore.

A suivre, donc.

Et, pour finir, de temps en temps, sous la plume acide de Pécherot, en auteur engagé reconnu, gigottent de bien belles gueulantes de haine à l'encontre de la guerre et de ceux qui l'ont mené :

« Sanglé dans un uniforme de planton, il montrait un écriteau de la main gauche. de la droite, il ne lui restait que le souvenir. Sa manche flottait, vide de bras. Encore un amputé de service. Comme des champignons, ils poussaient dans les guérites des usines ou les sous-sols des bureaux. Depuis un bail, les abattis qui leur manquaient servaient d'engrais aux champs de bataille. Eux, ce n'étaient même pas les plus à plaindre. Ils avaient tous un copain revenu les pieds devant ou becqueté par les corbeaux. D'autres, la gueule en charpie, se terraient dans des mouroirs de banlieue. »
Lien : https://laconvergenceparalle..
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Patrick Pécherot est un auteur et journaliste très proche des milieux syndicaux, né en 1953.

Ces rares informations (comme toujours, je m'intéresse à l'oeuvre d'un auteur et non à sa vie sauf si la seconde peut permettre d'expliquer la première) afin de mieux cerner le récit en question..

Car son roman « Les brouillards de la Butte », premier Tome de « La trilogie Parisienne », s'ancre historiquement dans l'immédiat après première guerre mondiale et plus précisemment sur l'affaire des séquestres et reventes d'usines de sidérurgie allemandes dans l'Est de la France.
Le jeune héros de l'histoire, appelons-le Pipette, puisque c'est son surnom, est monté à la capitale dans le but de devenir poète. Pour survivre, il fait divers boulots, dont celui, moins recommandable que les autres, de cambrioleur en bande organisée.

Avec des amis de misère, il pénètre dans les maisons et embarque objets et coffre-fort (grâce à l'un d'entre eux qui est colosse de cirque).

Mais un soir, dans un coffre-fort embarqué depuis la demeure d'un notable, au lieu de trésor, c'est un cadavre que la bande découvre. de là, l'idée de certains, de faire chanter le propriétaire, sauf que les choses ne vont pas se dérouler comme prévu...

Patrick Pécherot, dans ce roman, comme les deux autres faisant partie de la Trilogie Parisienne (« Les brouillards de la Butte », « Belleville Barcelone », « Boulevard des branques ») cherche à mélanger plusieurs choses qui comptent à ses yeux.

D'abord, il a la volonté d'inventer la jeunesse de Nestor Burma car, on le découvre en cours de lecture, le fameux Pipette n'est autre qu'une transposition dans le passé du personnage de Léo Malet.

Effectivement, fin connaisseur de l'oeuvre de Malet, Patrick Pécherot incorpore, dans son histoire et dans son héros, des informations biographiques de Nestor Burma que Léo Malet a disséminé dans son oeuvre.

Ainsi, Pipette est né à Montpellier, est monté à Paris dans le milieu des années 20, durant son adolescence (Burma est né le 7 mars 1909). Il fréquente les lieux emblématiques du Tout-Paris et prend fréquemment des coups sur la tronche... sans compter la fausse identité que prend Pipette et que je vous laisse découvrir en lisant ce roman.

Ensuite, l'auteur cherche à inscrire son récit dans une trame historique. Ici, l'affaire des séquestres d'usines allemandes après la première guerre mondiale.

Enfin, Pécherot, probablement pour faire plus vrai, ou, plus sûrement, pour se faire plaisir, incorpore dans son récit des lieux et des personnages ayant existés. Ainsi, André Breton, le poète, prend une part importante à ce récit et même au suivant. Mais les mentions aux acteurs, actrices, chanteurs, chanteuses et autres personnalités de l'époque sont nombreuses.

Et c'est peut-être cette triple direction du roman (et de la trilogie) qui en fait à la fois l'atout et le défaut.

Car, s'il est sympathique, notamment pour les lecteurs de Nestor Burma, de se faire une idée de la jeunesse de leur héros, même à travers les yeux d'un écrivain autre que Léo Malet, s'il est tout aussi agréable que des personnages ayant existés interviennent, que les personnages fréquentent des lieux mythiques et s'il est incontestablement intéressant et enrichissant que le roman informe et dénonce un évènement faisant partie de l'Histoire avec un grand « H », chacune des trois directions nuit aux deux autres tant on a l'impression que l'auteur refuse de choisir la véritable ligne directrice et que chaque point de vue semble vouloir tirer l'intérêt à lui au détriment des autres.

Du coup, du fait de la volonté d'introduire les personnages ayant participés à l'évènement Historique (qu'ils soient fictifs ou non), et de vouloir faire participer des célébrités et des lieux de l'époque, l'auteur multiplie les personnages laissant peu de chance au lecteur de les maitriser tous d'autant que les héros, à eux seuls, sont déjà nombreux (au moins quatre, plus André Breton). Dificile de rester concentré sur une histoire quand on doit faire un effort pour replacer tel ou tel personnage.

L'auteur, me semble-t-il, aurait dû choisir entre les deux volontés (célébrités ou personnages historiques).

Mais la plume de l'auteur n'est pas exempte de défauts. Non pas qu'elle soit terne, dénuée d'humour et irrespectueuse de l'univers de Nestor Burma, au contraire. C'est justement qu'elle est trop respectueuse du matériau d'origine.

Seulement, Pécherot occulte le fait que Léo Malet, écrivant à la première personne, ancre son style et son personnage dans le présent (même s'il écrit au passé simple). Que l'auteur use d'un langage argotique alors qu'il est déjà inscrit dans le langage écrit de l'immédiat après seconde guerre mondiale n'a alors rien d'étonnant.

Mais que Pécherot en fasse autant alors que son histoire se déroule 20 ans plus tôt, voilà qui me gêne un peu. Ceci dit, cela me gêne car je suis habitué à lire des textes policiers datant de la première moitiée du XXème siècle et que je sais très bien que les auteurs des années 1920-1930 n'utilisaient alors pas encore l'argot en littérature (même si celui-ci était déjà usité dans les rues depuis fort longtemps). Ce n'est pas avant le début des années 1940 que des auteurs s'y essayent.

Cependant, l'ensemble demeure intéressant, assez plaisant à lire, mais aurait gagné en qualité, à mon sens, en gommant au moins l'une des trois directions prises par l'auteur.

Au final, un premier opus plutôt sympathique, quoiqu'un peu confus à suivre de par la multiplication des personnages et des lieux et la volonté de relater un fait Historique à travers la création de l'histoire de Nestor Burma avant qu'il ne devienne le détective de Léo Malet.
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Un livre bien sympathique, même pour moi qui ne suis pas fan de polars historiques. Si j'ai bien compris, il s'agit de la première aventure policière de Nestor Burma - sans le dire, bien sûr, parce qu'il doit y avoir des droits moraux, des droits à l'image, des droits d'auteur et que sais-je encore ? mais pour qui veut bien lire entre les lignes, ce jeune poète arrivé de sa province (Montpellier), qui devient, un peu par hasard, détective privé et qui se fait faire un faux passeport au nom de...Burma, me semble avoir quelques similitudes avec notre héros. L'affaire, peu convaincante mais drôle : des cambrioleurs trouvent un cadavre dans le coffre qu'ils convoitent (houps ! un bien gros coffre alors... Bon, ça passe quand même) l'affaire, donc se passe dans le Paris des années trente, dans des milieux purotins :petits délinquants, anarchistes, poètes faméliques et même poètes surréalistes. Et est narré, découvert par nos traine-savates, le scandale du bassin industriel allemand, préservé pendant la guerre et racheté pour une bouchée de pains par les industriels français. (Assez véridique). Tous ces morts pour rien toute cette horreur... le livre est tout imprégné encore de cette ambiance post 14-18, blessés, gueules cassées et profiteurs de guerre. C'est sans doute ce qui le rend sympa, livre d'ambiance, dans les brouillards et la neige d'un Montmartre aujourd'hui disparu.
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Trilogie parisienne 01 - Les Brouillards de la Butte

Dans le Paris de 1926, un montpelliérain, surnommé Pipette, venu tenter sa chance survit de petits boulots, de poèmes de son cru dans un cabaret de Montmartre.

Il va rencontrer André Breton et ses amis surréalistes, croiser La Goulue, déchue, sympathiser avec des anarchistes et soutenir les défenseurs de Sacco et Vanzetti.

Il participe à un cambriolage avec des « illégalistes » de ses connaissances mais un mort est trouvé dans le coffre-fort volé.

Les circonstances vont amener Pipette à se déclarer détective privé, frisant et parfois baignant dans l'illégalité, afin de résoudre cette affaire à nombreuses ramifications où certains de ses collègues de galère sont mouillés.
Nous voyageons dans le Paris populaire de l'après-guerre, « La der des der », où la gouaille, la débrouillardise et les petits métiers maintenant oubliés règnent en maître.

Pour goûter tout le sel de ce livre il faut aimer Paris, son parler, ses personnages et connaître un peu le quartier de la Butte ! Tous les ingrédients y sont pour en faire un polar sympathique autour des événements réels qui se sont déroulés à cette époque.

La trilogie des Brouillards, est la jeunesse, inventée par Patrick Pécherot, de Nestor Burma le célèbre détective d'Hector Malet.

Tout à la fois polar, roman historique, aventures de jeunesse ce livre est un agréable moment de lecture.
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Jeune provincial monté à Paris avec l'espoir de devenir un poète, Pipette, ainsi nommé parce qu'il s'est acheté une bouffarde ce qui lui donne une contenance, Pipette s'est abouché avec quelques anarchistes.

En compagnie de Cottet, Raymond et Leboeuf, il s'introduit dans une maison bourgeoise de l'avenue Junot. Leboeuf, lutteur de foire tout en muscles, soulève le coffre-fort, puis à l'aide d'un bon petit diable le transporte jusqu'au camion puis direction chez lui. Un entrepôt véritable caverne d'Ali-Baba car il exerce également le métier de chiffonnier. Seulement, alors qu'ils s'attendaient à trouver de l'argent, de l'or, des bijoux, le coffre ne contient qu'un cadavre !

Le visage du mort n'est pas inconnu à Pipette qui bientôt reconnait un des fouineurs, un pisse-copie travaillant pour le cri de Paris, une gazette spécialisée dans les affaires croustillantes, s'attachant aux frasques de financiers, de vieilles comtesses ou de gigolos. Lui-même fournit parfois des papiers pour Meunier, le directeur de ce torchon, comme il l'appelle.

Il s'agit probablement de la vengeance d'un personnage qui ne voulait pas voir publiée une affaire malodorante jetée en pâture aux affamés de lectures triviales. Un chantage qui aurait mal tourné.

Pipette va donc, en compagnie de Leboeuf qui l'a pris sous son aile rechercher le coupable et ses pas le ramènent avenue Junot où il fait la connaissance de la servante du manoir, Pauline, une Parisienne (d'habitude ce sont des Bretonnes exilées qui servent de bonniches) qui n'a pas froid aux yeux. Madame est en vacances à Trouville, quant à Monsieur de Klercq, il n'est pas là mais doit revenir. Elle en profite pour aller au cinéma et c'est dans la fille d'attente qu'il l'aborde.

Grâce à cette charmante et peu effarouchée Pauline, Pipette peut visiter l'hôtel particulier mais ses premières investigations ne donnent pas grand-chose. Ses pérégrinations l'emmènent à découvrir que le comte de Klercq est plus ou moins apparenté à quelques industriels oeuvrant dans la fonderie et la métallurgie, cinq industriels ayant racheté avec l'aval du gouvernement et des passe-droits généreusement octroyés les biens allemands situés en Alsace et surtout en Lorraine.

Pipette se présente comme détective privé, et au cours de ses déambulations, ponctuées de nombreuses stations et arrêts dans les cafés du quartier, dont La Vache enragée, fait la connaissance d'André Breton auprès de qui il découvre le surréalisme. Et André Breton lui servira accessoirement d'accompagnateur lors d'une visite nocturne au cimetière Montmartre. Il sera également à l'origine de son nom, un raccourci d'un héros de roman qui devient Burma.



Véritable hommage à Léo Malet et à Nestor Burma, ce roman est une parodie dans l'esprit, dans le fond, voire dans la forme, de la série des Nouveaux Mystères de Paris.

En effet, Patrick Pécherot nous restitue une ambiance, une atmosphère du Paris de la fin des années 1920 avec en fil rouge l'affaire Sacco et Vanzetti qui fit grand bruit à cette époque et dont Joan Baez en écrivit une chanson. L'auteur a lu non seulement l'oeuvre de Léo Malet pour s'en imprégner, ainsi que sa biographie, mais il s'est inspiré d'oeuvres de l'époque dus à Roland Dorgelès, Maurice Hallé, qui figure dans ce roman, et de quelques autres.

Rédigé comme un exercice de style, ce roman permet de découvrir un arrondissement parisien, même si parfois cela déborde un peu, le fameux XVIIIe dont la cloche meringuée domine les quartiers populaires comme la Goutte d'or, Pigalle, le cimetière Montmartre, tous quartiers qui m'ont flanqué un petit goût de nostalgie puisque j'y ai habité et travaillé au début des années 1970. Donc il prend une ampleur que ne ressentiront peut-être pas tous les lecteurs, avec les baraques foraines par exemple du côté du boulevard de Clichy, Pigalle et la célèbre chanson interprétée par Georges Ulmer (Un p'tit jet d'eau, Un' station de métro, Entourée de bistrots, Pigalle…). le combat des lutteurs qui préfigurait le catch dont justement le temple fut l'Elysée-Montmartre. Outre André Breton qui prend une part active dans cette intrigue, d'autres personnages connus évoluent fournissant un cachet de réalisme.

Bien évidemment, le hasard et les coïncidences jouent pour beaucoup pour la résolution de l'intrigue, mais comme m'avait dit Léo Malet en 1982 lorsque je l'avais rencontré à Reims, les coïncidences sont le sel des intrigues.


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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Attelé à une charrette de livraison, un gaye mâchouillait son mors en attendant son cocher parti lever le coude. Au gré des fils électriques, des trams traversaient les avenues. Un receveur est descendu remettre la perche sur les câbles d'où elle avait sauté. Une moto au side-car plein de journaux nous a croisé en pétaradant. Au guidon, un gars à blouson de cuir et lunettes de soudeur avait l'air de vouloir tout bouffer sur sa route.
— On va rentrer, dit Lebœuf, le sac plus gonflé que celui du Père Noël.
— On a pas gagné un petit café ?
— Si. Au coin, on fait la pause.
La Civette levait son rideau de fer. Le patron tenait encore la manivelle à la main quand on a franchi le seuil. L'intérieur sentait la salle que l'on chauffe et le jus qui passe. Trois cantonniers qui nous avaient précédés se tapaient un calva. Lebœuf a commandé deux crèmes. J'ai épluché un œuf dur à la coquille rougie par l'oignon de la cuisson. Le taulier a servi nos cafés brûlants et le miroir du bar s'est couvert de buée. Chacune des bouchées, chaque gorgée bue me procuraient une sensation de plénitude. Lebœuf avalait son jus avec l'air de s'en foutre, mais je n'étais pas dupe. Je lui ai tapé sur l'épaule. Il n'a pas moufté. Je voyais qu'il m'observait dans la glace du comptoir. Sa canadienne raidie par le froid faisait comme une carapace. Il a posé sa tasse dans la soucoupe et il a dit :
— Va falloir y aller, môme.
Je savais qu'il était heureux.
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C'est fou ce qu'on peut balancer. On s'imaginerait jamais avant d'avoir foutu son nez dans la merde. Même des trucs tout neufs. Des machins offerts qu'avaient pas dû faire plaisir. La vieillerie refilée par radinerie ou le bibelot mochetingue donné avec son cœur. Parfois, ça faisait drôle. Les objets, ça parle, on dirait. Les voir finir là, c'était un peu triste. Je les récupérais avec l'impression de sauver des débris de vie.
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Le silence s'était installé. Epais. Seulement troublé par le bruit du vent qui charriait des bourrasques de neige. Le jour allait se lever sur Montmartre, et par dessus l'odeur de charogne, commençait à peser celle des emmerdements qui s'amoncelaient à l'horizon.
Elles n'avaient pas mis longtemps à me trouver, les emmerdes. A croire que je les attirais.
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C'est fou ce qu'on peut balancer. On s'imaginerait jamais avant d'avoir foutu son nez dans la merde. Même des trucs tout neufs. Des machins offerts qu'avaient pas dû faire plaisir. La vieillerie refilée par radinerie ou le bibelot mochetingue donné avec son cœur. Parfois, ça faisait drôle. Les objets, ça parle, on dirait. Les voir finir là, c'était un peu triste. Je les récupérais avec l'impression de sauver des débris de vie.
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Je suis parvenu au Félix Potin du Rochechouart à l’heure pour l’embauche. La Vache Enragée nourrissant mal son homme, je louais ma force de travail comme laveur de bouteilles. Y en a qui les vident, d’autres qui les rincent. C’étaient parfois les mêmes si j’en jugeais à a trogne enluminée de mes collègues.
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Vidéo de Patrick Pécherot
Rencontre avec Patrick Pécherot au Salon du livre d'expression populaire et de critique sociale 2018 à Arras, le 1er mai. Dernier roman : Hével. La Série Noire/Gallimard
Médiation : Tara Lennart Captation : Colères du Présent
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