J'ai lu une première fois
Time Corridor d'un trait, rencontrant ça et là quelques cahots, sans trop y attacher d'importance, tant je courais au dénouement.
Il se lit bien, est très bien écrit, en chapitres courts (mais il y a 91 chapitres quand même !). le suspense tient le lecteur en haleine, et ce jusqu'à la conclusion de l'ouvrage.
Le proverbe dit : "Qui trop embrasse mal étreint."
Ce n'est qu'après une période de décantation que je suis arrivée à analyser les causes de mes difficultés face au roman proposé par
Dahlia Perez.
Résumé trop succinct : Hans Hartmann, aristocrate allemand descendant de nazi s'installe avec sa femme et son fils dans une maison isolée dans une Jérusalem post-catastrophe alors qu'il travaille pour percer un corridor dans l'espace temps. Son fils ayant disparu dans l'un de ces corridors, il se lance à sa poursuite, suivi et aidé par son supérieur et tous se retrouvent à Berlin, le 9 novembre 1938, date de la nuit de cristal. S'ensuivent des péripéties diverses, où leur sort est lié à celui d'une famille juive allemande, de différents dignitaires nazis, d'alliés et d'adversaires acharnés et ce, jusqu'à un dénouement terrifiant dans un château fourmillant d'ennemis.
Côté historique, rien à dire. L'auteur a bien assimilé une documentation extensive et le récit est frappant d'authenticité. Des morceaux d'excellence : la nuit de cristal est fidèle à la réalité, et son atmosphère est (hélas) très bien rendue. Les personnages historiques s'intègrent bien dans le récit.
Qielques critiques cependant.
Je ne reviendrai pas sur les points soulignés par fox1977, qui sont pertinents pour un récit de science politique fiction.
Au point de vue de la structure du roman, je ne comprends pas l'intérêt de la première partie, centré en majeure partie sur les expériences vécues par la femme du héros qui meurt, au tiers du récit, à la fin du chapitre 39, dans un nouveau tremblement de terre. C'est une trop longue introduction.
L'intrigue est à mon sens encombrée de trop de thèmes qui se mélangent à l'intrigue principale et dont l'auteur aurait pu faire l'économie. Citons dans le désordre : la conversion au judaïsme (sans que cela semble influencer en rien la façon de vivre de Hans), l'autisme (d'Ezriel, mais il semble être à la limite du spectre), l'anorexie (des mannequins), la toute puissance de l'Agence (les services secrets israéliens savent tout), la recherche de l'Arche d'alliance (on en a besoin pour contenter le président américain. Indiana Jones, voici la concurrence), l'ésotérisme et la magie noire (des nazis), les sacrifices d'enfants, l'eugénisme (et en conséquentce le programme d'euthanasie du 3eme Reich), etc..
Quelques point supplémentaires :
• Hans, le héros est beau, très beau, d'une beauté parfaite, avec un corps parfait. D'ailleurs pour gagner sa vie, il était mannequin, et si vous n'avez pas encore compris, il pourrait être acteur de cinéma, tellement il est beau.
• son arrière grand père, Ernst, est très beau aussi, et d'ailleurs lui et son arrière petit fils se ressemblent comme deux gouttes d'eau.
• et le fils, Ezriel, est tellement beau que le directeur du programme d'euthanasie lui-même se refuse à penser qu'il a un défaut.
* Notre héros aime sa femme, il le dit, mais une fois engagé dans le corridor du temps, alors qu'il la pense blessée dans le tremblement de terre , il n'épargne pas une pensée pour son sort. Merci l'amour !
• Ce n'est qu'au chapitre 18 qu'on découvre qu'un tremblement de terre a eu lieu 6 ans plus tôt, détruisant des quartiers entiers de la ville et entrainant des changements politiques et sociologiques importants. Une vision dystopique de la ville sainte se fait jour et la critique politique est extrême. Des donateurs ont permis la reconstruction de Jérusalem, et la construction du troisième Temple om se pressent touristes, marchands, et animateurs de spectacles grandioses et sans âme ; arabes, pauvres, et citoyens non productifs sont regroupés dans une ville souterraine. Karine vit dans la crainte d'y être envoyée.
Ce qui fait beaucoup pour un roman, même avec 550 pages à remplir. Il aurait peut-être fallu élaguer dans cette abondance.
C'est le premier roman de
Dahlia Perez. Il est bon, très bon. Pour toutes les raisons ci-dessus, je ne le qualifierai pas de chef-d'oeuvre. Mais j'attendrai avec intérêt les nouveaux ouvrages de cet auteur.