Après une journée de coït formidable entrecoupée de pauses chocolats et pâtes de fruits, que peut-on faire de mieux que lire un coup ? Fouillant dans ma pile de livres non-lus, j'extirpai de sa fosse cet ensemble de deux pièces de théâtre d'
Harold Pinter. le programme de la journée semblait pouvoir être favorablement contenu dans « Célébration » (pour les chocolats) et « La chambre » (pour le coït).
Pourquoi est-il préférable de se livrer aux attouchements sexuels la journée plutôt que la nuit ? 1) la fatigue ne culminant
pas encore, il est plus facile de battre la durée moyenne des rapports sexuels estimée à 5 minutes ; 2) c'est une bonne excuse pour ne
pas aller au travail ; 3) je n'arrive
pas à dormir le soir si je n'ai
pas pu lire tranquillement au moins trente minutes.
J'eus longtemps coutume de rabattre mes désirs sexuels sur des représentants masculins plus âgés que moi, poussant le vice à les rechercher lorsque leurs gamètes s'étaient déjà matérialisés sous ces formes d'entités physiques que l'on appelle « enfants ». Mais le temps
passant, mes possibilités de séduire instinctivement s'étiolant avec l'âge, j'essaie de conjurer le sort du vieillissement en me rabattant sur de petits poussins qui, à part les putes, ne connaissent l'amour qu'à travers le judas. La libération sexuelle des femmes sera un peu moins inaccomplie lorsque celles-ci pourront encore être trouvées séduisantes à trente ans
passés. Je ne fus
pas déçue de trouver ce jouvenceau sans poils sous mes draps, bien que quelques désagréments survinrent en cours de coït. Ainsi, tandis que j'essayais de regimber le membre fuyant, je ne pus m'empêcher de songer à ce
passage de «
Malone meurt », livre écrit par
Samuel Beckett, un mec qui s'y connaissait en érotisme :
« On voyait alors Macmann qui s'acharnait à faire rentrer son sexe dans celui de sa partenaire à la manière d'un oreiller dans une taie, en le pliant en deux et en l'y fourrant avec ses doigts. »
Mais Macmann était vieux, et que faisait-il lorsque l'essai de pénétration se montrait infructueux ? Il pleurait. Alors qu'avec un enfant sous les draps, il suffit de se replier sur le paquet de papillotes contenant pâtes de fruits et chocolats pour se divertir de l'échec. Notons en outre que ces papillotes achetées à bas prix contenaient des blagues exquises. Et me voilà fouillant au fin fond de la poubelle pour en retrouver quelques-unes : « - Que dit un sapin de Noël qui arrive en retard le soir du réveillon ? – Je vais encore me faire enguirlander » ; « - de quoi le père Noël souffre-t-il s'il est coincé dans une cheminée ? – de Santa Claustrophobie ! » ; « Comment une danseuse étoile rentre-t-elle chez elle tard le soir ? (
pas de réponse, le papier est coupé) » ». Ni une, ni deux, le sucre et le rire aidant, le membre regimba pour de nouvelles et cosmiques aventures.
Michel Houellebecq écrivait qu'il fallait lire pour se désennuyer de la vie. S'il n'a
pas toujours raison, avouons qu'il est loin de n'avoir
pas toujours tort, preuve en est de ces pièces d'
Harold Pinter d'une insignifiance rare. Ici, le texte fait pâle figure face au matériau carné de la réalité. le papier servit cependant à effacer les traces des furieux éjaculats parsemés sur tous les murs à la fin de la journée. La nuit promet d'être sereine.