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Pascale Bardoulaud (Traducteur)
EAN : 9782877110723
611 pages
Jacqueline Chambon (19/05/1998)
4.46/5   13 notes
Résumé :
Le Cahier gris un journal - Nîmes - Éd. Jacqueline Chambon, 1992. (première édition en Catalogne: 1966) : en 1918, pour cause de grippe espagnole la faculté de droit est fermé ce qui contraint Josep Pla à revenir chez ses parents à Palafrugell. A 21 ans, écrivain débutant, il décide de tenir un journal, le cahier gris. La chronique libre, spontanée, enthousiaste d’un jeune homme partagé entre village et capitale, vie rangée ou débridée, professeurs et artistes, myth... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Quatrième de couverture du Cahier gris, de Josep Pla, traduit du catalan par Serge Mestre, Editions Gallimard, 2013 :
Nous assistons ici, sous la plume de Josep PLA, à la genèse d'une écriture capable de dépeindre à la fois l'agitation de Barcelone la plus avant-gardiste - celle de GaudÍ et des cafés littéraires - et la vie quotidienne de Palafrugell, le petit village de la région de l'Empourdan où l'auteur retrouve avec bonheur ses amis d'enfance et la maison familiale. Considéré comme l'un des grands classiques de la littérature catalane du XXe siècle, le Cahier gris est ce livre unique où un homme finit par incarner, sans le savoir, le style et la sensibilité d'une nation et d'une époque. Il met en scène le désoeuvrement d'un jeune étudiant en droit qui rêve de devenir écrivain et dont le journal intime, débuté en 1918 pendant l'épidémie de grippe espagnole, se transforme peu à peu en un laboratoire secret où se forge la meilleure prose du catalan moderne.
PLA accomplit son exploit comme il a vécu : discrètement, avec intelligence et humour, toujours épaulé par une ironie qui nous laisse deviner le fond sensuel et raffiné de sa culture. Si, au fil des pages, sa galerie de portraits nous le montre ainsi comme un observateur hors pair de la comédie humaine, ses maximes, ses commentaires politiques et ses jugements littéraires font de lui un remarquable moraliste et l'un des esprits les plus lucides de sa génération. Cependant, l'essentiel reste pour PLA la création de ce qu'il appelle lui-même une littérature sans fioriture, fondée sur la compréhension, la clarté et la simplicité. Autrement dit, "une littérature pour tout le monde". C'est bien ce qui fait du Cahier gris un classique et une oeuvre qui, à l'image de Barcelone, est en même temps profondément catalane et radicalement cosmopolite.

Josep PLA est né à Palafrugell, Catalogne, en 1897 et il est mort dans le village voisin de Llofriu en 1981. Chroniqueur, journaliste, romancier, il est devenu aujourd'hui une référence catalane incontournable et l'un des auteurs les plus lus. Le Cahier gris, publié pour la première fois en 1966 après plusieurs réécritures, ouvre le premier des quarante tomes de ses oeuvres complètes. Il a déjà été traduit dans les principales langues européennes.
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critiques presse (1)
Liberation
25 mars 2013
Tel quel, c’est l’un de ces livres rares et heureux qu’on peut ouvrir à n’importe quelle page et qui offre, à n’importe quelle page, quelque chose de plaisant et d’intelligent. C’est aussi, peut-être, la meilleure introduction à l’œuvre d’un écrivain indispensable.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
A mon avis, le pire effet que produit ce genre d'établissement (l'université) est le gauchissement qu'il produit dans notre sensibilité, dans notre intelligence et notre caractère. On tend à voir les choses, non pas comme elles sont réellement, mais à travers un écran qui se superpose à la réalité. Il ne s'agit pas de faire un effort pour passer des choses simples aux choses plus complexes - comme l'exige en général la vie - afin d'aboutir à une certaine représentation humaine de la quintessence. Non. Il s'agit d'un effort de simplification tout en tentant d'éviter les pièges d'une systématisation à outrance. L'université montre les choses en tout petit, comme si on était myope, elle favorise la trouvaille, le truc, la ruse, l'habileté, et tente de transformer la mélancolie en raison de vivre. Le savoir ne compte pas énormément à l'université : ce qui compte c'est d'être reçu aux examens. J'ai passé cinq ans de ma vie à la faculté de droit : je n'ai jamais entendu parler, ne serait-ce que pour faire bien, de justice. Je n'ai jamais entendu prononcer le mot lui-même. Ç'aurait sans doute été déplacé dans une institution qui prétend former des fripouilles, plutôt que des personnes d'une certaine qualité humaine. Ainsi, cet établissement d'enseignement fournit des armes puissantes aux gens sans foi ni loi, aux petits ambitieux, aux rusés sans limites, aux fanatiques et aux outrecuidants. On y apprend l'art de la simulation, du croche-pied, de la flatterie et de la roublardise. On n'y combat jamais avec franchise et noblement. L'université étouffe les tempéraments forts, elle finit même par les corrompre.
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Le déjeuner est typique. On voit d'abord arriver un grand plat de moules de roches, bien pleines, parfumées, qui ont la saveur de la mer. La moule de roche est le fruit de mer le plus savoureux de ce pays. Ensuite un plat de riz à l'encre de sèche du pays et une succulente sauce tomate, du poisson et du poulet. Puis la traditionnelle portion de langouste grillée. Le parfum des carapaces des langoustes, léchées par le feu, emplit la salle à manger d'une odeur agréable. Comme il fait chaud et que l'ensemble des résidents du quartier déjeune les portes et les fenêtres ouvertes, le Canadell (plage de Palafrugell) est envahi d'un petit bruit d'assiettes, de cuillères et de fourchettes absolument évocateur et qui, en ce qui me concerne, est inséparable de l'odeur des carapaces de langoustes. Enfin, c'est le tour du dessert : le braç de gitano, le fameux biscuit roulé à la crème, confectionné par la confiserie Comas et le biscuit moelleux et délicieux, avec une petite pointe de citron et de cannelle, qu'a fait livrer grand-mère Marieta. Et pour parfaire le tout - une coutume attachée à cette fête- (la sainte Marie) - on voit apparaître un mantecado, ce merveilleux gâteau au saindoux, préparé dans un seau en bois plein de glace et un récipient contenant les ingrédients nécessaires - un récipient qu'on fait tourner avec un petit engrenage actionné par une manivelle. Et, à la toute fin, le café, qui est habituellement délicieux, parfumé et d'une saveur extrêmement agréable grâce - selon la rumeur publique - à l'eau si légère des sources de la région.
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Un vapeur, je ne connais pas son nom, reliait Gibraltar à Livourne, en suivant sa route habituelle. Il avait été surpris par le mauvais temps et s'était approché de la côte en cherchant un peu de calme. C'était Noël. L'ensemble de l'équipage avait envie de faire la fête. Ils avaient bloqué le gouvernail. Ils étaient épuisés d'avoir affronté la tempête. Ils avaient mangé, bu, chanté jusqu'à s'enivrer. Le vapeur avait navigué pendant plusieurs heures sans être barré, et au début de la nuit, il avait fini par frapper les îles Formigues. Une voie d'eau s'était ouverte et le bâtiment s'était échoué sur les îlots et les récifs. Tout en poussant des hurlements infernaux, l'équipage avait mis un canot de sauvetage à l'eau, puis s'était dirigé vers les lumières qui semblaient les plus proches, à terre. Lorsque les hommes avaient accosté, ils étaient à moitié morts, incapables de réaliser ce qui s'était passé. Ils avaient mis le feu à la taverne puis, une fois la panique dissipée, l'ébriété avait repris le dessus et ils s'étaient endormis comme de vraies bêtes.
Il faisait nuit noire, une nuit cependant extrêmement sereine. La mer était muette. On apercevait, au loin, une lumière verte immobile : c'était le feu tribord du vapeur resté allumé par on ne sait quel hasard. Cette lumière abandonnée était une tentation. Les gens l'observaient avec une certaine joie dans les yeux. Des ombres étaient descendues à la plage et avaient mis les embarcations à l'eau. Ramant en silence - les rames soulevaient de petits papillons de lumière - elles s'étaient approchées du navire. La carcasse ressemblait à l'ombre d'un fantôme mort. Elles avaient d'abord escaladé la coque à quatre pattes puis, à l'aide de cordes qu'on avait larguées depuis le pont, elles avaient chargé le butin dans leurs embarcations. Pendant la mise à sac, on n'avait pas entendu un mot. C'est vraiment agréable de piller un vapeur. Au petit matin, tout était fini, les gens dormaient paisiblement dans leur lit, en toute quiétude.
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(Gori) me disait aujourd'hui, dans son bureau, que s'il existe littérairement un homme dans le faux, égaré et mal orienté, c'est bien moi.
- la littérature, disait-il, doit être idéaliste, fine, exceptionnelle, distinguée, elle doit venir d'ici.
Et il portait sa main à son coeur.
- Et pourquoi la littérature doit-elle être ainsi ? lui dis-je.
Elle doit être ainsi car la littérature est là pour les moments où l'on n'a rien à faire, ce sont les seuls moments pendant lesquels il peut y avoir une vague possibilité que les gens veuillent se distraire en lisant un livre. L'homme n'a pas été envoyé sur terre pour lire des livres. Détrompez-vous... Le seul problème sérieux de l'homme dans ce monde est de subsister, autrement dit de gagner et de dépenser de l'argent. Nous, les hommes et les femmes, consacrons quatre-vingt-dix-huit pour cent de notre existence consciente à résoudre ce problème. Et peut-être suis-je même en deçà de la réalité. La littérature sera donc toujours un loisir du dimanche après-midi, qui est le moment du jour de la semaine le plus approprié - et ce que je dis maintenant était bien plus vrai quelques années auparavant, car maintenant il y a le cinéma - pour que les gens puissent oublier un instant leur obsession permanente. Si les choses sont ainsi, comment voulez-vous que les gens apprécient votre littérature crue, désincarnée, réaliste ? Comment voulez-vous qu'ils s'y attachent puisqu'ils sont saturés, repus, de ce que vous leur proposez ? Votre littérature est redondante, terre à terre, vulgaire, d'une indigeste évidence...
(...)
Puis, après une pause, pendant laquelle ses petits éclats de rire sonores se dissipent dans l'air du petit bureau :
- Résumons-nous ! dit-il. Vous, vous aimez la littérature de façon quotidienne. Cela vous conduit à donner trop d'importance à votre métier. C'est pour cette raison que toute la littérature qui s'écrit aujourd'hui est pédante. Je crois que cela vous ferait du bien de ne pas oublier que votre métier n'avait jamais prétendu à rien d'autre, jusqu'à il y a quelques années, qu'à entrer chez les gens, par l'escalier de service. Moi, en revanche, j'aime la bonne littérature, qui est la littérature exceptionnelle, celle que recueille des sentiments singuliers, je veux parler de la littérature des dimanches après-midi, la belle...
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En réalité, la modification de mon style - c'est une chose curieuse - me donne une idée extrêmement précise et juste de ma position sur terre : de mon insignifiance absolue et irrémédiable. Au cours des années précédentes, avec mes grands airs, - dus à ma jeunesse - et mon style emberlificoté et prétentieux, j'avais un peu perdu de vue l'existence de cette notion. Elle s'était troublée plutôt plus que moins. A présent, j'ai commencé à en avoir une idée plus claire, plus exacte, et cela m'a fait un grand bien et m'a apaisé. Lorsque j'ai compris que j'avais des prédispositions pour vivre seul et que je n'aimais pas beaucoup déranger les autres par ma présence, j'ai plutôt considéré cela comme un point positif.
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