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EAN : 9782070377244
288 pages
Gallimard (02/04/1986)
3.95/5   46 notes
Résumé :
Martin, vingt-huit ans, flegmatique d'apparence et méticuleux de caractère, a la curiosité d'examiner les tiroirs de son bureau. Il y découvre toute l'histoire de son prédécesseur, écrite de façon si étrange qu'il va se mettre à la recherche de cet inconnu. De tiroir en tiroir, ou de hasard en hasard, Martin traverse des aventures dont le thème principal est l'amour, ou plutôt le sentiment qui pousse les femmes vers les hommes.

Source: éditions Gallim... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un roman à tiroir que ces tiroirs de l'inconnu! Oui, la boutade est facile. Aussi ne m'en suis-je pas privée. N'empêche! Fantaisiste, fantasque, irrespectueux, ironique, bourré d'esprit, ce dernier ouvrage de Marcel Aymé ne ménage pas son lecteur.

Martin a malencontreusement assassiné son voisin du cinquième, Chazard, que personne ne regrette. Chazard était un être irascible. Plusieurs voisins ont d'ailleurs témoigné en la faveur de Martin. Lequel, après avoir écopé de 2 ans de prison, se retrouve en présence d'un bureau muni de six tiroirs vides mais pleins: un inconnu a conté son histoire sur les faces cachées. Nous voilà donc en présence des tiroirs de l'inconnu.

Sauf que l'inconnu c'est aussi l'amour chez Marcel Aymé qui va en examiner les tiroirs pour déchiffrer ses secrets. Il y a ce que l'on voit et ce que l'on ne voit pas. Il y a des pages succulentes sur l'amour féminin que l'écrivain clôt ainsi: "En amour, les personnes du sexe, faut pas se tromper, c'est social d'abord". Et ces autres pages où l'amoureux mâle mélange sentiments et désir, ne sachant cesser de désirer.

Sauf que les protagonistes ne cessent de sauter de tiroir en tiroir, s'y coincent pour en ressortir dans un jeu de relations incongrues. Martin et Valérie, Valérie et Michel, Valérie Michel Martin et Tatiana, Tatiana et Lormier, et… Au milieu de ces relations qui se nouent et se dénouent, oublieux de l'intrigue initiale (quel est donc l'inconnu écrivain des tiroirs?), Marcel Aymé nous parle d'un manuscrit apportant la preuve scientifique de l'existence de dieu (rédigé par Jules Bouvillon et joliment décoré), alors même qu'un mystérieux Porteur (qui n'est autre que le frère de Martin) voit sa renommée grandir de jour en jour. On en parle entre initiés, avec extase. Les cercles s'élargissent. L'anonyme est porté au pinacle. Nous ne sommes qu'en 1960 et la télé-réalité n'existe pas encore.

Dans cette tentative enlevée de décryptage de l'amour, le portrait des patrons capitalistes, à la fois burlesque et brutaux, ridicules et cyniques, rappelle combien Marcel Aymé aimait épingler les travers humains. Et la peur de l'avenir qui suintent de leur mépris inscrit Les Tiroirs de l'inconnu dans son époque. Huit ans avant mai 1968, un changement s'amorce. Marcel Aymé pressentait le renouveau.

Aussi inclassable que son auteur (qui avait refusé une place à l'Académie et la Légion d'honneur), ce roman vaut bien l'inspection de ses tiroirs.
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Le dernier roman de Marcel Aymé est le premier que je lis. de nom, je le connais, comme les pairs dont certains le rapprochent. Les tiroirs de l'inconnu — la couverture de la collection Folio est aussi géniale que grotesque — me laisse le drôle de goût d'une époque aux traits tirés par un auteur qui aurait sans doute, aujourd'hui, encore bien des choses à écrire.


L'insondable

Chez Marcel Aymé, en tout cas, dans Les tiroirs de l'inconnu, ce n'est pas tant l'histoire qui importe, mais la manière dont elle porte les personnages que l'auteur met en scène. Ici, pas de hiérarchie (malgré un propos fort sur les classes dominantes, les travailleurs et le caractère social des relations amoureuses, notamment), tout le monde a le droit à la parole. Les femmes ont des idées politiques, parlent stratégies amoureuses, sont bavardes et extravagantes, rudes et antisémites, jeunes, romantiques et timides. Elles radotent, sont belles, sont vieilles. Elles luttent pour exister. Les hommes, eux, luttent pour ne pas sombrer. Dans un bureau sans table, ou dans un cagibi sans lumière, au rang des secrétaires, ministre de rien ou Président de tout, chercheur de sens adulé, trouveur de Dieu, déchu…

Chez Marcel Aymé, en tout cas, dans Les tiroirs de l'inconnu, il y a des mots, du texte et des idées. Rien ne semble exister fortuitement et pourtant, tout est flou. Il y a quelque chose de mystérieux et de timide dans ce roman, comme si avoir de l'esprit et des idées ne méritait aucune forfanterie.

Chez Marcel Aymé, dans Les tiroirs de l'inconnu, en tout cas, les sous-entendus laissent toute la place à l'imagination du lecteur, qui, optimiste, sceptique, critique, pourra alors décider du degré de noirceur du Paris des années 1960. Tout n'est pas dit, mais le lecteur n'est pas exclu, bien au contraire. [...]

Lien : https://www.startingbooks.com
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Martin, 28 ans, flegmatique d'apparence et méticuleux de caractère, a la curiosité d'examiner les tiroirs de son bureau. Il y découvre toute l'histoire de son prédécesseur, écrite de façon si étrange qu'il va se mettre à la recherche de cet inconnu.
De tiroir en tiroir, ou de hasard en hasard, Martin traverse des aventures dont le thème principal est l'amour, plutôt le sentiment qui pousse les femmes vers les hommes.
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Holala qu'est-ce que j'ai détesté ce roman! Cela a été une lutte d'aller jusqu'au bout et si il avait été à la bibliothèque je l'aurais sûrement rendu.
De quoi ça parle? Des rapports homme-femme, de la vie, de la société, dans un méli-mélo sans intérêt, avec une construction que l'auteur jugeait sans doute brillante, et qui aurait pu l'être si chaque couche de ce récit multiple et emmêlé n'était pas plus lassante et exaspérante que la précédente !
Franchement, le narrateur aurait aussi bien fait de rester en prison au lieu d'en sortir au début du livre.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je m'appelle Martin. J'ai vingt-huit ans. Un jour que je rentrais chez moi sans être attendu, j'ai trouvé mon frère et ma fiancée couchés dans mon lit, endormis dans les bras l'un de l'autre.
Dans le moment, j'ai pu prendre sur moi et, sans éveiller personne, je suis sorti pour aller considérer la situation dans la rue. Ayant descendu un étage, je me suis trouvé, sur le palier du cinquième, nez à nez avec Chazard, un locataire irascible qui se plaignait quotidiennement qu'on fît trop de bruit au dessus de sa tête. Chazard m'a entrepris avec son habituelle véhémence et, me voyant qui filais sans vouloir l'entendre, il a tenté de me retenir par le flottant de mon veston.
Ç’a été le réveil de la bête...
(extrait du volume paru à la "Nrf" en 1960)
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"A demi couché sur le divan de la salle à manger, mon frère lisait un livre ayant pour titre Lolita. Il a levé le nez à mon approche et m'a dit qu'il était en train de lire un livre comme jamais lu, un roman faramineux. Je n'ai pas manifesté de curiosité Les romans et plus généralement la littérature ne m'intéressent pas. Michel, qui s'en est souvenu tout à coup, m'a considéré un moment en silence. "C'est, a-t-il ajouté, l'histoire d'un type de quarante ans qui est l'amant d'une petite fille de douze ans." À quoi je n'ai pu me retenir de hausser les épaules. On se casse le dos à faire des études, on avale des centaines et des centaines d'alexandrins et après, il faudrait se plonger dans une littérature qui va à contre-poil de tout ce qu'on a appris. C'est ce que j'ai dit à mon frère. Maintenant, on en est au derrière des fillettes, demain peut-être à celui des octogénaires. Une littérature de pissotière, d'égout, d'asile de fous, voilà de quoi tu te délectes. À quand le best-seller mondial dont l'action se passera tout entière dans les chiottes ?" Pp. 74 et 75 NRF Gallimard - 1ère édition, 1960
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 Je dois vous dire que je me suis toujours intéressé à la littérature et qu’en dépit du plaisir que j’y ai trouvé, elle m’a beaucoup déçu. Alors que Marx et Freud nous fabriquent des kilomètres d’histoire, la simple littérature n’engrène pas sur la vie. On se récite un poème de Baudelaire comme on prend un cachet d’aspirine ou on lit un romancier pour s’isoler dans un monde déjà dépassé, dans une espèce de paradis artificiel. C’est pourquoi j’ai imaginé la littérature appliquée. Pour moi l’œuvre littéraire commence au moment où je l’ai terminée.
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J'ai le côté puritain qu'ont souvent les gens pauvres ayant fait quelques études et s'étant attachés à retrouver dans un enseignement qui les a dépaysés, la rigueur de cet autre enseignement qu'à d'abord été pour eux la pauvreté.
p.1429, en Pléiade
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Surtout, il avait une conscience, alors que moi, je n'avais que des sentiments. Et les sentiments sont les choses qui passent avec le moment qui s'en va et la conscience est la chose qui dure.
p.1389 en Pléiade
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Vidéo de Marcel Aymé
Il était une fois un petit café-restaurant, entre ville et campagne, refuge d'une poignée de drôles d'oiseaux que le monde moderne n'avait pas encore engloutis.
« On boit un coup, on mange un morceau, on écoute des histoires. Toutes activités qui s'accommodent mal du va-vite. Chacun offre son grain de temps au sablier commun, et ça donne qu'on n'est pas obligé de se hâter pour faire les choses ou pour les dire. »
Madoval, le patron, Mésange, sa fille, Comdinitch, Failagueule et les accoudés du zinc – braves de comptoir… « Pas des gueules de progrès », ces gens-là, mais de l'amitié, des rires, de l'humanité en partage et un certain talent pour cultiver la différence.
Jean-Pierre Ancèle signe un premier roman tendre et perlé comme une gorgée de muscadet, aux accents de Raymond Queneau ou de Marcel Aymé.
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