Poulidor

Je suis tombé là-dessus, dans un vide grenier. Je n'ai pas pu m'empêcher de rigoler tout seul, les gens autour m'ont pris pour un demeuré. En ce qui me concerne, et pour le reste de ma vie, ce livre sera toujours irrémédiablement associé à ce qui suit :

Père : Qu'est ce tu nous fais chier à lire, toi ? Qu'est qu' tu nous chier à lire tout le temps ?
Mère : J'te signale que ton père te parle.
Père : Hein ? Qu'est qu' tu nous fais chier à lire tout le temps ? Qui c'est qu'c'est qu' tu nous … ? … Qui c'est qu'c'est quoi, ça ? Yourcenar, Hadrien, c'est quoi, ça ? C'est quoi ton Hadrien ?
Fils : C'est un empereur romain.
Père : Yourcenar c'est un empereur romain ?
Fils : Non, Hadrien...
Père : Oui, bon, dis, hein ! Ça va, hein !
Mère (au fils) : T'as qu'à répondre, aussi !
Père : Qui c'est qu'a taillé la haie, là ? Qui c'est qu'a taillé, c'est ton Yourncenar qu'a taillé la haie ? … Bon, alors ? (un petit temps) Dis donc, ah dis donc, il n'en a combien, des livres ? il n'en a combien, des livres ? Il n'a qu' ça, des livres, des livres, des livres... Partout, alors... Hein ? J'ai acheté « Les mémoires de Poulidor », il l'a même pas lu.
Mère : Tu as même pas lu ce que t'as acheté ton père !
Fils : Non, c'est pas au programme à l'école...
Père (en mettant une baffe au fils) : Ça non plus c'est pas au programme ! Dis donc !
Mère (baffe au fils) : et tiens !
Père : Non mais dis donc ! … (il se calme) Alors, alors, Poulidor, voilà un gars... euh... qu'a commencé à treize ans, hein, il a commencé à travailler à treize ans...
Mère (au fils) : Tu écoutes quand on essaye de t'éduquer !
Père : Il a commencé à treize ans. Son père, il lui a acheté un vélo, c'était son premier vélo , il le dit... euh, il faisait tous les jours dix km pour aller au travail, dix km pour revenir, c'est ça qui lui a donné l'idée, hein, eh bah il n'a pas arrêté de faire d'la bicyclette, hein, il est devenu un champion, un as, un as du guidon... Et ton Yourcenar il a gagné le tour de France ??
Fils : Ben non... Poulidor non plus...
Père : Yourcenar, est-ce qu'il a gagné le tour de France ??!
Fils : Mais, c'est... c'est une femme...
Père : Et Jeannie Longo, c'est pas une femme ?? (un temps) Jeannie Longo, c'est pas une femme ?... Ah, il va m'dire que Jeannie Longo, c'est pas une femme !... C'est pas une femme, J. Longo ?! (très énervé, avec une baffe au fils ; le fils se protège, se cache le visage)
Fils : Oh, pis... Merde ! (Le fils s'en va)
Père : (un petit temps) Oh, il nous f'ra chier jusqu'au bac, hein...
Mère (maussade) : Voilà.
Père : ...f'ra chier jusqu'au bac, ça je... (il pleure)
Mère (très calme) : Ah, ça, il nous f'ra chier. On n'a pas fini, on n'est pas sorti de l'auberge. (un long temps) (Le père soupire, essuie ses lunettes)
Père (soupir ; en ravalant ses larmes) : Les femmes sont plus fortes que les hommes. (Il soupire, remet ses lunettes.)

Dans ce livre, Poulidor parle de sa vie sur le vélo. Il parle de ses débuts, l'impossibilité de faire des études, le vélo, les débuts en professionnel, ses échecs ainsi que ses réussites.
J'ai aimé ce livre malgré qu'il fasse un peu trop " résumé ". Poulidor parle évidemment de ses réussites à vélo, mais aussi, chose assez rare, de l'aspect extérieur : coéquipiers, public et journalistes ! On y trouve des déclarations datant d'il y a 60 ans, des articles aussi.
L'éternel second, ou Poupou, nous montre dans ce livre une carrière dans laquelle il aura réussi à briller, sans pour autant gagner la plus grande course cycliste du monde. Un sportif qui, je l'espère restera dans les annales, car, par son palmarès mais surtout par ses valeurs, a montré à quel point il était passionné et aimait les gens.