Daté de 1972, ce titre de
Christopher Priest résonne avec une horrifique actualité… Jugez-en : une guerre nucléaire ravage l'Afrique, obligeant des millions d'Africains à fuir et à tenter de trouver refuge dans d'autres pays, pays qui ne voient pas forcément arriver ces migrants avec un regard bienveillant.
Parmi les destinations possibles, l'Angleterre. L'île, si jalouse de ses frontières, éclate en interne entre les loyalistes et les nationalistes, les uns prônant l'accueil, les autres le refusant par égard pour les citoyens anglais. Les migrants n'ont alors pas d'autres choix que de s'imposer par la force.
Le déroulement de ces événements nous est conté par la voix d'Alan
Whitman, Anglais blanc, anodin, incolore, inodore… Son inaction, son absence de choix, sa neutralité ne vont, dans un premier temps, pas lui faire de tord. Jusqu'au jour où choisir un camp devient une obligation, mais peut-être trop tard pour
Whitman.
À l'aune de l'année 2023 qui connaît une forte immigration en provenance du Sud et de l'Est, où l'Angleterre fait tout son possible pour refouler les migrants tentant, au péril de leur vie, la traversée de la Manche, et alors que les autres pays européens ne savent plus comment accueillir sur leur sol les désespérés fuyant leur terre natale, pour des raisons diverses et variées, le roman de
Christopher Priest est plus que jamais d'actualité.
Il est en effet bien difficile de ne pas s'interroger sur les motivations des uns et des autres, de trouver dans les arguments des deux bords des points d'accord et de désaccord. À l'échelle politique nationale et européenne, les décisions font froid dans le dos ; à l'échelle humaine d'Alan
Whitman, son comportement glace aussi les sangs. Y a-t-il une solution qui satisferait tout le monde ?
Le Rat blanc est une énorme claque. Par sa prémonition tout d'abord, et évidemment par son fond, car tout un chacun est beaucoup plus proche d'un Alan
Whitman que d'un héros.
Un roman qui incite énormément à la réflexion, aussi bien éthique que personnelle.