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EAN : 9782815912457
240 pages
L'Aube (05/11/2015)
3.14/5   14 notes
Résumé :
Costa Rica. Le corps d’un jeune homme est retrouvé, mutilé, au bord d’une route à quelques mètres d’une école. La police en fait peu de cas car c’est un Nica, un immigré du Nicaragua, et il y a de la drogue dans le ventre du cadavre... Ce devait être encore un narcotrafiquant. Sauf que.Sauf que Don Chepe connaissait le garçon, et qu’il n’était certainement pas un dealer. Épaulé de son fidèle Gato, l’ex-guérillero devenu détective à ses heures se lance à la poursuite... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Daniel Quiros, n'a certes pas encore la réputation des grands auteurs de romans noirs que nous a offert une Amérique latine féconde en la matière, mais il fait assurément partie de cette nouvelle génération d'écrivains prometteurs qui commencent à faire entendre leur petite musique et qui tracent lentement mais surement leur chemin vers une reconnaissance littéraire pérenne.

D'autant que Daniel Quiros apporte avec sa plume un éclairage sur un des pays encore peu visités par la littérature en générale, et le roman noir en particulier, celui du Costa Rica.

Nous avons tous de ce pays une image idyllique. Un des très rares états au monde à n'avoir pas d'armée, et mondialement reconnu pour sa politique de protection devfc l'environnement, privilégiant l'éco-tourisme et les énergies renouvelables pour assurer son développement.

Mais derrière la carte postale en papier glacé, se cache une tout autre réalité que Daniel Quiros avait commencé à explorer dans son premier livre, et qu'il poursuit ici avec « Pluie des ombres ».

Dans « un été rouge » le lecteur avait fait la connaissance de Don Chepe, ancien guérillero sandiniste refugié au Costa Rica, et qui s'était retrouvé au prise avec une sombre histoire politique emprunte des relents du passé, celles des dictatures sud-américaines et des guérillas marxistes.

Ici, nous le retrouvons à nouveau pour une aventure tout aussi périlleuse que la première, et qui met à fleur de peau les maux de ce pays vendu comme idyllique.

Tout commence par le corps mutilé d'un homme que l'on retrouve près d'une école. Pour les habitants du coin, un règlement de compte de plus entre narcotrafiquants, ou une dispute qui a mal tournée comme il en arrive fréquemment par ici.

de fait, la police ne pousse pas ses investigations au-delà de identification de la victime, d'autant plus qu'il s'agit d'un Nica, un immigré du Nicaragua.
Mais Don Chepe, lui, connaissait bien ce garçon. Un jeune homme besogneux, fils de Maria, une de ses connaissances qui a une époque venait faire quelques heures de ménage chez lui. Et le jeune homme n'avait rien d'un dealer.

Alors il va reprendre l'enquête à son nom, aidé par son ami Gato. Une enquête qui va le conduire à s'intéresser de près à la vie d'Antonio, la victime.

Progressivement Don Chepe , va s'aventurer derrière ce rideau de pluie permanente derrière lequel le pays s'estompe en cette époque de l'année, où les ombres d'une autre réalité beaucoup plus sombre se dissimulent au regard de l'état de droit et à la justice, grouillante de malfaisance.

Daniel Quiros nous dresse alors un portrait de ce Costa Rica bien loin de celui fantasmé par les touristes occidentaux. Celui d'un pays gangrené par le racisme envers ces « Nicas » fuyant un Nicaragua pas encore remis de sa guerre civile et venu profiter de cet Eldorado à leur porte.

Un pays pourri par la violence qui imprègne la société, dealée par le trafic de drogue, tournée vers les étrangers d'abord, mais qui touche aussi les plus faibles et les plus démunis.

Un pays contaminé enfin par la corruption à tous les étages, de la police à l'administration, où le fric a raison des lois et règlements et où même ce qui fait la fierté du pays est prétexte à blanchiment d'argent.

L'auteur dépeint parfaitement ce paradoxe costaricien avec une plume habile et féroce, où l'idéal de ce petit pays reste un miroir aux alouettes pour le plus grand nombre de ses habitants.

Assurément David Quiros, démontre tout son talent pour nous raconter une histoire bien loin de celle que nombre de bobos occidentaux, d'écolos du dimanche, ou d'utopistes naïfs souhaiteraient se voir raconter. le Costa Rica est un pays comme les autres aux prises avec ses propres démons.

Et c'est là tout le talent de David Quiros que de nous ramener à la réalité des choses.
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Bienvenue au Costa Rica. L'action pourrait presque se passer en France, si, si, je vous assure, certaines tirades ne seraient pas déplacées dans la bouche d'un français. Prendez l'exemple suivant :
Peu importe d'où ils viennent : qu'ils soient Nicas, Dominicains ou même Suédois, pourquoi pas ? S'ils viennent pour travailler très bien. Mais le gouvernement ne contrôle pas assez, et de nombreux délinquants et criminels rentrent chez nous. Et qui est-ce qui va séparer les bons des mauvais, après ?
Oui, mon bon monsieur, oui, ma bonne dame, tout cela, c'est la faute du gouvernement. Il faut faire quelque chose, il faut empêcher ces Nicas (diminutifs de nicaraguayens) de prendre le travail des Ticos (diminutif de costaricains) et en plus, d'apporter la délinquance qui n'existe pas du tout, mais alors là pas du tout, dans le sein des costaricains. Non, sans étrangers, tout est vraiment calme et paisible. La réponse de Don Chepe est limpide :
– Et qui es-tu, toi, pour laisser mourir un homme juste en face de chez toi ?
Tout a commencé par un meurtre, atroce, horrible, mais presque tout le monde s'en moque : c'était un Nica, et on a trouvé des sachets de drogue près de lui. Simple et sans bavure, et tant pis pour les tortures : on ne se fatiguera pas à chercher le coupable. le seul que cela préoccupe, en plus de la famille de la victime, c'est Don Chepe. Lui sait très bien qu'Antonio n'est pas un trafiquant de drogue. Il sait les efforts que sa mère a fait pour lui, pour sa soeur, il a vu le jeune homme au travail : non, Antonio ne trempait pas dans la drogue.
Un second coup est porté, l'un des cousins d'Antonio est à son tour agressé, laissé pour mort : il survit, défiguré. Qui peut en vouloir à ce jeune homme qui a eu le seul tort de venir à l'enterrement de son cousin, passant la frontière sans papiers ? Oui, il n'a rien à voir avec l'affaire, si ce n'est qu'il était présent à l'enterrement, qu'il a été vu, et que son agression est comme un message : ne pas aller plus loin dans les investigations.
Seulement, Don Chepe, ex-guérillero ne peut pas. Il ne peut pas laisser les choses en l'était, il ne peut pas dire à la mère de Tonio qu'il a laissé faire, qu'il n'a pas tout mis en oeuvre pour que l'assassin de son fils ne paie pour ce qu'il a fait. Alors oui, il enquête, il découvre que Tonio n'est pas le premier à payer de sa vie le fait d'avoir été du même côté que Don Chepe, c'est à dire du côté de ceux qui ne laissent pas faire, de ceux qui ne baissent pas les bras ou qui ne détournent pas le regard quand ils découvrent quelque chose de pas joli-joli.
Le Costa-Rica est un magnifique pays, un lieu calme, la Suisse de l'Amérique du Sud, un lieu touristique, où il fait bon se reposer sans rien risquer, un lieu où l'écologie peut se concilier facilement avec le tourisme. Un lieu où l'on peut monter de jolies escroqueries, sans se préoccuper des habitants, qui vont devoir faire avec, ou plutôt sans.
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Pluie des ombres est un roman noir d'un costaricain. Une atmosphère mafieuse et de corruption aux allures exotiques… Un pays qui fait rêver les Européens et les pays voisins…Une intrigue qui démarre lentement propre à cette région mais qui se termine en coup de théâtre. Roman qui m'a fait voyager, un héros que j'aurais plaisir à retrouver mais un traducteur bien fatigué par moments.
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C'est ça, mon travail, Carlos : me mettre dans les embrouilles.

Après la déferlante scandinave, il semble bien que c'est désormais au tour de l'Amérique du Sud d'envahir notre rayon polars.
Le Chili nous a déjà donné deux coups de coeur avec Ramón Díaz-Eterovic et Boris Quercia.
Coup de coeur (ou coup de poing, plutôt !) également au Brésil avec Edyr Augusto.
Nous sommes même allés en Argentine avec Ernesto Mallo.
Mais on n'aurait pas imaginé faire un tour au Costa-Rica, du moins pas en classe polar.
Suivez le guide, il s'appelle Daniel Quirós.
Quirós est un costaricien, un Tico, qui enseigne l'espagnol aux États-Unis.
Poursuivons encore un peu la leçon de géographie parce que cette Pluie des ombres est sans doute le polar-découverte le plus réussi qu'on ait lu récemment. le mélange entre intrigue, personnages et 'visite géo-culturelle' est habilement dosé et le guide touristique ne se fait jamais pesant, sans doute grâce aux personnages qui occupent le premier plan.
Le dépaysement est total et Daniel Quirós nous fait découvrir, sans en avoir l'air, de nombreuses facettes de son pays natal : spéculation immobilière, passé révolutionnaire, culture fruitière (oranges, ...), blanchiment d'argent et forte immigration des voisins Nicaraguayens, les Nicas.
Ce polar s'ouvre justement sur le cadavre de l'un de ces Nicas, retrouvé le ventre ouvert, bourré de came. Voilà qui sent la mise en scène destinée à permettre aux rares effectifs de la police de classer rapidement une affaire malheureuse de plus.

[...] Vous savez comment c'est. Ici, la mort d'un Nica n'émeut pas grand monde. Ils pensent que c'est lié à la drogue.

C'est sans compter sur Don Chepe, ancien guerillero, à demi supplétif, à demi électron libre : Don Chepe connaissait la famille de la victime et entend bien retrouver les coupables ...

[...] Soyez prudent aussi, don Chepe. N'allez pas vous mettre dans des embrouilles.
— C'est ça, mon travail, Carlos : me mettre dans les embrouilles. »

Son enquête nous baladera à travers toute la province (le Guanacaste, la péninsule du nord-ouest) et à travers diverses couches de la société costaricienne.
Daniel Quirós prend son temps pour peindre ses portraits : ceux de ses personnages, attachants, comme ceux de son pays, bien au-delà de la carte postale habituelle.

Pour celles et ceux qui aiment les oranges.
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Lecture agréable qui nous emmène dans une enquête policière au Costa Rica. Hormis la recherche du meurtrier, le roman nous permet de découvrir un peu le pays, les coutumes, la moiteur ambiante, les nombreuses pluies diluviennes etc. Nous y apprenons que la corruption règne et gangrène la société, le blanchiment d'argent et le traffic de drogue semblent être monnaie courante et il y a du racisme envers les Nicaraguayens venus au Costa Rica illégalement pour avoir une vie meilleure.
Concernant l'enquête en elle-même, elle était intéressante, mais cela ne me laissera pas un souvenir impérissable. Ce fût tout de même une lecture agréable qui m'a permis de m'évader un peu dans un pays que je connaissais très mal.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Nous ici, ça fait des mois qu'on est sans travail. Et vous savez pourquoi ? Parce que les patrons, ils n'en donnent plus, du travail, aux nationaux. Y en a que pour les Nicas. Ils travaillent pour moins cher et moi, je dis qu'on ne peut pas vivre avec ce qu'ils leur donnent. Avant, on arrivait à Tamarindo et il y avait du boulot pour tout le monde. Mais maintenant, bernique ! C'est très bien quand il y a du travail pour tous; mais après, c'est plus le même refrain. Et qui est-ce qui se retrouve marron..? On est honnête, on ne demande qu'à travailler et on les voit, eux, qui prennent tous les boulots. Ils achètent une maison, ils achètent des fringues et tout. Ils font des économies et puis ils s'en vont. Et avec tout ça, qu'est-ce qui en bave ? Le peuple tico (1)..Et encore, ce gars qu'ils ont tué, il travaillait sans doute même pas. Encore un de ces foutus traîne-savate de merde qui savait rien faire d'autre que fourguer de la drogue ou voler. Tout ce qu'ils savent faire, c'est foudre le bordel chez nous. Si c'était que de moi, ils peuvent se barrer chez eux, tous !
(1) Costaricien
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Ils avaient bien des souvenirs de leur enfance : l'odeur des champs, les promenades au bord du lac, les excursions au volcan et l'odeur de la tortilla le matin. Les étés, la chaleur était insupportable ; et pendant l'hiver, la pluie inondait la maison, laissant des flaques qu'il fallait évacuer au plus vite en raison des risques d'épidémie de dengue.
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Peu importe d'où ils viennent : qu'ils soient Nicas, Dominicains ou même Suédois, pourquoi pas ? S'ils viennent pour travailler très bien. Mais le gouvernement ne contrôle pas assez, et de nombreux délinquants et criminels rentrent chez nous. Et qui est-ce qui va séparer les bons des mauvais, après ?
- Et qui es-tu, toi, pour laisser mourir un homme juste en face de chez toi ?
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De l'autre côté, sur le mur, avait été peint le blason de la Force publique, représentant un policier de race blanche portant assistance à deux enfants tout aussi blancs. Les Ticos sont toujours blancs, décidément -ai-je pensé-, même en pleine terre chorotega (1).
(1). Les Indiens chorotegas sont les ancêtres des autochtones du Guanacaste. Ils sont plutôt bruns de peau.
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"Respectez quoi ? avait-il demandé. Ce fils-là vendait probablement de la drogue aux gamins de par ici. Venez donc un soir, Madame, et vous les verrez en train de fumer de l'herbe dans tous les coins du parc - une bande de camés qui ne sait rien faire d'autre que voler. Moi, quand j'étais môme, on laissait les portes ouvertes dans le quartier. Maintenant, on ne peut même plus sortir la nuit. Qu'ils aillent donc tuer dans leur pays ! Je parie que votre gars, il a fini à l'hôpital public et tout, aux frais de la Sécurité sociale. Ils viennent chez nous sans permis de séjour, ils sèment drogue et violence dans tout le pays, et qu'est-ce qui en fait les frais ? C'est nous.."
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