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EAN : 9782906266278
25 pages
Alidades (01/01/2002)
3.43/5   7 notes
Résumé :
« Le Baïkal devrait écraser l'homme par sa magnificence et sa taille : en lui tout est grand, large, immense et mystérieux. Il le grandit au contraire. Vous éprouvez au Baïkal un rare sentiment d'exaltation et d'inspiration comme si l'éternité et la perfection que vous découvrez vous marquaient vous aussi de leur sceau secret et magique, comme si vous sentiez vous aussi passer sur votre visage le souffle d'une présence toute puissante et que pénétrait en vous une pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Baïkal (Байкал) se présente sous forme d'un minuscule livre, plutôt une sorte de brochure bilingue français-russe d'une vingtaine de pages. Ceux, par exemple, qui ont pris plaisir à lire le livre de Sylvain Tesson, Dans Les Forêts de Sibérie, verront peut-être d'un bon oeil le fait d'avoir un point de vu local.

En effet, Valentin Raspoutine est le régional de l'étape : né à Irkoutsk, ayant toujours plus ou moins habité dans les parages, viscéralement sibérien et n'ayant écrit quasiment que sur la Sibérie et ses habitants ; le monsieur sait de quoi il parle.

Et c'est une ode sensible ; c'est un témoignage émouvant ; c'est un appel à la préservation du lieu auquel nous convie l'auteur dans ces quelques pages. Pour celles et ceux qui n'auraient jamais entendu parler des mille splendeurs du lac Baïkal, une simple recherche d'images sur Google pourrait, éventuellement, vous en donner un petit aperçu.

Car effectivement, ce lieu vaut sûrement le détour : le plus grand lac du monde, par sa longueur (environ 650 km), par sa profondeur et par son volume. Ajoutons à cela qu'il est situé quasiment en montagne, en pleine zone ultracontinentale subarctique. Donc, faire la liste exhaustive de tous les records qu'il détient n'aurait pas beaucoup de sens, car, selon l'auteur, le principal record à mettre à son actif n'est pas directement quantifiable.

Il s'agit d'une beauté incomparable ; il s'agit d'un pouvoir apaisant et rédempteur sur les âmes humaines quelles qu'elles soient ; il s'agit d'un accès direct sur le centre de nos émotions. Mais plus que tout, c'est un réservoir de biodiversité unique en son genre. On y rencontre, par exemple des phoques alors qu'on est en eau douce et à plusieurs milliers de kilomètres à l'intérieur des terres (l'accès à la mer le plus proche doit être la mer du Japon située à facilement 1500 km de là).

Valentin Raspoutine, vers le soir de sa vie, émet certes un hommage à ce site naturel et hydrographique exceptionnel, mais surtout, un appel aux générations futures à le préserver le plus longtemps possible des ravages économiques et écologiques des hommes. Saurons-nous entendre cet appel plein de sagesse et de poésie ?
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Valentin Raspoutine, est un écrivain sibérien, déjà connu par les traductions de ses romans et de ses nouvelles.

« Baïkal » est un petit texte qui nous montre combien l'auteur est attaché à la beauté et à la pureté de ce
« lac-mer » d'eau douce, de cette « mer » sacrée, de cette énorme réserve d'eau qui est un "individu" à part entière dans l'imaginaire des Sibériens.

Le mot “Baïkal” provient de la langue turque, signifiant à l'origine “un lac riche”.
Une richesse incontestée, en effet, car avec un abîme de
1 640 m, le Baïkal est le lac le plus profond et le plus grand de la planète, et l'un des plus purs avec son eau cristalline incroyablement riche en oxygène.
Et le Baïkal est aussi le lac le plus ancien au monde.

Valentin Raspoutine, dans son texte, insiste sur le fait qu'il faut à tout prix sauvegarder cette faune et cette flore uniques de ce lac où vivent plus de 2 600 espèces animales et plus d'un millier de plantes, dont 85% n'existent que là !

Un « esprit » habite ce lieu unique, c'est ce que Valentin Raspoutine nous invite à comprendre dans sa prose toute poétique.
« le Baïkal purifie, inspire et redonne vigueur à l'âme et à la pensée… ! On ne saurait quantifier ni définir cet effet,
on ne peut que le sentir.
Pour nous, il suffit qu'il soit en nous. »

Souhaitons comme l'auteur que les générations futures auront à coeur de préserver cette nature pour qu'elle reste intacte et authentique !

Au retour d'une promenade, Léon Tolstoï notait ceci :
« Est-il possible qu'au sein de cette nature enchanteresse persistent en l'homme des sentiments tels que la méchanceté, la vengeance, ou la fureur meurtrière ?
Tout ce qui n'est pas bon dans le coeur de l'homme devrait sans doute disparaître au contact de la nature, expression directe de la beauté et du bien. »
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Baikal, c'est ce lac-mer de la Sibérie côté montagne vers la Mongolie, très évocateur que l'on retrouve lié à l'histoire, aux guerres, à la géographie, la Russie de manière consubstantielle. Valentin Raspoutine grand amoureux de la nature, fervent écologiste n'a pas manqué dans sa quête d'absolu d'en faire un saisissant portrait. Il y dit des choses dans la contemplation du lieu magique qui vont l'élever à son tour par le talent presque mystique de ses observations. Seul face au monde, l'exaltation est à son comble !..

« Un des premiers russes à proclamer son admiration pour. le Baikal fut l'archiprêtre Avvakoum. Il revenait d'exil chez les Daours et pendant l'été 1662 il dut traverser le « lac-mer » d'est en ouest. À cette occasion, il écrivit ceci … »

D'entrée Valentin Raspoutine donne une dimension mystique à son récit, chose à laquelle le régime communiste dans lequel il baignait ne lui donnait qu'un goût parcimonieux quand ce n'était pas le châtiment pour trop y croire. le Baikal dans son immensité imprenable et bienveillante fut son refuge..

Vladimir Raspoutine est un vrai écologiste dans l'âme, soucieux de la préservation de la nature, rien à voir avec nos politiques haineux. Il va faire de sa vie, de sa prose un combat pour la défense de cette espèce menacée qui n'est autre que celle qui nous fait vivre, la nature.

C'est à une cure de jouvence que Vladimir Raspoutine nous convie en voisin du Baikal à nous en faire voir une partie de sa richesse comme le suc de la terre. C'est un contemplatif notre ami, comment interpréter autrement ce passage quand il dit ceci de ce lac-mer : « Toujours différent, jamais semblable à lui-même, changeant à tout moment de couleurs et de nuances, de climat, de mouvements et d'esprit » ; nulle crainte qu'il ne se l'approprie comme une belle femme qui en arrangeant un peu sa mise paraît sous une beauté toujours renouvelée , singulière chaque jour.

Baikal configuré sur la carte à jamais comme une cicatrice sur le flanc sibérien de la Russie vaste territoire terrien, arrosé de ses fleuves monstrueux qui viennent en perturber le cours tranquille de ses eaux transparentes été comme hiver, hiver gelé par une grosse loupe de glace qui rapproche les fonds abyssaux de notre regard curieux.

Vladimir Raspoutine nous remonte cet extrait de Tolstoi - qui n'était pas spécialement un contemplatif, - à propos de la nature : «  Est-il possible qu'au sein de cette nature enchanteresque persistent en l'homme des sentiments tels que la méchanceté, la vengeance ou la fureur meurtrière ? Tout ce qui n'est pas bon dans le coeur de l'homme devrait sans doute disparaître au contact de la nature, expression directe de la beauté et du bien »
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Mon camarade fut bientôt comblé de tout ce que l'homme peut recevoir d'impressions. Incapable de s'étonner et de s'enivrer davantage, il dut se taire. Je continuais de parler. Il sut qu'à mon premier contact avec le Baïkal — j'étais alors étudiant —, j'avais été trompé par la transparence de l'eau, car j'avais tenté de saisir depuis une barque des cailloux gisant à plus de quatre mètres de fond. Cette anecdote laissa mon camarade parfaitement indifférent. Un peu désappointé, je lui précisais qu'ici on pouvait voir jusqu'à une profondeur de quarante mètres et qu'il ne l'avait pas remarqué, comme si cela était possible dans la Moskova qu'il longeait souvent en automobile. C'est alors seulement que je devinai ce qui se passait en lui. Il n'aurait pas été plus étonné si je lui avais dit qu'à deux ou trois cents mètres de fond on pouvait, dans le Baïkal, lire le millésime d'une pièce de deux kopecks. Il était rempli à ras bords, comme on dit.
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Cette discordance ancienne, séculaire, qui est la nôtre par rapport à cette terre où nous vivons, voilà notre malheur de toujours.
La nature en soi est toujours morale ; seul l'homme sait la rendre immorale. Ne serait-ce pas elle, cette nature, qui nous maintient dans le cadre, plus ou moins raisonnable jusqu'alors, qui fixe notre état moral, ne serait-ce pas elle qui conforte notre sagesse et notre sens du bien ?! C'est elle qui avec ferveur, espoir et précaution, jour et nuit, fait valoir en nous les âmes des morts et celles de ceux qui ne sont pas encore nés, de ceux qui nous ont précédés et de ceux qui nous succéderont. N'entendons-nous donc pas tous cet appel ? Jadis l'Évenk du Baïkal, avant d'abattre un bouleau pour assurer sa survie, longuement se frappait la poitrine et demandait pardon à l'arbre qu'il devait faire périr. Nous avons changé depuis.
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Le Baïkal devrait écraser l'homme par sa magnificence et sa taille : en lui tout est grand, large, immense et mystérieux. Il le grandit au contraire. Vous éprouvez au Baïkal un rare sentiment d'exaltation et d'inspiration comme si l'éternité et la perfection que vous découvrez vous marquaient vous aussi de leur sceau secret et magique, comme si vous sentiez vous aussi passer sur votre visage le souffle d'une présence toute puissante et que pénétrait en vous une parcelle de ce mystère merveilleux qu'est l'existence.
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Le Baïkal, joyau et secret de la nature, existe non pour satisfaire des besoins productifs, mais pour que nous puissions en boire à satiété l'eau — sa principale richesse —, en admirer la majestueuse beauté et en respirer l'air précieux. Il n'a jamais refusé son secours à l'homme, mais à la seule condition que son eau reste pure, sa beauté entière, son air non pollué, et que la vie, en lui et autour de lui, soit intacte.
Cela avant tout est nécessaire.
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Dès la naissance nous nous imprégnons de l'air, du sel et du paysage natal ; ils influencent notre caractère et contribuent en bonne part au développement de notre être vital. C'est donc peu dire que ces éléments nous sont chers ; nous sommes une partie d'eux, celle que le milieu naturel a faite ; on ne peut empêcher leur voix ancestrale et éternelle de parler en nous, et elle parle en nous.
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