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Jean-Louis Courriol (Traducteur)
EAN : 9782877110754
220 pages
Jacqueline Chambon (30/11/-1)
3.75/5   6 notes
Résumé :
Comment un jeune bourgeois frivole, meurtrier de sa femme, se repent dans la folie. Madalina, le livre le plus moderne de Liviu Rebreanu, grand romancier roumain de l'entre-deux-Guerres.

Dans l'oeuvre considérable de Rebreanu, Madalina est une curiosité, au même titre que pourrait être une curiosité, malgré l'imprudence d'une telle comparaison, L'Oeuvre dans les écrits d'Emile Zola: un livre dont la construction et la recherche thématique est en total... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
L'aristocrate Pouïou Faranga tué sa femme Madalina (qui a donné son nom au roman), apparemment de sang froid. Ce qui pourrait constituer un fait divers, la base d'un roman policier ordinaire, prend un virage inattendu. Passé le choc, le jeune homme reconnait son geste, bien qu'il ne se l'explique pas : il n'était pas jaloux, ni en colère, il ne s'était passé aucune dispute. le père, un ancien ministre de la justice Polycarpe Faranga, en accord avec le préfet de police, envoie son fils dans un sanatorium. Après tout, seul un moment de folie passagère pourrait expliquer le geste.

Et c'est là que le génie de l'auteur Liviu Rebreanu apparait. Avec Madalina, on n'est pas dans une affaire de moeurs, ni une simple histoire macabre ou roman policier. À travers de multiples échanges entre le patient et son docteur, plusieurs éléments de psychanalyse, de freudisme sont abordés. Puis, quand Faranga raconte son histoire, sa rencontre avec sa femme, une pauvre villageoise de région avec qui le père arrangea le mariage, on tombe dans l'hérédité et l'eugénisme. Après tout, l'aristocratie, à toujours favoriser les unions entre ses membres, a vu son sang s'appauvrir. Alors la vigueur des gens de la campagne constituerait un élément bénéfique. La fin m'a un peu déçu (j'ai trouvé le dénouement plus digne d'un feuilleton), mais c'est très personnel. Tout le reste du roman m'a beaucoup plu.

Ce qui m'a agréablement surpris, ce sont tous ces concepts scientifiques (freudisme, eugénisme) sont intégrés naturellement à l'histoire. Et simplement. Rien de trop technique. Après tout, le docteur s'adresse à un patient, pas à des collègues qui s'y connaissent. Et, pour éviter toute lourdeur, le jeune homme échange régulièrement avec son gardien, un brave type de la campagne. Donc, il est très facile de suivre cette intrigue de huis clos. Ça fait très moderne. Je tiens à le préciser parce que le roman a été écrit en 1927. Tout de même! Rebreanu était plutôt en avance sur son temps. Un précurseur? Comme dans d'autres de ses romans (j'ai adoré La forêt des pendus et L'insurrection), il ne se gêne pas pour aborder des sujets d'actualité, des sujets chauds. Il s'éloigne un peu du nationalisme et du patriotisme qui lui convenaient mais cette diversité est la preuve d'un grand talent.
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L'évocation de la pureté de la race et de l'eugénisme, qui conduit à une critique acerbe : l'élite prévisionnelle de la nation se retrouve à danser sans pouvoir s'arrêter dans une chambre d'hôpital psychiatrique. La description des relations conjugales évoque le Tolstoï de la Sonate à Kreutzer et rappelle les importantes influences slaves sur la littérature et la civilisation roumaines.
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Ensemble solide. Bref roman psychologique qui par bien des côtés se rapproche du roman policier (un crime, puis le suspense sur le dénouement) ou du théâtre (unité de lieu et unité d'action, temps linéaire et rapproché, peu d'analepses mais assez longues). Noter l'importance de la France dans l'histoire comme civilisation de référence, par qui le malheur arrive, tout de même, et celle de l'hérédité, même si on reste loin de l'ambition d'un Zola.
Bonne traduction, et qui a l'air complète (c'est à noter car nombre d'oeuvres traduites du roumain sont coupées) à l'exception de cette obsession de la francisation qui donne au texte un étrange écho, parfois ridicule : « Chausséa » n'est pas une rue en Roumanie, mais l'enseigne d'un magasin de chaussures en France ! Noter aussi le titre original « Ciuleandra », du nom d'une danse dont le rythme s'accélère progressivement. Madalina, c'est le tube de l'été 1995 (oups).
Peut-être que le parallèle le plus pertinent est celui avec Tolstoï, fort admiré à l'époque en Roumanie. « Ciuleandra », en plus policier, plus théâtral, avec plus de satire sociale, ressemble à la « Sonate à Kreutzer ». Il est vrai qu'à Bucarest on est bien plus proche de Moscou que par chez nous...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
« À sa majorité, son père avait mis à sa disposition tous les revenus de l'héritage de sa mère : cela lui permettait de vivre largement, de satisfaire tous ses caprices, de mener la vie dont rêvent la plupart des jeunes gens : la fête, les femmes, le sport… Il n'avait jamais vu dans les livres autre chose qu'un remède à l'insomnie. Quant à la spécialité dans laquelle il s'était engagé, elle l'ennuyait à mourir… Une vie comme la sienne ne connaît nulle exploration introspective ni même le doute. Les seuls problèmes de conscience qui la troublent ne concerne que les convenances morales qui rentrent dans le code très souple du jeune mondain élégant. »
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« Et au fond de lui-même, bien que policier, il l'admirait pour sa ruse : après tout s'il fallait couper la tête à un homme honnête tout simplement parce qu'il a tué une femme par erreur ! (Y a-t-il une seule femme qui ne mérite pas de l'être ? se disait-il souvent depuis le jour où la sienne lui avait fait ce qu'elle lui avait fait.) »
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« On lui découvrit – quelques amis et quelques journalistes pleins de bonne volonté lui découvrirent – un certain talent d'orateur : c'est pourquoi tout le monde applaudit des deux mains lorsqu'un hasard heureux fit qu'on lui confia le portefeuille de la justice. Il devint alors l'homme sérieux et grave qu'il n'avait plus jamais cessé d'être. »
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Et c'est comme ça que mes rêves de bonheur conjugal bourgeois se sont évanouis. Je n'avais plus la moindre raison de vouloir devenir médecin rural et je me suis retrouvé ici. Mais je n'ai jamais pu effacer Madalina de mon souvenir. J'entendais dire qu'elle avait eu de la chance, qu'elle avait du succès dans le monde, mais je n'ai jamais essayé de la revoir. Je vivais dans l'illusion qu'au plus profond de son cœur elle n'aimait toujours que moi et j'avoue que j'avais peur de perdre cette dernière illusion. Le hasard m'a mis un jour, bien malgré moi, en face de Mme Faranga.
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