L'aristocrate Pouïou Faranga tué sa femme
Madalina (qui a donné son nom au roman), apparemment de sang froid. Ce qui pourrait constituer un fait divers, la base d'un roman policier ordinaire, prend un virage inattendu. Passé le choc, le jeune homme reconnait son geste, bien qu'il ne se l'explique pas : il n'était pas jaloux, ni en colère, il ne s'était passé aucune dispute. le père, un ancien ministre de la justice Polycarpe Faranga, en accord avec le préfet de police, envoie son fils dans un sanatorium. Après tout, seul un moment de folie passagère pourrait expliquer le geste.
Et c'est là que le génie de l'auteur
Liviu Rebreanu apparait. Avec
Madalina, on n'est pas dans une affaire de moeurs, ni une simple histoire macabre ou roman policier. À travers de multiples échanges entre le patient et son docteur, plusieurs éléments de psychanalyse, de freudisme sont abordés. Puis, quand Faranga raconte son histoire, sa rencontre avec sa femme, une pauvre villageoise de région avec qui le père arrangea le mariage, on tombe dans l'hérédité et l'eugénisme. Après tout, l'aristocratie, à toujours favoriser les unions entre ses membres, a vu son sang s'appauvrir. Alors la vigueur des gens de la campagne constituerait un élément bénéfique. La fin m'a un peu déçu (j'ai trouvé le dénouement plus digne d'un feuilleton), mais c'est très personnel. Tout le reste du roman m'a beaucoup plu.
Ce qui m'a agréablement surpris, ce sont tous ces concepts scientifiques (freudisme, eugénisme) sont intégrés naturellement à l'histoire. Et simplement. Rien de trop technique. Après tout, le docteur s'adresse à un patient, pas à des collègues qui s'y connaissent. Et, pour éviter toute lourdeur, le jeune homme échange régulièrement avec son gardien, un brave type de la campagne. Donc, il est très facile de suivre cette intrigue de huis clos. Ça fait très moderne. Je tiens à le préciser parce que le roman a été écrit en 1927. Tout de même! Rebreanu était plutôt en avance sur son temps. Un précurseur? Comme dans d'autres de ses romans (j'ai adoré
La forêt des pendus et
L'insurrection), il ne se gêne pas pour aborder des sujets d'actualité, des sujets chauds. Il s'éloigne un peu du nationalisme et du patriotisme qui lui convenaient mais cette diversité est la preuve d'un grand talent.