L'auteur situe son roman au Groenland qu'il connaît pour y avoir vécu seize ans.
Dans la neige et la nuit du cercle polaire.
Ses personnages sont des chasseurs dont les traits particuliers sont bien mis en valeur: depuis l'encyclopédie vivante au gamin un peu limité qui vient d'achever sa formation.
L'habitat est très dispersé. Les hommes sont à deux par maison, le second souvent plus jeune que le premier. Ils se connaissent, s'apprécient, s'entraident.
La solitude, l'absence de femmes créent parfois des vertigos cocasses.
D'ailleurs, c'est tout le récit qui est drôle.
Un régal de lecture.
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Dans ce cinquième épisode des “Racontars arctiques”, nous retrouvons nos chasseurs aux prises avec un revenant, de sérieuses chicanes entre deux colocataires, une maladie pour le moins inhabituelles, une apparition du ciel et l'ombre d'un décédé. Inutile de dire que leur tact légendaire, leurs principes à géométrie variable et leur solidarité à toutes épreuves seront amplement mis à contribution pour affronter ces étranges phénomènes. Et, nouveauté ou presque, la femme fera quelques apparitions dans cet opus, de surprenante façon mais quand même. Comme à l'habitude, c'est toujours un délice de retrouver ces joyeux lurons, de renouer avec cet environnement tellement particulier et d'admirer leur philosophie de vie. le tout raconté en toute simplicité, avec finesse et subtilité. Une savoureuse saga qui se consomme de temps à autre, dont la qualité ne se dément pas et qui réussit toujours à étonner et à charmer.
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Un bon cru, ah la pipe de Mads Madsen, et l'élevage de boeufs musqués par le Comte….Cela aurait presque mérité d'être prolongé.
Les derniers textes sont un peu moins convaincants, surtout celui qui donne son titre au volume, peut être parce que les femmes dans l'univers des racontars ne sont pas vraiment à leur place et changent la tonalité des récits.
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Pour Ma Kin, ces jours furent les plus beaux qu’elle ait
jamais vécus. Elle ressentait un bonheur indicible d’avoir retrouvé le ciel bleu de son enfance comme une voûte au-dessus de sa tête. Elle raconta sa jeunesse à Halvor, lui parla de son père et de Singh, le Pathan. Elle lui raconta Nanga, la merveilleuse montagne bleue qui poussait son sommet jusqu’aux confins de l’éternité, et elle lui confia des choses sur elle-même qu’elle n’avait jamais racontées à quiconque auparavant. Parce qu’Halvor était maintenant l’objet de ses langueurs. De tous les hommes qu’elle avait rencontrés, il était le plus différent et le meilleur, tout curé et anthropophage qu’il fût.
Cela faisait plus de trente ans que Mad Madsen était un fumeur de pipe invétéré.. Impensable pour lui, comme l'aurait fait William le Noir, de se rouler une cigarette avec du papier journal ou de se fabriquer un ersatz de pipe avec de l'argile, de la pierre de savon ou du bois échoué sur la plage. Non, ce qu'il lui fallait, c'était un bout de bakélite entre les dents, et une bonne tête de bruyère pour son tabac
Une grande paix habitait Anton. Une paix inaltérable, celle-là même qui n'est donnée qu'à celui qui est en harmonie avec lui-même et son entourage.Anton était heureux. Il vivait et travaillait, et se réjouissait de l'un comme de l'autre. C'est pour ça qu'il était heureux.
Et Mortensen sentit la grandeur de toute chose, sentit la présence de l'espace céleste au plus profond de son cœur, et à sa propre surprise_et son plaisir aussi_il se sentit aspiré par la nature, devenir une partie du ciel, des nuages, des montagnes, et de la terre sur laquelle il reposait. Quelque chose se mit à chanter en Mortensen.
Le soir, après le repas, il reniflait sans vergogne la fumée de William, histoire de se donner un avant-goût des bonheurs du lendemain. William allait obligeamment à la rencontre des besoins de Mads Madsen, et envoyait d'épais nuages de fumée âcre au dessus de la table pour satisfaire son chef de station
Jørn Riel est né au Danemark en 1931.
Parti avec lexpédition de Lauge Koch en 1950, il a vécu 16 ans au Groenland. Du fatras des glaces et des aurores boréales, il rapportera une bonne vingtaine douvrages, soit à peu près la moitié de son œuvre à ce jour.
Le versant arctique des écrits de Jørn Riel (dédié pour une part à Paul-Emile Victor quil a côtoyé sur lîle dElla, pour lautre à Nugarssunguaq, la petite-fille groenlandaise de Jørn Riel) est constitué dabord par la série des racontars arctiques, suite de fictions brèves ayant toujours pour héros ou anti-héros magnifiques les derniers trappeurs du nord-est du Groenland, paumés hâbleurs, écrivain de pacotille, tireur myope, philosophe de comptoir devant un imbuvable tord-boyaux, bourrus bienveillants, tous amoureux de cet être cruellement absent de la banquise, la femme. Au-delà du rire, parce que les livres sont de nature à dérider les plus mélancoliques, cest bien toute une nouvelle vision du monde que nous offre Jørn Riel.
Il vit aujourdhui en Malaisie. Histoire de décongeler, se plaît-il à dire. Mais derrière la boutade se cache quelque chose de plus fondamental. «Jaime la nature, quand il y en a assez, les étendues de glace de larctique et la jungle tropicale.» Et cette nature, et les hommes qui la vivent encore, Jørn Riel va maintenant les retrouver, quelques mois chaque année, parmi les papous de lIrian Barat en Nouvelle Guinée. Qui vivent encore à lâge de pierre, et navaient jamais vu dhomme blanc avant lui
Transfo Maton
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