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EAN : 978B08R5P35R5
379 pages
Gallimard (21/01/2021)
4/5   8 notes
Résumé :
Je me suis trouvé un jour au théâtre, dans une salle, puis sur la scène : je m’en étonne encore moi-même. Cet étonnement ne me gêne pas, il me plaît et me satisfait. Le plus estimable, le plus heureux dans la vie est de s’étonner. "

Louis Jouvet (1887-1951) se tourne vers le théâtre autour de ses vingt ans, jouant des mélodrames ou de petits rôles avant de rencontrer Jacques Copeau, qui en fait son plus proche collaborateur au Vieux-Colombier. Ensuite... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Depuis toujours, j'ai une tendresse particulière pour l'oeuvre de Marcel Aymé, et pour celle de Jules Romains, lesquelles, il me semble, sont comme reliées par un air de famille.
J'aime à les retrouver, de temps à autres, parfois coincées dans une vieille reliure de "la Petite Illustration" au fil des morceaux de scène de leur Théâtre.
Immanquablement donc, la silhouette de Louis Jouvet, qui accompagna Romains dans ses succès et ses infortunes théâtrales, est au rendez-vous de ce plaisir partagé.
C'est dire si ce petit Folio d'Olivier Rony, récompensé cette année par le prix Renaudot, me faisait de l'oeil chez mon libraire préféré !
De plus, Louis Jouvet est né une veille de Noël à Crozon.
Voilà donc une lecture de circonstance ...
Cette biographie est complète et étayée, riche de détails.
Son auteur, Olivier Nory, connaît son sujet qu'il déroule avec application.
Et, quel sujet !
Le grand - plus d'un mètre quatre-vingt - et talentueux comédien, metteur en scène, professeur de théâtre qui apprit son métier en en fréquentant les machinistes ...
Une silhouette, une voix, une présence inoubliable !
Knock ...
La vie du géant Jouvet se révèle passionnante.
Pour autant je suis sorti de ce livre déçu.
La narration y est par trop linéaire, sans respiration, sans autre forme de coupure que la fin des paragraphes.
Le flot de vie y est lancé en continu, et donne à la lectrice et au lecteur une impression de débit de parole précipité.
Le professeur de littérature et de théâtre est brillant et érudit.
Mais il m'a semblé qu'il avait un rendez-vous après son cours, qu'il avait comme hâte d'en finir.
A la lecture, mes yeux seuls continuant à accrocher au texte, je me suis surpris souvent à attendre avec impatience la fin de chapitre.
Pas de fantaisie, ni d'ajouts un tant soit peu personnels.
L'on parle là de théâtre que diable !
La forme et le style pêchent.
Et, que Dieu me savonne, que Knock me pardonne !
Je ne peux m'empêcher de penser que, plus que son écriture elle-même, c'est le choix de son sujet qui a valu à ce livre l'obtention du prix Renaudot.
Une lecture en demi-teinte pour moi donc de cette biographie à laquelle j'ai préféré le "Louis Jouvet, qui êtes-vous ?" de Paul-Louis Mignon ...
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« Les gens bien portants sont des malades qui s'ignorent. » Prenons acte de cette épigraphe que le docteur Knock attribue à Claude Bernard et adresse à son confrère Parpalaid dont il reprend la clientèle. Cela fait partie des répliques culte qui me ramènent à l'esprit le portrait de Louis Jouvet, ce géant par la taille et par le talent lequel était « dévoré par le théâtre » au point dans la première moitié du 20ème siècle d'en être la figure symbolique. Olivier Rony nous en adresse une fort belle biographie aussi précise que vivante.

Sauf que cette précision ne s'applique pas de la même manière à sa vie privée. Jouvet avait certes femme et enfants, mais l'ouvrage d'Olivier Rony nous donne véritablement l'impression que la vie de famille ne pesait pas lourd en face de la vie professionnelle de celui que ses parents avaient orienté vers une carrière de pharmacien. Il en a certes obtenu le diplôme, mais ce dernier n'a pas pu rivaliser avec l'appel de la scène qu'il a préférée à l'officine.

Son épouse, qui l'a accompagné sa vie durant, est restée dans l'ombre du personnage au point de n'être mentionnée que de façon anecdotique dans l'ouvrage d'Olivier Rony. le maître, il est vrai, n'eut pas seulement pour double vie celle de ses personnages. Ses rencontres favorisées par le métier et ses pérégrinations à l'occasion de ses tournées en Europe et sur le continent américain ont laissé bien peu de place à la discrète Else Collin qu'il avait épousée en 1912. C'est en tout état de cause ce que nous laisse comprendre l'ouvrage d'Olivier Rony.

Beaucoup de sources documentaires citées dans cet ouvrage sont tirées de la correspondance foisonnante que Jouvet échangeait avec ses interlocuteurs du métier. Dans un milieu et à une époque où l'art épistolaire avait ses lettres de noblesse, cette correspondance laissée à la postérité en dit long sur la vie de ses auteurs. Elle nous fait pénétrer l'intimité de ces personnages et leur redonne vie dans ces pages. On en arrive à se demander ce qu'il restera de nos échanges contemporains effectués à grand renfort de SMS, mail, téléphone dans un langage d'abréviations et acronymes qui assassine la grammaire et rend les échanges inaccessibles à la compréhension à qui n'est pas averti du contexte.

Olivier Rony restitue à merveille la forte personnalité de ce ténor des tréteaux qui dès son plus jeune âge a su s'imposer comme nul autre dans tous les métiers du théâtre : acteurs au premier chef bien entendu mais aussi régisseur, metteur en scène et directeur de théâtre avant de celle du conservatoire et de porter ses rôles à l'écran dès la parole donnée au 7ème art. Car Louis Jouvet c‘était surtout une présence et une voix qui conféraient au personnage une ampleur inégalée.
Le personnage avait cette certitude de lui-même au point d'écrire à l'un de ses proches dans le métier : « Pour ce qui est de Molière, vois-tu, je ne reconnaîtrai à personne, à personne, tu m'entends ? le droit de me donner des leçons. Parce que – dussé-je te paraître présomptueux -, je ne crois pas qu'il existe au monde un moliériste plus averti que moi, plus objectif, plus consciencieux que moi. » A bon entendeur salut !

Knock ou le triomphe de la médecine de Jules romain, dont le rôle était taillé sur mesure pour Louis Jouvet, est avec plus de mille représentations rien qu'à Paris la pièce qui a assuré à son acteur fétiche pendant les périodes de vaches maigres le fonds de commerce qu'il avait méprisé de ses études de pharmacie. Bien qu'en son esprit le cinéma ne peut « concurrencer la pureté, la simplicité et la noblesse d'un art né du souffle dionysiaque pour offrir une parole poétique aux hommes de la cité », Jouvet a eu la bonne inspiration d'immortaliser son génie d'acteur sur la pellicule sous la direction de Guy Lefranc en 1951, l'année de son ultime salut au public.

Alors « Ne confondons pas, est-ce que ça vous grattouille ou ça vous chatouille ? » Ni l'un ni l'autre cher maître parce qu'à la lecture de cette biographie, à la vision de ces classiques qui portent l'estampille de Louis Jouvet on n'a que l'envie tirer son chapeau à celui qui fut le théâtre et eut la bonne inspiration de faire imprimer sur la pellicule son jeu inimitable, pour notre plus grand plaisir à nous spectateurs d'un autre temps.
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À l'occasion des 70 ans de la mort de Jouvet (le 16 aout 2021) Olivier Rony, ci-devant professeur de lettres, lui consacre une nouvelle et épatante biographie.

Bénéficiant de tonnes de documents, dont les carnets de bord de Jouvet lui-même et de sa troupe, il reconstitue le parcours de cet homme peu banal qui a consacré sa vie à son oeuvre de cet acteur formidable qui jouera dans une trentaine de films, dont plusieurs deviendront des classiques : Knock, La Kermesse héroïque, Drôle de drame, Hôtel du Nord, Entrée des artistes, Quai des Orfèvres.

C'est donc le récit d'une aventure artistique exceptionnelle que nous propose cette biographie. Un acteur de théâtre qui aura cherché et réussi à se créer une silhouette et une diction si singulière, avec deux rôles majeurs, le Knock tirée de la pièce de Jules Romains et l'Arnophle de l'école des femmes qu'il jouera toute sa carrière!!Mais Louis Juvet était aussi ce chef de troupe qui aimait s'entourer de comédiens pour un accompagnage fervent et audacieux .

Cette biographie est avant tout un livre sur le théâtre qui comblera les amateurs du genre .


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Une biographie exhaustive notamment sur les rôles, les interprétations et les castings des représentations au cours de la carrière de Louis Jouvet (1887-1951), ce qui lui donne parfois une allure de catalogue un peu fastidieux. Pour autant, l'auteur ne pouvait faire moins que de proposer ce répertoire. le cinéma n'est pas oublié naturellement.

J'ai fait de nombreuses découvertes. le jeune Louis Jouvet faisait des complexes sur son physique avant d'en jouer, et a mis du temps avant de s'imposer dans des rôles de composition (Knock par exemple) et de prendre de l'envergure avec un style inimitable fait de froideur, de passion contenue, de gravité y compris dans la voix, de diction parfaite, d'ironie mordante.
Travailleur acharné d'une grande exigence, toujours dans la réflexion, touche à tout (acteur, régisseur, metteur en scène, administrateur, professeur, conférencier), respectueux du texte avant tout, homme à femmes, séducteur, passionné depuis toujours par Molière et notamment l'Ecole des femmes, sa pièce fétiche.

J'aurais aimais davantage d'anecdotes et d'humour, car Louis Jouvet, pince sans rire, en avait.
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Voilà une excellente biographie complète, jamais lassante, révélant toutes les complexités d'un homme. Un travail de mémoire et de patrimoine essentiel. Et une porte sur la beauté éphèmère du théâtre. Louis Jouvet, disparu en 1951, reste connu aujourd'hui par ses films. Mais c'était un homme de théatre, amoureux des textes, des auteurs, des acteurs, de la scène, du public. 70 ans plus tard il ne reste probablement que peu de spectateurs l'ayant vu sur les planches. Mais il vit toujours sur les écrans des cinéphiles. le théâtre était sa toute sa vie, le cinéma était alimentaire...Ironie du temps.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
* « La classe Louis Jouvet, écrira Wanda Kérien, ressemblait à une cage aux fauves dans laquelle le Patron, tel un dompteur, maniait le fouet moral. Les encouragements et les compliments y étaient rarissimes. La joie d’y être reçu comme élève était de courte durée., » C’est ainsi qu’il n’hésitera pas à mettre en garde ces apprentis comédiens, surtout ceux qui sont doués, contre les facilités qui les guettent : « Il nous obligeait, raconte cette comédienne, à travailler des scènes que nous n’aimions pas, qui ne nous flattaient pas, qui, souvent, n’étaient pas ce que nous imaginions être “notre emploi. À celui qui n’avait pas de mouvement, il faisait travailler une scène de virtuosité ; à celui qui ne savait pas marcher, il proposait une mise en scène dans laquelle l’élève était obligé de se déplacer afin d’acquérir l’aisance ; à celui qui manquait de « tripes », il distribuait une scène de passion… Il était fréquent de voir un élève, homme ou femme, désespéré, piquer une crise de colère ou fondre en larmes, quitter la scène au bout de quelques répliques, devant le patron impassible. L’ambiance était alors si tendue que personne n’osait s’aventurer à passer sa scène, le patron se tournait vers l’un d’entre nous et d’un ton qui ne supportait aucune échappatoire lançait : “À toi, vas-y.” Le désigné n’était pas fier de prendre la relève. » Jean Meyer dira autrement la même chose : Nous le craignions comme la foudre, et pourtant il nous donnait des ailes. »
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Sorte de huis-clos avant la lettre, le sujet avait pourtant de quoi faire fuir les spectateurs : sept passagers rassemblés dans le salon d'un paquebot en mer réalisent qu'ils n'ont aucune idée de la raison pour laquelle ils sont là.
Comment sont-ils arrivés et quels sont les liens qui les unissent ? ...
("Au grand large" - Sutton Vane-)
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Le 19 septembre 1909, l’Ecole des femmes attend donc Louis pour une unique représentation, faubourg Saint-Antoine. Le rôle d’Arnolphe, on le sait, occupera, hantera même Jouvet toute sa vie, et c’est dans ce personnage fétiche qu’il fera son ultime apparition sur une scène, le 3 avril 1951, à New York, quatre mois avant sa mort… Nous ne savons pas, évidemment, quelle fut l’interprétation d’un « barbon » de quarante-deux ans par ce comédien de vingt ans plus jeune ! Mais il est significatif qu’il ait choisi cette pièce (il y a admiré Leloir, on l’a vu) pour aborder son auteur dramatique de prédilection. Et un rôle monumental, l’un des plus longs et sans doute l’un des plus épuisants à jouer, le personnage étant confronté, au cours des cinq actes où il ne quitte pas la scène, à une impitoyable descente aux enfers, au supplice raffiné de sa déchéance, que lui impose peu à peu une situation dont il est en partie responsable ! Bref, le très jeune Louis louvet a sans doute décelé, dans la première grande comédie de Molière, la conjonction rare d’une intrigue savamment construite, d’un rôle exceptionnel et d’une dramaturgie singulière que figurent les deux lieux scéniques appelés par la succession de scènes d’extérieur et d’intérieur. Sa fascination pour L’École des femmes ne le quittera plus, jusqu’à la présentation de la pièce, par un homme devenu totalement maître de son métier, en mai 1936, sur le plateau de l’Athénée.
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Ce « manuscrit » anonyme est bien sur celui de Knock ou le triomphe de la médecine que le comédien, ravi par sa lecture, demande aussitôt à monter, avant d’être déçu d’apprendre que Jules Romains destine la pièce à la Comédie-Française. Mais, combatif, plein de fougue et de conviction, Jouvet finira par lui faire abandonner ce projet : « D’innombrables suggestions et propositions me venaient à l’esprit. Petit à petit, à force d’insistance il se mit à me répondre, par des « pourquoi pas ? », des peut-être… » évasifs et condescendants. Je le sentais à la fois gêné, ravi, reconnaissant et un peu stupéfait. » Et, avouera en effet l’écrivain, « il m’en parla si bien, que ma conclusion était presque inévitable. Pouvais-je refuser ma pièce à un homme qui la sentait et la comprenait à ce point ? ».
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Au fond, il est là, son véritable élément, sa raison de vivre, héritage de Copeau d'ailleurs: le service des auteurs et de leurs textes. Il s'y sent plus à l'aise, il le reconnait volontiers, que dans le sympathique film d'époque qu'Henri Jeanson va commencer à Boulogne, Lady Paname.
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