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EAN : 9782080667854
416 pages
Flammarion (15/10/1992)
3.97/5   80 notes
Résumé :
Barbiche grisonnante et regard myope derrière ses besicles : tel apparaît débonnaire et quelque peu compassé, le Zola des manuels de littérature.

Pourtant, ce bourgeois frileux se révèle très tôt comme un boute-feu redoutable. Dès qu'une injustice pointe à l'horizon, il clame son indignation à la face du monde. Ainsi se fait-il l'avocat des causes les plus difficiles, défendant la peinture de Manet aveuglément décriée, stigmatisant les mœurs corrompu... >Voir plus
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Romancier, biographe, historien, Lev Aslanovitch Tarassov, baptisé Henri Troyat à l'âge de 24 ans par les éditions Plon, vous avez l'art de rédiger de passionnantes biographies qui emportent votre lecteur dans un tout autre univers que celui dans lequel il évolue.

Vous parvenez à vous immiscer dans la peau de vos personnages, tantôt femme, tantôt homme, qui prennent vie sous les yeux du lecteur. Nombre de biographes ne parviennent pas, hélas, à insuffler un tel souffle de vie aux personnalités évoquées. Serait-ce vos origines russes qui impriment cette bouffée romanesque, empreinte d'une grande rigueur narrative, à votre plume ? Votre passion se glisse à chaque chapitre, elle contamine, capture votre lecteur qui se laisse enlever avec jubilation.

L' Académie Française a su vous rendre hommage en vous recevant, le 21 mars 1959, en son honorable assemblée. Vous étiez alors âgé de 48 ans. La valeur n'attend pas le nombre des années – Pierre Corneille.


J'ai été subjuguée par le style de cet auteur. L'écriture est fluide, très agréable à lire. Un collégien peut lire Henri Troyat mais attention, c'est un français choisi, de qualité et c'est ce que j'admire chez un auteur, il peut captiver un grand nombre de lecteurs avec une plume aussi sensible et puissante.

Auteur prolifique de biographies, Henri Troyat ne cède jamais à la facilité, c'est un travail de documentation extrèmement précis qu'il entreprend à chaque histoire.

Il expliquait après avoir rédigé une fiction : « Après m'être coltiné pendant des mois avec des personnages imaginaires, après avoir essayé de rendre la fiction plausible et le mensonge émouvant, après avoir sué d'angoisse sur les orientations arbitraires d'une intrigue et maudit cent fois l'excès de liberté qui fait que tout est permis au créateur de mythes, j'éprouve soudain l'envie de reprendre contact avec la réalité, d'obéir à des documents authentiques, de passer du rêve à la vie. Alors j'entre dans une ère paisible et studieuse. Je sens le sol sous mes pieds ».

Emile Zola et Léon Tolstoï sont les grands auteurs de mon adolescence. Sous la plume d'Henri Troyat, je suis entrée de plein pied dans le monde du « naturalisme » et je comprends mieux mon engouement de l'époque et ma passion pour cet auteur. Son premier succès Thérèse Raquin a été pour moi fascinant, c'est le mot, et en même temps source d'angoisses. La description au scalpel de cette période, l'étude sociologique et psychologique de ces protagonistes m'hypnotisait. Je me souviens avoir été déçu par « Au bonheur des Dames » et avoir trouvé le récit fade. A la lecture de cette biographie, je comprends mieux aujourd'hui le sens de ce roman. Henri Troyat raconte très bien tout le travail d'enquête auquel se livrait Emile Zola, sur le terrain, avant d'entamer la rédaction de chacun de ses romans. de ce bourreau de travail, naîtra un monument de la littérature française du 19ème siècle, les «Rougon Macquart » auquel, il consacrera 22 années.

Journaliste polémique, engagé, passionné, il attaque, se révolte, dénonce la politique du second empire, n'hésite pas à se mettre en danger. Il donne des coups mais il en reçoit beaucoup. C'est un homme qui dérange : la société n'apprécie pas trop d'être obligée de regarder la vérité en face. Henri Troyat sait très bien nous faire partager l'hostilité dont ce combattant est l'objet ainsi que la rivalité qui existe entre auteurs. Ce cher Edmond de Goncourt n'aura de cesse de balancer son fiel à l'encontre d'Emile.

Mais Zola est un homme de conviction, il sait aussi s'entourer d'amis qui seront présents dans les grands moments de solitude. Il veut faire passer ses messages et rompre avec le romantisme d'Hugo, attirer les regards sur la misère qui s'étale sous ses yeux. Sans compter qu'il sent une conspiration haineuse qui rassemble les partis cléricaux, conservateurs, militaristes et légitimistes contre les juifs chargés de tous les crimes. Au début, il se contentera de s'opposer et de critiquer Edouard Drumont, il ne verra pas de suite l'odieux traquenard dans lequel est tombé le capitaine Dreyfus.

Tout le récit s'appuie sur l'étude d'une correspondance prolifique échangée avec les écrivains du groupe des « Soirées de Médan ». Nous pénétrons ainsi dans son intimité partagée entre Alexandrine et Jeanne. A l'heure des courriels, comment procèderont nos futurs auteurs.

Mais le point culminant historiquement, émotionnellement, c'est sa révolte lorsqu'il prend conscience de la terrible injustice que vit le capitaine Dreyfus. Au péril de sa liberté voire de sa vie, il va accuser le système politico-militaire, il est évident que ses détracteurs vont se frotter les mains, redoubler de malveillance à son égard. La machine judiciaire l'obligera à l'exil.

Page 396 :

« le 12 juillet 1906, le jugement du conseil de guerre de Rennes « prononcé par erreur » est annulé. Lavé de toute accusation, Dreyfus est réintégré dans l'armée avec le grade de commandant et quelques jours plus tard, au milieu de la Grance Cour de l'Ecole Militaire où a eu lieu sa dégradation, décoré de la Légion d'Honneur devant le front des troupes. de son côté le valeureux Picquart est nommé général de brigade. C'est le triomphe des idées de Zola. Mais il ne l'aura pas vu. Mort quatre ans trop tôt, il laisse cette joie et cette fierté à ses amis, à sa femme, à Jeanne ».


« Il y a un siècle, le 4 juin 1908, Emile Zola rentrait au Panthéon. Armand Fallières, Président de la République et Georges Clémenceau, chef du gouvernement, vinrent s'incliner devant la dépuille du grand écrivain dreyfusard tandis qu'à l'extérieur retentissaient les clameurs des militants nationalistes, hostiles à la cérémonie voulue par les députés » - Bernard Accoyer préface de Zola au Panthéon 1908 – 2008.


J'ai vibré avec Emile Zola, j'ai même été émue aux larmes à la lecture du J'ACCUSE qui lut dans le contexte parfaitement maitrisé par Monsieur TROYAT n'en a que plus de valeur. J'admire Zola du fait qu'il n'a jamais renié ses convictions, c'est un jusqu'au-boutiste devant l'injustice.

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On est attiré par une biographie parce qu'elle va nous ouvrir la maison d'un écrivain alors que, sorties de cette maison, nous ne connaissons encore que les lignes fébrilement couchées sur du papier et imprimées en aval pour toucher nous autres, les lecteurs avides de rentrer dans des univers construits mots après mots.
Alors que je chemine depuis quelques temps dans le monde mouvementé des Rougon-Macquart, j'ai eu envie de découvrir l'homme, auteur de cette fresque aux ingrédients composites si pimentés.

« Combien de petits garçons, rêvent de pouvoir un jour égaler leur père ! Pour Émile, à l'âge de cinq ans, la chose paraît impossible tant sont grands, à ses yeux, le talent, l'autorité, la générosité et la tendresse de l'ingénieur François Zola. » Hélas, ce petit garçon perdra bien prématurément ce père tant admiré qui s'est battu pour faire valider un projet de canal d'irrigation de la ville d'Aix mais qu'il n'aura pas le temps de voir aboutir. Émile, sa mère et ses grands-parents se retrouvent alors face à des créanciers insistants. À douze ans, boursier, Émile rentre dans un collège austère d'Aix-en-Provence où il fait la connaissance de Paul Cézanne. Brillant, travailleur pour faire oublier sa pauvreté, il remporte des prix et compose des vers tout en s'évadant avec ses amis dans la campagne environnante qui le grise. Mais la misère pousse sa mère à déserter Aix pour tenter de mieux vivre à Paris. Son désarroi est énorme, ses études en pâtissent et il échouera au baccalauréat.

Sa correspondance avec ses amis restés dans le Sud est abondante et Henri Troyat en insère habilement des extraits pour alimenter cette biographie en faisant revivre les instants intimes et les sentiments nourris par Zola à ces moments-là.

Que les débuts des grands auteurs sont laborieux ! Émile ne mange pas à sa faim et va ficeler des livres chez Hachette. Après sa première publication dans un journal, il jubile et voit haut. Il vise les sommets, veut une notoriété rapide et y va au culot auprès de certains journaux en vogue. Il est pour le renouveau, autant en matière de peinture chez ses amis qu'en littérature, et lance ainsi le naturalisme.
Tout en étant payé à la ligne dans un journal Marseillais, il travaille sur Thérèse Raquin. Les premières critiques fusent, faisant état de « littérature putride », ce qui attise finalement les ventes… Audacieux, désireux de se démarquer d'Honoré de Balzac qu'il admire, sa plume et ses propos frappent, choquent.

Dans cette biographie passionnante, Henri Troyat nous offre un ensemble vivant en introduisant de petits détails du quotidien de l'auteur inscrits dans les grandes lignes décisives de sa vie. Les circonstances politiques et sociales lors des publications de Zola occupent une juste place dans la narration pour ne pas l'alourdir ni occulter la situation familiale tout aussi importante dans cette vie plutôt casanière de l'écrivain. Ainsi, on apprend que le premier volume de sa fresque s'est terminé en pleine guerre, les évènements extérieurs viennent bien souvent contrecarrer son travail assidu et fiévreux d'écrivain.
Dans le pavillon des Batignolles, les Rougon-Macquart prennent forme, interrompus par de petits moments de pauses passés dans le jardin autour des rosiers et des salades. Plus tard, ce sera dans sa maison de Médan que la flamme de Zola continuera à courir sur le papier, après son travail de documentation impressionnant auquel il se livrait pour chaque ouvrage. Henri Troyat nous accompagne et nous fait emboîter le pas de l'écrivain vers la bibliothèque et bien souvent sur les lieux des futures intrigues où l'homme scannait, annotait, vivait et enregistrait dans sa mémoire toute l'ambiance, tous les détails nécessaires qui devaient alimenter chaque tome. Des croquis étaient esquissés avec minutie pour retranscrire le réel des scènes à venir.
Rien que cette étude colossale fouillant chaque sujet attire à elle seule le plus grand respect face à cette oeuvre !
J'ai vu comment la presse, la société, les amis, se complaisaient à dénigrer, accuser, dénoncer ses écrits. Une chose est sûre, beaucoup de ses publications échauffaient les esprits. Certains louaient le talent derrière ce qui pouvait être perçu comme une provocation.
Sensible, l'homme avait ses blessures laissées par des querelles de confrères qui sont allés jusqu'à l'accuser de plagiat comme Edmond de Goncourt.

Dans cette biographie, Henri Troyat a su faire courir toute la force d'Émile Zola derrière sa table de travail. On y trouve sa vie simple, un peu pantouflarde, nécessaire à son inspiration, et tout son attachement aux petits compagnons canins qui l'ont toujours accompagné. En ressort aussi sa persévérance à rejeter l'injustice dans l'affaire Dreyfus, un témoignage poignant de la petitesse d'un homme face à la force d'un gouvernement. Sa vie conjugale, avec tardivement un double ménage condamnable, aurait pu déprécier l'homme qu'il était mais même là, il désirait, par dessus tout, rendre heureuses les deux femmes qui ont partagé sa vie brusquement interrompue un jour de septembre 1902.
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Troyat fut un romancier prolifique, talentueux et très imaginatif. Il fut aussi un biographe de premier ordre. Clair et précis dans son discours, il nous a livré avec cette biographie de Zola un document passionnant qui se dévore avec avidité en offrant au lecteur une analyse précise de l'oeuvre du maître.

Utilisant abondamment la correspondance de l'écrivain avec ses amis, des articles de presse de l'époque, et le journal d'Edmond de Goncourt, Troyat met en valeur le cheminement rigoureux du processus créatif utilisé par Zola.

D'abord petit bureaucrate soumis à des tâches sans intérêt, puis journaliste de plus en plus apprécié, Zola va se muer en chantre du naturalisme et élaborer très en amont la construction de son oeuvre. Admiratif de la Comédie humaine De Balzac, il décide d'entreprendre une oeuvre comparable en insistant sur les liens qui relient les différents personnages. Ce sera l' »Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire », soit 20 volumes consacrés aux Rougon-Macquart, et étudiant les tares transmises par une lourde hérédité, aussi bien dans le milieu ouvrier et paysan que dans les sphères bourgeoises de la société française du second Empire,

Zola, pour chacun des romans de la série se documente avec précision, de façon à transmettre de la manière la plus rigoureuse la réalité du monde dans lequel il entend entraîner le lecteur.
Par exemple, lors de l'élaboration de Germinal, et ne connaissant rien au monde de la mine, : »afin de mieux se documenter sur le « Pays Noir », il se rend à Anzin, assiste à des meetings socialistes, s'informe sur la question ouvrière, descend, en compagnie d'un ingénieur, dans la fosse Renard, à six cent soixante-quinze mètres sous terre. Ventripotent, le souffle court, le coeur faible, il erre dans les galeries obscures, avec le sentiment que plus jamais il ne reverra le jour ». et avec Germinal il livre au public un document choc « qui lui ouvrirait les yeux sur la souffrance du peuple. ».
Zola est devenu un éveilleur de conscience.

Troyat nous dévoile un Zola, forçat de l'écriture qui, installé chaque matin à son bureau, les pieds dans ses pantoufles, abat quotidiennement ses 10 pages de roman en suivant scrupuleusement le déroulé de son plan initial. Choyé par son épouse et par sa mère, il a tout loisir de se consacrer exclusivement à son travail et à ses amis.
Et Troyat d'explorer les rapports amicaux et houleux que Zola entretient avec son ami d'enfance Cézanne, avec un Edmond de Goncourt, à la plume vipérine, assassinant joyeusement Zola dans son journal, avec Flaubert pour qui il éprouvait une admiration sans frein, avec sa bande d'amis naturalistes reçus régulièrement dans son domaine de Médan.
Domaine dont on peut dire par ailleurs, qu'il l'a obtenu grâce aux femmes ! Puisque c'est Gervaise et Nana qui ont assuré sa fortune !
Et la notoriété grandissante de l'écrivain va éveiller la jalousie de ses confrères, si bien qu'il lui restera peu d'amis vraiment fidèles parmi son nombreux entourage . Goncourt, quant à lui, devenu férocement jaloux va même se prétendre « comme le procréateur et le plagié de Zola » dans son journal, tout en louant hypocritement son oeuvre auprès de lui.

Une fois clôturée la série des Rougon-Macquart, Zola peut enfin tourner son attention vers d'autres centres d'intérêt et ce sera l'affaire Dreyfus. Si au départ, il demeure indifférent au sort du capitaine, il voit rouge lorsqu'il prend conscience de l'innocence de Dreyfus et publie son brûlot « j'accuse » dans les colonnes du journal l'Aurore.
Et Troyat de dresser un panorama absolument passionnant du scandale qui éclate alors et prend des proportions si insensées qu'il en laisse Zola pantois. Traîné en justice lors de 2 procès, condamné à un an d'emprisonnement, encaissant force injures, subissant la hargne de la populace, Zola se voit même obligé, sur le conseil de ses amis, de se réfugier en Angleterre afin de pouvoir espérer continuer son combat contre l'injustice.

Quant au décès de Zola par asphyxie peu de temps après en 1902, s'agit-il d'un accident ? D'un acte criminel ? Aucune certitude à ce sujet tant la haine que Zola avait éveillée dans les milieux conservateurs et antisémites était encore vivace.
Troyat laisse la porte ouverte aux supputations.
Et de conclure lors du transfert de Zola au Panthéon : « les admirateurs de l'écrivain n'iront pas le chercher dans le temple de l'immortalité où reposent ses cendres, mais dans ses livres où il est à jamais vivant » et c'est ce que fera le lecteur ébloui et fasciné d'avoir assisté à la gestation des oeuvres du Maître.
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Après avoir lu déjà 14 livres de la série des Rougon-Macquart, j'ai trouvé à la bibliothèque cette bibliographie et je n'ai pas eu la patience de lire les 6 tomes qui me manquent dans la série. 
J'ai été bien inspirée de la commencer à la suite de L'Oeuvre, livre dans lequel l'auteur a mis beaucoup de sa vie : sa jeunesse à Aix-en-Provence (Plassans) et ses excursions dans la campagne en compagnie de Cézanne et de Baille qui sont venus le rejoindre à Paris. Claude, le héros est une sorte de mélange entre Manet dont il s'inspire pour le Déjeuner sur l'herbe, accroché au Salon des  Refusés, et de Cézanne comme peintre maudit (alors), Claude c'est aussi Zola lui-même dans la recherche de la théorie du naturalisme. Zola s'incarne également dans son ami écrivain Sandoz avec les relations étroites des amis d'enfance. On y devine Médan dans la maison en bord de Seine




j'ai été très intéressée par le récit que fait Troyat de la construction de l'oeuvre énorme qu'est la série des Rougon-Macquart. J'ai été étonnée du travail de préparation de chaque livre, étonnée qu'une seule semaine ait éré suffisante pour saisir le décor, les conditions de travail, le parler des mineurs de Germinal. Zola était vraiment un esprit vif, un voyage Paris-Mantes dans la locomotive lui suffit pour écrire La Bête-Humaine (bien sûr après lectures et entretien avec des spécialistes).

Troyat montre Zola au travail, à sa table mais aussi montre ses rapports avec les hommes de lettres ses contemporains. Portrait aigre-doux (plutôt aigre de Edmond de Goncourt, peint en faux-jeton) . Admiratif de Flaubert, sympathie pour Maupassant... tous ceux qui comptent dans la littérature du temps y passent  Mirbeau, Anatole France...l'écrivain ne travaille pas dans sa tour d'ivoire mais entouré de nombreux personnages écrivains et journalistes, éditeurs, théâtreux. Jalousies de Goncourt, stratégie-marketing aussi, comment lancer un roman avec un beau scandale qui fait vendre (Nana) ou en feuilleton....

La dernière partie du livre, Les Rougon-Macquart achevés, est consacrée à l'Affaire Dreyfus. Zola comme nombreux dreyfusards, prend l'affaire en marche, il s'élève contre l'injustice qui condamne au bagne un innocent.  Avec J'accuse se déclencheront les procès contre lui . Zola est condamné, trainé dans la boue, exilé à Londres. La violence de la Droite est inimaginable, attentats à la personne, violences dans la rue, calomnies diverses...Même la mort de Zola est trouble! 

Comme dans toute biographie, on voit l'écrivain en famille avec ses proches, sa femme Alexandrine, sa maîtresse Jeanne, mère de ses enfants. Ses chiens...Je me promets d'aller voir sa maison de Médan qui est aussi un Musée Dreyfus.


Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Après avoir lu mon premier Zola récemment, La bête humaine, j'ai eu envie de découvrir l'homme. Et par la même occasion la célèbre plume d'Henri Troyat.

Et quelles belles découvertes, j'aime beaucoup aimé le style de Troyat, simple, efficace, les pages s'enchaînent sans détails inutiles. J'ai vraiment apprécié apprendre comment Zola préparait l'écriture de ses romans.

Quant à Zola, l'homme, ambitieux mais dans le bon sens du terme, volontaire et ne supportant pas l'injustice au point de s'investir corps et âme dans l'affaire Dreyffus qui a peut être causé sa mort.
J'ai aimé le fait qu'il reste droit dans ses bottes malgré les critiques et qu'il est réussi à imposer le naturalisme.

Maintenant je veux lire la série de Rougon-Macquart, ces livres qui ont tant fait scandale au moment de leurs sorties.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Page 152 - Ebauche de l'Assommoir


Rentré à Paris le 4 octobre 1875, Zola écrit à Paul Alexis : "Dès le lendemain de mon arrivée, j'ai dû me mettre en campagne pour mon roman, chercher un quartier, visiter des ouvriers". Certes, il a connu lui-même des coins pauvres de la capitale, mais les logis minables où il a vécu dans sa jeunesse sont ceux de la bohème estudiantine, non ceux de la population ouvrière, livrée à l'ignorance, à la fatigue et à l'ivrognerie. Déjà, dans Germinie Lacerteux, les Goncourt se sont demandés si "le peuple doit rester sous le coup de l'interdit littéraire". Décidé à relever le gant, Zola parcourt, un carnet à la main, le secteur de la rue de la Goutte-d'Or et de la rue des Poissonniers (bd Barbès). Bourgeois des Batignolles égaré chez les sauvages, il prend des croquis, décrit avec minutie l'aspect des maisons, des boutiques, remarque au passage une femme en cheveux qui boitille, une ceinture rouge autour des reins d'un ouvrier, une envolée de blanchisseuses hors d'un atelier à la vitrine garnie de bonnets de dentelle pendus sur des fils de laiton. Dévoré de curiosité, il entre chez un mastroquet, observe les consommateurs avachis, l'œil terne, la lippe baveuse, hume l'odeur de la vinasse et ressort avec la sensation d'avoir passé toute son existence dans ce lieu de perdition et de veulerie. Il lui faut plus de courage, sans doute, pour s'aventurer dans un lavoir, peuplé de femmes dépoitraillées et suantes qui s'interpellent grossièrement et battent le linge dans un nuage de vapeur. Mais, là aussi, il note tout : les réservoirs de zinc, les baquets d'eau chaude, les barres à égoutter, le prix de l'eau de javel (deux sous le litre) et celui de l'eau de lessive (un sou le seau). Quand il regagne son coquet pavillon des Batignolles, après ces randonnées hallucinantes au pays de la mouise, il se replonge avec un regain d'intérêt dans Le Sublime de Denis Poulot, ouvrage où l'auteur, analysant le sort des travailleurs, préconise la création de syndicats pour s'opposer aux patrons.



Page 157 - En réponse à ses détracteurs :


Pourtant si vous désirez connaître la leçon qui, d'elle-même, sortira de l'Assommoir, je la formulerai à peu près en ces termes : instruisez l'ouvrier pour le moraliser, dégagez le de la misère où il vit, combattez l'entassement et la promiscuité des faubourgs où l'air s'épaissit et s'empeste, surtout empêchez l'ivrognerie qui décime le peuple en tuant l'intelligence et le corps".
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Chapitre Procès Zola après l'émouvant, le poignant, le courageux "J'ACCUSE"


Il est assisté par l'excellent avocat Fernand Labori et par un groupe de défense qui réunit autour de lui Leblois, Trarieux, Reinach et Mathieu Dreyfus. Labori est secondé par maîtres Joseph Hild et Monira. L'avocat du gérant de l'Aurore, Perrenx, est Albert Clémenceau, le frère de Georges. Ayant reçu l'assignation, Zola s'écrie avec joie : "Poursuivi mes amis ….. je suis poursuivi!...." Puis il écrit au ministre de la guerre qu'il n'est pas dupe de la manigance : "En désespoir de cause, on a décidé de m'imposer une lutte inégale en me ligotant d'avance, pour vous assurer, par des procédés de basoche, la victoire que vous n'attendez pas d'un libre débat".


Le 7 février 1898, c'est un homme pâle et résolu qui monte dans un coupé à deux chevaux pour se rendre au Palais de Justice. Il est accompagné de Maître Labori, d'Albert et de Georges Clémenceau et de l'éditeur Fasquelle. En descendant de voiture, place Dauphine, ils sont accueillis par une foule qui hurle ; " A bas Zola, A bas la crapule, Mort aux juifs!". D'abord suffoqué comme par le choc d'une vague déferlante qui lui arriverait en pleine poitrine, Zola se ressaisit vite. Par quel prodige de volonté ce rat de bibliothèque, ce chétif, cet anxieux parvient-il lorsque l'honneur l'exige, à dominer ses nerfs? Il s'étonne lui-même de son calme tandis que, d'un pied ferme, il gravit l'escalier. Il ne vas pas à un supplice mais à un couronnement.


Dans la salle, le vacarme s'amplifie. Zola gagne le banc des accusés. A travers sont lorgnon, il distingue Jaurès, Rochefort, Gonse, Esterhazy, Raymond Poincaré, de nombreux militaires en uniforme, des avocats assis par terre, les jambes croisées, des journalistes, des comédiens. …. Les femmes sont sur leur trente et un comme pour une première au théâtre. Les hommes ont des visages de justicier. Il y a des curieux perchés sur le rebord des fenêtres.
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Cézanne et Zola au Salon des Refusés - page 60


En se rendant à cette exposition, les deux amis s'attendent à un choc d'où jaillira la révélation. Ils seront comblés. Dès les premiers pas, ils tombent en arrêt devant un grand tableau montrant, dans une clairière trouée de soleil, une femme nue, assise de trois quarts en compagnie de deux hommes aux vêtements modernes. C'est Le déjeuner sur l'herbe de Manet. Il se dégage de cette toile une force, une insolence, et, en même temps, une lumière qui coupent le souffle. Le Salon officiel offre aux visiteurs des images apaisantes qui ont pour titre : Premières caresses, Les dragées du baptême, Un joli coup de fourchette, Les amis de grand'maman….Et voici que soudain éclate sous leurs yeux la splendeur de cette chair indécente entre des vestons sombres. Des groupes murmurants se forment devant le tableau. Les messieurs ricanent, les dames s'indignent, les jeunes filles baissent les paupières. Cézanne et Zola , eux, sont subjugués. Mais pour des raisons différentes. Cézanne découvre, dans la toile de Manet, une nouvelle façon de voir, simple et brutale à la fois, une habile technique permettant d'évoquer l'atmosphère d'un lieu par des oppositions de couleurs. Zola, lui, y décèle une démarche artistique originale, s'attachant à évoquer le réel dans toute sa crudité, sans se soucier des petites répugnances d'une assemblée de snobs. L'un et l'autre se sentent, en quelque sorte, fécondés par cette rude image de la vie. Zola se croit même brusquement appelé à défendre la cause de Manet, à prouver au monde que Manet est un génie, à se joindre, par la plume, au combat de vérité que Manet mène avec son pinceau.
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Maintenant, il embrasse d'un regard d'aigle le terrain où il va chasser. Il dresse un premier plan de dix romans se déboîtant l'un de l'autre et portant la triple étiquette du matérialisme, de la physiologie, de l'hérédité, tout cela évoqué sous le règne de Napoléon III. Ce règne, Zola l'exècre pour ses génuflexions devant l'argent, son clinquant, ses préjugés bourgeois, son hypocrisie, sa bigoterie, son intolérance. En situant son œuvre à cette époque qu'il abhorre, il en dénoncera les vices et la stupidité.
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"En crevant de pauvreté, Gervaise a fait de Zola un homme riche"


Page 170 - Gervaise personnage principale dans l'Assomoir
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