Un marchand d'art catalan reçoit un manuscrit retraçant les mémoires d'un architecte italien de la fin du XVII ème siècle, chargé par le roi de construire la ville qui sera son œuvre définitive, dans l'embouchure de l'Ebre. Il visite des lieux emblématiques qui ont participé à l'éclosion et au développement de l'art occidental (Florence, Venise, Madrid), arpente Saint Pétersbourg, matrice moderne et majestueuse de la ville érigée par le «fait du prince», recherche le site de la future ville en topographe aguerrit rencontre des maîtres de la représentation picturale (Tiepolo) et se laisse séduire par une intrigante qui n'est autre que la femme de son rival, l'architecte du roi.
Le récit alterne de l'époque de la construction de la ville à l'époque contemporaine où l'action se joue. le langage utilisé pour façonner les dialogues entre les deux époques est identique, ce qui constitue une des faiblesses formelles de ce livre qui pourtant, procure un réel plaisir à la lecture.
C'est en vrai esthète que Rosales relie les deux époques, cherchant à faire ressortir toute la beauté du monde dans ses pérégrinations érudites. Il n'est pas étonnant de remarquer que c'est en raison de la cupidité et la jalousie des hommes que ce projet grandiose ne verra jamais le jour. Vraiment passionnant.
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La première fois que l'on contemple une toile ou une fresque de ce peintre [Tiepolo], on éprouve un sentiment d'étrangeté, voire de rejet; il y a quelque chose dans le trait, dans l'expression des personnages, qui choque de prime abord et qui, au fur et à mesure que l'on prolonge l'observation, devient obsédant, jusqu'au moment où l'on comprend que Tiepolo a peint des visages changeants, qu'il a poursuivi la chimère de nous montrer ce qu'il y a d'instable, de mouvant dans ses héros singuliers. Le trouble de ces regards, l'abîme au bord duquel ils se balancent ne s'effacent jamais de votre esprit: cela devient votre trouble, vous y voyez votre propre abîme. J'étais fasciné par l'idée que j'allais connaître l'auteur de ces portraits, auxquels on ne peut arriver que par le chemin de la liberté et de l'exagération, à travers le débordement.
Si l'histoire, ce doit être les ordres que quelqu'un te donne depuis un point quelconque du passé, je n'en ai rien à faire. Mais elle m'attire si elle est une passion qui m'agite et me projette, si elle me nourrit et me met en tension. Si elle me crée. Si je me crée. Sinon, elle ne serait que soumission à la tragédie
Mais le problème des hommes politiques, à la différence des pêcheurs, des peintres ou des trafiquants de drogue, c'est qu'il arrive un moment où on découvre le mécanisme par lequel ils essaient de vous mener en bateau, et on commence à s'ennuyer.
L'histoire est le clignotement d'un phare, l'instant dans lequel le passé et le futur ne valent rien et valent tout.
Pour parvenir à la liberté, il faut savoir entre quoi choisir, il faut acquérir des connaissances, avoir été formé; et la formation coûte de l'argent, la sagesse a un prix.