Les bourgeois de Minerve

Tombée par hasard sur Les Bourgeois de Minerve dans la boîte à livres de ma ville, j'ai décidé de m'embarquer pour un petit (304 pages) voyage dans le temps en compagnie des survivants de la croisade contre les Cathares.

Si le roman se lit sans déplaisir ni ennui, j'ai malgré tout été plus enthousiasmée par le cadre contextuel que par l'intrigue proprement dite. Maryse Rouy dispose d'une solide formation historique, qu'elle enseigne d'ailleurs, et de l'atout d'être native de ces terres du Sud-Ouest qui furent jadis ravagées par les combats contre l'hérésie - et contre cette indépendance d'un Languedoc sur lequel le royaume de France avait des vues.
L'auteur retrace par conséquent le quotidien d'une petite communauté villageoise, trente ans après la défaite de la citadelle de Minerve par les armées de Simon de Montfort. le catharisme, en dépit des bûchers et des traques inquisitoriales, n'est pas encore mort et les "bons hommes " et "vrais croyants" perpétuent de façon interlope leurs us et croyances.

La survenue du cadavre assassiné d'un dominicain près du puits de la cité va remettre en cause l'équilibre déjà précaire maintenant une harmonie dans la commune. A la méfiance entre cathares et catholiques s'ajoutent les petits secrets et inimitiés de tout un chacun, les intéressements possibles et les rancunes. L'arrivée de l'inquisiteur Barthès, chargé par l'évêque de Carcassonne de trouver le meurtrier, est comme un coup de pied dans une fourmilière. Surtout que ledit Barthès correspond totalement à l'image du fanatique religieux, ascétique à l'extrême et doté d'autant d'esprit de tolérance qu'un chauve de pellicules.

L'intrigue se déroule ainsi entre enquête policière, scènes du quotidien et témoignage historique. J'ai trouvé la fin un peu trop bâclée et rapidement expédiée. Elle manque de crédibilité quant aux ressorts romanesques.
Les personnages présentent quelques figures marquantes, telles Gaillarde la prostituée, ou le vieux Chauvès. D'autres sont complètement - et volontairement - falots comme le consul et le prêtre.

Du point de vue de l'écriture, Maryse Rouy possède un style soigné et agréable à lire. Les éléments historiques qu'elle insère dans le récits le sont de manière habile et efficace. Ils ne rompent pas l'intrigue mais apportent au contraire des éclaircissements sur le contexte de la ville. Ses descriptions sont fort belles et imagées. Sans être allée dans cette region, je visualisais les murs de Minerve, les causses rocailleuses à la végétation fruste et rabougrie, aux mille pièges tendus aux chevilles inattentives.

En conclusion, une lecture agréable et instructive sans pour autant susciter un notable emballement.

Je ne sais pas trop quoi penser de cette lecture. J'ai bien aimé le style de l'auteur, l'histoire et le décor. Habitant non loin de Minerve, je connais un peu ce magnifique village que je prends toujours autant de plaisir à visiter ! Je peux donc facilement visualiser les différents lieux cités et m'imaginer le paysage et cela m'a vraiment permis de m'immerger complétement dans ma lecture.
Cependant je ne sais pas trop comment prendre le final de ce roman et cela a un peu gâché la fin de cette lecture.

Deux intrigues se mêlent peu à peu. D'un côté nous avons le meurtre d'un moine dominicain, retrouvé mort au pied du puits du village mais personne n'a rien vu ni entendu. De l'autre côté, nous suivons le parcours des hérétiques devant consoler une mourante mais qui doivent se cacher après la terrible épreuve de l'Inquisition qui a décimé leur rang quelques années plus tôt. En faisant venir un moine de Carcassonne pour enquêter sur le meurtre du dominicain, les deux intrigues se retrouvent ainsi liées car Minerve est bien connue pour abriter les cathares et c'est là le principal but du moine, faire d'une pierre deux coups en démasquant le meurtrier et en dénonçant les hérétiques.
Mais une troisième intrigue se greffe rapidement aux deux premières et sème une vent de panique sur l'ensemble du village. Lorsque l'inquisiteur commence à s'intéresser à certaines personnes plus qu'à d'autres sans raison apparente, la tension augmente mais les langues ne se délient pas pour autant et le travail de l'inquisiteur devient plus ardu encore...
Certes, ça peut sembler compliqué expliqué comme ça mais finalement, les trois intrigues se mêlent parfaitement les unes aux autres et on se laisse prendre dans l'histoire et tentant de comprendre le rôle et le but de chacun. Mais le dénouement m'a tout de même un peu surprise. à vrai dire, j'ai été plutôt choqué de voir comment les notables de Minerve décident de régler leurs problèmes...De plus, la sentence infligé à Gaillarde m'a révolté ! Oui ses intentions n'étaient pas très louables dès le départ mais peut-on vraiment la blâmer lorsque l'on connait le fin mot de l'histoire ? Je n'ai pas trouvé de morale dans ce roman, ou alors c'était le but de l'auteur et je ne l'ai pas saisi...
En tout cas, j'ai beaucoup apprécié les passages traitant des hérétiques et de leurs pratiques. Je me passionne pour cette religion depuis plusieurs années et je prends toujours autant de plaisir à lire des romans traitant de ce sujet.

Maryse Rouy a donc su me séduire grâce à son style vraiment agréable à lire et qui nous immerge totalement dans ce XIIIème siècle inquiétant et angoissant pour les cathares. Même si je reste un peu perplexe sur certains points, les intrigues ont su me tenir en haleine et j'ai passé un bon moment de lecture.

Dans le petit village de Minerve, le corps sans vie d'un frère dominicain est retrouvé à côté du puits. Cet évènement macabre n'est pas sans inquiéter les Minervois qui voient d'un mauvais oeil l'Inquisition s'installer dans leur quotidien. Minerve était autrefois un refuge cathare et son passé de cité hérétique n'est pas effacé. L'Inquisition est là qui rôde, à l'affût de tous les secrets, en quête de réponses sur la disparition du second frère dominicain qui accompagnait celui qui est mort. Gaillarde, l'unique prostituée de Minerve, est la confidente de tous les hommes du village et elle détient la clé de bien des secrets.

J'étais de ces enfants qui traînent des pieds quand les parents proposent une sortie instructive. C'était des grognements et de la mauvaise volonté apparente. Mais toutes les balades en pays périgourdin et les visites de Carcassonne et autres cités cathares ont marqué mon esprit d'enfant butée. Sous un masque de bouderie très travaillé, je me suis émerveillée devant ces citadelles éternelles et à l'écoute de cette histoire tragique, terrifiante comme un film d'horreur pour l'enfant que j'étais. Surtout qu'au catéchisme, on avait très largement simplifié comme suit: les hérétiques étaient méchants, ils ont été punis, on les a brûlés. Alors tenir ce livre, c'est revivre les frissons délicieux d'une enfance de rêve. L'intrigue est très bien ficelée, les personnages sont écrits avec ce qu'il faut de psychologie pour qu'ils ne soient pas caricaturaux. Je conseille ce roman aux amateurs de récits gothiques et à ceux que L Histoire n'effraient pas. Mélusine et Nathalie, je parle de vous!

J'ai dû m'y prendre à deux fois pour lire ce livre. Je crois que la première fois, je n'étais pas dans une période où je pouvais l'apprécier : trop occupée, je le laissais de côté longtemps et je perdais ainsi le fil de l'histoire. J'ai bien aimé la deuxième fois par contre. Il faut dire que j'adore tout ce qui est historique. J'ai eu un peu de mal à distinguer les personnages les uns des autres, parce qu'il y en a beaucoup et que je ne voulais pas nécessairement me référer à leur présentation au début du livre, mais une fois dans l'histoire, ça s'est tassé. J'ai apprécié le fait que plusieurs petites histoires s'entrecroisent, ça permet de mettre un peu plus de profondeur à l'ensemble. Je vais probablement le relire un jour, parce qu'il y a certains détails qui m'ont échappé et, en sachant la fin, je pourrais probablement m'y retrouver un peu plus.
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